Le "indignez-vous!" de Hans Küng
Il rêve du grand soir dans l'Eglise - ou plutôt d'un "printemps" (quand on voit comment a tourné le printemps arabe, on craint le pire!). Et lance comme un avertissement au Pape François le grand cri de feu Stéphane Hessel: indignez-vous! Il dispose pour cela d'une tribune dans The Tablet. Ma traduction... et la réponse de Benoît XVI (10/5/2013)
>>> Cf. Correction fraternelle
J'ai le plus grand respect pour l'âge. Et dût-il vivre centenaire, jamais je ne penserai à Benoît XVI comme à un vieillard.
Tel n'est pas le cas pour Hans Küng, vieillard (lui!) atrabilaire et aigri, qui n'en finit pas de ressasser sa rancune et sa jalousie envers son ex-collègue de Tubingen qui le dépassait dans tous les domaines; et qui trouve sa vanité flattée par les tribunes que la presse libérale (pléonsasme!) lui offre généreusement. J'ai pourtant traduit en entier cet article paru dans The Tablet (pendant britannique de la Croix), disons par honnêteté intellectuelle, et comme information.
En substance, Hans Kung lance un avertissement (ou plutôt une menace) au Pape François.
Comme il a 85 ans, on pourrait penser que ce n'est pas trop grave... Oui, mais, qui représente-t-il, dans l'Eglise, et surtout en dehors d'elle?
En ce qui concerne l'Eglise de François (d'Assise), fantasmée par Küng, je n'ai pas le niveau pour argumenter contre lui (même si beaucoup d'affirmations qui ne sont pas directement inspirées par son érudition transpirent sa rancoeur et sa mauvaise foi, son obsession de son nombril, et seraient facile à réfuter), et je préfère laisser Benoît XVI lui apporter la contradiction: en janvier 2010, le Pape consacrait à Saint François (et en particulier à sa relation avec Innocent III) une magnifique catéchèse que j'avais traduite ici: Un géant de la sainteté: Saint François d'Assise (benoit-et-moi.fr/2010-I/)
Relisons en particulier ceci (on notera que tout n'est pas en contradiction avec les affirmations de Hans Küng; ce sont les interprétations qui diffèrent totalement):
Il est intéressant de noter, premièrement, que ce n'est pas le pape qui apporte son aide afin que l'Eglise ne s'effondre pas, mais un religieux petit et insignifiant, en qui le pape reconnaît François qui lui a rendu visite.
Innocent III était un pape puissant, de grande culture théologique et de grand pouvoir politique, toutefois, ce n'est pas lui qui renouvelle l'Eglise, mais le petit et insignifiant religieux: c'est Saint François, appelé par Dieu.
D'autre part, toutefois, il est important de noter que saint François ne renouvelle pas l'Eglise sans ou contre le pape, mais seulement en communion avec lui. Les deux réalités vont ensemble: le Successeur de Pierre, les évêques, l'Église fondée sur la succession des Apôtres et le charisme nouveau que l'Esprit Saint crée à ce moment pour renouveler l'Eglise. En en même temps, le vrai renouveau grandit.
...
En 1209 [François] se rendit à Rome pour présenter au Pape Innocent III le projet d'une nouvelle forme de vie chrétienne. Il reçut un accueil paternel de ce grand Pontife, qui, éclairé par le Seigneur, eut l'intuition de l'origine divine du mouvement suscité par François. Le Poverello d'Assise avait compris que chaque charisme donné par l'Esprit Saint doit se placer au service du Corps du Christ, qui est l'Eglise; il agit par conséquent toujours en pleine communion avec les autorités ecclésiastiques. Dans la vie des saints, il n'y a pas de conflit entre le charisme prophétique et le charisme de gouvernement et, si quelque tension apparaît, ils savent attendre patiemment les temps de l'Esprit Saint.
En fait, certains historiens du XIXe siècle, et même du siècle dernier, ont cherché à créer, derrière le François de la tradition, un soi-disant François historique, comme on cherche à créer derrière le Jésus des Evangiles, un soi-disant Jésus historique.
