Réactions d'Espagne

Trois textes de prêtres espagnols, écrits à chaud, la semaine dernière. Traduction de Carlota (20/2/2013)

Le Pape s'est rendu trois fois en Espagne: à Valence, en juillet 2006, lors de la journée mondiale des familles; En novembre 2010, d'abord à Saint-Jacques-de-Compostelle, où l'on célébrait une Année Sainte, puis à Barcelone pour consacrer l’autel de la « Sagrada Familia », l'œuvre inachevée de Gaudì. Enfin en août 2011, pour les JMJ de Madrid (détails à retrouver ici: Sites reliés )
C'est donc un pays avec lequel il a tissé au fil du Pontificat un lien privilégié.

Carlota a traduit trois 3 articles de prêtres espagnols:

- le Père Jorge Lopez Teulon (du diocèse de Tolède, auteur de remarquables recherches historiques sur les persécutions religieuses en Espagne durant la Seconde République (1931-1939) et pour la constitution des dossiers à présenter à Rome. cf. http://tinyurl.com/am3umfl ) qui comme d'habitude parle avec des faits du passé...
- un prêtre (diocèse de Cordoue - il a un bon évêque, Mgr Mgr Demetrio Fernández, cf L'évêque de Cordoue au pilori ) qui fait une belle conclusion: ordonnés dans les années 70 donc qui a eu l'après Vatican II et la défranquisation comme viatiques.
- un prêtre madrilène d'une quarantaine d'années, moderne, néo-catécuménat et tenue clergyman - c'est direct mais pas forcément mal tout au moins pour ce qu'il conclut ... Il y a une phrase sur les mauvaises herbes, je comprends dans le sens plutôt que se laisser étouffer dans un état de faiblesse, mettre au grand jour les problèmes, et partir avant d'être trop faible pour lutter contre le mal qui est à l'intérieur - mais comme dit l'auteur du texte, il ne sait rien et émet une hypothèse puisque tout le monde en a émises...

     

Merci, Saint Père
Père Jorge López Teulón,
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Sur « notre » blog martyriel (relatif aux martyrs de la guerre d'Espagne), nous avons voulu aussi contribuer à l’hommage d’amour et de reconnaissance qui se fait au Saint Père, avec ce bref compte-rendu relatif à persécution religieuse espagnole, et ce qui a été fait pendant le pontificat de Benoît XVI.

Le communiqué d’hier se terminait ainsi :

« Maintenant, confions la Sainte Eglise de Dieu au soin de son Souverain Pasteur, Notre Seigneur Jésus-Christ, et implorons sa sainte Mère, Marie, afin qu’elle assiste de sa bonté maternelle les Pères Cardinaux dans l’élection du Souverain Pontife. Quant à moi, puissé-je servir de tout cœur, aussi dans l’avenir, la Sainte Eglise de Dieu par une vie consacrée à la prière.
Merci, Saint Père. Nous vous recommanderons tous les jours de votre vie, soyez-en assuré.
»

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Benoît XVI: « Témoins héroïques »

Il y avait seulement quelques mois que le Cardinal Joseph Ratzinger avait été élu Souverain Pointife. C’était le 29 octobre 2005 et venait d’avoir lieu la béatification de Marie des Anges Ginard Martí de la Congrégation des Sœurs Zélatrices du Culte Eucharistique et de 7 prêtres du diocèse d’Urgell (ndt Catalogne). À la fin de la célébration Benoît XVI est descendu depuis ses appartements jusqu’à la Basilique Vaticane pour vénérer les reliques des nouveaux béatifiés. Pour la première fois, le nouveau Pape baisait le reliquaire de martyrs de la persécution religieuse espagnole. Ensuite il a distribué la Bénédiction Apostolique et a adressé quelques mots en castillan et en catalan, et en remerciant Dieu « pour ce grand don de témoins héroïques »
Dans son intervention le Pape a mis en avant « les prêtres exemplaires du diocèse d’Urgell [qui] immolèrent leur vie durant la persécution religieuse en Espagne à cause de leur fidélité au ministère du sacerdoce, qu’ils exerçaient avec un grand dévouement dans les communautés paroissiales, en donnant un témoignage de leur condition sacerdotale et en pardonnant à leurs persécuteurs. Ils ont donné leur vie en évoquant le Roi de l’Univers »

Deux ans plus tard, le 28 octobre 2007 a eu lieu la béatification de 498 martyrs (2 évêques, celui de Cuenca et de Ciudad Real ; 24 prêtres diocésains ; 462 religieux, 1 diacre, 1 sous-diacre, 1 séminariste et 7 laïcs) qui appartenaient à 24 Causes.

Le 23 janvier 2010 a été béatifiée à la Basilique Sainte Marie de Mataró (Barcelone) le prêtre diocésain Beato Josep Samsó i Elias, martyrisé le 1er septembre 1936.

