La lettre de Jeannine du 7 février (Partie II)

Elle passe comme d'habitude en revue, avec affection, sollicitude et admiration, toute l'activité papale du mois écoulée (9/2/2013)

>>> Cf.
La lettre de Jeannine du 7 février (Partie I)

Image ci-dessous: 8 février, le Pape arrive au séminaire romain majeur pour tenir sa 'lectio' annuelle (cf. Lectio au Séminaire de Rome).
J'ai choisi cette image, trouvée sur l'irremplaçable
Benedetto XVI Forum, car je la trouve particulièrement belle et émouvante.

     

La lettre de Jeannine

Je reviens à mon sujet favori : Benoît XVI.

En notant chaque jour les activités de notre Pape, il est aisé de réaliser qu'il ne chôme pas.
Je crois que ce perpétuel défilé de textes à préparer: messages, discours, homélies, catéchèses, méditations pour l'Angelus, rencontres, me donnerait l'impression d'être prise dans un manège qui ne s'arrête jamais. Les semaines passent. Noël est déjà loin et le Carême est sur les rails avec la Semaine Sainte qui est annoncée.
Cet emploi du temps que je trouve très chargé pour le Saint-Père me fait froid dans le dos. ... Le moindre retard sur l'horaire m'inquiète mais j'ai tort: notre Pape arrive. Il ne choisit pas la facilité.
Pour le 2 février il a décidé de présider une messe alors qu'en 2010 et 2011 il avait célébré les vêpres (cf. Vie consacrée).
La cérémonie a été fort belle, très priante,dans un profond silence, avec une homélie suivie religieusement oserais-je dire. J'en ai retenu ces paroles : « la vie consacrée est pèlerinage de l'esprit à la recherche d'un visage qui se montre ou parfois se voile».
La liturgie de la lumière, pleine de recueillement, a ouvert le chemin à une longue procession des représentants des instituts de vie consacrée et des responsables religieux pour remonter lentement la nef de la cathédrale. Suivait Benoît XVI qui ne saluait pas car il tenait un cierge allumé. Il s'est rattrapé pour la sortie car il était très souriant et accueillait avec plaisir les applaudissements qui ont salué la fin de la messe. Sur son passage les appareils photos et autres fleurissaient, les visages étaient radieux, la foule des fidèles était conquise.
Deux détails m'ont inquiétée: au moment de préparer la communion il y a eu un problème avec l'encensoir, Mgr Marini s'est déplacé à côté du pape et tous deux paraissaient regarder au niveau du sol. A la fin de la célébration, en embrassant l'autel, Benoît XVI a lâché son bâton et c'est son cérémoniaire qui l'a attrapé et donné à un servant d'autel. Sur Vatican Player on voit très bien notre Pape poser sa main gauche sur l'autel et donc le laisser échapper. Simple maladresse me direz-vous mais d'habitude ne le lui retire-ton pas ?

Audiences, Angelus, autant de rendez-vous que le Saint-Père honore avec une totale réussite. Ses paroles sont remplies de profondeur et je suis émerveillée que tant de personnes décident de venir le voir, l'entendre, lui dont on disait qu'il ne parviendrait pas à remplir la Place Saint-Pierre. L'ambiance est chaleureuse, festive, comme le 30 janvier avec la fanfare mexicaine. Il est agréable de regarder les photos. Plein de bienveillance il se prête à rencontrer des personnes de moindre importance peut-être mais qui affichent devant lui des visages radieux, des sourires spontanés, vrais. Pluie ou beau temps, Benoît XVI à sa fenêtre est le pôle d'attraction pour tous ceux qui se pressent plus pour l'entendre que le voir tant est grande la distance qui le sépare de cette foule colorée, joyeuse, qui lui offre des visages souriants, sérieux, émus, des lèvres qui murmurent des mercis, des mains qui l'applaudissent en se tendant vers lui.
A l'Angelus du 3 février les ballons verts qui volaient au bout des longues attaches passaient parfois dans le champ de la caméra masquant l'image du Pape ou le voilant légèrement de vert. En quittant sa fenêtre Benoît XVI franchit les deux marches mais Don Georg maintenant lui tient la main. Dans le même ordre d'idée j'ai remarqué que notre Pape ne porte plus le ciboire pour aller donner la communion à ceux qui ont la grâce de la recevoir de sa main, il le récupère au niveau du prie-Dieu. Je pense que ses yeux le gênent mais je n'aime pas ces petits changements qui se font tout en douceur certes mais qui me parlent du temps qui passe.

