Diario de un Pontificado
Parution du dernier volume d'un recueil des chroniques de JL Restàn. La préface, en forme de lettre à Benoît XVI: "Serait-il exagéré de dire que Vous avez parlé comme un Augustin ou comme un nouveau Léon le Grand du 21e siècle? Je ne crois pas." (8/3/2013)
Je lis sur le site de mon amie Teresa:
Jose Luis Restan a été peut-être l'un des partisans les plus constants et cohérents de Benoît XVI dans les médias - et un des plus attentifs. Ayant suivi le pontificat en commentant chaque texte majeur de Benoît XVI au cours des huit dernières années à travers ses chroniques hebdomadaires et ses commentaires radio, il a pu les rassembler en trois volumes (Diario de un Pontificado), couvrant les années 2005-2008, 2008-2011 et 2011-2013. De toute évidence, la renonciation de Benoît XVI intervient quelques semaines avant la mise sous presse du troisième volume (ou celle-ci a été hâtée en raison du contexte), et ainsi il a pu terminer son récit du pontificat, comme l'indique sa préface
C'était, il me semble, en septembre 2009 que Carlota traduisait pour mon site un article qui allait devenir le premier d'une longue série (cf. benoit-et-moi.fr/2009).
A l'époque, elle présentait l'auteur en ces termes:
«José Luis Restán est un journaliste de la radio COPE.
COPE (Pour Chaîne d’Ondes Populaires Espagnoles) est une radio espagnole généraliste qui a dans ses actionnaires la conférence épiscopale, les diocèses et des ordres religieux. Du fait de la défense tonique qu’elle fait des valeurs non négociables de l’Eglise romaine, elle est souvent présentée par ses adversaires comme étant une radio non apolitique. José Luis Restán y anime une émisión intitulée “La lanterne de l’Église” ».
J'ai immédiatement aimé.
Et je dois dire que pas un seul instant, même au cours des pires crises (où, contrairement à certains, il n'a pas attendu que les autres réagissent pour prendre le train en marche) la fidélité et l'admiration de José-Luis Restan pour la personne, le magistère, les décisions de Benoît XVI, n'a pu être prise en défaut.
Il a "vu", tout simplement. Et il a été un artisan régulier et infatigable de la diffusion d'un Pontificat lumineux, que je ne peux comparer qu'à Massimo Introvigne.
Les chroniques des deux derniers volumes de la trilogie "Diario de un Pontificado"- surtout le dernier - ont donc été en très grande partie traduits dans ces pages par Carlota.
Ooccasion de les relire - et aussi, bien sûr, de saluer son gros travail!
Il faudrait que je les regroupe par ordre chronologique dans un endroit unique. En attendant, on peut utiliser le moteur de recherche Google interne: http://tinyurl.com/bm8crl2 .
Benoît XVI : Père jusqu'à la fin
(version originale: www.paginasdigital.es)
7 mars 2013
Il s'agit de la préface, écrite sous la forme d'une lettre adressée à Benoît XVI, pour le troisième volume de Diario de un Pontificado, couvrant les années 2011-2013. Le livre a été présenté jeudi après-midi à Madrid, au siège du réseau radio COPE.
Cher Saint-Père
Dans quelques heures, je ne pourrai plus vous appeler de cette façon.
Je me souviens encore de la circonstance initiale quand vous avez demandé aux cardinaux qui venaient de vous élire: «Je vous en prie, ne me laissez pas seul».
Et je crois sincèrement que le bon peuple chrétien a toujours été proche de vous, se réjouissant et souffrant avec vous.
Tout comme je crois que la grande majorité de vos collaborateurs ont voulu vous servir avec un cœur sincère, même s'ils doivent souvent avoir eu l'impression que vous voliez si haut qu'il était difficile pour eux de vous suivre. Et je ne parle pas des hauteurs de votre pensée prodigieuse, mais de la beauté transparente de votre témoignage chrétien.
