La Révolution Obama

Un article du site Radici Cristiani, pour ouvrir les yeux qui, par aveuglement ou angélisme, ont vu dans l'élection d'un "président noir" une simple évolution de société. Or, il s'agit rien moins que de remettre en cause le "modèle américain" basé sur la responsabilité individuelle. Avec des conséquences gravissimes (22/12/2012)
>>> Cet article est à associer à deux autres:

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Lu sur La Nuova Bussola Quotidiana (à propos du 2eme amendement, et plus largement, sur le caractère quasi "sacré"de la Constitution américaine)
¤ Le mauvais côté de l'histoire (la prophétie du Cardinal George)

     

Une nation divisée
Radici Cristiani n°80
Décembre 2012
Julio Loredo

La réélection de Barack Hussein Obama implique une révolution qui, fondamentalement, bouleverse le cadre psychologique, et donc aussi social et politique, des États-Unis

Après l'attaque par traîtrise contre Pearl Harbor, en réponse à l'adulation des officiers qui le félicitaient pour la victoire, l'amiral Yamamoto Isoroku eut ce "mot célèbre" (en français dans le texte): «Nous avons juste réveillé le géant assoupi».
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Obama, pas liberal, mais radical

On pourrait dire quelque chose de semblable, au moins pour ce qui concerne une partie du pays, de la récente réélection de Barack Hussein Obama, même si c'est par une très faible marge du vote populaire: un peu plus de 2%. Au moment de son élection en 2008, analysant la nature des changements qui se préparaient pour la nation, un commentateur écrivait: «Inutile de se demander quelles révolutions pourra réaliser le nouveau président, IL EST lui-même la Révolution».

En effet, pour la première fois dans l'histoire des États-Unis, un président noir avait été élu, un adepte de la Black Theology of Liberation, dans laquelle on perçoit «un fort potentiel révolutionnaire» d'idées ouvertement socialistes marqués par ce «socialisme populiste» avancé par Saul Alinsky, dont il était un disciple, partisan de toutes les formes d'avortement, y compris l'horrible avortement par naissance partielle (partialbirth abortion) dans lequel le bébé est tué à la naissance, partisan des franges les plus extrêmes des mouvements homosexualistes et féministes, en faveur de la libération de la drogue, ennemi juré des saines traditions du pays, et ainsi de suite.

Dans le jargon politicien américain, pour la première fois était élu non pas un liberal mais un radical.

Sur le moment, tout le monde n'a pas a deviné les conséquences ultimes de cet événement historique. Même le fait que Barack Obama ait laissé la politique étrangère américaine pratiquement inchangée a conduit certains analystes à y voir une continuité institutionnelle, alors qu'en réalité, il s'agissait d'une véritable rupture historique, d'une authentique révolution.

Une révolution qui, de l'avis d'un nombre croissant d'analystes, à la fois politiques et ecclésiastiques, est entrain de mettre en place les conditions du déclenchement d'une guerre civile.
Pour que ce jugement ne semble pas exagéré, il est nécessaire de dire quelques mots au sujet de la mentalité américaine.

Vers la guerre civile?
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Les États-Unis ont toujours été caractérisées par un way of life affable et ouvert, qui considère avec détachement les oppositions d'opinion, un way of life optimiste et pacifiste qui privilégie le pragmatisme et évite la dissertation théorique, toujours dangereuse comme prémisse facile d'idées absolues et, par conséquent, de divisions pernicieuses. Ce way of life a permis d'instaurer un climat de coexistence pacifique et de consensus - le fameux «pacte américain» - à des années-lumière du cadre européen, endémiquement déchiré par les conflits et les guerres. La guerre civile de 1861-1864, bien que très sanglante, a constitué juste une parenthèse dans cette longue histoire de concorde nationale.

Permissif par nature, cet état d'esprit pouvait facilement dégénérer en un libéralisme débridé, propre à susciter des réponses pouvant déchirer le tissu national, donnant même lieu à des mouvements de type contre-révolutionnaire, et donc à des guerres comme celle de Vendée.
Pour éviter cela, l'Etat a assumé la défense de la religion chrétienne au sens large comme base de l'ordre moral, social et politique. D'où le paradoxe d'un Etat constitutionnellement non confessionnel mais qui se proclamait ouvertement chrétien, allant jusqu'à incorporer dans sa vie publique des événements religieux. C'était ce qu'on appelle la civil religion.

La sauvegarde de ce way of life présuppose l'absence de conflits qui pourraient le déchirer. Elle présuppose donc le maintien d'un large consensus autour de la civil religion comme fondement de l'ordre américain. Et, en effet, pendant plus de deux cents ans, les controverses doctrinales, culturelles et politiques se sont toujours maintenues à l'intérieur de certains paramètres qui voyaient s'opposer conservatives et liberals. Les composantes radical (comme par ailleur celles traditionalistes, au sens européen), bien que présentes, étaient marginales.