La messe du 13 janvier (cf. Traditionnel baptême des nouveaux-nés ) avec les baptêmes des bébés des membres du personnel du Vatican a été un moment de grâce. Benoît XVI était à pied mais marchait très lentement. Des gros plans permettaient de voir des enfants magnifiques, fort sages, mais qui, avec le temps qui passait, devenaient naturellement moins paisibles. Il y avait grande affluence et beaucoup de personnes étaient à l'extérieur de la Chapelle. Pour l'homélie, très simple mais profonde, du pur Benoît XVI, il a repris les paroles de l'Evangile du jour: le rôle des parents, parrains et marraines pour guider l'enfant, le faire grandir et l'aider à aimer Jésus, à croire en Jésus. Benoît a célébré face à l'autel et cette année, ô miracle, personne n'a fait de commentaire sur ce fait; il ne faut jamais désespérer, tout arrive. Moi j'ai retenu la douceur du visage du pape, de son sourire, de ses gestes envers les enfants. Cet homme âgé a le pouvoir de faire passer avec une grande simplicité sa foi joyeuse qui pour lui est un sentiment naturel, indissociable de sa vie. A la sortie de la chapelle notre Saint-Père a béni des enfants, salué les accompagnants. Il était très sollicité car il était à pied donc accessible et très souriant.

L'Angelus a attiré place Saint-Pierre beaucoup de fidèles présents malgré la pluie, avec des drapeaux et j'y ai retrouvé un parapluie multicolore semblable à celui de l'Angelus du 6 janvier; hasard, le même?, foule chaleureuse, joyeuse et qui applaudissait généreusement.

Du 14 au 20 janvier la semaine a été plus calme avec les obligations habituelles et un Angelus avec de nombreux fidèles impatients qui attendaient avec ferveur sous les parapluies. Flavio a signalé qu'il neigeait à Paris.

Le 21 du même mois, traditionnellement le Saint-Père a béni les agneaux de Sainte-Agnès, adorables petites bêtes dans leurs corbeilles fleuries avec, en prime, une caresse du Pape (cf. Le Pape bénit les agneaux).

25 janvier : Benoît XVI préside les vêpres œcuméniques à Saint-Paul-hors-les-murs. Cette célébration clôture la Semaine de prière pour l'unité des Eglises chrétiennes. Foule variée qui reflète la diversité de ces Eglises, les memores sont au premier rang et se signent au passage du Pape. Les très nombreux fidèles l'applaudissent et des baisers partent vers lui accompagnés de gestes amicaux et de sourires heureux. Je pense que la préparation a été rapide car les diacres ( je ne connais pas le nom exact) qui tiennent les encensoirs ne savent pas trop quelle main poser sur la poitrine, quelle main choisir pour tenir l'encensoir; fort heureusement un cérémoniaire rectifie très discrètement. De même le diacre se trompe de formule pour la fin des vêpres, il annonce Ite missa et se rattrape avec la bonne formule que j'ignore en latin. Benoît XVI, très souriant, ressort sous les applaudissements et les signes d'affection. Je suis toujours admirative de voir le silence s'établir pour laisser place à la prière après ces moments si chaleureux dans ces lieux si imposants. J'aime ces cérémonies où les participants communient avec lui sans avoir la possibilité de l'approcher, juste pour le voir, retrouver son visage bienveillant, serein, plein de douceur et recevoir ses paroles.

Le 27 janvier l'Angelus jouit d'un temps magnifique avec de très nombreux fidèles. Des drapeaux, des banderoles animent cette foule sur la place. Dans l'appartement deux enfants de l'Action Catholique sont avec le Pape et lui ont apporté deux colombes qu'il va lâcher. La première est partie après une légère hésitation, quant à la seconde elle est restée un moment un peu en-dessous de la fenêtre mais s'est envolée; Benoît XVI était ravi et a estimé que c'était un succès.

Je pense que vous avez dû lire l'article de C.P sur Mgr Gänswein : "Une gueule d'ange au Vatican" (Paris Match). Je m'attendais au pire et, mis à part le titre très racoleur et fort irrévérencieux je n'ai rien trouvé de répréhensible. Quelques détails sur la journée du 6 janvier, sur cette célébration si émouvante, des considérations générales , les éternelles rivalités de ce petit monde très fermé dans lequel j'étoufferais, la biographie de Mgr Gänswein, des photos bien choisies, une en particulier du 23 juillet 2007 à Lorenzago avec un pape portant des lunettes de soleil RayBan et son secrétaire en col romain mais sans soutane, tous deux priant le rosaire; elle est connue en petit format mais sur une grande page la classe des deux intéressés ressort encore mieux ( avis très personnel). La beauté du nouvel évêque l'a séduite et Benoît XVI a profité de ses bonnes dispositions.

Merci pour la photo de don Georg (cf. En marge de l'audience du 30 janvier) avec un rire qu'on ne lui connaît pas. Cette audience du 30 janvier était joyeuse; à l'arrivée, Pape et entourage avaient l'air réjouis. Notre Saint-Père avançait d'un pas souple et le cardinal Antonelli s'est distingué en embrassant l'anneau; ses confrères devraient faire de même mais je crois que Benoît XVI n'en demande pas tant.

