L'Eglise et le Concile vus par un athée militant

Un dinosaure du journalisme italien de la gauche la plus sectaire, Scalfari, nous offre une synthèse de la pensée de ceux qui voient Vatican II comme une occasion manquée, et le Christ comme le fondateur d'une super ONG caritative. (4/11/2012)

     

C'est le site www.daportasantanna.it/ qui m'a conduite à cette réflexion d'un dinosaure du journalisme italien de la gauche la plus cathophobe (mais martinienne), Eugenio Scalfari, fondateur et ex-directeur de La Repubblica.
Il nous offre, peut-être à son insu, une synthèse de la pensée de ceux (de préférence athées) qui voient Vatican II comme une occasion manquée: pour eux, le Christ est le fondateur d'une super ONG à but caritatif - une sorte d'Abbé Pierre dont la mémoire aurait traversé deux millénaires. Le Peuple de Dieu peut se passer de la médiation des clercs. Le pape doit rendre plus importante la collégialité. Et ainsi de suite. Sans parler des hérésies, sans doute bien réelles, qui ont traversé le Concile, et le rôle du vocabulaire, avec ce mot-clé PASTORALE, employé à dessein pour substituer le contingent aux vérités de la foi (cf. Que restera-t-il de Vatican II? ).
On trouvera un aperçu biographique (assez orienté, je l'avoue!) ici: benoit-et-moi.fr/2009/
Certes, ce JF Kahn transalpin est à peu près inconnu en France, mais ce qu'il dit traverse les frontières, et c'est très intéressant, si l'on surmonte l'exaspération des premières lignes, et l'envie irrépressible de dire au vieux routard de la désinformation de se mêler de ses affaires... dont ne fait certainement pas partie la direction de l'Eglise!
Don Ucciardi, sur le site Da Porta Sant'Anna apporte des contre-arguments.

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La seconde encyclique de Scalfari

Le dialogue possible entre foi et modernité
(Source en italien)

Le dernier Synode qui a réuni les évêques et les théologiens, a été très important pour plusieurs raisons. A l'occasion, parce que le Pape a évoqué à nouveau Vatican II et s'est posé des questions qui regardent les croyants et les laïcs. Il faudrait prendre conscience qu'a commencé le temps de la contamination entre «différents», animés de sentiments de charité. Comme Jésus l'a voulu.
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Il était donc très important ce Synode qui a réuni 250 évêques venus des cinq continents avec de nombreux théologiens et collaborateurs. Important pour le thème qui devra avoir des suites concrètes dans tous les diocèses catholiques et se rapporte à une nouvelle évangélisation de la foi dont l'Eglise ressent le besoin extrême, mais il est également important car il coïncidait avec le cinquantième anniversaire du Concile Vatican II.

Les Évêques réunis en Synode ont évoqué à nouveau le Concile, mais le Pape lui-même l'a rappelé, et avec lui les relateurs du Synode. De nombreuses questions ont été formulées et beaucoup de réponses données; questions dans certains cas, délibérément provocatrices et réponses largement discordantes entre elles, tout comme ont été discordantes les interprétations sur l'essence de Vatican II. Certaines interventions ont été faites non seulement par les évêques et les théologiens du Synode, mais aussi par des théologiens et des évêques qui ont écrit à ce sujet dans les journaux catholiques et sur la presse d'information et par des laïcs intéressés par les sujets en cours de discussion.
En somme, sur l'état actuel de l'Église catholique, l'attention du «peuple de Dieu», de la hiérarchie qui le guide ou prétend le guider et de tous ceux - croyants ou non-croyants ou croyants d'autres religions - qui sont impliqués dans le débat sur les valeurs de la religion, fut intense.
Nous voulons nous aussi profiter de l'occasion que nous donne l'actualité pour exprimer notre évaluation.

Benoît XVI publiera bientôt son nouveau livre sur la figure de Jésus, et s'est déjà publiquement posé deux questions: «Qui sommes-nous? Qu'est-ce que l'Eglise?». Dans la crise actuelle des valeurs, ces questions touchent tout le monde, bien au-delà des enceintes des Églises chrétiennes qui par ailleurs représentent la religion historiquement la plus enracinée dans notre continent, même si c'est en Occident que la crise sévit, et si l'Occident est l'objectif culturel et territorial de la nouvelle évangélisation que le Synode a lancée. Cela suffit donc à susciter notre intérêt.