Ce François historique n'aurait pas été un homme d'Église, mais un homme lié uniquement au Christ, un homme qui voulait créer un renouveau du peuple de Dieu, sans formes canoniques et sans hiérarchie. La vérité est que saint François a eu une relation totalement immédiate avec Jésus et la Parole de Dieu, qu'il voulait suivre sine glossa, telle quelle, dans toute sa radicalité et sa vérité. C'est vrai aussi qu'au début, il n'avait pas l'intention de créer un ordre avec les formes canoniques nécessaires, mais simplement, avec la Parole de Dieu et la présence du Seigneur, il voulait renouveler le peuple de Dieu, l'appeler de nouveau à l'écoute de la Parole et de l'obéissance verbale au Christ. Il savait aussi que le Christ n'a jamais été "à moi", mais toujours "à nous", que le Christ, je ne peux pas l'avoir "moi" et le reconstruire "moi" contre l'Eglise, contre sa volonté et son enseignement, mais ce n'est que dans la communion de l'Eglise construite sur la succession des Apôtres que se renouvelle aussi l'obéissance à la Parole de Dieu.
Ne laissez pas tourner le printemps en hiver
Le pouvoir et la pauvreté
Hans Küng - 11 mai 2013
Texte en anglais http://www.thetablet.co.uk .
Ma traduction.
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Quand Jorge Bergoglio a pris le nom François en tant que Pape, il a fait quelque chose qu'aucun autre pontife n'avait fait auparavant: il se plaçait lui-même dans la tradition du Poverello. C'est, dit ce théologien de premier plan, un défi pour le système romain, en termes de réforme à la fois spirituelle et institutionnelle
Qui aurait pu imaginer ce qui s'est passé dans les dernières semaines? Lorsque j'ai décidé, il y a quelques mois, de démissionner de toutes de mes fonctions officielles, à l'occasion de mon 85e anniversaire, je supposais que de mon vivant, je ne verrais jamais réaliser le rêve que j'avais fait durant des décennies - après tous les revers qui ont suivi le Concile Vatican II - que l'Église catholique ferait à nouveau l'expérience de l'espèce de rajeunissement qu'elle avait connu sous le pape Jean XXIII.
Et maintenant, mon compagnon théologique de nombreuses décennies, Joseph Ratzinger - nous avons tous les deux 85 ans (ndt: il rajeunit notre Benoît!) - a soudainement annoncé sa démission de son mandat papal, effectif depuis la fin de Février. Et, le 19 Mars (jour de sa fête et de mon anniversaire), un nouveau pape avec le nom surprenant et programmatique de François assume cet office.
Jorge Mario Bergoglio s'est-il demandé pourquoi aucun pape n'a osé choisir le nom de François jusqu'à maintenant? En tout cas, l'Argentin était conscient qu'avec le nom de François, il se connectait avec François d'Assise - cette figure du XIIIe siècle qui avait été le fils, mondain, avide de divertissement, d'un riche marchand de drap d'Assise, jusqu'à l'âge de 24 ans, quand il abandonnna famille, richesse et carrière, donnant même ses vêtements splendides à son père.
Il est étonnant de voir comment, dès la première minute de son inauguration, le pape François a choisi un nouveau style: à la différence de son prédécesseur, il ne porte pas de mitre avec de or et des bijoux, pas de cape garnie d'hermine, pas de chaussures rouges ou de coiffures faites sur mesure, il n'utilise pas de trône magnifique. Il est étonnant aussi que le nouveau pape s'abstient volontairement de gestes solennels et de rhétorique ampoulée et parle la langue du peuple, comme le font les prédicateurs laïcs. Et il est étonnant de voir comment le nouveau pape souligne son humanité: il a demandé les prières du peuple avant qu'il ne leur donne sa bénédiction, il a réglé sa propre note d'hôtel comme tout le monde, il a témoigné sa sympathie aux cardinaux dans le bus qui se rendait à leur commune résidence et à leur au revoir officiel, et le jeudi saint, il a lavé les pieds de jeunes détenus, y compris ceux d'une jeune fille musulmane. C'est un Pape qui démontre qu'il est un homme avec les pieds sur terre.
Tout cela aurait plu à François d'Assise et est à l'opposé de ce que le Pape Innocent III (1198-1216) a représenté en son temps.
