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Une nouvelle interview du Cardinal Burke

... à "The Wanderer" en la fête de Notre Dame de Guadalupe. Il s'exprime sur de nombreux sujets: le Synode, la nouvelle évangélistion, le péché, la signification chrétienne de la souffrance, la reconnaissance de nullité d'un mariage...

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(...) je dois dire que dans le moment présent le printemps [de la foi] semble être menacé par un nuage d'obscurité avec toute cette confusion sur le mariage et d'autres questions morales fondamentales. Les fidèles doivent continuer à prier avec ferveur pour que l'Eglise surmonte le défi de ce moment particulier.
Il arrive toujours, quand l'Esprit Saint produit quelque grand Bien, que le diable s'en mêle et essaie de le détruire avec la confusion et l'erreur. Donc, nous devons résister et combattre la confusion et l'erreur afin de laisser le printemps continuer.

Le Cardinal Raymond Leo Burke a récemment visité le Sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe à La Crosse, dans le Wisconsin. Avant cela, il avait servi comme archevêque de l'archidiocèse de St Louis, Missouri, et comme évêque du diocèse de La Crosse, où il a fondé le Sanctuaire.
Son Eminence a accordé une interview à The Wanderer en la fête de Notre Dame de Guadalupe au cours de laquelle il a partagé ses idées sur une variété de sujets, y compris le Synode extraordinaire récemment conclu sur la famille et sur la Nouvelle Évangélisation.

Q. Plusieurs semaines se sont écoulées depuis le Synode des évêques sur la famille. Quel est à votre avis l'impact durable de la préoccupante relatio de mi-parcours. Pensez-vous que les changements apportés par la suite à la relatio finale étaient suffisante? Que va-t-il se passer en préparation du Synode Général de l'automne prochain et qui va y participer?

R. La très préoccupante relatio de mi-parcours, dont j'ai dit ouvertement qu'elle n'était pas une relatio ni un rapport, mais un manifeste, a servi à sensibiliser les Pères Synodaux à un programme qui était à l'oeuvre, et qui porte sur la vérité au sujet du mariage. Entre la relatio intermédiaire et la relatio finale, les petits groupes ont travaillé très diligemment essayant de réparer les dommages causés par la relatio de intermédiaire - et beaucoup de progrès a été accompli. Par exemple, cette relatio de mi-période n'avait presque pas de fondement dans la Sainte Ecriture ou dans le très riche enseignement du Magistère de l'Eglise sur le mariage - pour ne parler que Familiaris Consortio de Saint Jean-Paul II [son exhortation apostolique de 1981 "Sur le Rôle de la Famille Chrétienne dans le Monde Moderne"].
Les changements apportés à la relatio finale ont été une grande amélioration, mais je ne pense pas qu'ils aient été suffisants. Ce qui m'inquiète est que les trois paragraphes contestables non pas reçu l'approbation des deux-tiers des Pères synodaux et pourtant ont été inclus dans le texte final imprimé. Il faut aller en bas du document pour voir la mention qu'elles n'ont pas été approuvées. Cela ne s'était jamais produit dans un Synode des Evêques. Si une proposition ne recevait pas l'approbation des deux tiers des membres votants, simplement elle ne devenait pas partie du document synodal final.
Un Lineamenta [document préparatoire] en vue du prochain Synode Général de 2015 a été élaboré et publié afin d'obtenir un retour d'information des diocèses du monde entier. Sur la base des réponses de retour, le Bureau du Vatican pour le Synode des Evêques produira un document de travail - un Instrumentum laboris - à l'usage de l'assemblée ordinaire du Synode des Evêques quand ils se réuniront en Octobre 2015.
En ce qui concerne les participants, nous savons qu'ils inclueront les chefs des dicastères romains et les représentants élus des Conférences Episcopales. Les participants que nous ne connaissons pas sont ceux à qui le Saint Père demandera de participer par invitation spéciale.

Q. L'expression "développement de la doctrine", tel que formulée par le Cardinal Newman dans son fameux essai de 1845, a été cité par quelques évêques au Synode Extraordinaire. Voulez-vous expliquer ce qu'elle signifie et quand elle s'applique. Son utilisation est-elle justifiée pour des changements proposés aux enseignements dogmatiques sur le mariage, la famille, la réception de la Sainte Communion, et d'autres sujets qui ont été inclus dans la relatio finale du Synode?

