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1700e anniversaire de l'édit de Constantin

... à Milan. C'était l'acte fondateur de la liberté religieuse. Bartholomée Ier et le cardinal Scola ont tenu une lectio sur la phrase de l'évangile de Saint Jean: « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libre ». L'article de JL Restàn, traduit par Carlota (16/5/2013)

     

Rappel

Le 7 décembre, en Italie, on fête Saint Ambroise, patron de Milan, et l'archevêque prononce traditionnellement un discours devant les autorités.
Cette année (en 2012), en plus, on célèbrait le 1700e anniversaire de l'"édit de Constantin". Occasion pour le Cardinal Scola de prononcer un discours sur le thème de la laïcité. On y trouve notamment une analyse saisissante de la laïcité à la française, "un concept désormais largement répandu dans la culture juridique et politique européenne".

>>> A lire ici: benoit-et-moi.fr/2012(III)/articles/la-lacite-a-la-française-est-nefaste.php (7/12/2012)

     

Lu sur Internet

1. Radio Vatican
Journée importante mercredi 15 mai autour des célébrations du 1700e anniversaire de l’édit de Constantin. Bartholomée Ier, le primat de l’Eglise orthodoxe de Constantinople et le cardinal Angelo Scola, archevêque de Milan, ont tenu une Lectio Magistralis à Milan. Les deux hommes ont dialogué autour du thème : « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libre ». Cette citation est tirée de l’Evangile selon Saint Jean. Durant cette rencontre à laquelle a participé également le maire de Milan, Giuliano Pisapia (ndlr: gauche, ex-refondation communiste, cf. fr.wikipedia.org/wiki/Giuliano_Pisapia ), un message du Pape a été lu. Il portait la signature du cardinal Secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone.

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2. VIS
Le Saint-Père a fait parvenir un message au Cardinal Angelo Scola, le chargeant de saluer SS le Patriarche Barthélémy I de Constantinople et les autres participants à la commémoration de l'édit par lequel en 313 les empereurs Constantin et Licinius mirent fin aux persécutions religieuses et concédèrent la liberté de culte aux chrétiens. Il remercie aussi la commune pour l'intérêt porté à la célébration d'un événement historique qui "ouvrit la voie à la diffusion de l'Evangile et contribua décisivement à faire naître la civilisation européenne... Puisse, aujourd'hui comme hier, le témoignage des chrétiens d'orient et d'occident, soutenus par l'esprit du Ressuscité, favorisent la diffusion en Europe et de par le monde du message de salut. Puissent également les pouvoirs publics garantir le respect du droit à l'expression de la foi et reconnaître la contribution que le christianisme continue d'apporter à la culture et à la société".

     

JL Restàn

Apprendre une nouvelle façon d’être présents
www.paginasdigital.es
Traduction Carlota
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Le débat autour de la liberté religieuse, sa portée, signification et valeur pour la vie commune civile, bouillonne ces jours-ci dans la ville de Milan. Pour le prochain 15 mai l’on attend l’arrivée du Patriarche Œcuménique de Constantinople (ndt œcuménique par rapport aux églises orthodoxes) Bartholomé I, qui à l’occasion de la célébration du 1700 anniversaire de l’Édit de Milan (1) prononcera une allocution sur ce thème au Palais Royal, et ensuite participera à une prière œcuménique à la Basilique Saint Ambroise à côté de son hôte, le cardinal Angelo Scola.

Dans la présentation au public de ces événements Scola a expliqué que l’Europe était en train de vivre une transition où l’on expérimente des douleurs à comparer à celles d’un accouchement. Nous les Européens (croyants ou non croyants) nous nous voyons dans la nécessité de repenser notre propre physionomie, qui dans tous les cas, va être marquée par l’inter-religiosité et l’inter-culturalité. Avec sa franchise habituelle, compatible avec une exquise précision, le cardinal milanais a averti que cela sera que « cela nous plaise ou non », ce qui impliquera pour tous les sujets de la société la nécessité d’apprendre à vivre dans un contexte nouveau. Et apprendre est toujours fatigant.