Vatican II a duré trois ans. Le Concile précédent avait eu lieu 90 ans auparavant et avait eu comme résultat le plus visible la proclamation de l'infaillibilité pontificale ainsi que la réception des indications fournies quelques années plus tôt par le «Syllabus». L'essence de cette importante rencontre d'évêques et de théologiens fut le renforcement du centralisme curial, c'est-à-dire d'une hiérarchie verticale, dépositaire de la politique du Saint-Siège, et de l'enseignement catholique, de l'interprétation des Écritures, de la formation du clergé et de son recrutement, des tribunaux ecclésiastiques. Tout cela se passait pendant que les Bersaglieri de La Marmora entraient dans la ville du Pape par la brèche de Porta Pia, abattant définitivement le pouvoir temporel de l'Église.

Quatre-vingt dix ans plus tard, le nouveau Concile fut convoqué par le pape Jean XXIII avec un objectif qu'il n'est pas excessif de définir comme opposé au précédent: relancer la question de la pastorale et avec elle celle de la confrontation et du dialogue avec la pensée moderne: un renversement spectaculaire, enrichi de nombreux autres thèmes confiés à l'étude de nombreux comités d'évêques, de théologiens, d'historiens de la pensée religieuse. Ils concernaient la contribution du laïcat catholique, la position des femmes dans l'Eglise, le célibat des prêtres, l'évolution de la liturgie, la réduction et la restauration de la Curie, la diffusion des Ecritures parmi les fidèles et par conséquent la relation directe des fidèles avec Dieu sans le monopole de l'interprétation sacerdotale.

Donc, un coup de pouce au renouveau qui a suscité des fuites en avant et des fuites vers l'arrière dans le Concile et à l'extérieur.
Entretemps, le pape Jean XXIII était mort. Paul VI, qui lui succéda, essaya d'enrayer ou au moins de gérer à la fois le radicalisme des innovateurs et celui des traditionalistes à outrance. En partie, il y réussit, même si eut lieu dans l'intervalle, le petit schisme lefebvriste mettant l'accent sur la liturgie, la messe célébrée non plus en latin, mais dans les langues parlées dans les différents pays et sur le célébrant faisant face à l'assemblée des fidèles et non plus vers le tabernacle avec les fidèles derrière lui.
Ce n'était pas seulement une question de forme, mais de fond: la liturgie avait en effet représenté pendant de nombreux siècles la conservation bien scellée des rites traditionnels. L'innovation avait ouvert la porte, et libéré une créativité qui en quelque sorte redécouvrait le rôle essentiel du «peuple de Dieu» par rapport aux prêtres et à la hiérarchie. La pastorale devenait l'élément essentiel, et donc la prédication du Christ et des apôtres, ainsi que les Écritures l'avaient transmise (!!!), dans les différentes lectures que l'on pouvait en faire.

Pour les innovateurs les plus radicaux de cette ouverture de la liturgie à la créativité, cela signifiait quelque chose de plus: le rite devient subordonné à la pastorale, c'est-à-dire au dialogue entre les âmes. Et Dieu pardait certaines de ses caractéristiques tandis qu'il en acquérait d'autres. Dieu perdait les caractéristiques de la nationalité, il perdait surtout l'appartenance à telle ou telle Église chrétienne, et même à telle ou telle religion monothéiste. Le Dieu transcendant ne pouvait être revendiqué comme catholique ou luthérien ou baptiste ou Mormon, mais pas non plus en tant que Juif ou musulman. Dieu était œcuménique, Vatican II avait proclamé l'œcuménisme et le dialogue entre les différentes religions comme un objectif clé, il avait également ouvert le dialogue avec les non-croyants. D'un côté, aux fins de prosélytisme, de l'autre comme confrontation d'âmes dans le respect de leurs croyances ou non-croyances.

