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Benoît XVI à Heiligenkreuz

Rappel de sa visite au monastère cistercien, lors de son pélerinage en Autriche en septembre 2007. Récit et vidéo (10/10/2014)

     

Denis Crouan, qui anime le site Proliturgia, nous apprend que l’université et le séminaire d’Heiligenkreuz (Autriche) connaissent un énorme afflux d’étudiants: en particulier, le nombre des étudiants en théologie à la faculté Benoit XVI d’Heiligenkreuz - la seule faculté de théologie de l’ordre des cisterciens dans le monde - érigée par lui en université de droit pontifical, est passé ces 15 dernières années de 62 à 242.

On se souvient que lors de son pélerinage en Autriche, du 7 au 9 septembre 2007, Benoît XVI s'était rendu à l'abbaye d'Heiligenkreuz.

Dans le livre "Des célébrités parlent du Pape", cadeau d'anniversaire de Georg Gänswein pour les 85 ans du Saint-Père , parmi les témoignages, figurait celui de Karl Josef Wallner, professeur de théologie dogmatique au monastère de Heiligen Kreuz
Voici le passage qui raconte la visite de 2007, dans ma traduction:

Depuis le 28 Janvier 2007, l'Institut universitaire de Heiligenkreuz est dédié à Benoît XVI.
C'est en effet le jour où le Saint-Père a élevé l'Institut supérieur de notre ordre, fondé en 1802, en Institut Supérieur de droit pontifical. A cette occasion, l'abbé Gregor Henckel Donnersmarck, lui a attribué le nom du Pape. De cette façon, l'«Institut supérieur de philosophie et de théologie de Heiligenkreuz Benoît XVI» est le premier du genre à porter ce nom, mais nous sommes certains que d'autres Instituts, Ecoles, et peut-être même Universités vont suivre l'exemple; et pas seulement comme un hommage et un signe de profond respect pour l'actuel Successeur de Pierre, mais aussi parce qu'il est clair qu'avec Joseph Ratzinger, le 19 Avril 2005, l'un des grands théologiens de ce siècle a été élu Pape.

Quelques mois plus tard, le 9 Septembre 2007, le Pape Benoît XVI a effectué une visite personnelle au monastère de Heiligenkreuz. C'était à l'occasion de sa visite pastorale en Autriche, et en particulier le pèlerinage au sanctuaire de Maria Zell, la Magna Mater Austriae. La visite d'un Pape à notre monastère a été un événement unique dans notre histoire, d'autant plus qu'il existe, sans interruption, depuis 1133. La visite du Pape était aussi explicitement une visite à l'Institut universitaire.

Pour moi, cela eut un résultat surprenant du point de vue du protocole: en tant que Recteur de l'Institut supérieur, j'ai eu l'honneur d'être aux côtés du Saint-Père durant toute la visite, avec l'Abbé Gregor Henckel Donnersmarck.
Dans mon monastère et parmi les professeurs de l'Institut, il y a des connaisseurs de la théologie de Joseph Ratzinger bien plus profonds que moi. Il suffit de penser au Dr. Maximilian Heim, notre professeur de théologie fondamentale que le Seigneur, le 10 Février 2011, a fait Abbé élu, et donc, en tant que Chancelier, directeur de l'Institut. L'Abbé Heim est «le spécialiste» de Ratzinger; il a effectué sa thèse de doctorat sur les lignes directrices de la théologie de Joseph Ratzinger, une étude menée avec tellement de précision qu'elle a impressionné Joseph Ratzinger lui-même. Ce n'est pas souvent que des théologiens s'identifient avec ce que d'autres ont écrit à leur sujet ... Et pourtant, quelques semaines avant son élection comme Pape, il a écrit une introduction à l'ouvrage qui était aussi humble que pleine de sympathie chaleureuse pour l'auteur. Et puis, en Juin 2011, au cours d'une cérémonie solennelle, le Pape Benoît XVI a conféré le «Prix Ratzinger» à trois théologiens: l'un d'eux était notre Abbé Maximilien, en vertu de son excellent travail scientifique. A cela s'ajoute le fait que l'Abbé Maximilian, et notre confrère, le Père Dr. Justinus Pech font partie du « Neuer Ratzinger Schülerkreis», le groupe des anciens élèves de Ratzinger étendu à ceux qui ont fait leur thèse de doctorat sur Joseph Ratzinger.
(...)

Je me souviens donc avec émotion du moment, le 9 septembre 2007, où le Saint-Père est venu rendre visite à Heiligenkreuz. Il était assis sur le trône de l'abbé placé sous l'icône romane, du Christ ressuscité; et il fut visiblement très heureux quand notre chorale entonna en grégorien le Nos autem gloriari opotet («Nous nous glorifions dans la Croix de notre Seigneur Jésus-Christ»). J'étais assis à quelques mètres du pape et j'ai pu voir avec quel profond recueillement il écoutait les chants séculaires de mes confrères. J'ai pensé: «Voilà un homme qui entre humblement dans le grand espace de Dieu que nous ouvre la liturgie. Le Pape nous montre ce qui est important dans la liturgie: se laisser inonder par la présence de Dieu». Benoît XVI a du reste expressément formulé ce concept dans un discours: la liturgie réduite à une mise en scène par l'homme lui-même est déjà vide, délabré, sans valeur.
(...)

Et puis, ce 9 Septembre 2007, lors de la visite du pape Benoît XVI, me fut aussi donnée une «grâce» spéciale. En fait, j'ai pu me tenir juste à côté du Pape quand il a béni l'école depuis la loggia. Comme je l'ai dit, la visite du Saint-Père était à la fois au monastère, et à l'Institut supérieur, raison pour laquelle je devais saluer le pape avec l'abbé Gregor, devant le portail de l'église abbatiale. Cependant, c'était tout ce qui était prévu. En fait, j'aurais dû ensuite disparaître quelque part au fond de la suite papale, mais à l'entrée du Pape, un de ses gardes du corps me poussa de sorte que je me retrouvai juste derrière le Saint-Père. Après la célébration dans l'église abbatiale - au cours de laquelle le Pape Benoît XVI nous donna une homélie merveilleuse sur la vie monastique, la formation des prêtres et l'étude de la théologie - le Saint-Père voulut monter jusqu'à un balcon du musée abbatial pour bénir la foule rassemblée dans la cour. L'enthousiasme était énorme. Treize mille personnes exultaient, densément pressées, face au Saint-Père. Près du Pape, il y avait l'Abbé Grégor, de l'autre côté, il aurait dû y avoir le cardinal Schönborn, mais il s'était discrètement mis derrière, de sorte que je me retrouvai soudainement à côté du Pape
Ce fut une impression incroyable: un petit moine comme moi se tenait à côté du Pape devant la baie vitrée et regardait en bas vers les fidèles qui applaudissaient. Une scène impressionnante: le Pape, légèrement surélevé se penchait vers la foule et bénissait comme pendant la bénédiction Urbi et Orbi, à Rome. Ces images sont gravées dans mon cœur. Le Pape était cordial; il dit un mot gentil de bienvenue, puis remercia pour la patience; suivirent des expressions très cordiales de joie, de la condition de chrétien que nous partagions; et enfin la bénédiction papale.

Ces moments sont à revivre sur cette video, rappelée aujourd'hui par Denis Crouan, pour notre plus grand plaisir... et comme il le dit, à regarder sans modération:

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