R. Le "développement de la doctrine" signifie que les vérités de la Foi, qui restent inchangées et inchangeables, font l'objet d'une plus profonde compréhension dans l'Eglise. En d'autres mots, l'Eglise peut approfondir sa connaissance de ces vérités comme par exemple l'indissolubilité du mariage et la Vraie Présence de Notre Seigneur dans la Sainte Eucharistie. Techniquement parlant, la doctrine ne se développe pas, elle reste la même. Ce qui est réalisé est plutôt une plus riche connaissance de la doctrine objet de l'examen.
Par exemple, aucun changement ne peut se produire au sujet de la réception de la Sainte Communion de la part de ceux qui sont dans des unions matrimoniales irrégulières. La doctrine est claire, c'est la parole du Christ lui même qui a dit: "Celui qui divorce d'une femme et en épouse une autre commet un adultère."
La signification est très claire, parce que même Ses disciples Lui ont dit: "Si ceci est le cas d'un homme avec sa femme, mieux vaut ne pas se marier". Mais Notre Seigneur les rassure que si une personne est appelée au mariage, Dieu lui donnera la grâce de vivre le sacrement. Il ne peut donc pas y avoir de changement au sujet de la vérité de l'indissolubilité du mariage. Il y a donc une inaptitude, pour ceux qui tentent un deuxième mariage étant encore liés dans une union matrimoniale, de recevoir la Sainte Communion. Ils vivent dans une condition objective de péché grave.
C'est la même chose avec la suggestion que l'Eglise puisse découvrir des éléments de bonté dans les relations sexuelles hors mariage. C'est impossible, ce sont des situation de péché grave, où il ne peut y avoir rien de bon. La même chose est vraie pour les actes homosexuels.

Q. Revenant à un point déjà mentionné, vous avez remarqué que même si les trois paragraphes contestés ont échoué à recuillir la majorité requise des deux tiers, ils ont été inclus dans la relatio finale. Vous avez par conséquent demandé que ces "sujets chauds" soient retirés de l'examen. Pensez-vous qu'il y ait une légitime possibilité qu'ils soient supprimés avant le Synode Général?
En attendant, comment les fidèles catholiques peuvent-ils réagir aux questions liées au sentiment largement partagés que l'Eglise est sur le point de changer son enseignement? Quelles initiatives concrètes peuvent être prises par les laïcs?

R. J'ai confiance en une possibilité que ces sujets soient retirés avant le Synode Général, c'est précisément pourquoi j'ai insisté là-dessus. Mais ce ne sera pas facile parce que ceux qui insistent dans leurs considérations sont en position de grande influence par rapport au Synode des Evêques.
L'Eglise ne peut pas changer son enseignement sur l'indissolubilité du mariage et les relations sexuelles gravement peccamineuses hors de l'union matrimoniale ainsi que sur la condition de péché grave des actes homosexuels. Les laïcs ont besoin de se nourrir de l'enseignement du Magistère de l'Eglise sur le mariage, de l'enseignement contenu dan le Cathéchisme de l'Eglise Catholique. Ils doivent aussi en donner témoignage dans leurs relations quotidiennes, non seulement avec les catholique mais avec ceux qui ne sont pas dans la Foi Catholique, afin qu'il soit clair que l'Eglise ne change pas son enseignement, que vraiment elle ne le peut pas.


Q. La phrase "Qui suis-je pour juger?" continue d'être utilisée à tort et à travers par les médias et est une source de confusion parmi beaucoup de laïcs fidèles. A votre avis, quelles mesures le Magistère de l'Eglise devrait-il prendre afin de corriger les mauvaises interprétations de cette affirmation? Quand est-il acceptable d'exprimer des jugements et quand cela ne l'est-il pas?