Restait ferme la foi dans le Christ incarné en Jésus de Nazareth, dans son sacrifice et sa résurrection. Restait le mystère trinitaire, inconnu des deux autres religions monothéistes. Mais autour de ce pilier, restait un espace très large pour le dialogue, le débat et la rencontre.
La ré-évocation de Vatican II a rendu actuelle une autre question qui n'est pas secondaire: l'apostolicité de l'Église catholique. Si ce mot a un sens - et il l'a certainement - cela signifie que la parole des évêques réunis dans les assemblées appropriées est sans doute consultative, mais peut aussi conduire à des décisions que la hiérarchie devra mettre en œuvre.

Papa Ratzinger, qui à l'époque du Concile Vatican II fut l'un des plus fervents partisans de son contenu novateur, a saisi l'occasion du Synode de ces derniers jours pour souligner que l'Eglise catholique n'est pas et ne doit pas être une Église conciliaire; les Conciles, dans la vision du Pape, ne sont que des organes consultatifs de même que les Synodes et les évêques individuels titulaires de diocèses. Le Pape sera toujours très sensibles à leurs suggestions, mais il ne s'agit en aucune façon d'organes «constituants». Quand bien même ils annonceraient de nouveaux dogmes, ces dogmes auraient déjà été approuvés par le Vicaire du Christ, et le Concile ne fonctionnerait que comme «amplificateur» de ce qui a déjà été élaboré et approuvé par celui qui est assis sur le trône de Pierre.

Sur ce point, cependant, le débat est ouvert et celui qui l'a placé au centre de ses réflexions est Carlo Maria Martini, récemment disparu.
Martini partait d'une donnée surprenante: en deux mille ans de l'histoire du Christianisme, les Conciles catholiques ont été 21, avec une moyenne de un sur par siècle. Mais la moyenne, comme cela arrive toujours dans les statistiques, cache une réalité historique tout à fait surprenante: les 21 Conciles se sont concentrés sur certaines périodes et pas du tout à d'autres. Il y en a eu trois ou quatre au tournant des IIIe et IVe siècles, d'autres à la fin du dixième et onzième, et près de deux siècles plus tard. Enfin, il y a eu le concile de Trente, et puis un saut de près de trois cents ans, jusqu'à Vatican I, avec au milieu un concile-farce voulu par Napoléon.

Une Église organisée de la sorte peut-elle se définir comme apostolique? Les évêques sont les descendants des apôtres au même titre que le successeur de Pierre est le Vicaire du Christ sur la terre. Sans entrer dans la question controversée de savoir s'il s'agit d'organes délibérants ou consultatif, le fait demeure qu'ils devraient être appelés (mais ils peuvent également s'auto-convoquer) (!!!) avec une plus grande fréquence et régularité. L'une des propositions martinienne était un Concile à chaque Jubilé et dans l'intervalle plusieurs synodes.
Une Église de ce type aurait une capacité œcuménique beaucoup plus grande que celle actuelle, et verrait augmenter le poids du laïcat catholique, des orateurs par rapport aux paroisses, de la liberté religieuse rendue plus fertile par la coexistence étroite entre les diverses églises chrétiennes, ainsi qu'avec les deux autres religions monothéistes. Si le Pape en tant qu'évêque de Rome, recevait sa pré-éminence de ce titre et pas seulement du conclave des cardinaux et si les consistoires adoptaient un espace consultatif plus grand, la Curie serait considérée comme une sorte d'intendance et non pas comme le véritable centre du pouvoir catholique.

Ce sont des questions très délicates. Il ne fait aucun doute que l'Eglise n'aurait pas duré deux mille ans, sans une architecture centralisée, mais il ne fait également aucun doute que cette architecture l'a engagée dans une «temporalisme» qui en a souvent faussé les fonctions et trahi justement cette prédication évangélique et cette pastoralité, qui devraient représenter l'essence du christianisme.
L'Eglise des croisades, l'Eglise corrompue et simoniaque (ndt: allusion aux 'indulgences" telles qu'elles ont été caricaturées par ses ennemis) qui a donné un spectacle indigne entre les XVe et XVIIe siècles, l'Eglise-Etat qui a été le principal obstacle à la naissance manquée de la nation italienne, sa participation à la guerre en Europe, tantôtavec l'Espagne, tantôt avecla France, et enfin les bûchers de l'Inquisition et des sorcières ne sont pas de brefs épisodes dont il suffit de se repentir. L'institution-Eglise a conservé la prédication et la pastoralité pendant deux mille ans, nous l'avons déjà dit, mais son coût a été très élevé et continue à l'être sous une forme heureusement beaucoup plus atténuée, mais toujours responsable de la sécularisation et de l'éloignement de l'Europe de l'icône du Christ crucifié puis ressuscité.

