Le calvaire médiatique de Benoît XVI
Il persiste, honteusement, après sa démission. Mon amie Teresa partage mon indignation... Et elle ressort une interviewe du Cardinal Bergoglio, de février 2012, peu flatteuse pour les medias, mais bizarrement occultée. (15/3/2013, mise à jour)
Voir aussi:
¤ The show must go on (I)
Derniers outrages
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Si l'on suit les medias (j'inclus dans ce mot les blogs, y compris cathos), avant Benoît XVI, il y a eu le pape géant, le pape charismatique, le pape voyageur, le pape du geste: Jean-Paul II.
Après Benoît, nous avons le pape humble, le pape simple, le pape ami des pauvres, le pape "cool", qui va enfin dépoussiérer le "Vatican", voire nettoyer "les écuries d'Augias" de la Curie . Et même (dixit Patrice de Plunkett) "décaper le rituel et appeler à une foi exigeante".
Plus encore, on lit sous des plumes dont la papophilie ne pouvait jusqu'à présent pas être mise en doute (cf. www.les7sources.eu): "Avec notre pape François, l'Evangile est de retour".
Entre les deux, un petit Pape étriqué, un pape bling-bling (entendu ce matin) une sorte de trou noir dans l'histoire de l'Eglise, à oublier très vite. L'Evangile, connais pas. La foi exigeante, connais pas. La purification, connais pas.
J'hallucine.
Une fois de plus, il convient de le répéter, le pape François n'y est pour rien.
Mais je regrette infiniment que, parmi les catholiques, il y en ait qui se laissent abuser par cette manoeuvre de division.
Va-t-on laisser se propager cette infamie sans réagir?
En tout cas, pas moi! Ni Teresa, qui depuis 8 ans, et sans faillir, défend Benoît avec bec et ongles.
Le calvaire médiatique de Benoît XVI continue - et il a peut-être empiré
(Teresa, 14/3/2013, en anglais ici)
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La dernière chose que je désirais, c'était que que ce site devienne un recueil de reproches pour les injustices faites - la plupart du temps, volontairement, et parfois peut-être, sans le vouloir - à Benoît XVI, à travers les reportages de médias irresponsables et les bavardages d'experts; mais je sens qu'il est nécessaire de contrer immédiatement une telle injustice ou pire, les mensonges et les fausses représentations.
Si c'était déjà déplorable quand il était pape, je n'imaginais à quel point ce serait terrible maintenant qu'il y a un nouveau pape qui est considéré par les médias comme le parangon de toutes les vertus - et c'est peut-être le cas - que les médias présentent d'une manière qui implique qu'il est tout ce que Benoît XVI n'était pas.
Les vertus fraîchement découvertes d'un homme n'annulent pas d'un seul coup les vertus connues et éprouvées d'un autre homme, surtout quand ces vertus étaient, jusqu'à récemment, plébiscitées par certains de ceux qui aujourd'hui semblent penser - ou transmettre par leurs paroles inconsidérées - que Benoît XVI n'a aucune vertu. Plus que l'habituelle simple amnésie opportuniste, ce qui est ici à l'œuvre, c'est un besoin pathologique de voir toute ce qui est nouveau comme «bon», et tout ce qui est ancien comme «mauvais» et digne de rien d'autre que l'oubli total.
Lorsque Benoît XVI a été élu, l'opprobre jeté sur lui par les MSM (main stream media) était indicible, parce qu'il était vu par eux comme le successeur faible et très inférieur d'un homme qui était SANTO SUBITO. La plupart de ceux qui le voyaient ainsi ont continué à le faire pendant les huit dernières années, et ont été, bien sûr, les premiers à le clouer sans pitié pour n'avoir pas souffert jusqu'à la fin de ses jours en tant que Pape comme son saint prédécesseur - même s'ils n'aimaient pas ce qu'avait fait ce dernier et s'opposaient à tout ce qu'il incarnait - surtout prêcher Dieu à un monde sécularisé et insister sur le bien-fondé de certains principes non négociables ne reposant pas sur l'enseignement catholique, mais seulement sur la loi naturelle.