En 1209, François et 11 frères mineurs se rendirent à Rome pour présenter au pape Innocent leur brève Règle composée entièrement de citations de la Bible, et pour demander l'approbation pontificale de leur mode de vie, la prédication comme prédicateurs laïcs "selon la forme du saint Evangile", et vivant dans la pauvreté.
Innocent III, le duc de Segni, qui n'avait que 37 ans quand il fut élu pape, était un leader né - c'était un théologien qui avait éudié à Paris, un avocat habile, un orateur capable, un administrateur capable et un diplomate raffiné. Aucun pape avant lui ou depuis lors, n'a eu autant de pouvoir. La révolution par le haut initié par Grégoire VII au XIe siècle, connue comme la réforme grégorienne, a été complété par Innocent. Au titre de «Successeur de saint Pierre», il préférait le titre de «Vicaire du Christ», tel qu'il est utilisé par chaque évêque ou prêtre jusqu'au douzième siècle. Le pape, à la différence de ce qui est advenu au premier millénaire et qui n'a jamais reconnu dans les Églises apostoliques d'Orient, a depuis agi comme maître absolu, législateur et juge du christianisme - jusqu'à aujourd'hui.
Mais le pontificat triomphal d'Innocent III s'est révélé non seulement comme le point culminant de la papauté, mais aussi le tournant. Déjà en son temps, il y avait des signes de décadence qui, en partie, jusqu'à nos jours, sont restés caractéristiques du système de la Curie romaine: le népotisme et le favoritisme accordé à la famille, l'avidité, la corruption et les transactions financières douteuses. À la fin du XIIe siècle, cependant, de puissants mouvements non-conformistes pénitents et mendiants, tels que les Cathares et les Vaudois, émergèrent. Mais les papes et les évêques agirent contre ces courants dangereux en interdisant la prédication laïque, en condamnant les «hérétiques» par l'Inquisition et même par les croisades albigeoises.
Pourtant, c'est Innocent III lui-même qui tenta d'intégrer dans l'église évangélique, les ordres mendiants apostoliques et évangéliques, durant toutes les campagnes d'éradication contre les «hérétiques» obstinés comme les Cathares. Même Innocent savait qu'une réforme urgente de l'Eglise était nécessaire, et c'est pour cette réforme qu'il convoqua le Concile de Latran IV. Ainsi, après un long avertissement, il donna à François d'Assise la permission de prêcher.
Quant à l'idéal de pauvreté absolue comme l'exige la règle, le pape a cherché avant tout à connaître la volonté de Dieu dans la prière. Sur la base d'un rêve dans lequel un petit et insignifiant membre d'un ordre sauvait la basilique papal du Latran de l'effondrement - dit-on - le pape autorisa finalement la Règle de saint François d'Assise. Il le fit savoir dans un consistoire des cardinaux, mais ne le transcrit jamais sur le papier.
En fait, François d'Assise représentait l'alternative au système romain. Que serait-il arrivé si Innocent et ses semblables avaient de nouveau pris l'Evangile au sérieux? Même s'ils l'avaient compris spirituellement plutôt que littéralement, les exigences évangéliques de François signifiaient - et signifient encore - un immense défi pour le système de pouvoir centralisé, légalisé, politisé et cléricalisé qui a repris la cause du Christ à Rome depuis le XIe siècle.
Innocent III était probablement le seul pape qui, en raison de ses caractéristiques inhabituelles, aurait pu diriger l'Église le long d'un chemin complètement différent, et cela aurait épargné aux pontificats des quatorzième et quinzième siècles le schisme et l'exil, et à l'Eglise du XVIe siècle la Réforme protestante. Évidemment, cela aurait signifié un changement de paradigme pour l'Eglise catholique au XIIIe siècle, un changement qui, au lieu de diviser l'Eglise aurait renouvelé, et en même temps réconcilié les Eglises d'Orient et d'Occident.
Ainsi, les premières préoccupations chrétiennes de base de François d'Assise restent aujourd'hui encore des questions pour l'Eglise catholique et maintenant pour un pape qui, indiquant ses intentions, s'est appelé lui-même Francis. Et ce sont surtout trois préoccupations fondamentales de l'idéal franciscain qui doivent être prises au sérieux aujourd'hui: il s'agit de paupertas, ou pauvreté, d'umilitas ou humilité, et de simplicitas, ou simplicité. Cela explique probablement pourquoi aucun pape précédent n'a osé prendre le nom de Francis: les attentes semblaient être trop élevé.
