Lettre ouverte de jeunes catholiques aux prêtres

Elle a été écrite par un jeune blogueur américain, et reprise par religión en libertad. Traduction de Carlota

 

Bien entendu, la série "Ainsi soient-ils", actuellement diffusée sur ARTE, n’a pas été réalisée par hasard.
Du reste, on peut supposer que le milieu de la télévision d’État institutionnelle ne peut générer que ce genre de programme et de réalisateurs, se « reproduisant » entre eux dans le même bain de culture nauséabond qui, comme les fumées évoquées par Paul VI, a pu pénétrer dans l’Église et certains de ses séminaires - n'oublions pas que l’institution Église est constituée d’hommes pécheurs.
Mais ce qui est le plus triste pour ces réalisateurs, ces comédiens et ceux qui font de la publicité à cette lamentable production, même si financièrement ou idéologiquement parlant, ils croient s’en tirer à très bon compte, - au-delà de notre indignation devant de tels gâchis de talents au service de mauvaises causes - c’est qu’ils n’ont pas la chance ou la refusent, de se rapprocher vraiment du Christ Vivant par l’intermédiaire de son Église.

En réponse (même si bien sûr cela n’a pas été écrit par rapport spécialement à la série mais peut-être bien plus à l’année de la Foi et à ce qu’a demandé le Saint Père en précisant que les catholiques ne doivent pas être des tièdes) une lettre ouverte (du 21 septembre 2012) aux prêtres sur un site nord-américain (ici) écrite par un certain Ryan Eggenberger qui se définit comme récent converti et qui a un blog.
Sa lettre a été reprise par un blogueur hispanophone, Jorge Soley, un Barcelonais quadragénaire et père de six enfants.

Texte en espagnol ici: http://www.religionenlibertad.com/articulo.asp?idarticulo=25336 (commentaires dans le texte, en italique).

Carlota

 

Chers Pères,

Nous vous écrivons cette lettre car nous avons des choses à vous dire. Certains sont plus faciles à dire que d’autres, mais bon allons-y.

Avant tout, un ÉNORME merci. Merci pour avoir le courage de dire oui à votre vocation contre-culturelle. Nous vous en serons toujours reconnaissants et jamais nous serons en mesure de vous payer le juste prix en retour. Nous vous sommes aussi reconnaissants pour toute l’énergie et l’enthousiasme que vous avez pour nous les jeunes catholiques. Il y a peu de gens qui nous jaugent pour ce que nous sommes et nous encouragent vers la grandeur et la sainteté comme vous le faites.
Mais comme vous le savez, les temps ne sont pas faciles pour notre génération de catholiques en Amérique du Nord (nous pouvons dire aussi en France et dans le monde en général). Le nombre de ceux qui vont à la messe hebdomadaire est faible, ces temps-ci. Plusieurs études montrent que seulement 10% des jeunes vont à la messe régulièrement (moins encore en France). C’est pour le moins, assez préoccupant.
Mais là nous voulons partager avec vous quelques autres choses. Il est probable que vous les connaissez déjà, car quelques uns d’entre vous appartiennent à notre génération. Mais nous voulons les partager au cas où vous les ignoreriez.