L'on aurait pensé qu'après qu'il se soit retiré, ils cesseraient d'en faire un punching ball et un paillasson. Mais non, ils continuent à le «malmener».
Après que le Pape François ait été présenté au monde, hier, j'avais déjà remarqué les choses terribles qui étaient implicites à propos de Benoît XVI dans le choeur des hosannas pour le nouveau Pape. Comme quelqu'un qui était un parfait inconnu dans les médias, ce dernier n'a pas derrière lui les idées préconçues et les caricatures que les médias avaient construites durant plus de deux décennies autour de Joseph Ratzinger avant qu'il ne devienne pape. Le Pape François arrive avec une ardoise vierge, sur laquelle ils sont libres d'écrire ce qu'ils veulent.
Mais l'image de l'Eglise qu'ils ont construite est si noire - sur la base des prêtres pédophiles, de Vatileaks et de la corruption présumée du Vatican - qu'ils sont prês à voir en n'importe qui, sauf Benoît - ou quiconque aurait pu être hier élu à la place de François - quelqu'un qui pourra en quelque sorte affronter ces problèmes et rétablir l'«Eglise en ruines », comme si Benoît XVI n'avait rien fait au sujet du problème, ou pire, comme s'il avait lui-même causé la ruine.
Ils ont fait du pontificat de Benoît un trou noir dans lequel ils ont jeté tout ce qui était déjà mauvais dont il avait hérité (et contre quoi il avait mis en garde durant deux décennies) - en plus de tous les maux mineurs avec lesquels ils ont pu le tourmenter, tels que Williamson et Ratisbonne - et c'est littéralement un trou noir comme en physique, où pas le moindre point de lumière ne survit, toute la lumière est absorbée et éteinte.
Considérons les mèmes (cf. fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A8me) terriblement stupides qui ont été répétés sans cesse sur les deux chaînes de télévision que je regarde - EWTN et Fox News - mèmes qui commencent avec les prêtres, les évêques et les prélats, et sont ensuite amplifiés par la presse laïque et les commentateurs.
Par exemple, le Père Jonathan Morris, sur Fox News, un prêtre Légionnaire du Christ, se répand - et c'est typique de tout le reste - sur le fait que le nouveau Pape va enfin «nettoyer tous les dysfonctionnements et la corruption au Vatican», parce qu'«il faut d'abord avoir une maison propre, avant de se présenter au monde»
Morris ne réalise-t-il pas combien il est déplacé que lui, qui appartient à l'ordre du Père Maciel, puisse s'exprimer ainsi? Qui a nettoyé la maison de Maciel, à commencer - ce qui a été l'une des plus grandes taches sur le visage de l'Eglise que le cardinal Ratzinger a tant décriée dans les méditations du Vendredi Saint et les prières de l'année 2005 - par la saleté qu'il n'a cessé de nettoyer, car il n'a obtenu qu'en 2001 l'autorité pour faire face aux cas d'abus sexuels?
Il se répand aussi sur l'humilité du pape François, «l'image même du christianisme que ce Pape va projeter sur le monde», selon Morris. Quelle image du christianisme Benoît XVI a-t-il projeté sur le monde? Arrogant? Triomphaliste? Faux? Honteux?
Ou sur le fait qu'en tant que cardinal, le nouveau pape avait mis en garde contre «le carriérisme dans l'Église», dont Morris ajoute: «C'est exactement ce qui ne va pas avec la Curie romaine».
Plusieurs livres ont été publiés en italien, compilant les homélies de Benoît XVI et les exhortations aux prêtres et aux évêques contre le carriérisme et d'autres pratiques qui minent la vie spirituelle des prêtres.
En ce qui concerne ce que le nouveau pape pensait de la Curie - et des médias - lorsqu'il avait été interrogé à ce sujet dans une interview de Février 2012, au moment où les Vatileaks soulevait de la vapeur dans les nouvelles, voyons ceci:
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- Pouvez-vous nous dire comment la Curie romaine est perçue de l'extérieur?