L'intervention de Teresa est très juste (cf. Quelques réflexions sur le fardeau de Benoît XVI). Pour moi, cependant, la méconnaissance de l'importance de ce pontificat ne relève pas que du fait des médias et des vaticanistes. Si les laïcs étaient moins moutons de Panurge et n'adoptaient pas pour vérité prégnante toutes les inexactitudes, tous les mensonges qui leur sont servis dans la presse ou à la radio et à la télévision, s'ils prenaient le temps de réfléchir et de se faire une opinion par eux-mêmes, beaucoup de contre-vérités n'auraient jamais existé. Ils ont été éblouis par Jean-Paul II, un grand acteur qui a soigneusement évité de traiter les sujets sensibles sauf le communisme car cela touchait directement sa Pologne. Vous connaissez ma position à son sujet et le matraquage en vigueur à une époque n'a rien fait pour m'inciter à changer d'avis. Je trouve que le pontificat de Benoît XVI, dans la simplicité, l'effacement, la recherche de la vérité, colle à la réalité de l'époque dans laquelle il effectue son ministère. Il avance à son rythme et notre société ne facilite pas la tâche. Les grands dossiers en cours ne supportent pas des conclusions rapides pour le simple plaisir d'ajouter des croix dans la colonne des affaires réglées. Pour arriver à l'unité il faut étudier tout ce qui sépare, progresser si cela est possible et ainsi arriver à une conclusion valable pour tous. Benoît XVI n'est pas le Pape qui veut la réussite même si les obstacles ne sont pas levés. J'admire son exigence, sa sérénité devant toutes les embûches rencontrées, sa prescience de l'Eglise future telle qu'elle se dessine, sa longue patience pour ne pas enflammer les polémiques. C'est une vie donnée depuis de si longues années et l'enthousiasme est toujours présent.

L'Angelus du 3 février (cf. Dense homélie d'Angelus, le 3 février) parle de lui : «le prophète est venu pour porter témoignage de la vérité, prêt à payer de sa personne, il n'obéit qu'à Dieu». Lorsqu'il cite le proverbe : Personne n'est prophète en son pays , cette assertion s'applique fort bien à lui. Il encaisse les coups, ils font partie de la croix à porter mais je sais que j'aimerais qu'il parcoure une route plus facile.

Le 4 février il a assisté au concert qui lui était offert ainsi qu'au Président G. Napolitano (cf. Concert pour le Pape-II ). Une fois encore on pouvait admirer l'amitié qui lie ces deux personnalités. Bien sûr, il y a l'âge mais aussi une égale distinction, un profond respect pour l'autre, un esprit ouvert à l'autre, toutes conditions nécessaires pour, en dépit des différences, être capable d'accueillir,d'apprécier,de s'enrichir de la différence sans pour autant perdre ses convictions, de tisser une relation véritable. Dans le commentaire très éclairé de Benoît XVI on a retrouvé le Pape musicien, épris de beauté; un intermède de détente dans cette ambiance musicale. Comme à chaque fois je me remplis les yeux des images sur les musiciens, leurs jeux de mains, la variété des instruments, l'expression des visages concentrés sur l'exécution; j'admire sans réserve la parfaite harmonie de toutes ces sensibilités, de toutes les interprétations. de toutes ces différences réunies dans un même amour: la beauté de la musique. Merci pour l'interview du chef d'orchestre (Concert pour le Pape ) qui dit son admiration et son appréciation très positive de la culture musicale de notre Pape. C'est lui qui est venu à Benoît XVI à la fin de ce concert très applaudi, un moment de sérénité profonde. Les memores étaient présentes sur la gauche de Benoît XVI et ont applaudi avec force.

Je termine avec l'audience d'hier - 6 février. Dans cette salle Paul VI on doit avoir l'impression d'être près du Saint-Père; le porte-parole de chaque groupe ne donne plus autant de détails, Benoît XVI compense avec plus de précisions et les participants , bien décidés à se faire entendre, n'hésitent pas à intervenir quitte à couper la parole au Saint-Père; c'est très bien car cela donne un caractère très chaleureux à ce rendez-vous du mercredi matin.

Comme les gamins je regarde les images de l'audience, un excellent moyen pour voir la diversité des personnes qui viennent le saluer à la fin avec des cadeaux, des visages heureux, des sourires lumineux, des objets à bénir. Notre pape reste là, attentif, patient, souriant, écoutant avec simplicité les explications, regardant les présents offerts et étant surtout attiré par les livres il me semble.

Je vais vous quitter après ce long bavardage.
Que tout aille bien pour vous et pour votre site.

Jeannine