Une Eglise pauvre, pour les pauvres

Réflexions d'un béotien sur l'élection du Pape François (16/3/2013)

     

Ce matin, recevant les journalistes, le Pape François leur a dit (VIS):

Nombreux sont ceux qui, ignorant pourquoi je me suis appelé François, ont pensé à François-Xavier, à François de Sales et à François d'Assise. Voici les faits: dans la Sixtine j'avais à côté de moi le Cardinal Caludio Hummes, l'ancien Archevêque de Sao Paulo et ancien Préfet de la Congrégation pour le clergé, un grand ami, vraiment un grand ami! Lorsque les choses sont devenues dangereuses pour moi, il m'a rassuré et encouragé. Et lorsqu'on est arrivé aux deux tiers des votes, et que les cardinaux ont applaudi le Pape élu, cet ami m'a dit en m'embrassant: "N'oublie jamais les pauvres!".
Ceci s'est imprimé dans mon esprit et j'ai immédiatement pensé au Poverello. J'ai pensé aux guerres, alors que le scrutin reprenait jusqu'à un vote unanime, j'ai pensé à François, l'homme de la paix, l'homme qui aimait et protégeait la nature. Alors que l'humanité a un rapport tellement médiocre avec la création! Il est l'homme diffusant l'esprit de la paix, l'homme pauvre. Combien je désire une Eglise pauvre pour les pauvres!

N'est-ce pas ici (benoit-et-moi.fr/2007) que l'on pourrait trouver une explication de l'élection du Cardinal Bergoglio?
Le livre "Confessions d'un cardinal" m'avait, au moment de sa sortie, fortement intriguée; mais faute de connaissance précises sur les enjeux, et surtout les milieux ecclésiaux, j'en avais fait une lecture de non-initiée (que je suis encore!) probablement très maladroite.
Attention, c'est long! Et je l'avais mis en ligne il y a presque 6 ans, aux tout débuts de ce site, la mise en page que j'adoptais à l'époque permettait une navigation moins fluide.

Attention encore: cela ne veut absolument pas dire que le pape François n'est pas un saint homme.

Simplement, c'est la ligne anti-Ratzinger qui l'a finalement emporté.

On relira en particulier l'étonnante "prophétie" de Bernard Lecomte, auteur d'un livre de circonstance paru au lendemain de l'élection de Benoît XVI, "Le dernier Pape européen" (cf. benoit-et-moi.fr/2007) :

Un jour, nécessairement, un nouveau conclave élira le successeur de Benoît XVI. Pour des raisons statistiques, selon toute vraisemblance, le 266ème successeur de saint Pierre ne sera ni polonais ni allemand. Pour des raisons démographiques, il ne sera pas né dans l'Europe de l'entre-deux-guerres. Viendra-t-il du tiers monde ? C'est possible.
L'élection de Karol Wojtyla, en 1978, a brisé la lignée cinq fois centenaire des papes italiens. Il n'y a plus de tabous.
Les différentes hypothèses émises lors du dernier conclave - et les voix qui se sont portées sur le cardinal argentin Jorge-Maria Bergoglio - ont rendu cette éventualité parfaitement crédible. Un pape latino-américain ou africain, même appartenant à la curie, même professant des opinions conservatrices, quelle révolution ce serait pour l'Eglise !
Et même si le prochain conclave élit un cardinal italien, celui-ci se retrouvera à la tête d'une Eglise dont l'Europe ne sera plus que le berceau. Quelles que soient ses origines, le troisième pape du troisième millénaire sera amené à ouvrir toutes grandes les fenêtres du Vatican sur le reste du monde. C'est ce que disait, le 19 avril 2005, cet évêque interrogé place Saint-Pierre : "La plupart des catholiques vivent dans le tiers monde. En Europe, nous traitons des problèmes comme la situation des femmes dans l'Eglise ou le célibat des prêtres. Mais le pape devra mettre plutôt l'accent sur les problèmes mondiaux : la justice et la paix en Amérique latine ou dans la région des Grands Lacs, les droits de l'homme"

Par honnêteté, je devrais me déchirer les vêtements et lui demander pardon de n'avoir pas cru ce qu'il annonçait, car je ne l'avais pas ménagé. Mais j'ai du mal à croire qu'il est un prophète.

En réalité, ce qui se passe était écrit, ou du moins avait-il de fortes chances de se voir réaliser. Il ne s'agit pas d'un "complot", simplement, un puissant courant au sein de l'Eglise souhaitait que les choses se passent ainsi, et les "scandales" à répétition ont sans doute fait que la situation était mûre (on en revient finalement aux interrogations sur les fameux Vatileaks...).
Avec le recul, les huit années de Benoît XVI ont été une chance inouïe que nous n'avons pas su saisir.
Tant pis pour nous. Tant pis pour l'Europe. Nous n'avons que ce que nous méritons.

* * *

Le livre d'Olivier Legendre a eu une suite, "L'espérance d'un cardinal" dont il est question ici: http://benoit-et-moi.fr/2011-II/. La pauvreté de l'Eglise y est vraiment une obssession.(Voir aussi: http://benoit-et-moi.fr/2012-I/ ).
Et cela nous renvoie à cet autre article, d'une étonnante actualité, que je citais réemment, sur "L'illusion spiritualiste":
Ceux qui veulent détruire l'Eglise se réclament de Saint François d'Assise (http://benoit-et-moi.fr/ete2010 )
"
Ils confondent pauvreté et paupérisme , pureté et sainteté . Et pendant ce temps-là , ils détruisent l'Eglise..."