Cela soulève une deuxième question: Qu'est-ce que cela signifie pour un pape aujourd'hui s'il prend courageusement le nom de François? Bien sûr, le personnage de François d'Assise ne doit pas être idéalisé - il pouvait être obstiné et excentrique, et il avait aussi ses faiblesses. Il n'est pas le critère absolu. Mais ses préoccupations chrétiennes doivent être prises au sérieux, même si elles n'ont pas besoin d'être littéralement mises en œuvre, mais plutôt traduites dans les temps modernes par le pape et l'Eglise.
Paupertas, pauvreté : L'Église dans l'esprit d'Innocent III signifiait une Eglise de richesse, pompes, avidité et scandales financiers. En revanche, une Eglise dans l'esprit de François signifie une Eglise de politiques financières transparentes et de frugalité modeste. Une Église qui se préoccupe surtout des pauvres, des faibles, des marginalisés. Une Église qui n'accumule pas de la richesse et du capital, mais plutôt se bat activement contre la pauvreté et qui offre à ses employés des conditions exemplaires de travail.
Humilitas, humilité : L'Eglise dans l'esprit du pape Innocent signifiait une Eglise de pouvoir et de domination, de bureaucratie et de discrimination, répression et inquisition. En revanche, une église dans l'esprit de François signifie une Eglise d'humanité, de dialogue, de fraternité et de "sororité" (néologisme pour traduire "sisterhood", le terme hyper-politiquement correct utilisé par le théologien "à la page"), et d'hospitalité pour les non-conformistes (ndt: suivez mon regard!!); elle signifie le service sans prétention de ses dirigeants et la solidarité sociale, une communauté qui n'exclut pas de nouvelles forces religieuses et d'idées de l'Eglise, mais plutôt leur permet de s'épanouir.
Simplicitas, simplicité : L'Eglise dans l'esprit du pape Innocent signifie une Eglise d'inamovibilité dogmatique, de censure moraliste et de limitations juridiques, une Eglise de lois canoniques pour tout réglementer, une Eglise omnisciente et de peur. En revanche, une Eglise dans l'esprit de François d'Assise signifie une Eglise de la Bonne Nouvelles et de la joie, une théologie basée uniquement sur l'Évangile, une Église qui écoute les gens au lieu de les endoctriner d'en haut, une Église qui n'enseigne pas seulement mais apprend toujours à nouveau.
A la lumière des préoccupations et des approches de François d'Assise, des options de base et des politiques peuvent être formulées aujourd'hui pour une Église catholique dont la façade brille encore à de grandes occasions romaines mais dont la structure interne se révèle être pourrie et fragile dans la vie quotidienne des paroisses dans de nombreux pays, ce qui explique pourquoi beaucoup de gens l'ont quitté, dans l'esprit et souvent aussi dans les faits.
Même si aucune personne raisonnable ne s'attend à ce que toutes les réformes puissent être effectuées par un seul homme du jour au lendemeain, un changement serait possible en cinq années: cela a été témoigné par le pape Léon IX (1049-1054) qui prépara les réformes de Grégoire VII, et au XXe siècle par l'italien Jean XXIII (1958-1963) qui appela le Concile Vatican II. Mais aujourd'hui, la direction devrait être à nouveau clarifié: non pas une restauration vers les temps pré-conciliaires, comme cela a été sous les pape Jean-Paul II et Benoît XVI, mais au contraire des pas réfléchis, planifiés et bien communiqués, pour réaliser une réforme suivant les lignes du Concile Vatican II .
Mais une réforme de l'Église ne rencontrerait-pas d'opposition sérieuse? Sans doute, le pape François éveillerait-il une puissante hostilité, surtout dans la maison de pouvoir de la Curie romaine, une opposition qui serait difficile à supporter. Ceux qui sont au pouvoir au Vatican ne sont pas susceptibles d'abandonner le pouvoir qui a été accumulée depuis le Moyen Age.
