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Benoît XVI, un Docteur de l'Eglise

L'écrivain catholique américain Benjamin Wiker a consacré à Benoît XVI, depuis la démission, une série de sept articles, publiés sur le National Catholic Register. Voici la traduction du dernier... en attendant les autres (30/4/2013)

Je suis arrivée sur cet article grâce à Raffaella.

Benjamin Wiker (sa notice wikipedia en anglais: en.wikipedia.org/wiki/Benjamin_Wiker) [né en 1960] est un écrivain catholique américain, et "blogueur invité" sur le site de National Catholic Register.

Les titres des ouvrages de Joseph Ratzinger/Benoît XVI sont donnés en anglais, tels qu'ils ont été traduits par l'éditeur américain.

>>> Article en anglais ici: www.ncregister.com
>>> Le blog de Benjamin Wiker: www.benjaminwiker.com/

>>> Du même auteur sur ce site: Mariage gay. Rien de nouveau sous le soleil, 24/5/2012, benoit-et-moi.fr/2012(II)

     

Benoît XVI: Docteur de l'Eglise
Benjamin Wiker
29 Avril 2013
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Peut-être que cela peut sembler un peu prématuré, mais voilà: Benoît XVI devrait être déclaré Docteur de l'Eglise .
Il y a, si je compte bien, 33 de ces estimés Docteurs, le plus récent étant Sainte Thérèse de Lisieux, décédée en 1897, et le plus récemment déclarée, Sainte Hildegarde de Bingen , qui est décédée en 1179, mais a été déclarée Docteur de l'Église par le pape Benoît XVI en Octobre 2012. Benoît XVI serait le numéro 34 (en supposant qu'aucun autre ne soit nommé avant lui).

Un Docteur de l'Église doit être saint. Validé.

Joseph Ratzinger était, de cœur et d'esprit, un universitaire, un homme profondément amoureux de la vérité, un homme fait pour enseigner. Mais ensuite, il a été nommé archevêque, en 1977, et en 1981, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, supervisant la foi, la morale et la doctrine de l'Eglise. Et enfin en 2005, il fut élu Pape.
Qu'est-ce que cela a à voir avec la sainteté?
Je dirais que Joseph Ratzinger a subi une sorte de martyre blanc, en quittant ce qu'il aimait le plus, une vie tranquille d'étude et d'enseignement, pour entreprendre ce dont l'Église a le plus besoin. Je suis sûr qu'il détestait, comme préfet de la CDF, être appelé « le Rottweiler de Rome», tout autant qu'il n'aimait pas la tâche désagréable de tirer par les orteils les théologiens vers la bonne ligne doctrinale. Et si jamais un homme a profité de la Chambre des larmes , c'est bien Benoît nouvellement élu.
Même sous la pression surhumaine de la papauté, Benoît a continué à écrire - c'est-à-dire à enseigner - nous fournissant un énorme héritage spirituel et intellectuel que nous avons à peine commencé à apprécier.

Et ceci nous amène aux deux autres qualifications pour un Docteur de l'Eglise: la profondeur de perspicacité dans les écrits, et un assez grand nombre d'écrits, que l'Eglise puisse de tout cœur recommander comme révélant la Tradition catholique authentique.

Je soupçonne que sa série Jésus de Nazareth à elle seule, le qualifierait sur les deux tableaux. Mais la barre de défilemenr sur le site d'Amazon à travers des pages et des pages de livres par Joseph Ratzinger, puis Benoît XVI l'indique clairement, le trésor de ses écrits déborde.

Je n'ai pas eu le temps de lire autant d'écrits de Benoît que je le voudrais. Mais chaque fois que je lis quelque chose, je suis étonné de la profondeur et l'étendue de sa compréhension, en particulier sa profonde compréhension de l'histoire de l'Eglise - non seulement en tant qu'institution, mais comment l'Eglise a interagi avec la philosophie grecque et romaine, a lutté pour évangéliser dans un empire païen hostile, a construit une nouvelle civilisation - l'Europe chrétienne - sur les décombres de l'empire effondré, a inventé l'université, a lutté avec la Réforme, s'est confrontée avec les philosophies modernes hostiles, et est entrée en conflit avec des mouvements séculiers prêts à effacer l'Eglise de l'histoire. Il semble qu'il n'y ait eu ni époque ni sujet, dans ce drame de 2000 ans, que Benoît n'ait pénétré.

Je me souviens de mon premier contact avec son génie. Je venais d'écrire un livre (avec Jonathan Witt), A Meaningful World (Un monde plein de sens) , qui exposait, dans les moindres détails, ce que nous pensions être une approche nouvelle et importante pour démontrer l'existence de Dieu par l'intelligibilité de l'univers. Notre argument était, en résumé, que la science elle-même dépend de la profonde intelligibilité pré-existante de l'univers. L'univers semble être construit, couche après couche, pour être connu par des créatures rationnelles comme nous. Un univers inventé au hasard ne pourrait tout simplement pas être ainsi.
Et puis j'ai lu le discours du pape Benoît à Ratisbonne. O humilité! Le pape synthétisait en quelques paragraphes ce qu'il nous avait fallu 250 pages pour articuler - en le plaçant dans le contexte de l'histoire de la philosophie et de la théologie.
Dans mon dernier livre Worshipping the State, (Adorer l'Etat), je développais un argumentaire historique très soigné, montrant - je pensais que c'était de façon très nouvelle - que c'est l'Eglise elle-même qui avait inventé la distinction entre l'Église et l'État, et que le libéralisme moderne (qui aime à se présenter comme l'inventeur de l'Eglise/Etat) était en fait en train de détruire cela.
Et puis j'ai lu les ouvrages de Benoît Without Roots , The Dialectics of Secularization et Christianity and the Crisis of Cultures .
O humilité puissance 2 (ndt: terme mathématique: élevé au carré)! Touché, à nouveau.

Vous voyez le tableau, cela n'a donc pas de sens de chercher d'autres exemples plus humiliants. Partout où je suis entré sur un territoire précédemment inconnu, je l'ai trouvé bien et profondément foulé par les traces de Benoît XVI. J'aurais été bien meilleur, et obtenu beaucoup plus, si j'étais venu à lui en premier. Et je sais que je ne suis pas le seul qui ait eu cette expérience.
C'est le signe d'un grand maître, un grand Docteur de l'Eglise.