Moi aussi, avec mon micro et ma plume, j'ai cherché à être proche de votre présence inlassable. Tout au long des trois volumes de ce «Journal d'un Pontificat», j'ai essayé de refléter quelque chose de la richesse que vous avez semée avec tant de générosité dans ce monde, et j'ai essayé de permettre ces richesses d'atteindre de plus en plus de gens, afin que vous puissiez les aider à vivre.
Parce que, comme vous l'ai toujours dit, le Christianisme est vraiment l'art de vivre - un art que peu ont su enseigner comme vous l'avez fait.
Un jour, alors que vous parliez du théologien Erik Peterson, vous avez cité le verset de l'épître aux Hébreux qui dit: «nous n'avons pas ici de cité permanente mais nous devons aller à sa recherche pour l'avenir». Vous avez noté que Peterson «est resté toute sa vie sans base assurée et sans patrie définitive, un pèlerin de la foi et pour la foi, confiant dans le fait que dans son errance , il était à la maison d'une autre manière, comme il se rapprochait de la liturgie céleste ... »
(ndt: voir ici benoit-et-moi.fr/2011-I)
Ce passage m'est venu à l'esprit - parmi les milliers qui me sont passés sous les yeux durant ces huit années - parce que j'ai la sensation qu'en parlant de ce théologien autrefois luthérien (et dont vous vous sentiez très proche), au fond, vous parliez de votre propre vie. Je le vois encore plus clairement maintenant, après que vous ayez annoncé que vous comptiez renoncer au ministère pétrinien.
Fondamentalement, vous avez toujours été en quelque sorte un «étranger» partout où vous avez été.
Vous étiez un étranger en Allemagne en tant que théologien, dans le bouillonnement des soulèvements étudiants. Vous en étiez un comme jeune archevêque de Munich, car vous avez rompu des schemas promus par des intérêts variés. Vous en étiez un à Rome comme Préfet de la Curie, qui se tenait loin de factions, non corrodé par l'acide des médias, déconcertant pour ceux qui confondent la Tradition avec ses formes usuelles.
Et vous en avez été un au cours de ces années, presque huit, d'un Pontificat passionné et fascinant. Parce que vous savez que nous n'avons pas notre demeure permanente ici, comme vous venez de nous le montrer aujourd'hui! Parce que le chrétien n'a pas ses racines dans la terre, mais vers le haut, vers le ciel.
Durant ces années, j'ai été impressionné par la sympathie que vous avez toujours eue pour chaque homme et chaque femme, quelle que soit sa situation. Vous avez toujours vu bien au-delà des apparences. Vous avez toujours détecté la fissure à travers laquelle la soif de l'infini était manifeste, la recherche de la bonté et de la beauté que tant de gens ne connaissent même pas de nom.
Peut-être avez-vous été le premier pape en plusieurs siècles, qui savait qu'il parlait à un monde majoritairement non chrétien. C'était impressionnant de voir comment vous avez parlé à ce monde: à Ratisbonne, à New York, au Collège des Bernardins de Paris, au Bundestag ... Serait-il exagéré de dire que vous avez parlé comme un Augustin ou comme un nouveau Léon le Grand du 21e siècle? Je ne crois pas.
Vous avez dit aux séminaristes de Rome lors de votre dernière rencontre avec eux: l'Eglise est l'arbre de Dieu et, par conséquent, elle aura toujours un avenir. Un arbre qui peut être secoué par les tempêtes, qui perdra beaucoup de branches, qui peut parfois sembler moribond à cause des péchés de ses membres, à cause de notre manque de foi.
Néanmoins, il renaît toujours, car il porte en lui le germe de la vie éternelle vie. Oui, le Seigneur prendra soin de son Eglise - de cela je suis sûr, et je reste tranquille. Mais le Seigneur prend toujours soin de son Église à travers les mains et les cœurs d'êtres humains, avez-vous également dit.
Et même si vous ne cherchez ni la louange, ni les applaudissements, permettez-moi de vous remercier pour la grâce heureuse de ces années.
Comme vous l'avez dit à Peter Seewald: Il y a des moments où le Seigneur choisit l'un des siens et fait l'histoire.