L'élection d'Obama en 2008 a fait exploser cet équilibre. L'intervention massive du gouvernement dans des domaines tellement sensibles de la vie nationale que nul n'aurait jamais songé à les toucher, est en train de créer des clivages et des rancoeurs qui ne diffèrent pas tellement de ceux qui ont précédé la guerre de 1861.

Prenons un exemple. La réforme des soins de santé proposée par le Président, le tristement célèbre Obamacare, non seulement introduit des changements importants dans le système national de santé, mais "place la hache" aux racines mêmes de la mentalité américaine, basée sur la notion de responsabilité individuelle et non sur l'assistancialisme de État, qui est parfaitement étranger au système américain. En plus des aspects politiques et économiques, déjà préoccupants en eux-mêmes, l'Obamacare implique une immense révolution culturelle qui pourrait changer à jamais la mentalité même de larges secteurs du pays.

Une «croisade pour la défense de l'ordre americain»
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Comment Obama a-t-il réussi ce tour de force? Il a fait un grand usage de secteurs de la population enclins à recourir aux aides d'État - en particulier les personnes de couleur et les Hispaniques - qui, malgré toute la rhétorique sur le melting-pot, ne se sont jamais parfaitement intégrés dans le système américain, et qui à présent semblent y avoir renoncé tout à fait. Ce sont précisément ces secteurs auxquels faisait référence Rommey quand il a dit «ceux-là ne voteront jamais pour moi». Et c'est ce qui s'est passé.

Mais, comme disent les Américains, there ain’t no free lunch, «il n'y a pas de repas gratuit». Quelqu'un doit payer la facture.
Qui va payer? Bien sûr, cette partie de la population qui, dans le plus pur américan style, ne se repose pas sur l'assistencialisme d'état mais préfère travailler dur. Sera-t-elle prête à le faire? Il suffit de lire les journaux et les blogues américains de ces derniers mois pour voir à quel point cette partie de la population sent qu'on se moque d'elle et fait preuve d'une impatience croissante dont il n'est pas possible de prédire les développements ultimes.

On commence à parler d'une croisade «pour la défense de l'ordre américain». L'intervention radicale d'Obama a provoqué une réaction tout aussi radicale. Et nous parlons ici de 48% des Américains, c'est à dire de ceux qui ont voté pour Mitt Rommey et qui, à l'avenir, pourraient voter pour Rick Santorum.

Une ligne de partage (un tournant) historique
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Le domaine où l'interférence obamiste provoque les inquiétudes les plus vives, est toutefois le domaine religieux.
Brisant tout l'équilibre historique, et foulant aux pieds un des fondements du système américain, c'est-à-dire la liberté religieuse, Obama a annulé l'objection de conscience dans les services nationaux de santé, L'Obamacare prévoit, en effet, que les médecins et les infirmières ne peuvent plus justifier d'un conflit de conscience lorsqu'il s'agit d'effectuer des actes contraires à la morale chrétienne, comme l'avortement, l'euthanasie ou l'administration de contraceptifs.
La réaction catholique a été décidée et compacte. On a même vu de nombreux évêques, jusqu'à présent silencieux, quand ils ne s'étaient pas rangés du côté des libéraux, élever la voix contre le gouvernement. Le cardinal Raymond Burke, ancien archevêque de Saint-Louis et actuel Préfet de la Signature Apostolique du Vatican, a été très clair: « Nous entrons dans une véritable situation de persécution religieuse». Une persécution totalement étrangère à l'American way of life et qui, dans la pratique, en constitue la négation.

Préoccupé par la très forte réaction des catholiques - dont dépend 40% du système national de santé - Obama a suspendu jusqu'en 2013 l'application de cette clause de la réforme. Mais que se passera-t-il après? Tous les professionnels de santé catholiques, et pas seulement, seront forcés de choisir entre l'obéissance aux lois de Dieu et l'obéissance à la loi de Barack Hussein Obama.

Si on ajoute à cela une série de dispositions légales qui, sous le prétexte de «non-discrimation» interdisent pratiquement à l'Église catholique d'enseigner sa doctrine dans le domaine moral, nous pouvons comprendre les déclarations inquiétantes du cardinal Francis George, archevêque de Chicago (cf. Le mauvais côté de l'histoire 13/11: «Je m'attends à mourir dans mon lit. Mon successeur mourra certainement en prison. Son successeur mourra en martyr sur la place publique» .

Quand on en arrive à parler de martyre sur la place publique aux États-Unis, il est clair que les bornes ont été dépassées. De LEUR côté, il n'y a plus de respect pour les paramètres traditionnels du système américain. Ils sont prêts à marcher sur tous les principe, pour imposer la Révolution. De NOTRE côté, il y a une prise de conscience croissante de la nécessité d'aller jusqu'au martyre pour défendre les principes non négociables.

Le «géant assoupi» se réveille. Avec quelles conséquences? Seul l'avenir nous le dira. Le fait est que, à notre avis, les deux dernières élections américaines constituent un tournant historique.

http://www.rassegnastampa-totustuus.it/modules.php?name=News&file=article&sid=5332