Avant la manif contre le "mariage pour tous"

Frigide Barjot omniprésente, et le réveil des évêques français (10/1/2013)

     

Je ne voudrais pas laisser supposer à travers mes articles (ou ceux de Carlota) que les seuls ecclésiastiques courageux sur les questions sociétales sont italiens, américains, espagnols... bref, tout sauf français. Plus simplement, c'est par des traductions que ce site essaie de se singulariser, créant des passerelles (je n'ose parler de ponts) entre des langues - en nombre limité par mes modestes moyens.

Bien que la question du mariage pour tous ne soit pas essentiellement une question "religieuse", on a l'impression que l'identité catholique, si redoutée par certains (y compris catholiques, justement, comme si c'était quelque chose de honteux) se réveille enfin.

Toutefois, les choses ne sont pas si simples.
Les conditions du débat, préambule à la grande manifestation de Dimanche, on peut les percevoir - ou plutôt les redouter - à travers cette interviewe, décidément réfrigérante, de Frigide Barjot par Marc-Olivier Fogiel, hier, sur RTL (http://www.rtl.fr/) .
Faut-il vraiment en passer par là? Ou ne sait-elle rien faire d'autre? (il m'est revenu en mémoire son passage pénible chez Thierry Ardisson, en juin dernier, cf. benoit-et-moi.fr/2012(III))
A la fin, bousculée mais hilare, et après avoir précisé en quelle piètre estime elle tient les "tradis" qui n'aiment pas la messe du samedi, devant un Fogiel goguenard, elle annonce sur le ton de la plaisanterie qu'il y aura un char. Une gay pride, dit Fogiel. Réponse: Non, une Barjot Pride.

Il est certes très important que la manifestation (qui ne doit pas être, et ne sera pas une Barjot Pride, étant évident que parmi les centaines de milliers de personnes attendues, beaucoup n'auront jamais entendu parler d'elle) soit un grand succès populaire. Elle en sera un, j'y crois fermement, mais ce serait dommage que ce soit au prix d'une récupération pour le moins ambigüe, qui échapperait aux vrais protagonistes.

Je note d'ailleurs que, les medias ayant besoin d'un "référent", pour remédier à un éventuel défaut de notoriété, Frigide Barjot est omniprésente cette semaine. Des reportages lui sont consacrés dans le Fig mag et l'Express. Et elle vient de signer un livre (je n'ose imaginer qu'elle l'a écrit) au titre délicat:
Touche pas à mon sexe
Non, vraiment, merci!

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Le vicaire général aux Armées, Mgr Robert Poinard

Eradication
http://www.dioceseauxarmees.catholique.fr/
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Dans l’Antiquité, lorsqu’on voulait effacer de la mémoire collective le souvenir d’un adversaire ? on martelait sur les monuments publics toutes les inscriptions le concernant. C’est ainsi que l’on connaît foule de généraux et de souverains dont les noms ont été ainsi éradiqués des stèles, pyramides, arcs de triomphe, nécropoles et autres édifices religieux ou funéraires.

Un ciseau et un burin suffisaient à la besogne. Enfin… momentanément. Car cette pratique du martèlement a-t-elle empêché l’Histoire de se souvenir de ces hommes dont les ennemis avaient voulu effacer la moindre trace ? Nullement et même au contraire : il est dans la nature de l’homme de vouloir toujours connaître ce qu’on s’efforce de lui cacher !

De nos jours c’est le marteau-pilon médiatique qui fonctionne : quand un adversaire vous embête la méthode est simple. Il suffit, par tous les moyens – moraux et immoraux – de tenter de lui clouer le bec. Il en va ainsi actuellement de la religion chrétienne. Quand j’étais adolescent Guy Béart chantait « La vérité » dans laquelle le refrain dit : « le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté ». L’exécution publique de la foi chrétienne est en marche si j’en juge au matraquage médiatique actuel. Mais qu’est-ce qu’une démocratie sans opposition, sans possibilité pour la minorité de se faire entendre ? Pour avoir la paix il faudrait donc se taire, contre ses convictions, contre sa conscience. Les uns auraient tous les droits, y compris d’éradiquer toute forme de contestation, les autres n’auraient que celui de rentrer dans le rang. Etrange conception des « valeurs de la République »…

L’interdiction de débattre est donc à l’ordre du jour. Pour l’instant on en reste encore aux grandes invectives : le marteau-pilon frappe à droite et à gauche mais son efficacité actuelle n’est pas encore si dangereuse. Jusqu’à quand ?
Je suis plongé dans un livre sur la Révolution et je m’étonne de la rapidité avec laquelle on est passé des attaques verbales aux atteintes juridiques. Entre 1792 et 1793 le virage a été rapide pour qualifier les opposants politiques en délinquants et pour décréter la contestation comme un délit puis comme un crime. On connaît la suite.