En regardant vers l’Orient, une perspective qu’il connaît très bien et dans laquelle il est fortement impliqué à travers la Fondation OASIS (voir ici les pages sur ce site), Scola a dénoncé le fondamentalisme comme un phénomène dans lequel différents pouvoirs agissent comme des parasites de la religion en la pervertissant, et il a signalé que là, il est nécessaire de travailler pour que croisse l’appréciation et l’ouverture aux différentes expressions religieuses, par exemple en éliminant des lois comme celle du Blasphème. Quant au monde occidental l’urgence consiste à dépasser la réticence envers le phénomène religieux et l’ambigüité de quelques conceptions de la laïcité qui finissent pas créer un climat peu propice à l’authentique liberté religieuse. Et cela se traduit en un mal et un appauvrissement de la vie en commun.

Une fois de plus Scola a voulu expliquer le concept qu’il a forgé de « métissage culturel » en insistant sur le fait qu’il ne peut être compris comme un syncrétisme, comme un espace de confusion religieuse. Il s’agit au contraire d’ « apprendre à vivre comme une société plurielle, à travers une narration réciproque de la propre expérience de chacun, dans un milieu de liberté et de mutuel respect ». Le cardinal a reconnu qu’il s’agit d’une entreprise complexe, et en ce sens, il a souligné qu’il remarque une grande fatigue dans le monde catholique à l’heure de chercher sa propre place, une façon adéquate d’être à l’intérieur de la société plurielle avec son propre visage et dans un dialogue avec tous. Bien qu’ensuite il a signalé que cette difficulté n’affecte pas seulement les catholiques mais les divers sujets de la société. « Nous devons apprendre à vivre en valorisant le bien pratique que suppose être ensemble » a martelé Socla, en signalant aux responsables publics la tâche de transformer ce bien pratique de la vie en commun en décisions politiques concrètes.

L’idée la plus répétée au cours de son intervention a été la nécessité et la lassitude à apprendre une nouvelle façon d’être présents dans ce moment plein de convulsion de l’histoire. Pour les catholiques c’est un défi qui doit s’affronter sans peurs ni préjugés, comme l’imagination qui nait de la puissante expérience humaine de la foi. « Comme catholiques nous savons que notre champ est le monde, nous n’avons pas de bastions à défendre mais des chemins à parcourir pour aller à la rencontre de ce qui est humain ». Ce n’est pas difficile de reconnaître une profonde harmonie avec l’invitation du Pape François à sortir de notre périmètre de sécurité pour atteindre les périphéries existentielles de notre monde (2).

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Notes du traducteur


(1) L'édit de Milan ou édit de Constantin, permet dans l’Empire Romain à partir de 313 d’« adorer à sa manière la divinité qui se trouve dans le ciel ». Il accorde donc la liberté de culte à toutes les religions et permet aux chrétiens de ne plus devoir vénérer l'empereur comme un dieu. Notons qu’en ce début du IVème siècle, la religion chrétienne s’est particulièrement développée dans tout l’Empire en proie à une forte crise morale et économique. Dans la « société plurielle » de l’époque, et malgré les terribles persécutions, les chrétiens n’ont cessé de devenir toujours plus nombreux dans toutes les couches sociales y compris les plus hautes (cf le futur St Georges, né vers semble-t-il 280, élevé par le propre empereur Dioclétien à une fonction militaire de premier niveau). L’acte de tolérance de Constantin était sans doute une réponse politique intelligente à un certain état de fait, faute d’avoir été à ce moment là la décision d’un empereur chrétien. C’était en tout cas l’acte d’un véritable homme d’état, une qualité bien rare aujourd’hui…

(2) Un défi qui paraît sans doute impossible à relever sans la foi et la conviction que le Christ vaincra ! Mais à une petite échelle, les marches et les initiatives diverses des Français contre la loi Taubira sont sans doute un beau début de prise de conscience, en pensant à toutes les autres lois et idées à combattre et notamment celles liées à « l’assassinat » légal des plus faibles (eugénisme génétique, droit au suicide, possibilité de tuer des personnes en les privant d’alimentation par perfusion comme le permet la loi Léonetti pourtant dite équilibrée y compris par certaines porte-paroles religieux catholiques français, etc.).

Nos consciences de catholiques qui ont été anéanties par les terribles massacres de la Révolution Française, l’anticléricalisme forcené du XIXème, le lâche et insidieux relativisme d’un XXème siècle consumériste et jouisseur,sauront-elles se réveiller à temps?