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Si l'on en croit le "hollandoscope" du site Rue 89, le mariage gay est attendu en France dès le 3 juillet... Mais les premiers chrétiens, dans la Rome antique, étaient déjà confrontés au même problème. Article du site Catholic World Report, traduction. (24/5/2012)

Rue 89 est (précision à l'intention de mes lecteurs étrangers) un site gauchiste. Le hollandoscope est un observatoire destiné à vérifier si Monsieur le président tient ses promesses.

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CWR est un site américain publié par Joseph Fessio, SJ (à rechercher dans ces pages!).
Selon sa notice wikipedia:

Joseph Fessio (10 janvier 1941-) est un prêtre catholique, un jésuite et un théologien américain. Il est connu pour avoir co-fondé l'Université Ave Maria et pour être très proche de Benoît XVI.
En 1975, il obtient son doctorat en théologie à l'Université de Ratisbonne sur la pensée ecclésiologique de Hans Urs von Balthasar, avec Joseph Ratzinger comme directeur de thèse. Il enseigne par la suite la philosophie, la théologie spirituelle et la théologie systématique dans l'État de Washington et en Californie.
Il fonde l'Institut Saint-Ignace en 1976 et créa les éditions Ignatius en 1978 (éditeurs de Benoît XVI aux USA)

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Mariage gay. Rien de nouveau sous le soleil
22 mai 2012
Le mariage gay et l'homosexualité faisaient partie du paysage moral auquel étaient confrontés les premiers chrétiens dans la Rome antique.
Benjamin Wiker
Texte en anglais: www.catholicworldreport.com/ .
Ma traduction.
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Puisque l'agenda du mariage gay va exercer une pression croissante sur les catholiques de la part des états, nous devrions être beaucoup plus conscients de ce que l'histoire a à nous apprendre sur ce mariage gay - étant donné que nous ne voulons pas être parmi ceux qui, ignorants de l'histoire, se condamnent joyeusement à la répéter.

Contrairement à une vue répandue - à la fois parmi les partisans et les opposants - le mariage gay n'est pas une question nouvelle. Il ne peut pas être formulé (par les partisans) comme une avancée irréprochable du mouvement des droits civiques, ni ne devrait être compris (par les opposants) comme quelque chose qui est mauvais simplement parce qu'il leur paraît être moralement sans précédent.

Le mariage gay - surprise!- est vivant, et bien vivant, à Rome, il est célébré, même et surtout par une sélection d'empereurs, un spin-off de l'affirmation culturelle de l'homosexualité romaine. Le mariage gay est, avec l'homosexualité, quelque chose que les premiers chrétiens ont dû affronter dans le cadre de l'obscurité morale païenne de leur temps.

Ce contre quoi les chrétiens se battent aujourd'hui, donc, n'est pas une énième innovation sexuelle propre à notre «siècle éclairé», mais le retour à la morale sexuelle païenne pré-chrétienne.

Mais que se passait-il dans la Rome antique?
L'homosexualité était aussi répandue chez les Romains qu'elle l'était chez les Grecs (un signe en est qu'elle a même été tolérée par les stoïciens impassibles). Les Romains avaient adopté la pédérastie des Grecs (qui visait, en général, les garçons âgés de 12 à 18ans ). Il n'y avait rien de honteux à ces relations sexuelles chez les Romains, si le garçon n'était pas né-libre. Les esclaves, à la fois masculins et féminins, étaient considérés comme des biens, ce qui incluait la propriété sexuelle.

Mais les Romains ont également étendu l'homosexualité aux hommes adultes, et même aux hommes adultes libres. Et il est probable que c'est ce franchissement de la ligne de l'enfant à l'adulte, du non libre au libre - et pas l'homosexualité en tant que telle - qui a été vu comme un affront par les plus austères des moralistes romains.

Et ainsi nous entendons par Tacite (56-117 après JC), le grand historien romain, les exploits sexuels honteux d'une chaîne d'empereurs romains, de Tibère à Néron. Néron fut le premier persécuteur impérial des chrétiens. Son précepteur, puis conseillerfut le grand moraliste stoïcien Sénèque lui-même. Malheureusement, les leçons de Sénèque ont dû rebondir à côté du futur empereur. Quand il prit le siège impérial, avec son aura de divinité auto-proclamée, aucune trace d'austérité stoïcienne n'a subsisté.

