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L'anniversaire du 28 février. Conclusion

La presse a fait le quasi blackout en France, mais aussi chez nos voisins. Un formidable article d'une blogueuse italienne (28/2/2014)

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Merci (Gloria)

Dossier (cliquez sur l'image)

Nous arrivons au terme de ces 18 jours de commémoration, entre le 11 et le 28 février, et il est temps de conclure cette rubrique.
Avant le 11 février, je me demandais comment apporter ma petite pierre au souvenir de cet anniversaire (j'espère ne pas avoir trop déçu les attentes).
Et j'avais écrit (cf. L'anniversaire du 11 février):

Les médias raffolent des anniversaires, mais cette fois, il est probable que l'on aura droit au service minimum. Peut-être, au mieux, me dit Monique, des louanges pour avoir laissé sa place à un autre et permis ainsi de tourner une page "sombre" de l'histoire de l'Eglise!

Malheureusement, nous ne nous étions pas beaucoup trompées, elle et moi.
Monique constatait ce matin:

Aucune trace de l'anniversaire du départ de Benoît XVI sur le site de LA CROIX. Idem pour tous les autres sites que j'ai consultés.
On a parlé pas mal de la Renonciation, car elle ouvrait la porte à l'élection d'un "Pape de l'espérance".
Mais le "deuil" de Benoît XVI passe inaperçu.

Ceci pour la presse française. Mais c'était peut-être pire en Italie (car les italiens, eux, devraient savoir), comme le raconte cette blogueuse italienne, Ester M. Ledda.

Son blog, La Strega cacciatrice est associé à celui d'Antonio Mastino, Papale papale.
Littéralement il se traduirait par "la sorcière chasseresse", inversion plaisante de la "chasse aux sorcières" comme l'explique le sous-titre: Pour une fois, c'est la sorcière qui fait la chasse... aux hérétiques.

Ce billet date du 12 février 2014, et je viens de le trouver.
A l'exception d'un court passage, que je signale, je pourrais l'avoir écrit moi-même (sans doute moins bien).

L'article commence par la citation d'un mail tout juste reçu par "la sorcière", dans lequel une jeune catéchiste (italienne) rapporte ces propos tenus en public par le curé de sa paroisse: "J'espère que Benoît XVI mourra avant le Synode extraordinaire, parce que François ne pourra pas faire de réformes à cause de la présence encombrante de son prédécesseur".
Propos inouïs, surtout dans la bouche d'un prêtre !!! et qui ne m'inspirent qu'une réflexion, tout compte fait rassurante: "les souhaits d'imbéciles ne se réalisent jamais".

     

La fumée de Satan? Au Vatican, ils l'ont fumée

http://www.papalepapale.com/strega/?p=2179
12 février 2014
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Avant de répondre à ce message, je voulais attendre que passe la journée d'hier, le 11 Février 2014 pour voir comment les différents médias du Vatican allaient s'occuper de l'anniversaire du jour où Benoît XVI a annoncé sa démission du ministère pétrinien. Eh bien, j'ai été consternée et dégoûtée: ils ont célébré un acte aussi grave et douloureux qu'une renonciation d'un souverain pontife.

Il est vrai que le Code de droit canonique prévoit que le pape peut renoncer à son ministère, mais pour des raisons très sérieuses et graves. Personnellement, je pense que la vieillesse et la faiblesse physique - les motifs par lesquels Benoît XVI a justifié le «grand refus» - ne sont pas des raisons sérieuses et graves. Entendons-nous, la renonciation est toujours valide, quand il n'y a pas de contraintes, mais cela ne rend pas les motifs plus valables pour autant. Quand un pape comprend que, en raison de l'âge avancé, il n'a plus ses forces précédentes, il doit se tourner vers Dieu, afin qu'il le secoure et le soutienne (ndt: je ne partage pas ce jugement). Comme l'ont fait beaucoup de prédécesseurs de Benoît XVI, de Pie XII à Jean-Paul II, par exemple.
Le «grand refus» de Benoît XVI, cependant, ne rend pas moins splendide son magistère, ni moins important son pontificat.
En ce qui concerne le choix de la renonciation, il verra avec Dieu, comme l'a fait le pape Célestin V, que maintenant l'Eglise vénère comme saint.

Pour moi - et certainement pour beaucoup d'autres «brebis» - le Magistère du Pape Benoît restera un phare précieux que le Seigneur a mis pour mieux nous guider dans les mers tempêtueuses du monde moderne, sécularisé et nihiliste.
L'acte en lui-même, toutefois, demeure très grave, c'est une blessure douloureuse; ce n'est pas quelque chose à célébrer, encore moins à exalter.