L’Abbé Iborra, vicaire de Saint-Eugène (Paris IXe)

Pourquoi manifester, en tant que chrétien catholique, le 13 janvier
http://www.lerougeetlenoir.org/
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La manifestation contre le projet de loi de « mariage pour tous » qui tombe, non sans ironie du calendrier, en la fête de la S. Famille, me donne l’occasion – en cette année de la foi dont il ne faudrait tout de même pas oublier l’importance – d’illustrer une distinction théologique capitale : la distinction entre revelata et revelabilia, qui remonte à S. Thomas d’Aquin et qui a été accueillie par le Magistère au concile de Vatican I.
Les revelata sont les choses inaccessibles à la raison humaine et que Dieu est strictement obligé de révéler pour nous les faire connaître. Par exemple le mystère de la Trinité ou la divinité du Christ.
Les revelabilia, nous dit le catéchisme, citant Pie XII, ce sont « les vérités religieuses et morales qui, de soi, ne sont pas inaccessibles à la raison mais qui sont quand même révélées pour qu’elles puissent être, dans l’état actuel du genre humain, connues de tous sans difficulté, avec une ferme certitude et sans mélange d’erreur » (CEC 38).
C’est dans cette catégorie qu’entre le mariage, institution destinée à pérenniser la société humaine par la génération d’enfants confiés à la garde de ceux qui, dans leur foyer, leur ont donné la vie pour les éduquer et en faire des adultes responsables.
La manifestation du 13 janvier ne défend donc pas un article de foi, quelque chose qui relèverait des seuls revelata. Elle n’est donc pas confessionnelle et ne concerne donc pas que les seuls chrétiens. D’où la réserve de certains évêques dont les encouragements se sont faits discrets...
C’est une manifestation qui défend une vérité d’ordre naturel, mais suffisamment fragile aujourd’hui dans les consciences de beaucoup pour que les chrétiens, mieux formés, volent à son secours, une vérité qui relève donc des revelabilia. Les chrétiens vont donc agir aujourd’hui au service de tous. D’où les encouragements très vifs d’autres évêques que nous reconnaîtrons tout à l’heure dans la rue...
Nous allons donc manifester en tant que citoyens défendant une vérité de droit naturel, accessible à la raison de tous, mais dont nous sommes d’autant plus sûrs, nous, qu’elle a été confirmée surnaturellement par la révélation divine transmise par les saintes Ecritures et la Tradition sacrée. Les Ecritures n’envisagent en effet de mariage qu’entre un seul homme et une seule femme, pour toute la vie, et elles stigmatisent l’adultère et les autres types de relation sexuelle hors mariage. Quant à la Tradition, elle a élevé surnaturellement l’institution naturelle du mariage au rang de sacrement de l’union du Christ et de l’Église (cf. Eph 5).

Il est pénible de devoir rappeler ces évidences par une manifestation – surtout en hiver – à ceux qui sont censés nous gouverner. Ce sont pourtant des gens qui sont allés dans les écoles, figurez-vous, des gens qui doivent être bien meilleurs que nous puisqu’ils prétendent être nos chefs. Notre candeur démocratique s’interroge. Et elle réagit. Saisissant – horresco referens – l’arme du Nombre. Le Nombre, divinité aussi répugnante, certes, qu’un orc du Mordor. Car nous savons bien, nous à Saint Eugène, que ce n’est pas le nombre qui fait la vérité. Ceux d’en face le savent aussi, figurez-vous. Car c’est une infime minorité d’activistes qui par tous les moyens – mensonge, intimidation, violence – cherche à manipuler les masses pour pouvoir abriter ses lubies derrière l’idole démocratiquement révéré du Nombre dont ils se sont faits les apparents et hypocrites serviteurs.

Encore une fois, même si nous savons que ce n’est pas une majorité qui fait la vérité, même si nous savons – pire encore – que nos adversaires peuvent ne pas tenir compte d’un nombre qui leur devient soudain défavorable et ainsi révéler leur véritable nature totalitaire, ne leur laissons pas le loisir de se servir de l’idole du Nombre à leur seul avantage.
Soyons nombreux, ne serait-ce que pour faire réfléchir ceux, innombrables, dont la conscience a été chloroformée depuis des décennies par les promoteurs de toutes ces prétendues avancées sociétales qui pourrissent notre civilisation occidentale et détruisent l’humanité de l’homme.

Mgr Aillet, évêque de Bayonne et Oloron (KTO)