Accueil | D'un Pape à l'autre | Retour au Vatican | Collages de Gloria | The hidden agenda | Lumen Fidei | Lampedusa | Benoît et les jeunes

Breviloquentem tempus ipsum me iam facit

Rome Report s'est entretenu avec Daniel Gallagher, "le" latiniste du Vatican qui raconte comment et pourquoi est né le profil du Pape dans une langue morte. Traduction de Carlota (1/6/2013).

>>> Voir aussi:
Benoît XVI et le latin

Vers le compte Pontifex_ln
Vers le compte Pontifex_ln

Breviloquentem tempus ipsum me iam facit (*)
(Carlota)
------

Médiocre latiniste, à tel point que c’est souvent mon castillan (soit la plus germanique langue des Francs) qui m’aide à m’y retrouver, j’apprends que le gazouillis-tweet papal initié sous Benedictus poursuit une belle carrière sous Franciscus.
Rien ne vaut en effet une langue unique pour une référence commune à traduire sans ambiguïté, une langue qui ne doit surtout pas, pour l’Église d’aujourd’hui, être celle d’un empire contemporain, car elle serait de fait celle du Nouvel Ordre Mondial donc l’anglais. Et qui dit langue, dit âme…

Rome Report a interrogé récemment le latiniste du Vatican:

     

Daniel Gallagher, de la secrétairie de l’État, est LE latiniste du Vatican et raconte comment et pourquoi est né le profil du Pape dans une langue morte.

« Nous avons reçu des lettres de professeurs et amoureux du latin qui disaient que le latin est la langue officielle de l’Église et demandait comment il était possible que ne Pape n’envoyât pas de tweets en latin. C’est pour cela que nous avons commencé », explique-t-il.

« Dès lors l’un des réseaux sociaux les plus populaires s’est transformé en une classe de culture classique. Cela a commencé comme un essai, une expérience. Nous pensions que nous aurions au maximum quelques 5000 suiveurs. Non pas que ce chiffre fût un objectif, mais une estimation ».

« Mais la surprise est arrivée quand le nombre de suiveurs a dépassé très largement ce que nous attendions, jusqu’à atteindre en mai les 100 000 soit seulement cinq mois après son lancement. Dans les premiers deux jours nous avons 200-300 suiveurs, au bout de quatre semaines 500 et maintenant nous avons atteint les 100 000. Personne ne pensait arriver à ce chiffre, cela a été un miracle».

Le réseau social Twitter et le latin se complètent parfaitement malgré les siècles qui les séparent, explique Daniel Gallagher. Et il explique pourquoi ils ont décidé d’appeler le compte en latin de @Pontifex « Summi Pontificis breviloquentis ».

« Cicéron a utilisé l’expression « Breviloquentem tempus ipsum me iam facit », c'est-à-dire le temps me pousse à parler brièvement (*). Ce parler brièvement, en peu de paroles, fait que le latin fonctionne très bien en Twitter et vice-versa. Parce que, en 140 caractères tu dois exprimer concrètement ce que tu dois dire, sans six signes d’exclamation ou quatre points d’interrogation.

La preuve de cette chimie parfaite : les cent mille suiveurs qui attendent le tweet du Pape dans la langue officielle de l’Église et surtout la langue avec le plus d’histoire.

Remarques complémentaires de Carlota

(*) « Breviloquentem tempus ipsum me iam facit »: Le temps me pousse à parler brièvement.

Cette réappropriation du latin par les fidèles de l’Église catholique romaine me paraît très importante, au moment où le mensonge de nos politiques cible toujours plus les mots. Nous en avons eu le triste exemple avec le « mariage pour tous », l’étymologie même du mot est pourtant si évident pour dénoncer ce « mensonge » qui bien que légalisé n’en change pas de nature. Ce n’est pas pour rien que nos juristes il n’y a pas encore si longtemps reprenaient avec justesse les si belles sentences du Droit Romain y compris pour la protection de l’héritage de l’enfant à naître, dans un monde qui n’avait pas encore connu l’Évangile.

Par ailleurs, je me rappelle enfant avoir entendu que la Réforme de Luther et Calvin avait comme objectif notamment d’apprendre aux fidèles ce qu’il y avait vraiment d’écrit dans la Bible donc de la leur faire lire (ou plutôt écouter) dans la langue du pays où ils résidaient et non plus en latin. Or sachant que la majorité des paysans français, à l’époque, ne parlaient pas le français, mais des langues régionales, la difficulté demeurait, avec une traduction supplémentaire nécessaire ! Ainsi par exemple lors d’un culte clandestin à la limite des Cévennes, avec des fidèles qui venaient des deux côtés de la frontière linguistique ente le provençal et de la langue d’oc, cela ne devait pas être si simple non plus.

Profitons donc du @ Pontifex pour continuer à retrouver le sens entier des mots et la richesse des missels bilingues latin-français, d’autant que, parlant une langue d’origine latine, nous ne pourrons que fortifier ainsi la maitrise de notre français aujourd’hui si menacé!