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Le marronnier des "femmes de prêtres"

La dernière offensive en date contre le célibat des prêtres se présente toutefois de façon légèrement différente des précédentes (19/5/2014)

>>> Cf. Célibat des prêtres: c'est reparti

>>> Image ci-contre: Marcello Mastroianni et Sofia Loren dans "La femme du prêtre" de Dino Risi (1971). Elle illustre l'article publié hier sur Vatican Insider en appui de celui d'Andrea Tornielli: "Ces prêtres qui quittent pour l'amour d'une femme".

     

Le célibat des prêtres est un marronnier, relancé régulièrement par des témoignages larmoyants de "femmes de prêtres", des tribunes incendiaires de Hans Küng, des pétitions de prêtres rebelles, vivant déjà ouvertement en concubinage, et ainsi de suite..

Le dernier épisode (dans mon souvenir) remonte à mai 2010, on en trouvera le récit ici: benoit-et-moi.fr/2010-II
La "lettre ouverte au Pape d'anciennes maîtresses de prêtres" avait été d'abord publiée sur un obscur blog italien progressiste, et sa reprise par le quotidien britannique "de centre gauche" The Guardian avait assuré sa diffusion planétaire.
Mais c'était sous Benoît XVI, et les pétitionnaires n'attendaient sans doute pas grand chose. Il s'agissait juste, selon l'expression consacrée, de "faire le buzz".

Cette fois, cependant, il semble que l'offensive soit un peu différente: l'atmosphère générale est à l''ouverture, l'euphorie (pour ne pas dire le relâchement).
Et surtout, la lettre semi-anonyme des 26 "femmes de prêtres" n'est pas relayée par n'importe quel journal, mais par le très influent site Vatican Insider, présenté comme "spécialisé dans l'information catholique", dont le rédacteur-vedette (qui signe l'article) n'est autre que le grand ami et intime du Pape Bergoglio, Andrea Tornielli (il m'étonnerait beaucoup qu'il n'ait pas la ligne directe de François).
Vatican Insider a du reste fait donner l'artillerie lourde, comme on peut en juger par le second article cité plus haut, illustré par deux acteurs célèbres d'un film populaire traitant la question sous l'angle inoffensif de la comédie.

Et les "femmes de prêtre" n'ont pas manqué d'exploiter la pratique désormais légendaire des "coup de fil pastoraux" du Pape, joignant leur numéro de téléphone.

Je me demande comment il pourra se dispenser de leur répondre ... A moins que tout cela ne soit une opération de communication, dont j'ignore (même si j'ai plusieurs petites idées) pour le moment les motifs.

Au mince dossier que j'ai rassemblé hier, il convient d'ajouter cet argumentaire très détaillé de Vittorio Messori: POUR L'EGLISE, LE CÉLIBAT EXISTE DEPUIS TOUJOURS (benoit-et-moi.fr/2010-II) et ce billet de Sandro Magister: EUNUQUES POUR LE ROYAUME DES CIEUX. LE DÉBAT SUR LE CÉLIBAT (chiesa.espresso.repubblica.it)

Et bien sûr, il faut rappeler encore et encore qu'aujourd'hui, plus personne ne rentre dans la prêtrise sous la contrainte. Il s'agit du choix libre, de personnes adultes.
Je recopie donc ce passage du court article de Vittorio Messori, que j'avais reproduit hier:

La porte est grande ouverte... vers la sortie

D'abord, l'entrée au séminaire est volontaire et, comme cela se produit pour chaque choix sérieux, il y a des règles à respecter. Le célibat est parmi celles-ci.
Aujourd'hui, en Occident, on ne rencontre plus les cas de très jeunes gens poussés à se faire prêtres par des conditions de pauvreté, de recherche de statut social, de pression familiale. Beaucoup de ceux qui, une fois ordonnés, se sont ensuite « repentis », sont sortis au cours des décennies passées et ils ont convolé à ces noces qu'ils désiraient si ardemment. Dans les monastères, les couvents, les séminaires, il y a donc aujourd'hui de vrais « volontaires »: on ne voit pas pourquoi ils se sont engagés si les règles ne les convainquent pas. Dans tous les cas, les portes sont toujours ouvertes (vers la sortie) pour ceux qui ne sont pas contents.
     

Réaction de Monique

Les 26 "femmes de prêtres" ont l'honneur d'un article de La Croix en ligne à la date du 18/05/2014 (www.la-croix.com/Religion/Actualite/Celibat-ecclesiastique-26-compagnes-de-pretres-ecrivent-au-pape).
Ce que l'article ne dit pas, c'est qu'elles n'ont absolument rien à attendre du Pape.
On confond tout.
S'il est envisageable, suite à la volonté du Pape, d'ordonner des hommes mariés... dans toute l'histoire de l'Eglise (dixit le Cardinal Vingt-Trois) on n'a jamais marié des hommes ordonnés. Ces pauvres "victimes" de la dureté de l'Eglise sont concernées par le deuxième cas et non le premier (comme on veut nous le faire croire) et ne peuvent donc pas espérer une régularisation de leur situation.
De plus, elles font mener à leur compagnon une double vie: chose que le Pape François rejette vigoureusement.
Il n'y a que deux solutions: qu'elles rompent, ou bien que "leur" prêtre soit réduit à l'état laïc (ce qui serait plus honnête).
Ce qui est consternant, c'est la présentation des faits par certains médias catholiques. Les "femmes de prêtres" sont toujours décrites comme des victimes innocentes d'un système impitoyable et misogyne et offertes à l'apitoiement des lecteurs. Qui ne manquent pas de tomber dans le panneau et signent des pétitions pour elles.
Le Pape peut choisir de ne même pas répondre à leur requête mais il peut aussi saisir l'occasion pour faire une mise au point un peu rude mais salutaire.