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Prix Ratzinger 2014

Les deux lauréats sont une française, Anne-Marie Pelletier (1) et un théologien polonais, Mgr Chrostowski (18/6/2014)

J'ai recherché l'information sur l'Osservatore Romano en italien, qui met l'accent sur le CV des deux lauréats, et korazym.org, qui a la bonne idée de s'attarder un peu plus sur celui qui donne son nom au prix.

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Quelques articles reliés sur ce site

     

LA RÉCOMPENSE À DEUX SPÉCIALISTES DE LA BIBLE. POUR LA PREMIÈRE FOIS, LE PRIX RATZINGER À UNE FEMME
L'Osservatore Romano
18 juin 2014
Ma traduction
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Anne-Marie Pelletier, qui enseigne l'herméneutique et l'exégèse biblique, et Mgr Waldemar Chrostowski, également bibliste, en plus d'être engagé dans le dialogue entre juifs et catholiques, sont les deux chercheurs qui recevront le 22 Novembre le prix Ratzinger, pour sa quatrième édition.
La nouvelle a été annoncée lors de la présentation de deux manifestations organisées par la Fondation Joseph Ratzinger Benoît XVI - le prix 2014, justement, et une conférence intitulée «Le respect de la vie, chemin de la paix» (2), qui se tiendra à l'Université Pontificale bolivarienne de Medellín, en Colombie, les 23 et 24 Octobre.
La conférence de presse de présentation a été hébergée dans la matinée du 17 Juin par la Salle de Presse du Saint-Siège, en présence du cardinal Camillo Ruini, président du Comité scientifique de la Fondation, Mgr Giuseppe Scotti, président de la fondation, et Germán Cardona Gutiérrez, Ambassadeur de Colombie près le Saint-Siège

«Anne-Marie Pelletier est la première femme à recevoir le Prix Ratzinger - a dit le cardinal Ruini, illustrant le CV de la spécialiste - elle s'est également beaucoup occupée de la question des femmes dans le christianisme et dans l'Eglise».
Entre autres, le cardinal a rappelé deux livres: «Le Christianisme et Les Femmes. Vingt siècles d'histoire» (Paris, Cerf, 2001) et «Le signe de la femme» (Paris, Cerf, 2007), ainsi que de nombreux articles.
Madame Pelletier a également été vice-présidente du Service d'information et de documentation judéo-chrétiens de Paris et est l'auteur de plusieurs études et interventions sur le sujet. C'est donc, dit le cardinal, «une forte personnalité de fort relief dans le catholicisme français contemporain, qui unit à un prestige scientifique mérité et à un grand et polyvalent dynamisme culturel, un véritable dévouement à des causes très importantes pour le témoignage chrétien dans la société».
Mgr Chrostowski, quant à lui, est rédacteur en chef de la revue théologique polonaise «Collectanea théologica» et depuis 2004 il est président de l'Association des biblistes polonais. «Sa production, tant scienfique que de vulgarisation - a ajouté Ruini -, est des plus abondante. Il y a de très nombreux articles portant sa signature dans les dictionnaires et les encyclopédies ou bien dans des revues bibliques et théologiques. Son champ de travail préféré est l'Ancien Testament, spécialement les prophètes, mais aussi la littérature judaïque intertestamentaire et le judaïsme rabbinique et ses relations avec le christianisme». Chrostowski enseigne depuis 1987 à la Faculté de théologie de l'Académie de Varsovie, aujourd'hui Université Cardinal Stefan Wyszynski, et plusieurs autres universités, mais il est aussi un vulgarisateur infatigable de la connaissance de la Bible, à travers des cours de formation, des retraites, des pèlerinages.
«Durant ces trois années - a ajouté Mgr Scotti, illustrant les différentes activités de la Fondation - il y a eu une participation active et intéressées d'au moins 275 universités de tous les continents et la participation à des projets de réflexion et de recherche de plus de 1600 personnes, y compris les enseignants et les étudiants. La réunion d'Octobre à Medellin est en harmonie avec ce voyage».