François d'Assise a lui aussi connu la force de ces pressions curiales. Lui qui voulait se libérer de tout en vivant dans la pauvreté, s'accrochait de plus en plus étroitement à la «Sainte Mère l'Église». Plutôt que d'être en confrontation avec la hiérarchie, il voulut obéir au Pape et à la Curie, vivant dans l'imitation de Jésus: dans une vie de pauvreté, dans la prédication laïque. Ses disciples et lui durent même recevoir la tonsure pour entrer dans l'état clérical. En fait, cela rendait plus facile la prédication, mais de l'autre, encourageait la cléricalisation de la jeune communauté qui comprenait de plus en plus de prêtres. Il n'est donc pas surprenant que la communauté franciscaine est devenue de plus en plus intégré dans le système romain. Les dernières années de François ont été assombries par les tensions entre les idéaux originels des disciples de Jésus et l'adaptation de sa communauté au type actuel de la vie monastique. Le 3 Octobre 1226, âgé de seulement 44 ans, Francis est mort pauvre comme il avait vécu. 10 ans auparavant, le pape Innocent III était de façon totalement inattendue, à l'âge de 56 ans, un an après le Concile de Latran IV. Le 16 Juin 1216, le corps d'Innocent fut trouvé dans la cathédrale de Pérouse: ce pape qui avait su augmenter la puissance, la propriété et la richesse du Saint-Siège comme aucun autre avant lui a été trouvé abandonné par tous, complètement nu, dépouillé par ses propres serviteurs. C'était comme le son de la trompette signalant le passage de la domination du monde par le pape à l'impuissance du pape: au début du XIIIe siècle, il y avait encore Innocent III, qui règnait dans la gloire, à la fin du siècle, il y avait Boniface VIII mégalomane (1294-1303) arrêté par les Français;. puis l'exil de 70 ans à Avignon et le Grand Schisme d'Occident avec deux et enfin trois papes.
A peine deux décennies après la mort de François, le mouvement franciscain, qui s'était rapidement diffusé en Italie semblait être presque complètement "domestiqué" par l'Eglise romaine de sorte qu'il devint rapidement un ordre normal au service de la politique du pape, et est même devenu un outil de l'Inquisition.
Si donc il a été possible que François d'Assise et ses disciples soient finalement domestiqués par le système romain, il est évident qu'il ne peut être exclu qu'un pape François puisse également être piégé dans le système romain qu'il est supposé réformer.
Pape François: un paradoxe?
Est-il possible qu'un pape et un François, évidemment contraires, puissent jamais être réconciliés? Seulement par un Pape réformateur et à l'esprit évangélique.
Pour conclure, j'ai une dernière question:
Que faut-il faire si nos attentes de réforme sont déçues?
Le temps est révolu où le pape et les évêques pouvaient compter sur l'obéissance des fidèles. Un certain mysticisme de l'obéissance fut également introduit par la réforme grégorienne du XIe siècle: obéir à Dieu signifie obéir à l'Eglise, ce qui signifie obéir au Pape, et vice versa. Depuis ce temps, il a été inculqué aux catholiques que l'obéissance de tous les chrétiens au Pape est une vertu cardinale: commander et se faire obéir - par tous les moyens - est devenu le style romain. Mais l'équation médiévale «obéissance à Dieu = à l'Eglise = au pape» contredit de façon flagrante le mot de Pierre et des autres apôtres avant le Concile de Jérusalem: «l'homme doit obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes».
Nous ne devrions donc en aucun cas tomber dans l'acceptation résignée.
Au contraire, face à une absence d'impulsion vers la réforme de la hiérarchie, nous devons prendre l'offensive, faisant pression pour une réforme venant d'en bas. Si le pape François affronte les réformes, il découvrira qu'il a la large approbation des personnes bien au-delà de l'Église catholique.
Toutefois, s'il permet que les choses continuent comme elles sont, sans dépasser l'impasse des réformes en cours, comme celle de la LCWR (Leadership Conference of Women Religious), alors le cri «Assez d'outrages! Indignez-vous!» résonnera de plus en plus dans l'Eglise catholique, provoquant des réformes venant de la base.
Celles-ci seront mises en œuvre sans l'approbation de la hiérarchie et souvent même en dépit des tentatives de la hiérarchie de les contourner.
Dans le pire des cas - comme je l'ai écrit avant la récente élection papale - l'Eglise catholique connaîtra un nouvel âge de glace à la place d'un printemps et courra le risque de se réduire à une secte, en à peine plus important.