Le 17 décembre 2011 dans la Cathédrale de la Almudena de Madrid sont montés aux autels le Bienheureux Francisco Esteban Lacal, prêtre, et 21 compagnons de la Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Vierge Immaculée. Les religieux travaillaient à Pozuelo et ils furent presque tous exécutés à Paracuellos del Jarama (Madrid- ndt aujourd’hui diocèse d’Alcalá de Henares et lieu de pèlerinage encouragé par Monseigneur Juan Antonio Reig Pla). En même temps que le groupe d’Oblats fut béatifié le laïc et père de famille Cándido Castán San José, habitant de Pozuelo, qui fut arrêté chez lui et emmené au couvent pour être exécuté pour « sa façon de vivre non dissimulée de sa foi » (*).

En résumé, le compte total des martyrs de la persécution religieuse espagnole [officialisés] durant le pontificat de Benoît XVI s’élève à 530.


(*) Tout cela s’est passé il y a moins de quatre-vingt ans, tout près de chez nous, à l’échelle de la planète. Il fut arrêté et exécuté pour « sa façon de vivre non dissimulée de sa foi ». Cette terrible phrase à toute son actualité aujourd’hui encore, et pour l’instant en France, si l’exécution n’est pas encore à « balle réelle », dans les mots et les écrits, c’est déjà cela…

     

Humilité et audace du Pape
P Antonio Gil Moreno (*)
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La nouvelle a fait le tour du monde alors qu’elle était examinée et qu’elle affectait le cœur de la chrétienté.
Il a mis tant d’humilité dans ses paroles, tant d’amour se répandait de sa silhouette, tant de gratitude, tant de pardon, que nécessairement, son geste gigantesque allait attirer tous les regards, tous les battements de cœur, dans un torrent d’émotion et de remerciements. Depuis qu’il s’est présenté au monde comme « un humble travailleur dans la vigne du Seigneur », Benoît XVI a essayé que l’on ne prête pas attention à sa personne mais à son message. Pour cela, à l’occasion de ses deux derniers anniversaires, celui de son élection comme Pape et de sa naissance, il s’est concentré dans le fait de demander des prières « pour que, avec l’aide de l’Esprit, je puisse persévérer dans mon service au Christ et à l’Église ». Son secrétaire particulier a dit que « c’est un grand pontificat de la parole », centré dans la prédication de l’essentiel de la foi : l’identité divine de Jésus Christ, l’harmonie de la foi avec la raison et l’enseignement de base de sa première encyclique : « Dieu est amour ». L’humilité et le courage brillent aujourd’hui sur le visage de cet homme bon, qui va être un contemplatif dans les brises monacales. Son amour de l’humanité se transforme dorénavant en prière intense.

Si nous devions former une trilogie de l’urgence, je garderais avec moi trois beaux piliers pour notre foi et notre espérance qui ont jailli des lèvres du Pape Benoît XVI:

1.- « Dieu prend personnellement soin de moi, de nous, de l’humanité. Il ne m’a pas laissé seul, perdu dans un univers et dans une société devant laquelle l’on se sent chaque fois plus désorienté. Il prend soin de moi ». (Acte de clôture de l’Année Sacerdotale).

2.- « Quand plus personne ne m’écoute, Dieu m’écoute encore. Quand je ne peux plus ni parler à quelqu’un, ni invoquer quelqu’un, je peux toujours parler à Dieu. S’il n’y a plus personne qui peut m’aider, Lui peut m’aider » (Encyclique « Spe salvi »).

3.- « Ce ne sont pas les idéologies qui sauvent le monde mais seulement le fait de diriger son regard vers le Dieu vivant, qui est notre créateur, le garant de notre liberté. Regarder Dieu est la mesure de ce qui est juste, et, en même temps, l’amour éternel ». (Message de la Journée Mondiale de la Paix 2012).

Le Pape renonce mais sa silhouette blanche de bonté et de paix demeure dans les entrailles du monde. Il n’y aura pas par conséquent, une absence mais une présence redoublée de sa personne. Il nous reste sa parole. Il nous reste son espérance. Et sa lumière allumée à côté du Tabernacle, dans une vie contemplative, monacale.

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(*) Le père Antonio Gil Moreno est un prêtre diocésain cordouan (église San Lorenzo) né en 1942. En plus de son travail en paroisse, il déploie aussi depuis les années 70 une importante activité journalistique presse écrite et radio. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont « Méditations dans le TGV ».