     

LE PRIX RATZINGER 2014 POUR ANNE-MARIE PELLETIER ET MGR CHROSTOWSKI
http://www.korazym.org/15693/premio-ratzinger-2014-anne-marie-pelletier-mons-chrostowski/
17 juin 2014
Luca Caruso
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Le Prix Ratzinger, maintenant à sa quatrième édition, va pour la première fois à une femme. Anne-Marie Pelletier, chercheur française d'herméneutique et d'exégèse biblique, qui s'est également consacrée à la question des femmes dans le christianisme et l'Eglise et aux relations entre le judaïsme et le christianisme, a remporté le prestigieux prix en même temps que le prêtre polonais Waldemar Chrostowski, bibliste, engagé dans le dialogue judéo-catholique.
Leurs noms ont été annoncés ce matin par le cardinal Camillo Ruini , président du Comité scientifique de la Fondation Vaticane Joseph Ratzinger-Benoît XVI, lors d'une conférence de presse qui a eu lieu à la Salle de presse du Saint-Siège. Le prix sera remis par le pape François lors d'une cérémonie qui aura lieu le samedi 22 Novembre dans la Salle Clémentine du Palais apostolique.
«Le pape émérite - a confié le cardinal Ruini, qui l'a rencontré il y a environ deux mois - a toujours un vif intérêt pour les problèmes théologiques» et le prix qui porte son nom suit trois intérêts principaux: la théologie fondamentale, l'Écriture et patristique. «Il n'est pas toujours attribué à des chercheurs sur Joseph Ratzinger-Benoît XVI - a dit le cardinal Ruini - mais à des chercheurs dont la pensée est en harmonie avec celle du pape émérite».

[Ici se place un CV croisé, qui reprend à peu près les éléments cités par l'OR]

Ainsi s'allonge la liste des lauréats du prix Ratzinger, qui en 2011 est allé à Manlio Simonetti, professeur émérite d'histoire du christianisme, au prêtre et théologien espagnol Olegario González de Cardedal et à l'abbé cistercien Maximilian Heim; en 2012 au philosophe français Rémi Brague et au théologien jésuite américain Brian E. Daley; en 2013, au bibliste et théologien anglican Richard Burridge et à l'allemand Christian Schaller.

Lors de la conférence de presse d'aujourd'hui a également été présenté le Congrès de haute valeur scientifique qui se tiendra à l'Universidad Pontificia Bolivariana de Medellin, en Colombie, les 23-24 Octobre 2014, sur le thème «Respect de la vie, le chemin de la paix» (2).
Selon le président de la Fondation Ratzinger, Mgr Giuseppe Antonio Scotti, c'est un titre «absolument important et prophétique», compte tenu de la réalité que connaît la Colombie, en proie à plus de 50 ans de conflit interne. Les dernières élections présidentielles, avec la confirmation du président Juan Manuel Santos, cependant, laissent espérer un avenir plus pacifique.

Il s'agit du quatrième Congrès parrainée par la Fondation Ratzinger, après celui de Bygdoszcz (Pologne) en Octobre 2011, intitulée «Pèlerins de la vérité, pèlerins de la paix» , et qui était destiné à accompagner, dans le monde universitaire, le pèlerinage de Benoît XVI à Assise, lors du XXVe anniversaire de la prière pour la paix promue par le pape Jean-Paul II; celui de Rio de Janeiro (Brésil) en 2012, sur le thème «Ce qui fait que l'homme est homme», qui avait comme arrière-plan le voyage du pape au Brésil pour la Journée mondiale de la jeunesse (ndt: personne alors n'imaginait la renonciation!); tandis que l'année dernière, c'était au tour de l'Italie. En Octobre 2013, à Rome, l'Université du Latran a offert une contribution scientifique à la conclusion de la trilogie sur Jésus de Nazareth: «Les évangiles: Histoire et la christologie. La recherche de Joseph Ratzinger».

En tout, ces trois congrés ont vu participer 275 universités de tous les continents et plus de 1600 personnes entre professeurs et étudiants. «Comme dans les Congrès précédents - a noté Mgr Scotti - ici aussi seront impliqués activement les universités du pays et du continent, en plus de l'Eglise locale et des institutions civiles et politiques».

L'ambassadeur de Colombie près le Saint-Siège, Germán Cardona Gutiérrez, a rappelé dans son discours «la force des idées et la solidité des arguments» du pape émérite Benoît XVI, mettant l'accent sur «l'importance de promouvoir une culture de la paix et de la non-violence, surtout dans le contexte socio-politique actuel dans lequel il y a beaucoup de menaces à la vie humaine en particulier contre les faibles» et a adressé aux personnes présentes un symbolique «Bienvenue!» à Medellin, «la ville de l'éternel printemps».

