Accueil

Mort de Mario Palmaro

Le courageux polémiste catholique s'est éteint. Nous savions qu'il était gravement malade, mais l'annonce m'a fait un choc. Il laisse une épouse et 4 jeunes enfants (10/3/2014)

J'ai recherché tous les articles de lui que, depuis 2013, j'ai traduits dans ces pages. S'y ajoute un article datant de 2010 que d'aucuns ont pu trouver prémonitoire.
Avec une grande souffrance (car il voulait être un catholique fidèle au Pape, et ses critiques n'étaient motivées que par son amour pour l'Eglise) beaucoup de lucidité et d'honnêteté, et surtout un immense courage - car il s'était délibérément exclu de la troupe serrée des bien-pensants -, il s'interrogeait sur le cours que suivait l'Eglise de François. Et il s'est battu jusqu'au bout, comme en témoigne le dernier article, datant du 19 janvier (au point que j'en étais arrivée à croire qu'il allait peut-être s'en sortir).
Je n'ai aucun doute qu'il est au Ciel. Donc, j'ai plutôt envie de lui demander d'intercéder pour nous, de là où il est, plutôt que de demander de prier pour lui.

     

Sur la maladie et la mort

La première chose, dans la maladie, qui bouleverse, c'est qu'elle s'abat sur nous sans aucun préavis et à un moment que nous ne décidons pas. Nous sommes à la merci des événements, et nous ne pouvons que les accepter. La maladie grave oblige à prendre conscience que nous sommes vraiment mortels; même si la mort est la chose la plus certaine au monde, l'homme moderne est porté à vivre comme s'il ne devait jamais mourir. Avec la maladie, vous comprenez pour la première fois que le temps de la vie ici-bas est un souffle, vous ressentez toute l'amertume de ne pas en avoir fait ce chef-d'œuvre de sainteté que Dieu avait voulu, vous éprouvez une profonde nostalgie pour le bien que vous auriez pu faire et pour le mal que vous auriez pu éviter. Vous regardez le crucifix et vous comprenez que c'est cela, le cœur de la foi: sans le Sacrifice, le catholicisme n'existe pas. Alors vous remerciez Dieu de vous avoir fait catholique, un catholique «petit petit», un pécheur, mais qui a dans l'Église une mère attentionnée.
Donc, la maladie et un temps de grâce, mais souvent les vices et les misères qui nous ont accompagnés au cours de la vie demeurent, voire s'exacerbent. C'est comme si l'agonie avait déjà commencé, et que se déroulait le combat sur le sort de mon âme, car personne n'est certain de son propre salut.
D'autre part, la maladie m'a aussi fait découvrir un nombre impressionnant de gens qui m'aiment et prient pour moi, des familles qui récitent le chapelet le soir avec leurs enfants pour ma guérison, et je n'ai pas de mots pour décrire la beauté de cette expérience qui est une anticipation de l'amour de Dieu dans l'éternité .
La douleur la plus grande que je ressens, c'est l'idée de devoir quitter ce monde que j'aime tant, qui est si beau et si tragique; de devoir quitter tous ces d'amis, ces parents, mais surtout d'avoir à quitter ma femme et mes enfants qui sont à un âge tendre. Parfois j'imagine ma maison, mon bureau vide, et la vie qui y est reste , même si je ne suis plus là. C'est une scène qui me fait mal, mais extrêmement réaliste: elle me fait comprendre que je suis, et que j'ai été, un serviteur inutile , et que tous les livres que j'ai écrits, les conférences, les articles ne sont que de la paille. Mais j'espère en la miséricorde du Seigneur, et dans le fait que d'autres tireront partie de mes aspirations et de mes batailles, pour poursuivre l'antique duel .

(Cf. Une interviewe bouleversante de Mario Palmaro)