- Je la vois comme un corps qui rend un service, un organisme qui m'aide et me sert. Parfois, des nouvelles négatives nous arrivent, mais elles sont souvent exagérées et manipulées pour répandre le scandale.
Les journalistes risquent parfois de devenir malade de coprophilie (i.e. attirance morbide pour les excréments!) et de fomenter ainsi la coprophagie: ce qui est un péché qui entache tous les hommes et les femmes, c'est la tendance à se focaliser sur les aspects négatifs plutôt que les aspects positifs.
La curie romaine a ses mauvais côtés , mais je pense que l'accent est trop mis sur les aspects négatifs et pas assez sur la sainteté des nombreux consacrés et laïcs qui y travaillent.
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Venant de celui qui est aujourd'hui le pape François, est-ce que cela ne démolit pas toutes les implacables corrections contre la curie dans les derniers mois, par tout le monde? Mais qui s'en soucie - je parie que personne ne va même ressusciter l'interview, encore moins la citer, parce qu'elle n'est pas le récit qu'ils ont construit!
Les médias réalisent-ils que le nouveau pape considère leur pires éléments comme des coprophiles (éprouvant une obsession morbide pour les matières fécales) fomentant la coprophagie parmi leurs consommateurs? Que chacun en prenne note! Si le cardinal Ratzinger avait utilisé ces termes, il aurait été irrévocablement condamné à la damnation éternelle et absolue par les médias internationaux en masse!
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[Ici, Teresa cite l'intégralité de l'interviewe de Bergoglio par Tornielli, qu'elle a traduite en anglais. Je ne retrouve pas le texte original].
Interviewe de Bergoglio, février 2012, Tornielli
Cardinal Bergoglio on careerism and vanity among men of the Church, and the affliction of journalistic coprophilia
by ANDREA TORNIELLI
February 29, 2012
VATICAN CITY - In the recent consistory, held in the midst of polemics over leaked confidential files from the Vatican Secretariat of State, Benedict XVI had intended to discuss the New Evangelization with the College of Cardinals.
He also called them back to the spirit of service and humility.
The Archbishop of Buenos Aires, Jesuit Jorge Maria Bergoglio, whose family came from Turin, is one of the leading figures of the Latin American episcopate. In his diocese, the Church has for some time now gone out into the streets, the public squares, bus and train stations, in order to evangelize and administer the sacraments. Vatican Insider asked him for an interview, to comment on the work of the consistory and the words of the Holy Father.
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- What do you think of the Pope's decision to decree a Year of Faith and to insist on the New Evangelization?
- Benedict XVI insists on priority for the renewal of the faith, and presents the faith as a gift to be handed on, a gift to offer, to be shared in an act of free giving.
It is not a possession but a mission. This priority indicated by the Pope has a dimension of remembrance. With the Year of Faith, we remember the gift we have received. It rests on three pillars: remembrance of having been chosen, the memory of the promise that has been made to us, and the Covenant that God made with us.
We are called to renew that Covenant, our belonging to the people who are faithful to God.
- What does evangelization mean in a context like that of Latin America?
- The context is that which emerged in the fifth conference of Latin American bishops in Aparecida in 2007 [keynoted by Benedict XVI, who defined the continental mission] which called us to a continental mission. So the entire continent is in a state of mission. Programs are being carried out for this, but above all there is the paradigmatic aspect. all the ordinary activities of the Church are framed in this spirit of mission.
This implies a very strong tension between the center and the periphery, between the parish and the neighborhood. The Church must go out of itself towards the periphery. It must avoid the affliction of a self-referential Church - she becomes sick when that happens.
It is true that by going out into the street, as it is for a person, we can meet with an accident. But of the Church remains closed in herself, self-referential, she ages. Between a Church exposed to risks which is out in the streets, and a Church afflicted with self-reference, we can only choose the first.
- What has been your experience in Argentina, and particularly, in Buenos Aires?
- We seek to reach out to those families who do not take part in parish life. Instead of being just a Church which receives those who come to us, we want to be the ones to go out towards the people, those who do not know the Church or who have stopped coming, who have gone away. in fact, or those who are simply indifferent.
