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François, Hans et les autres

Comme je l'ai dit hier, le magistère quotidien du Pape est en ligne, et très facilement accessible à tous à un endroit unique de la Toile (facilement aussi par le langage basique utilisé). Mais pourquoi les médias et les leaders d'opinion (par antonomase, "de gauche"), Hans Küng en tête, persistent-ils à l'ignorer? Un édito sur korazym.org (29/5/2013)

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>>> Le "indignez-vous!" de Hans Küng

     

Le «redoutable» magistère de Benoît XVI
Michelangelo Nasca
Mardi 28 mai 2013
http://www.korazym.org
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«Je suis heureux. Le choix de cet homme, justement lui, à la surprise générale, est un véritable choix de qualité. (...) Oui, j'insiste, c'est le meilleur choix. Tout d'abord, il s'agit d'un latino-américain, et j'en suis très heureux. Et pas seulement: c'est aussi un latino-américain ouvert. C'est un jésuite, qui a certainement une formation et une préparation théologique très solides (ndt: Hans Küng a dit partout que JP II était une nullité théologique, ses avis sont donc plus motivés par l'idéologie que par l'expertise). C'est un homme qui a toujours mené une vie simple, et pas dans des palais grands et somptueux du pouvoir. Un homme habitué à se rendre chez les fidèles pieds nus (??), avec le bâton du pasteur. Déjà avec ses premiers gestes, il a donné des signaux et des conseils: il n'a pas cherché d'applaudissements triomphaux, ni prononcé de mots pompeux, mais seulement demandé la prière silencieuse».

Telles sont les considérations personnelles du professeur Hans Küng, le plus grand (?) théologien catholique (?) contestataire actuel, publiées dans "La Repubblica" en Mars dernier.
Vito Mancuso lui aussi - théologien catholique également critique de notre époque - dit qu'il se sent, pour la première fois et après une longue période «véritablement et spontanément représenté par les gestes du pape François, par ses paroles, par sa façon de comprendre l'espérance chrétienne».
«Peut-être que l'image qui m'a le plus frappé - dit Mancuso sur <Agoravox.it> - c'est celle du Pape qui se présente à la réception de l''hôtel où il séjournait à Rome en tant que cardinal, pour régler en personne la note. A quoi nous pourrions ajouter le choix d'une voiture normale au lieu de celle réservé au pape, la croix de métal à la place de l'or, le voyage en bus. Surtout le fait de ne jamais s'appeler "le Pape" mais toujours et seulement "l'évêque de Rome" (de même qu'à ma connaissance, il n'a jamais appelé son prédécesseur "Pape émérite"). Ce sont des attitudes qui supposent une ecclésiologie résultant du Concile Vatican II et qui ne devraient pas être, à mon avis, minimisées, parce que je crois qu'elles expriment une intention programmatique délibérée de la part du nouveau pontife».

Dans le passé, en effet, il était de coutume de dire du mal et d'attaquer le Pape en charge (ndt: ça dépend évidemment lequel). Aujourd'hui, cependant, c'est le contraire qui se passe, et ainsi, certains pensent qu'à travers le Pape François, on peut mettre le Pape Benoît XVI définitivement hors-jeu. Mais un Pape émérite comme Ratzinger, à quatre-vingt six ans, «enfermé» dans un monastère cloîtré à l'intérieur des murs du Vatican, loin des principaux canaux d'information ne peut comporter aucun danger, si ce n'est celui qui concerne les contenus de son magistère.

Et c'est justement cela le noeud du problème: c'est la pensée théologique du pape Benoît XVI, qui en réalité fait peur, et que l'on voudrait cacher, ou au moins remplacer par quelque chose de moins exigeant pour toute l'Eglise. On se limite donc à bavarder sur la couleur des mocassins rouges du pape (ou d'autres âneries) pour maintenir un profil bas (très bas!) de la foi chrétienne, lié exclusivement à la couleur et aux images. Cela permet d'éviter d'affronter avec maturité et cohérence évangélique le nœud de la question, un Dieu qui est entré dans la chair et dans l'histoire de chaque homme.
C'est avec ces questions - bien argumentées et expliquées par le pape Benoît XVI, dans un langage accessible à tous - que l'on veut éviter la confrontation: ce qui explique pourquoi l'enseignement de Ratzinger dérange, et fait peur.

Hans Küng et Vito Mancuso récitent, en fait, leurs «litanies» (désormais connues de tous) face à l'image d'un pape François instrumentalisé et manipulé selon leurs différentes croyances et leur intérêt personnel: Küng invoque parmi les principales réformes celles relatives au «rôle de la femme, l'encyclique Humanae Vitae donc la contraception, l'ordination des femmes, l'œcuménisme avec les autres Églises, l'ouverture de l'Eglise aux drames du monde, de la morale sexuelle en Afrique à tout le reste»; Vito Mancuso - de son côté - demande les mêmes choses, et de «regarder les choses en face sans prétention ni diplomatie, examinant tout jusqu'au fond. En premier lieu, à l'égard de la morale sexuelle: il y a beaucoup de statistiques sur le fait que la grande majorité des catholiques "pratiquants" ignore complètement les prescriptions du magistère en matière de sexualité».

Dans ce kaléidoscope d'opinions, certains ne retiennent des paroles du Pape François qu'un seul aspect de son discours: comme par exemple le concept de pauvreté de l'Église, claironné de tous côtés par des gens qui ne considèrent que l'aspect économique de l'affaire. Si le terme «pauvre» devait également se référer à un mode spécifique d'appartenance à Dieu, totalement dépouillé de la matérialité des choses humaines (y compris l'argent), de tout ce qui offre une stabilité à notre existence ... alors ce serait un tout autre discours!
Pour les questions d'ordre moral, il suffit de lire quelques textes où le cardinal Bergoglio, en termes clairs, démontre qu'il approuve et suit les indications du magistère. Non des moindres, l'un des derniers signes de continuité et d'adhésion au Magistère, le Pape François l'a récemment exprimé lors d'une de ses homélies prononcées à la Maison Sainte Marthe, parlant de la culture du bien-être et de la fascination du provisoire.

Même confronté au choix d'avoir un enfant, on se laisse souvent conditionner par le bien-être. Le pape a imaginé un dialogue entre un couple marié: «Non, non, plus d'un enfant, non! Parce qu'on ne pourra plus aller en vacances, on ne pourra plus aller là, on ne pourra pas acheter la maison, non! Ça va bien de suivre le Seigneur, mais seulement jusqu'à un certain point ...».
Et aussi, à propos de certains couples qui se marient en pensant: «tant que l'amour dure, et ensuite on verra».
C'est, affirme le Pape «le charme du provisoire» qui est la deuxième «richesse» qui fascine les gens d'aujourd'hui, et les exhorte, en particulier, à «devenir maîtres du temps...». La pensée du pape va à «tous ces hommes et ces femmes qui ont quitté leur maison pour se marier, pour toute une vie, et sont arrivés à la fin».

C'est cela - a-t-il dit - «suivre Jésus, c'est ce qui est définitif», alors que «le provisoire n'est pas suivre Jésus, le provisoire est notre territoire», dans lequel «nous sommes les maîtres».

Les professeurs Küng et Mancuso sont certainement capables de lire dans ces conseils dictés par le Pape François - pauvres et compréhensibles à tous - l'anticipation d'une morale enracinée au Magistère de l'Eglise.