Mais quelle révolution?
José-Luis Restan s'agace des raccourcis de ses collègues journalistes autour du nouveau Pape. Traduction de Carlota. (20/3/2013)
José Luis Restán vient de mettre en ligne un article où il exprime - en citant Benoît XVI - ce que je ressentais, après avoir été troublée dans un premier temps je l’avoue, mais en me forçant à réagir, par les articles de la plupart des journalistes commentant l’élection de notre nouveau Saint Père, le Pape François.
(Carlota)
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Mais quelle révolution?
(Original ici: http://www.paginasdigital.es )
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Ces jours-ci les collègues de la presse rivalisent pour trouver des mots pour désigner le nouveau pontificat de François. Un changement de cap, un virage, et même une révolution. Je ne déteste pas les licences littéraires, elles sont nécessaire pour narrer l’histoire. Mais toujours pour aider à cela, à narrer la véritable histoire et non pour la reconstruire selon les schémas intéressés de chacun. C’est quelque chose de ce genre qui est en train de se passer ces jours-ci.
Révolution ? Non pas que cela soit un mot exagéré, c’est simplement un mot absurde dans la vie de l’Église. Parce que l’Église, ce n’est pas nous les hommes qui la faisons, elle vient de Dieu. Et s’il n’en était pas ainsi, on en aurait déjà terminé avec elle depuis le temps. Mais comme disait ironiquement un cardinal de l’époque en prenant connaissant des plans de Napoléon pour la détruire (*) : « C’est impossible, nous n’avons même pas réussi à le faire nous-mêmes ». Nous ne pouvons pas faire l’Église, nous ne pouvons que répondre à l’initiative de Dieu. Sont encore bien vivants les mots de Benoît XVI au début du dernier synode des évêques : « Les apôtres n’ont pas dit : maintenant nous voulons créer une Église, et sous la forme d’une assemblée constituante ils auraient élaboré une constitution. Non, ils ont prié et ils ont espéré dans la prière, parce qu’ils savaient que seulement Dieu lui-même peut créer son Église, dont Dieu est le premier agent : si Dieu n’agit pas, nos choses ne sont que nos choses et elles sont insuffisantes…Et comme en ce temps-là, seulement avec l’initiative de Dieu pouvait naître l’Église…ainsi aujourd’hui aussi seulement Dieu peut commencer, nous ne pouvons seulement coopérer, mais le début doit venir de Dieu ».
C’est pour cela qu’il est tellement significatif que le pape François ait voulu, lors de sa première apparition devant le peuple, que cette rencontre soit marquée par la prière. La première chose est de savoir ce que nous demande le Seigneur, faire confiance à son impulsion, suivre son chemin. Parce que là, les grands titres des médias ont déjà prêt leur programme de réformes pour que l’Église se mette au ton (ndt: marche au pas !) se modernise, que diraient-ils d’autres. Mais François a dit que si nous ne confessons pas le Christ, nous finissons par confesser le démon. Je ne sais si cela leur paraîtra très « moderne ».
Parler de révolution (Aux barricades!) peut être très suggestif pour les titres de quelques rotatives. Imaginer que François mettra tout à l’envers doit exciter énormément l’imagination de quelques uns…mais il a dit pour le moment : cheminer, édifier et confesser. Cheminer à la lumière du Seigneur, parce que il n’y a que cette lumière qui peut rendre irréprochable notre pauvre vie, édifier sur le fondement de la croix, sur le sang répandu par le Seigneur, parce que sans croix nous transformerons l’Église en une ONG pieuse, tout à fait comme le prétendent « El País » (ndt: Monde !) et le New York Times ; et confesser, nous l’avons déjà dit, le nom de Jésus, parce que si nous nous consacrons à d’autres choses nous finissons pas confesser l’esprit du monde, qui dans les Saintes Écritures porte un nom qui n’a rien d’agréable aux bien-pensants qui se disent être à la fête.
Le chemin de l’Église est long ... des croutes non souhaitées y ont adhéré qu’il faut lisser (ndt l’image du carénage est tout à fait parlante quand on sait combien un navire peut être ralenti par une coque encrassée), l’aiguille du compas magnétique peut dévier et il faut le repositionner cap au nord. Encore et encore. Et ce n’est pas à cause d’audits à établir mais parce que le Seigneur réveille de nouveaux bourgeons, fait surgir la sainteté pour réveiller ce qui s’est ankylosé et redresser ce qui est tordu. Ce processus n’aura jamais de fin, il s’agit d’un arbre qui, alors que l’on voit pourrir certaines branches, fait toujours découvrir une verdeur inattendue.
Révolution! Que non! Cela signifie rupture, violence, coupe, appropriation, présomption des hommes. Ce que fait d’abord un pape c’est simplement d’obéir, comme l’a appris durement Saint Pierre. Mais rénovation et purification, oui, en effet : toujours et en tout lieu. Et fasse que cela soit maintenant très profondément.
Parce que comme l’a dit il y a de nombreuses années Joseph Ratzinger lors du Meeting de Rimini : « L’Église est une compagnie qui a toujours besoin de réformes ». Et avec quelle intensité il nous l’a fait comprendre toutes ces années. L’Église est un corps vivant qui avance et se transforme dans l’histoire, mais en demeurant fidèle à sa propre nature et vocation ; les plans de sa réforme toujours inachevée, ce ne sont pas les architectes du monde qui les dessinent, - où serions-nous à de telles hauteurs ?, mais ils jaillissent de la source profonde qui en elle jamais ne s’éteint. Le paradoxe c’est que l’Église pour avancer doit toujours revenir à son origine, comme l’a fait François.
Un personnage, évidemment, que, si certains qui aujourd’hui l’acclament, le rencontraient, leur provoquerait de l’effroi (**).
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(*) Napoléon qui était peut-être encore Bonaparte aux moments des guerres de la République et pas encore celles de l’Empire et quand le Pape fut chassé de Rome par les troupes françaises et fut emprisonné à Valence (France) où il décédera. Il faudrait rechercher pour les passionnés.
(**) Quelle belle cérémonie que celle d’aujourd’hui à Rome et des phrases très fortes aussi.