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L'ONU en guerre contre l'Eglise

Massimo Introvigne a lu l'extravagant rapport du Comité pour les droits de l'Enfance de l'ONU. Les choses deviennent claires! (6/2/2014)

>>> Ci-contre: La pasionaria péruvienne Susana Villarán, membre de pointe du comité. Selon Wiikipedia, candidate aux élections présidentielles de son pays en 2006, elle avait obtenu... 0,62% des voix... Eh oui, c'est cela, la démocratie, selon l'ONU

>>> Voir aussi: C'est reparti!

Les consommateurs d'information ont rarement tous les éléments pour les "lire", et c'est tout particulièrement vrai pour celle-là, où l'Eglise haïe est en jeu.
Ce matin, sur Propagande 1, Christian Terras, présenté comme journaliste chrétien, puis directeur d'une revue chrétienne (Golias!!!) est venu dérouler avec une haine incroyable un réquisitoire implacable contre l'Eglise, litanie de mensonges et de chiffres faux, sans aucune preuve, et sans être interrompu un seul instant par le journaliste (en réalite, une honte pour la profession qu'ils auraient en commun) qui l'interrogeait. Le mal est fait. Car parmi les gens ordinaires, qui connaît Terras?

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A propos de la pédophilie dans l'Eglise, souvenons_nous ce qu'écrivait le déjà Pape émérite dans sa fameuse "Lette à Oddifreddi" en septembre dernier!

Quant à ce que vous dites de l'abus moral des mineurs par des prêtres, je ne peux - comme vous le savez - qu'en prendre note avec une profonde consternation.
Je n'ai jamais essayé de cacher ces choses.
Que le pouvoir du mal pénètre à un point tel dans le monde intérieur de la foi est pour nous une souffrance que, d'une part, nous devons supporter, tandis que d'un autre côté, nous devons faire tout ce qui est possible pour que de tels cas ne se reproduisent pas. Ce n'est pas non plus un motif de réconfort de savoir que, selon les recherches des sociologues, le pourcentage des prêtres qui se sont rendus coupables de ces crimes n'est pas plus élevé que dans d'autres professions similaires. En tout cas, on ne devrait pas présenter avec ostentation cette déviation comme s'il s'agissait d’une saleté spécifique du catholicisme.


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Monique m'écrit:
Toutes ces considérations vertueuses de l'ONU sur le bien des enfants cachent en réalité un énorme chantage qui s'exercera avec une particulière violence sur le synode.

L'article de Massimo Introvigne, comme toujours scrupuleusement documenté, aidera à faire tomber les écailles des yeux de ceux qui auraient encore des doutes.
Bien entendu, il a le grand souci de protéger la papauté dans sa continuité, ce qui est compréhensible et sa ligne depuis toujours. Mais on est troublé, en lisant que le rapport du Comité de l'ONU invite l'Eglise à suivre «la déclaration progressiste faite par le pape François en Juillet 2013» (le fameux "qui suis-je pour juger?")

     

L'ONU déclare la guerre à l'Église

Massimo Introvigne
http://www.lanuovabq.it/it/articoli-lonu-dichiara-guerra-alla-chiesa-8372.htm
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Le 5 Février 2014, le Comité sur les Droits de l'Enfance des Nations Unies a publié un rapport de seize pages sur la conformité des comportements de l'État de la Cité du Vatican à la Convention des Nations Unies sur les Droits de l'Enfance, à laquelle le Saint-Siège a adhéré «avec réserve». L'adhésion avec réserve - que par ailleurs le Saint-Siège avait affirmé pouvoir surmonter à l'avenir - est due à la crainte que la Convention autorise une ingérence excessive des organes des Nations Unies dans les affaires intérieures des États membres. Pour cette même raison, le Parlement des Etats-Unis n'ont jamais ratifié la Convention, même si le gouvernement américain l'avait signé en 1995, de sorte qu'aux États-Unis, elle n'est jamais entrée en vigueur.