We organize missions in the public squares, where people usually gather anyway - and we pray, we celebrate Mass. We offer Baptism which we administer after a suitable brief preparation. This is what we do in the parishes, in the entire diocese. We also seek to reach more people through digital communications and the Internet.
- In addressing the consistory and later in his homily the next day, the Pope emphasized that the cardinalate is a service, and also that the Church is not built in isolation. What did you think of his words?
- I was struck by the image evoked by the Pope, who spoke of James and John and the internal tensions among the first followers of Jesus over who among them should be first. This indicates that certain attitudes, certain discussions, have always been present in the Church, from her very beginnings, And this should not scandalize us.
The cardinalate is a service, not an honorific to boast about. Vanity, being vain about oneself, is an attitude of the worldly spirit, which is the worst sin in the Church. This is an affirmation that we find in the final pages of Henri de Lubac's Méditation sur l’Église.
Spiritual worldliness is religious anthropocentrism which has gnostic aspects. Careerism, the search for self-advancement, is very much part of that worldliness. I often say, to exemplify the fact of vanity: "Look at the turkey - how beautiful it is when you see it from the front. But if you take a few steps and look at it from behind, you see the reality". So whoever yields to self-referential vanity fundamentally hides a deep misery. [Mons. Vigano and so many other self-promoting prelates, are you reading this?]
- What must the authentic service of a cardinal consist of?
- Cardinals are not the agents of an NGO [non-governmental organization]. They are servants of the Lord, under the inspiration of the Holy Spirit, who creates the distinctions among the various charisms, but leads them all to unity within the Church.
The cardinal should enter into this dynamic of the differences between charisms, and at the same time, look at their unity, knowing that the author of the differences as well as the unity is the same Holy Spirit. And I think a cardinal who does not get into this dynamic is not the kind of cardinal that Benedict XVI means.
- This consistory took place during a difficult time of great tension because of the documents leaked from the Vatican. How do the Pope's words help to deal with this reality?
- The words of Benedict XVI help us to live through this reality from the perspective of conversion, changing heart. I was glad that the consistory was held on the threshold of Lent. It is an invitation to look at the Church who is both holy and sinful, to look at her shortcomings and sins, without losing sight of the holiness of so many men and women who are within the Church even today.
I should not be scandalized because the Church is my mother: I should look at her failings and faults as I look at my mother's failings and faults. And when I think of the Church, I remember above all the beautiful and good things she has done, not so much her failings and defects. We defend our mother with a heart full of love more than with words. And so I ask whether those who get too much into these 'scandals' have any love for the Church at all.
- Can you tell me how the Roman Curia is perceived from the outside?
- As far as I am concerned, I see and experience it as an organ of service, an organ that helps and serves me. Sometimes, one gets news that's not good, often amplified and even manipulated for scandal's sake.
Newsmen often run the risk of becoming afflicted with coprophilia [a morbid fondness for excrement], and thus encouraging coprophagia [literally, eating crap, excuse the language!] and that's a sin that afflicts many men and women today. Which is, to prefer to concentrate on the bad things and not the good. - [Thank God! Cardinal Bergoglio has hit upon the precise term for the worse-than-muckrakers, without the vulgarity of describing their muck as 'crap'!]
The Roman Curia has its faults, but it seems to me that only the bad is underscored, while ignoring the holiness of so many consecrated persons and laymen who work there.
Mise à jour (Monique)
Je comprends votre colère face à cette infamie consistant à humilier encore et encore notre grand Pape Benoît, même après sa renonciation.
Il s'est épuisé à purifier l'Eglise. Que d'autres s'y essayent jusqu'à l'épuisement aussi!
Benoît XVI a converti et affermi la foi de millions de gens.
Ceux qui ont pris la peine de s'intéresser à son enseignement se sont attachés à sa personne d'une façon inimaginable; mais ceux-là n'ont aucun accès aux médias pour le dire. On rencontre rarement dans une vie une personne aussi attachante et capable de vous élever au- dessus de vous-même, pour vous conduire vers Dieu.
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