     

Un texte pour le moins tonique d’un prêtre madrilène Juan Luis Rascón Ors (paroisses de l’ensemble San Antonio de la Florida) qui avant d’entrer au séminaire a fait des études universitaires dans le domaine de la gestion des entreprises. Il a été auparavant vicaire dans des paroisses pauvres de banlieue mais aussi dans des zones plus cossues. Il a compris in situ la nécessité de la nouvelle évangélisation dans un pays qui a été tellement catholique et est de plus en plus sécularisé. Il conclut son article avec des actes et pas que des paroles. J’approuve à 100% ! (Carlota)

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Le fond de l’âme du Pape
http://www.religionenlibertad.com
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J’ai été quatre jours sans vouloir rien dire sur le Pape, bien que ce fût « le sujet ». Maintenant que j’ai lu et écouté presque toutes les sottises qui ont pu être écrites et dites, à mon tour de dire les miennes.

1 - Je trouve étonnante la connaissance que tous les effrontés ignorants de l’intérieur et de l’extérieur de l’Église ont de l’intérieur de l’âme du Pape pour oser «expliquer» ce qui a motivé Benoit VI à renoncer. Comme dirait un grand prêtre de mes amis : « nous sommes entourés de sots », et l’on sait bien : «sot est celui qui dit des sottises » comme a dit un grand penseur au sommet de sa carrière intellectuelle.

2 - Quelqu’un a-t-il mis en avant que la décision prise par le Pape a été inspirée par l’Esprit Saint qui souffle quand il veut et où il veut, et ne nous a-t-il pas habitués depuis deux mille ans, avec une pacifique acceptation de tous, en inspirant Sa Sainteté ?

3 - JP II n’a pas renoncé et BXVI a renoncé. Bien. Et alors? Au mieux Dieu a voulu que JPII (Karol Wojtyla) ne renonçât pas et que BXVI (Joseph Ratzinger) oui. Et alors, Dieu n’est-il pas Dieu et ne fait-il pas ce qu’il veut ? Quelle manie avons-nous les humains de donner notre opinion sur tout à Dieu notre Seigneur. Nous l’aurait-il demandé ?

4.- JPII avait une âme et BXVI une autre. Pourquoi nous étonnons-nous de ce qu’ils vivent de façon différente leur vocation, leurs circonstances, événements, moments historiques et personnels distincts ? Qui a dit que BXVI devait être un clone de JPII ? Où est-il écrit qu’un pape doit être la photo d’un autre ? JR a été élu sous le nom de BXVI et non de JPII.01 ou bis.

5 - Il m’est venu à l’esprit ces jours derniers ma propre hypothèse, et ce n’est rien d’autre que cela, une hypothèse, nous avons tous besoin d’une hypothèse pour digérer les événements. Personne ne nie que la nouvelle a été un choc et tout le monde a le droit de faire une hypothèse, mais toujours la présenter comme une hypothèse et non pas comme « une vérité des faits » (Je me répète : l’âme de BXVI il n’y a que Dieu, BXVI et son confesseur qui la connaissent. Le mieux Dieu, et très loin après, BXVI lui-même et son heureux confesseur. Ensuite avec une connaissance zéro les « vaticanistes » et autres spécimens. Moi bien sûr, je n'ai pas plus la moindre idée, mais j’ai mon hypothèse.
Ne serait-il pas le fait que BXVI ayant vécu de près comment l’Église a encaissé des coups du calibre de Maciel, etc. dans les moments de faiblesse du Pape, n’a pas voulu qu’il se passe la même chose avec d’autres graves affaires qui occupent Sa Sainteté ? Ne serait-ce pas le meilleur moyen d’enlever du milieu dès que possible les mauvaises herbes tout de suite, sans attendre de mourir, ce qui est une chose dont on ne peut décider ? La renonciation serait le plus astucieux des actes de gouvernement du Pape en ses 8 ans de pontificat.

6 - Je suis sûr que ce qui effrayait le plus le Papa en ayant à prendre sa décision c’était le pressentiment de toutes les âneries, idioties et imbécilités, etc., etc. etc. qui allaient être dites. L’ignorance est très effrontée. J’ai même entendu dire que tout cela c’était une manœuvre du gouvernement pour que l’on ne parle pas de Bárcenas (*). Oui, on l’a dit!

POUR TOUT CELA, JE DÉCRÉTE :

Que dans mes paroisses à partir de maintenant, on récitera tous les jours le Saint Rosaire, on adorera l’Eucharistie et on offrira jusqu’à son souffle (comme a dit un grand saint de notre temps) pour le Pape et celui qui devra lui succéder (ça c’est pour un autre chapitre pour les « vaticanistes » qui savent tout. Il semble qu’ils vont voter au conclave). Quand commencera le Conclave, je décrète que les églises paroissiales resteront ouvertes H24 pour que les fidèles à tours de rôle organisés adorent en permanence Jésus Saint Sacrement et demande à l’Esprit Saint qu’il guide son Église.
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(*) Bárcenas : allusion à l’homme politique Luis Bárcenas Gutiérrez, ancien trésorier du Parti Populaire qui a été inculpé par le juge Garzón, qui a ensuite été désaisi de l’affaire. Le dossier avait été archivé en 2011 mais vient d’être ré-ouvert.