Chez Néron, raconte Tacite au lecteur, la passion tyrannique, l'hubris de la divinité proclamée, la corruption du pouvoir, et «toute sorte d'actes dépravés immondes, licites ou illicites» semblent avoir atteint un sommet impérial. Il a eu non seulement une passion pour les «garçons nés libres», mais aussi pour se «marier» avec d'autres hommes et même un garçon, jouant parfois le rôle de la femme dans l'union et parfois de l'homme.

Comme le rapporte Tacite: «Néron était déjà corrompu par tous les désirs, naturels et non-naturels. Mais désormais il réfutait l'idée de ne pouvoir aller plus loin dans la dépravation. Puisqu'il ... a été jusqu'à une cérémonie de mariage avec un membre de la bande pervertie appelée Pythagore. L'empereur, en présence de témoins, mit le voile de mariée. La dot, le lit nuptial, les flambeaux mariage, tout y était. Vraiment, tout était public, qui, même ce qui dans une union naturelle est voilée par la nuit»

Ceci n'est qu'un exemple. Nous avons aussi, par l'historien Suétone, un contemporain de Tacite, un récit du mariage de Néron avec Doryphore (qui a été lui-même marié à un autre homme, Sporus).

Martial, poète romain du 1er siècle, rapporte des cas de mariage entre hommes comme des sortes de perversions, mais pas de perversions rares, parlant dans un épigramme (I.24) d'un homme qui «a joué la mariée hier». Dans un autre ( 12.42), il dit ironiquement, « Le barbu Callistrate s'est donné en mariage à Afer, de la manière dont une vierge se donne généralement elle-même en mariage à un homme. Les torches brillaient, le voile nuptial couvrait son visage, et les voeux de mariage n'étaient pas absents. Une dot a également été donnée. Est-ce que ne semble pas encore assez pour toi, Rome? Est-ce que tu attends qu'il donne naissance? »

Dans la seconde Satire de Juvénal (117), il est question d'un Gracchus, «se parant lui-même des volants, de la traîne et du voile de la mariée», à présent «comme une nouvelle mariée, couchée sur le sein de son mari».
Telle semble avoir été la manière habituelle des noces entre hommes chez les Romains, un des hommes s'habillant en femme et jouant le rôle d'une femme.

L'empereur débauché notoire Héliogabale (règne 218-222) s'est marié puis a divorcé de cinq femmes. Mais il considérait son conducteur de char comme son «mari», et il épousa également un certain Zotique, un athlète. Héliogabale aimait s'habiller en reine, littéralement.

Nos récits de mariage homosexuel à Rome nous donnent, je l'espère, une meilleure compréhension de ce qui est en jeu. Comme c'est le cas aujourd'hui, il apparaît que l'incidence du mariage mâle-mâle a été suivie de l'acceptation généralisée de l'homosexualité; c'est-à-dire que la pratique de l'homosexualité a conduit à l'idée que, en quelque sorte, les unions homosexuelles devraient partager le même statut que les unions hétérosexuelles .

Nous devons également ajouter que l'hétérosexualité chez les Romains était également dans un triste état. A la fois le concubinage et la prostitution étaient tout à fait acceptables; la pornographie, le divertissement et les propos sexuellement explicites étaient entièrement entrés dans la norme, la prestation sexuelle par les esclaves mâles et femelles était considérés comme un devoir par les maîtres. Des hymnes à la gloire du mariage ont été composés, non pas parce que les Romains avaient une certaine notion proto-chrétienne de la sainteté du mariage, mais parce que Rome avait besoin de plus de citoyens-soldats au moment même où les Romains eux-mêmes se dépeuplaient en faisant tout pour éviter d'avoir des enfants.