Tout d’abord, nous aimons l’orthodoxie. Nous avons faim de vérité. Nous avons faim d’une logique sensée, du sens commun et de Jésus Christ.
Nous sommes très nombreux à aimer ces traditions de l’Église, qui ne satisfaisaient pas beaucoup nos parents et nos grands-parents (enfin, c’est qu’on a voulu faire croire à ces deux générations « sacrifiées », sauf rare îlots de résistance). Vous savez pourquoi ? Parce que ces pratiques spécifiquement catholiques nous aident à nous maintenir fermes dans un monde qui a l’obsession de la médiocrité, de son adaptation à lui et à la « normalité ».
Les pratiques qui nous rendent spécifiquement catholiques, - comme la confession fréquente, l’adoration du Saint Sacrement, le Rosaire, et même l’usage habituel de l’encens à la Messe, - d’une façon mystérieuse, ces choses nous aident à fortifier notre identité de catholiques, dans le monde.
Alors que parfois vous pouvez penser qu’il y a déjà trop de tout cela, nous, nous pensons qu’il n’y en a pas assez..
Deuxièmement, la prière nous coûte beaucoup. Le monde dans lequel nous avons grandi est un monde différent de tout ce que vous avez pu imaginer. Nous ne nous souvenons pas d’une époque sans internet à la maison. Notre capacité d’attention est honteusement courte et le silence est quasiment inexistant dans nos vies quotidiennes.
Nous n’avons jamais appris à simplement nous asseoir et « perdre notre temps » avec Dieu.
Priez avec nous. Offrez-nous plus de moments d’adoration. Montrez-nous les prières de l’Église, avec la liturgie des heures, l’adoration et les innombrables neuvaines. Nous sommes assoiffés de ces choses et vraiment nous voulons faire de nos paroisses des maisons de prière.
Troisièmement, nous avons besoin d’aide pour savoir comment agir face à la pornographie, le sexe et les relations amoureuses. La culture de mort est là, et bien que nous sachions que le Christ triomphe au final, cette culture est en train de gagner du terrain dans beaucoup de nos vies en ce moment même. Nous avons besoin d’aide et nous en avons besoin rapidement.
Au-delà de la confession, nous avons besoin de plus de ressources et de soutien pour combattre l’esclavage de la pornographie. Soyons honnêtes : une majorité de jeunes de notre génération s’y trouvent accros (et c’est la suite logique d’un enseignement institutionnel dès le collège, relayé par le message omniprésent des politiques, - pilules et IVG remboursés, les films de fiction, la publicité, la mode. Tout cela bien sûr au grand profit à court terme des industries pharmaceutiques, cinématographiques, internet, etc.).
Ce n’est pas suffisant de nous dire en confession que nous devons prier plus, utiliser plus de filtres dans notre ordinateur ou rendre service à quelqu’un en pénitence. Ce sont de grandes choses, mais le problème est toujours là et même pire.
Nous avons besoin de personnes dans nos vies qui nous aident à lutter contre cette plaie. Cela nous rend honteux de demander de l’aide ou de parler de cela en dehors du confessionnal, aussi, s’il vous plait, commencez à organiser des programmes, des groupes et à mobiliser des femmes et des hommes fermes et préparés pour s’engager avec notre génération dans un travail de conseil et de direction spirituelle. Si vous le ne faites pas, qui le fera ?

Quatrièmement, n’ayez pas peur d’enseigner et de prêcher la Planification Familiale Naturelle. L’enseignement de l’Église sur le sexe et la sexualité sont de bonnes nouvelles. Une récente étude montre que la majorité des femmes catholiques continuent à ne pas en accord avec l’Église en ce qui concerne certains aspects de son enseignement sur la contraception artificiel, mais ces mêmes femmes sont ouvertes à une écoute pour que l’Église enseigne ce qu’elle doit enseigner.
Nous sommes habitués à écouter beaucoup de choses sur le sexe, mais à partir de sources toutes incorrectes. La sagesse de l’Église est une grâce salvatrice et nous voulons davantage d’elle.
Cinquièmement, prêchez plus sur Jésus et sur le fait qu’Il est vivant. Beaucoup d’entre nous ont été dans un collège catholique, mais très peu d’entre nous sommes conscients que Jésus est réellement vivant.
Et c’est préoccupant parce que c’est la raison pour laquelle nous sommes chrétiens.
Le fait à la base de notre foi est inconnu.
Étant donné que la majorité des catholiques apprennent sur Dieu ce qu’ils entendent en dix minutes d’homélie, qui parfois laissent assez à désirer en termes de contenu, nous pouvons voir pourquoi c’est ainsi.

Enfin, nous avons besoin de plus d’occasion pour les sacrements en général (on peut imaginer combien le diable doit être content des églises qui du fait des dégradations volontaires journalières sont obligées d’être, notamment en France toujours plus fermées au public). C’est difficile pour ceux de notre génération qui ont deux emplois et une famille jeune à s’occuper d’aller nous confesser le samedi après-midi. Pouvoir rester avec vous c’est très bien, mais pouvoir avoir au moins une autre occasion de nous confesser serait l’idéal…
Nous savons que vous êtes aussi très occupés. Mais si les sacrements sont réellement ce que nous disons qu’ils sont, alors ils devraient être plus facilement disponibles.
Le monde veut nous rassasier de tout, mais nous nous sommes assoiffés de la Source de la Vie.