Si l'Europe elle-même est devenue une terre de mission et de nouvelle évangélisation, il y a une raison. L'architecture déformée de la religion, n'en est pas la seule, mais à coup sûr l'une des principales.

Enfin, le dialogue avec la modernité. Ce n'est pas et ce ne sera pas un dialogue facile. La modernité est une époque qui a combattu l'absolu, mettant à sa place le relativisme. Elle a détrôné la métaphysique, a souligné l'autonomie de la conscience et le désir de connaissance. Elle a confié l'éthique à la responsabilité autonome de l'individu.
Un dialogue est souhaitable mais il est peu susceptible d'aboutir à des résultats positifs si l'Eglise maintient les verrous des principes non négociables.
Le seul principe non négociable du point de vue de l'Eglise est le Christ, le Fils de Dieu. Il m'est arrivé, à moi, vieux laïque non-croyant, de rencontrer un prêtre comme Carlo Maria Martini avec sa foi inébranlable dans le Christ ressuscité (ndt: il n'a pas réussi à évangéliser Scalfari... mais c'était sans doute mission impossible), qu'il a décrit comme «toujours renaissant», et donc non pas une icône immobile, mais une présence dynamique à reconquérir quotidiennement.
A ce Christ toujours renaissant, il n'a pas opposé, mais mis côte à côte Jésus de Nazareth, fils de Marie et de Joseph, prédicateur et prophète des faibles, des opprimés et des exclus, le Fils de l'homme.

C'est cela, et rien d'autre, le dialogue possible entre la modernité et l'Eglise. Le temps de l'évangélisation est terminé et a commencé à la place le temps de la contamination féconde entre les différents, animés par des sentiments de charité. La charité comme Jésus l'entendait quand il exhortait à aimer son prochain comme soi-même. Pour lui, c'était la seule façon d'adorer le Dieu de tous et de chacun. Pour nous, c'est la vision du monde des justes, une utopie qui peut se réaliser si chacun de nous le veut.

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Une réponse de don Ucciardo

Il s'avère intéressant, autant que bénéfique pour l'esprit, de relire le magistère de Paul VI dans l'immédiat après-Concile, et l'Année de la Foi, qu'il déclara en 1967. Il n'y a rien, absolument rien, que le grand Pontife n'ait entrevu de la situation troublée de l'Eglise dans les dernières décennies. Il serait extrêmement utile de relire les cinquante dernières années, à la lumière de ses interventions, comme pour représenter idéalement un lien entre la célébration actuelle et celle prévue par le pape, qui avait hérité du Concile, et l'a mené à son terme. Dans l'audience générale du 18 Décembre 1968, Paul VI s'arrêta sur le mystère du Christ. Et il dit, entre autres choses: «L'apologie que les auteurs hétérodoxes à la mode font du Christ se réduit à admettre en lui "un homme particulièrement bon", "un homme pour les autres", et ainsi de suite, appliquant à cette interprétation du Christ un critère, devenu décisif et despotique, celui de la capacité moderne à le comprendre, à l'approcher, à le définir. On le mesure avec une aune, avec un dogmatisme subjectif; et à la fin avec un but, qui est peut-être bon, mais utilitariste, on l'acepte pour ce à quoi le Christ peut aujourd'hui servir, un but humanitaire et sociologique».