Le délabrement moral hétérosexuel à Rome a donc formé la base sociale pour que Rome glisse dans les rites du mariage homosexuel. Nous en entendons parler par des opposants qui se livrent à la satire de ces unions. Le problème pour les Romains n'était pas l'homosexualité en tant que telle, mais le fait que l'homme romain s'avilisse jusqu'à jouer le rôle d'une femme dans le mariage.

Les chrétiens avaient un problème avec le tableau sexuel romain tout entier. Nous ne sommes, bien sûr, pas surpris de constater que les premiers chrétiens ont accepté et revendiqué le strict rejet de l'homosexualité inhérent au judaïsme, mais cela faisait partie du rejet de toute sexualité en dehors du mariage monogame hétérosexuel. Les chrétiens ne doivent pas être loués pour avoir affirmé que le mariage doit être défini comme l'union d'un homme et d'une femme, parce que c'est la valeur naturelle de tout peuple entendant ne pas disparaître en une seule génération. Ce qui a été propre au christianisme (encore une fois, ne se contentant pas de suivre judaïsme, mais l'intensifiant) ce fut la restriction de la sexualité uniquement au mariage hétérosexuel <monogame>.

Les chrétiens se sont retrouvés dans une culture païenne où il y avait peu de restrictions à la sexualité, à part l'imagination - une culture qui, à noter comme une évidence, mais extrêmement importante, ressemble étrangement à la nôtre.

Le manuel de catéchisme du premier siècle après JC, le Didachè, précise ce que les païens auront à abandonner, en ce qui concerne la sexualité romaine, une fois qu'ils entreront dans l'Église. Cela commence par les mots inquiétants: «Il y a deux voies: l'une de vie et l'autre de mort, et il y a une grande différence entre les deux voies». Les païens convertis sont alors confrontés à une liste de commandements. Certains qui auraient été tout à fait familiers et raisonnables pour les Romains, comme «Tu ne tueras point» et «Tu ne commettras pas l'adultère» (bien que pour les Romains, l'avortement n'était pas un meurtre, et un mari ayant des rapports sexuels avec des esclaves ou prostituées n'était pas considérée comme adultère).

Mais ensuite suivent des commandements bizarres (au moins pour les Romains), «Tu ne corrompras pas les garçons», «Tu n'auras pas de relation sexuelle illicite»( ou porneuseis ); «Tu ne tueras point la progéniture par le biais de l'avortement [et] tu ne tueras pas un être né».
Contre la norme à Rome, les chrétiens doivent rejeter la pédophilie, la fornication et l'homosexualité, l'avortement et l'infanticide.
La liste commande aussi, «Tu ne feras pas de potions" (ou pharmakeuseis ), une interdiction des pratiques largement répandues dans l'Empire romain, qui comprenaient des potions arrêtant la conception ou provoquant l'avortement.

J'inclus les interdictions contre les pratiques sexuelles reconnues par les Romains aux côtés des interdictions contre la contraception, l'avortement et l'infanticide pour une raison très importante. Les Chrétiens ont défini le but de la sexualité en termes de capacité naturelle à procréer. Ce qui était différent, ce n'était pas le fait de reconnaître la nécessité évidente pour un homme et une femme d'avoir un enfant - les stoïciens étaient d'accord avec ce point. Ce qui était propre au christianisme, c'était d'ôter la légitimité à toutes les autres expressions de la sexualité (de nombreux stoïciens ont eu des amants masculins). L'élévation romaine du plaisir sexuel au-dessus de la procréation, et donc en dehors de cette zone bien définie de la légitimité sexuelle définie par le christianisme, conduit au désir de potions contraceptives, abortives, et à l'infanticide. Elle a également conduit à voir le mariage comme rien d'autre qu'une arène pour le plaisir sexuel, ce qui a permis une équivalence du mariage hétérosexuel et homosexuel.

Le Code théodosien, rédigé par des empereurs chrétiens au cinquième siècle, rend le mariage entre personnes de même sexe illégal.

Nous pouvons voir, ainsi, que les chrétiens ne font face à rien de nouveau en ce qui concerne la pression du mariage gay. En fait, c'est quelque chose de très ancien, qui représente un retour aux vues païennes de la sexualité qui ont dominé l'Empire romain dans lequel le christianisme est né.