Radio Vatican, par exemple, diffuse un entretien avec Ferruccio De Bortoli, le laïciste directeur du journal tout aussi laïciste «Il Corriere della Sera», lequel qualifie la démission de Benoît XVI d'« acte prophétique», en ce qu'il fut le préalable pour tout changer, pour faire arriver «un pape différent». Le journaliste, Alexandre Gisotti, semble approuver, puiqu'il lui demande «si l'on ne peut peut pas dire, d'une certaine façon, que le pontificat vraiment extraordinaire du pape François n'a pas commencé le 13 Mars, mais le 11 Février de l'année dernière».

Ainsi, le pape François est en réalité encensé pour dénigrer Benoît XVI et la «vieille Eglise».
Pourquoi «exalter» la gravité d'une renonciation douloureuse et pénible, en l'associant au fait que sans ce geste, nous n'aurions pas eu ce pape?
C'est épouvantable et sans précédent, de parcourir les médias, instrumentalisant un geste qui restera un mystère en face de l'histoire, pour exalter le pontife régnant. Notre foi n'admet pas le culte de la personnalité, même pas du successeur de Pierre (ndt: sous Benoît XVI, il n'y avait pas de culte de la personnalité!!). Les catholiques aiment le Pape quel que soit le nom qu'il porte et c'est tout (!!). L'élection d'un pape ne peut pas aller au détriment de son prédécesseur, entre autre vivant. Ce comportement est inacceptable.

Après De Bortoli, c'était le tour de l'évêque Bruno Forte , (a)-théologien notoire, selon lequel la renonciation, dans un certain sens, est une confirmation de Vatican II, contredisant «ceux qui voulaient penser que, d'une certaine manière, le pontificat de Benoît était un éloignement de Vatican II». En outre, «Vatican a constamment inspiré le pontificat du Pape Benoît» selon l'évêque (a)-théologien. Il serait bon de faire comprendre à Mgr Forte que le pape Benoît XVI a été caractérisé par la fidélité à l'enseignement bimillénaire de l'Eglise, qui repose sur quatre piliers: la Tradition, la Sainte Écriture, le Magistère et le Catéchisme. Vatican II, comme tous les Conciles, fait partie du troisième «pilier». C'est ce que Joseph Ratzinger a essayé de faire comprendre avant même le pontificat: le Concile Vatican II est contraignant, mais pas plus que le reste. Certains évêques sont des «je-sais-tout», ils savent tout, sauf la doctrine catholique.

L'Osservatore Romano a fait un panorama de la façon dont les journaux ont rappelé l'annonce du «grand refus», à commencer par «L'Unità» et «Il Fatto Quotidiano», les journaux italiens les plus à gauche (sinistri: jeu de mots, car on pourrait traduire par "sinistres") qui ont plus d'une fois couvert de boue Benoît XVI et l'Église catholique.
Tous les journaux sont d'accord, cependant, y compris «L'Osservatore Romano», pour dire que la renonciation de Benoît XVI a ouvert une porte vers l'avenir, vers la modernité. C'est aussi ce que pense le cardinal brésilien Claudio Hummes , selon lequel, grâce à la renonciation de Benoît XVI, a été rendue possible l'élection du pape François, faisant en sorte que «de nouvelles portes s'ouvrent, et d'anciennes se ferment». A présent, les gens sont heureux, toujours selon Hummes, et «la confiance dans l'Église est revenue».
Ceci est inexact. Aujourd'hui plus que jamais, des gens crient: «Non à l'Église!».
La seule différence, c'est que, alors qu'auparavant, ils criaient «Non à l'Eglise! Non au Pape!» maintenant ils crient «Oui à François! Non à l'Eglise!» Attention, les gens n'estiment pas François en premier comme pape, mais comme «un des nôtres», celui qui comprend et qui va changer l'Église selon les goûts et les caprices mondains.


Tous ceux qui définissent le «grand refus» de Benoît XVI comme un «geste prophétique», à l'intérieur et hors de l'Eglise, en réalité, dans un langage «élégant», disent: «La seule bonne chose faite par Ratzinger a été de s'en aller, laissant la place à quelqu'un qui enfin rendra l'Église moderne».

Et comment doit-elle être «l'Église moderne»? Elle devra dire 'oui' à toutes les prétentions peccamineuses: de l'avortement au péché impur contre nature. Dans la pratique, elle devra devenir la putain du monde.

Vont-ils réussir? En aucun cas. Parce que l'Église n'appartient ni au pape Benoît XVI, ni au pape François - lequel a son propre charisme, bien sûr, mais guide la même Eglise une, sainte, catholique et apostolique, déjà guidée par ses 264 prédécesseurs - mais à Jésus-Christ.

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Tout ceci est effectivement consternant, et même scandaleux.
Quel manque de délicatesse, quelle muflerie!
Et que doit penser Benoît XVI, qui a probablement lu ces articles, dans l'Osservatore Romano, le soi-disant "journal du pape"? Et peut-être écouté les inepties diffusées par Radio Vatican.