Enfin une mise à jour des Opera Omnia de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, par le directeur de la Libreria Editrice Vaticana Don Giuseppe Costa : «Dans les 6-8 prochains mois, nous allons publier deux nouveaux titres: le deuxième volume des écrits christologiques et un dédié aux textes du Concile Vatican II. "

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Notes

(1) Lire la notice Wikipedia d'Anne-Marie Pelletier.

Je regrette que la présentation faite par le cardinal Ruini cède au politiquement correct, et en particulier se focalise sur le fait qu'elle est impliquée dans le dialogue judéo-catholique (ce qui n'a a priori rien à voir avec le Prix Ratzinger, et n'apparaît pas spécialement dans sa bibliographie) et qu'elle est une femme. S'agit-il de donner des gages au féminisme? Voire à des revendications, et à l'existence de quotas?
Dans cette bibliographie, je note en revanche qu'elle a publié en 2010, en italien, un livre (qui aurait pu être cité) intitulé Creati maschio e femmina, La differenza, luogo dell’amore, que l'éditeur présente ainsi:
Avec une approche résolument scripturaire, le livre aborde le thème de la chair comme marquée par la différence entre les sexes. Les multiples débats en cours sur le sujet, tout en ayant une connotation toujours très polémique et souvent anti-chrétienne, doivent néanmoins être considérés comme une incitation à prendre conscience de la richesse anthropologique de la tradition chrétienne. Cette situation nous donne l'occasion de favoriser la réception de l'intelligence anthropologique et spirituelle que nous a laissé le Pape Jean-Paul II.

En mars 2006, La Croix lui consacrait un artricle réservé aux abonnés, dont je ne fais pas partie, mais qu'une amie a eu l'amabilité de me transmettre (cf annexe).

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(2) Cela renvoie au message pour la Journée mondiale de la Paix du 1er janvier 2013, la "petite encyclique" dont un long paragraphe s'intitulait justemnt: LES ARTISANS DE PAIX SONT CEUX QUI AIMENT, DÉFENDENT ET PROMEUVENT LA VIE DANS SON INTÉGRALITÉ (cf. Heureux les artisans de paix ) .

Annexe

C'est une même passion pour les textes qui a conduit Anne-Marie Pelletier à travailler simultanément sur la littérature et sur la Bible. Étudiante en lettres modernes à Paris X-Nanterre (elle y fréquente l'aumônerie, alors animée par le P. Francis Deniau, aujourd'hui évêque de Nevers), elle vit là mai 68 puis, après l'agrégation, y enseigne la linguistique et la poétique, pendant une douzaine d'années, travaillant « dans la proximité des sciences humaines et du structuralisme ». Parallèlement, elle qui, dès l'âge de 17 ans, empruntait à son curé les livres de l'exégète Xavier Léon-Dufour, suit des cours d'exégèse à la Catho de Paris et au Centre Sèvres. Et elle choisit, comme sujet de sa thèse d'État en sciences des religions (soutenue en 1986 à Paris VIII-Vincennes), l'histoire de l'interprétation du Cantique des Cantiques. « À l'époque la Bible était exclue de l'université », souligne Anne-Marie Pelletier en rappelant que son jury associait les P. Jacques Briend et Jean Greisch (Catho de Paris) à Henri Meschonnic.

Devenue entre-temps mère de trois enfants, elle met sur pied de 1990 à 1996, à Paris-X-Nanterre et Marne-la-Vallée, un cursus de lecture culturelle de la Bible pour les étudiants de lettres, sous le titre « La Bible grand code de l'art » : ce, tout en travaillant aux côtés du P. Thomas Kowalski (à l'École Cathédrale de Paris) et en suivant les cours du jésuite Paul Beauchamp - « avec lui, j'ai appris à être lectrice ». Vice-présidente du Sidic-Paris (Service d'information et de documentation Juifs-Chrétiens) jusqu'en 2005 et membre de l'association des biblistes de France (ACFEB), elle enseigne actuellement l'exégèse biblique au Studium de l'École Cathédrale et à l'Institut européen en sciences des religions, au sein de l'École pratique des hautes études (EPHE). Anne-Marie Pelletier assure également des formations en exégèse et en anthropologie bibliques au sein du monde monastique en France, Belgique et Italie.

Enfin, après avoir travaillé avec Paul Ricoeur et publié D'âge en âge les Écritures, La Bible et l'herméneutique contemporaine (Lessius, 2004), elle vient de publier Le Signe de la femme (Cerf, 2 005) dans lequel elle revient sur l'une des grandes intuitions de Jean-Paul II à propos des femmes : « L'humanité a à apprendre d'elles sa propre humanité. »

C. L.