Mgr Battista Ricca: le mauvais choix du pape
François a choisi comme homme de confiance à l'IOR un prélat impliqué dans de troubles affaires de moeurs à connotation homosexuelle. Piqûre de rappel de Sandro Magister (19/7/2013, mise à jour)
Il y a deux semaines, Sandro Magister divulguait une information stupéfiante dans le silence assourdissant de l'ensemble des médias (ou presque): il était question de la nomination comme prélat de l'IOR d'un "monsignore" scandaleux Mgr Battista Ricca, impliqué dans de sordides histoires de mœurs à connotation homosexuelle.
Marco Tosatti, était, à ma connaissance, le seul à réagir, évoquant la nécessité de nommer un sherpa pour le Pape, et j'en avais parlé ici: Les loups sont encore là.
Je m'étonnais alors de la chape qui avait uniformément recouvert l'information, y compris en France.
Sandro Magister n'a pas dû être content d'être ainsi blackouté, et il revient à la charge, avec des détails difficiles à réfuter, à lire ici: http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350561?fr=y
Le journal pour lequel Sandro Magister écrit a tout intérêt à le laisser libre de divulguer l'existence d'un lobby gay, mais je suppose que le prestige est en jeu, et il n'est pas question d'écarter un journaliste aussi prestigieux que Magister.
Je laisse la parole à Monique, dont je partage totalement l'analyse:
Cet article m'intrigue.
Il est dit que le Pape François a nommé, le 15 juin, un certain Mgr Ricca comme grand "purificateur" de l'IOR, sans connaître son passé douteux d'homosexuel actif. Cette information ne semble pas se propager au-delà d'un petit cercle romain: bizarre!
Elle montre que le Pape peut se tromper sur les personnes.
Benoît XVI s'est peut-être trompé plusieurs fois: Williamson, Wielgus, son majordome et on l'a chaque fois ridiculisé ou insulté. JPII s'est lourdement trompé sur Maciel et sur l'ampleur du scandale des abus mais personne ne lui en a tenu rigueur. Quand il s'agit de François, c'est encore mieux: un voile pudique est jeté sur le "faux-pas".
Le public ne le sait pas et ceux qui savent ne s'en offusquent pas plus que cela.
Une nomination administrative n'est pas une ordination. Il est enfantin de remédier à cette "bourde" (vocable employé pour Benoît XVI). Il suffirait que le Pape annule cette nomination et qu'il destitue cet individu de ses fonctions à Ste Marthe (etc).
Comment le Pape peut-il loger dans un hôtel aussi mal famé? François qui prend tant de libertés avec les usages (même pour les canonisations!) et qui gouverne comme il le veut, a toute latitude pour revenir sur une nomination... qu'il a lui-même signée! Où est le problème?
Les jours passent et aucune annulation ne se fait jour (S. Magister nous l'aurait dit).
Pourquoi?
Je me demande si le Pape n'est pas prisonnier du chantage du lobby gay. Si François annulait cette nomination, ce serait uniquement à cause de l'homosexualité de Mgr Ricca (laquelle ne tombe pas sous le coup de la loi puisque les partenaires étaient des adultes) et non pour incompétence technique.
Sanctionner quelqu'un pour son homosexualité, c'est exactement ce que François ne VEUT pas (à cause de la fameuse miséricorde... qui peut devenir un laxisme coupable) ou ne PEUT pas (à cause d'un chantage à la discrimination en fonction de l'orientation sexuelle).
Si François éjectait Mgr Ricca, il deviendrait la cible du lobby gay, appuyé par les médias.
Une guerre commencerait contre lui et je crois que François n'est pas prêt à affronter ce que Benoît a subi si dignement et si courageusement pendant huit ans.
Mise à jour
Différents sites, parlent (enfin!) d'une mise au point du Vatican, via le Père Lombardi, évoquant une manœuvre pour bloquer la restauration commandée par le pape François.
Mais pourquoi avoir attendu deux semaines après le premier article pour réagir?
Giacomo Galeazzi écrit (vaticaninsider.lastampa.it):
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Tempête sur le prélat de l'IOR.
Du «passé scandaleux» de Mgr Battista Ricca (un présumé ménage gay à la nonciature en Uruguay en 2000), le pape, qui était précédemment dans l'ignorance a eu connaissance et, avec amertume, en tirera les décisions qui s'imposent», soutient L'Espresso.
«Les déclarations sur Ricca ne sont pas fiables» coupe court le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi.
Certes, autour du fauteuil-clé de la banque du Vatican, un combat permanent est en cours et tous les coups sont permis. Le timing de l'événement, qui a explosé juste en ce moment, crée de forts soupçons à la Curie où justement à travers Ricca, Bergoglio fait le nettoyage de l'IOR.
Il ne s'agirait donc pas d'une nomination erronée de François mais d'un complot visant à bloquer cet assainissement des finances vaticanes, effaçant des décennies de positions de pouvoir et d'affaires obscures.
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C'est possible.
Mais pourquoi les mises au point citent-elles L'Espresso, et pas Sandro Magister - ce qui fait une grosse différence?
Certes, c'est un hebdomadaire qui fait partie du même groupe que la Repubblica, et qui est violemment cathophobe.
Mais en l'occurrence, c'est Sandro Magister qui est à l'origine de l'info.
Sauf à ne plus savoir à qui se fier, je ne vois pas quel intérêt il aurait à discréditer sa position incontestée de vaticaniste de prestige en divulguant des bobards.