Avant d'examiner le document - dont la superficialité et la partialité idéologique laissent vraiment perplexes, et justifie amplement les réserves sur les risques d'ingérence et de violation des droits souverains des États - il faut préciser ce qu'est le Comité sur les Droits de l'Enfance. Il s'agit d'un corps de dix-huit experts élus par les États qui ont adhéré à la Convention, dont les recommandations ne sont pas juridiquement contraignantes. C'est donc l'une des innombrables commissions d'experts de l'Organisation des Nations Unies, de surcroît nommés en suivant le «manuel Cencelli» (http://fr.wikipedia.org/wiki/Manuel_Cencelli ), qui tend à donner une petite place dans une quelconque comission à chaque Etat.
Juste pour vous donner une idée, un des dix-huit membres a été nommé par le gouvernement de Syrie et un autre par celui de l'Arabie Saoudite, connus pour être des exemples de droits de l'homme en général et de ceux des enfants dans le cas présent.
La personnalité la plus importante, influente et connue de la commission est la péruvienne Susana Villaran maire de Lima et catholique «adulte» , en polémique permanente avec les évêques de son pays, en particulier avec le cardinal archevêque de Lima, Mgr Juan Luis Cipriani, pour son activisme débridé en faveur du «mariage» homosexuel, de l'idéologie du genre et de l'avortement. Marcheuse habituelle à la Gay Pride, la Villarán s'est distinguée par ses attaques contre l'Eglise sur l'avortement et l'homosexualité et a symboliquement «marié» - le «mariage» homosexuel au Pérou n'existe pas pour l'instant - des paires de même sexe, y compris sa compagne de parti et étroite collaboratrice Susel Paredes et sa «fiancée» Carolina. Par provocation, les cérémonies ont eu lieu dans le parc de l'Amour à Lima, au Pérou, où, traditionnellement, la mariée et le marié sont photographiés sous la célèbre statue «le baiser» du sculpteur Victor Delfin.

Ayant ainsi clarifié à qui le Saint-Siège a dû avoir à faire, lisons ensemble le bizarre document. Le Comité relève un certain nombre de domaines dans lesquels le Saint-Siège n'est pas conforme à la Convention relative aux Droits de l'Enfance, et recommande au Vatican les réformes appropriées. Examinons les principaux secteurs.

Tout d'abord, l'homosexualité - qui n'a pas grand chose à voir avec les droits de l'enfant, mais qu'on y a fait rentrer en affirmant que le Comité se préoccupe de protéger «les adolescents et les enfants gay, lesbiennes, bisexuels et transgenre». Pour défendre ces enfants précoces, le Comité invite l'Eglise à suivre «la déclaration progressiste faite par le pape François en Juillet 2013» - le fameux «Qui suis-je pour juger?» qui en fait se référait à la personne, qui, certes, ne doit jamais être jugée en tant que telle, et non aux comportements ou aux lois - et à répudier «les documents et déclarations antérieures sur l'homosexualité». Comment ce tacle à la doctrine morale catholique relève de la compétence d'un comité sur les droits de l'enfant n'est pas vraiment expliqué.

Deuxièmement: l'égalité entre les hommes et les femmes. Le Saint-Siège est critiqué parce qu'il n'utilise pas toujours un langage «gender inclusive» et parce qu'il parle de «complémentarité», du rôle de l'homme et de la femme, impliquant que les deux rôles sont différents, ce qui est contraire à l'idéologie que le Comité veut imposer.

Troisièmement: Châtiments corporels. Après un excursus sur les maisons des Magdalene Sisters irlandaises, qui montre que les membres du Comité passent trop de temps au cinéma et ont vu l'exécrable film de Peter Mullan - en dehors des inexactitudes, le thème ne semble pas d'une brûlante actualité, vu que la dernière de ces maisons a été fermé en 1996 -, le rapport est opposé à toute forme de châtiment corporel, non seulement avec les considérations pédagogiques, qui pourraient être en partie partageables, mais aussi théologiques. Il est demandé que le Saint-Siège «fasse en sorte que l'interprétation de l'Écriture qui ne justifie pas les châtiments corporels se reflète dans l'enseignement de l'Église et [...] soit incorporé dans l'enseignement et la formation théologique». Indépendamment de la qualité, il est intéressant de noter que le Comité prétend même de dicter à l'Église comment les Saintes Écritures doivent être interprétées.

Quatrièmement: la pédophilie. Avec une absence totale de notes et de références précises, il parle de «dizaines de milliers» d'enfants qui sont victimes de prêtres pédophiles. Il serait intéressant de savoir d'où viennent ces statistiques, alors que l'on sait d'où viennent certaines informations contenues dans le rapport d'une intervention présumée, en 1997, du nonce en Irlande Mgr Luciano Storero (1926-2000) pour que les évêques irlandais cachent les prêtres pédophiles aux autorités civiles. Ils viennent d'une attaque de 2011 du gouvernement irlandais contre le Saint-Siège, pleine d'inexactitudes, à laquelle le Saint-Siège a répondu de façon détaillée (cf. ma traduction de l'article de M. Introvigne à ce sujet: http://benoit-et-moi.fr/ete2011/).