Ces mots me sont revenus à l'esprit tandis que j'en lisais d'autres, par lesquels Eugenio Scalfari concluait son long article sur le Concile et sur le dialogue entre l'Eglise et la modernité (La Repubblica, 25 Octobre 2012). Je ne vais pas entrer dans les détails. Certaines affirmations laissent transparaître une parfaite ignorance de ce qu'est l'Église et de la façon dont elle est structurée, mais cela ne me dérange pas plus que ça. L'honnêteté intellectuelle voudrait que l'on se documente, peut-être en demandant au curé du quartier. Je doute qu'un intellectuel habitué à discuter de sujets religieux et avec de tout autres prêtres, puisse trouver opportune cette méthode pourtant si simple. Sinon, il y a toujours le Catéchisme de l'Eglise catholique, dont la vision pourrait être plus pratique pour ceux qui sont habitués à travailler de tête. Au-delà de tout cela, je ne m'attends pas à ce que Scalfari, ou quiconque d'autre, puisse s'y retrouver dans notre ... latinorum (allusion au roman d'Alessandro manzoni, 'I Promessi sposi' -dont une citation donne son titre à l'article [1]) à traduire peut-être par "jargon").
Le problème n'est pas là! Non, il se trouve plutôt dans les mots que j'ai rappelés. Si d'une part, ils concluent la série des réflexions, de l'autre ils représentent aussi l'aune à laquelle les opinions sont exprimées. Voici donc ces mots: «Le temps de l'évangélisation est terminé et a commencé à la place le temps de la contamination féconde entre les différents, animés par des sentiments de charité. La charité comme Jésus l'entendait quand il exhortait à aimer son prochain comme soi-même. Pour lui, c'était la seule façon d'adorer le Dieu de tous et de chacun. Pour nous, c'est la vision du monde des justes, une utopie qui peut se réaliser si chacun de nous le veut».
Comment est-on arrivé à cette conclusion? A travers l'idée que la hiérarchie ne tient pas compte du peuple de Dieu (qui inclut, étrangement, même les non-croyants ou les croyants d'autres religions) et qu'il ne faut plus de «monopole de l'inteprétation sacerdotale» des Écritures, dont la diffusion représente « la relation directe des fidèles avec Dieu»; qu'il ne suffit pas de présenter des excuses pour le passé, parce que les Croisades, la simonie, l'obstacle à la naissance de la nation italienne, les bûchers et ainsi de suite, «ne sont pas de brefs épisodes dont il faut se repentir».
Le coup de génie, toutefois, est ici: «L'institution-Eglise a conservé la prédication et la pastoralité pendant deux mille ans mais son coût a été très élevé et continue à l'être sous une forme heureusement beaucoup plus atténuée, quoique responsable de la sécularisation et de l'éloignement de l'Europe de l'icône du Christ crucifié puis ressuscité».

Une manière élégante de nous dire que nous sommes responsables des maux de notre continent. Et même, que nous avons contribué à la montée de la laïcité. De quoi pourrions-nous nous plaindre? Si l'Europe ne nous suit pas, c'est uniquement de notre faute.
(...)

Mais sommes-nous vraiment les artisans de la sécularisation? La solution proposée ne peut absolument pas être approuvée. Nous devrions vendre la foi - et la chose la plus précieuse que nous avons, la personne du Christ - afin de former un peuple universel qui fonde ses espoirs de paix et de progrès sur la relation directe avec Dieu. Le Christ est vraiment réduit à un homme bon, référence morale et sociologique de la nouvelle civilisation que la Révolution française avait envisagée. En somme, on nous propose de signer une nouvelle déclaration, dans laquelle il y a aussi de la place pour une Église. Mais ce n'est pas l'Église de Jésus-Christ.

Don Antonio Ucciardo (http://www.daportasantanna.it/2012/10/dagli-alluntore/ )

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[1] Le titre de l'article, que je n'ai traduit que partiellement, est "Dagli all'untore": allusion à Renzo Tramaglino, personnage du roman de Manzoni «I Promessi Sposi» (Les fiancés). L'«untore» était un individu soupçonné de contaminer les autres avec la peste (en particulier celle de Milan en 1630). Ceux qui en étaient accusés voyaient se déclencher contre eux une persécution par certains aspects semblable à la chasse aux sorcières. Quand on croisait une personne au comportement inhabituel, on criait "dagli all'untore". On utilise aujourd'hui l'expression pour indiquer que l'on accuse quelqu'un sans preuve, ou parce qu'il est trop faible pour se défendre.