Soyons clair: ce journal a toujours précisé dans tous les discours sur les prêtres pédophiles que, malheureusement, comme nous l'enseignent les pape Benoît XVI et François, la pédophilie dans le clergé est un véritable drame, qui n'est pas inventé, ne doit pas être caché, et dont on doit étudier les causes, qui proviennent principalement de la propagation d'une morale «laxiste» et «progressiste» dans les séminaires et parmi les prêtres. Toutefois, le rapport contient des statistiques folkloriques et des accusations aveugles. Il loue plusieurs mesures introduites par le Saint-Siège en 2013, mais oublie toutes les précédents, dans une tentative maladroite d'opposer le Vatican du pape Benoît XVI à celui de François. Surtout, ils oublient de dire que ces mesures ont fonctionné, et peuvent même être un modèle pour d'autres institutions qui ont les mêmes problèmes de pédophilie et sont beaucoup moins vigoureux du Saint-Siège pour les contrer. Je m'excuse pour la pub, mais je dois renvoyer à l'ouvrage publié récemment que j'ai écrit avec le psychologue Roberto Marchesini «Pédophilie. Une bataille que l'Eglise est en train de gagner» où vous trouverez des faits et des chiffres précis.

Cinquièmement: L'avortement. Après avoir évoqué l'habituel cas pitoyable de la fillette brésilienne de neuf ans qui a subi un avortement en 2009, le Comité «réclame d'urgence au Saint-Siège de reconsidérer sa position sur l'avortement et modifiant le §1398 du Code de droit Canon sur l'avortement, afin de clarifier les circonstances dans lesquelles l'avortement est autorisé». A cette «urgence», le pape François a déjà répondu dans Evangelii gaudium: ils se leurrent, ceux qui prévoient «que l'Eglise change sa position sur cette question. Je veux être totalement honnête à ce sujet. Ce n'est pas une question qui est l'objet de réformes ou de "modernisation". Il n'est pas progressiste de prétendre résoudre les problèmes en éliminant une vie humaine».

Sixièmement: Contraception. Le Saint-Siège est invité à «garantir aux adolescents l'accès à la contraception», qui, cependant, n'est pas une alternative à l'avortement, vu que dans le même temps, on doit leur garantir la «santé reproductive» laquelle, comme on l'a vu, implique de changer la doctrine catholique sur l'avortement.

L'Eglise - comme nous l'avons dit - a maintes fois reconnu la responsabilité d'un certain nombre de prêtres et d'évêques dans le drame honteux de la pédophilie, et a pris des mesures drastiques qui se sont révélés efficaces. Ce document, cependant, est la preuve de la façon dont la tragédie des prêtres pédophiles est utilisée comme prétexte et comme bâton pour attaquer l'Eglise catholique et lui enjoindre «d'urgence» de changer sa doctrine sur l'homosexualité, l'avortement et la contraception, confiant à des comités d'experts «politiquement correct», jusqu'à l'interprétation de la Sainte Écriture.

Le 18 Novembre 2013, citant le roman Le Maître du Monde par Robert Hugh Benson, le Pape François a dénoncé la tentative totalitaire d'imposer à l'Église la «mondialisation hégémonie» de la «pensée unique». Les pouvoirs forts - dont font sans doute partie certains comités de certaines organisations internationales - nous disent, a dit le pape que «nous devons être comme tout le monde, nous devons être plus normaux, comme tout le monde, avec ce progressisme adolescent». Et puis, malheureusement, «suit l'histoire»: pour ceux qui ne s'adaptent pas à la pensée unique, arrivent, comme au temps des anciens païens, «la peine de mort, les sacrifices humains». Ils se trompent, ceux qui croient que ce sont des faits d'un passé lointain; «Mais vous - a demandé le Pape - vous pensez qu'aujourd'hui, on ne fait pas de sacrifices humains? On en fait beaucoup, beaucoup! Et il y a des lois qui les protègent».
Et parce que l'Église s'oppose à ces lois, en utilisant la tragédie - réelle - de la pédophilie dans le clergé comme point de départ et comme prétexte, on la frappe avec des attaques qui deviennent désormais intolérables.