R. "Qui suis-je pour juger?" est une phrase que je dois comprendre en accord avec l'enseignement et la pratique catholiques solides, c'est à dire "Qui suis-je pour juger l'individu?". Nous devons toujours nous retenir du jugement d'un individu car pour être dans un péché grave, il doit avoir connaissance et plein consentement de la volonté. L'Eglise a toujours enseigné qu'il faut aimer le pécheur mais haïr le péché.
D'un autre côté, une personne est tenue de juger des actes mauvais comme mauvais. Nous ne pouvons pas prétendre - la tolérance ne peut pas aller à l'encontre de la vérité. Nous sommes tenus de juger si nous voyons un acte qui est objectivement désordonnées - faire ce jugement. Par exemple, si les gens sont impliqués dans des activités extra-conjugales, il faut être charitable envers eux, aimer le pécheur, mais en même temps être très clair que les actes qu'ils commettent sont gravement immoraux.

LES BIENFAITS DE LA SOUFFRANCE
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Q. Une autre question relative à la «culture de mort» qui prend de l'ampleur, c'est l'euthanasie. Récemment, une femme de 29 ans avec un cancer du cerveau incurable a choisi de «mourir dans la dignité», de «mourir doucement» à un moment et en un lieu de son choix avec les membres de la famille présents et sa musique préférée en fond sonore. Le Vatican, y compris le Saint-Père et l'Académie Pontificale pour la Vie, se sont prononcés contre la pratique du suicide assisté. Des membres de la famille et des défenseurs du suicide assisté ont répondu en insistant sur le fait que cela concerne les droits de l'homme, que les croyances religieuses de l'Église ne doivent pas être imposées aux autres, et même que les représentants du Vatican manquent de sensibilité et de compassion. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ces réactions, en réalité, sont malencontreuses, et une forme de fausse compassion?

R. Il ne peut y avoir de droit de l'homme qui aille à l'encontre de la dignité inviolable de la vie humaine depuis le moment de la conception jusqu'à la mort naturelle. On ne peut jamais revendiquer comme un droit humain le droit de mettre fin à sa propre vie. C'est le suicide et c'est contraire à la loi morale naturelle.
L'Eglise, dans ce cas, n'impose pas ses croyances confessionnelles à qui que ce soit. Elle respecte tout simplement la loi morale qui est inscrite dans chaque cœur humain, à savoir que la vie humaine est un don de Dieu qui le donne gratuitement et qui nous rappelle également auprès de Lui en Son temps.
Une grande tristesse, ici, est que nous avons perdu tout sens de la bonté de la souffrance, de partager la souffrance du Christ pour le bien des autres et pour le bien de l'Eglise. Nous donnons aux malades et à ceux qui souffrent l'idée que leur souffrance est inutile, alors qu'en fait, c'est une invitation à aimer de façon encore plus pure et désintéressée Dieu et son prochain.
Les partisans de l'euthanasie ont une compréhension de la vie humaine complètement centrée sur l'homme, rationaliste. Ils voient la vie humaine comme une opération mécanique qui peut être interrompue dans une situation de souffrance quand on le choisit et selon des circonstances orchestrées. L'approche de la compassion est d'aider quelqu'un à accepter sa souffrance et à attendre, dans l'espoir et la confiance, l'appel de Dieu à venir auprès de Lui.

Q. La crise de la catéchèse qui a commencé il y a deux ou trois générations semble encore avoir la mainmise sur notre société. Beaucoup de ceux qui professent être catholiques ne reconnaissent pas (ou au moins n'acceptent pas) les principes fondamentaux de la foi, en particulier à l'égard de la morale et de la loi naturelle. Par exemple, les sondages indiquent que les catholiques pratiquent la contraception, le divorce et le remariage au même rythme que le reste de la société. Avez-vous observé des signes encourageants concernant un renouveau de la catéchèse en réponse à l'appel pour une Nouvelle Évangélisation?

R. Je vois des signes encourageants. Je pense, par exemple, au «Marian Catechist Apostolate». Je suis aussi informé, de temps à autre, de solides programmes diocèsains de catéchèse.
Toutefois, jusqu'à ce que nous revenions à une présentation complète de la foi dès les premières années - à commencer dès que les enfants sont capables de comprendre - suivie par une formation toujours plus profonde au fil des ans, nous nous retrouverons dans des situations où les gens ne croiront même plus en la loi morale naturelle, sans parler des autres enseignements de la foi.
Même s'il y a des signes d'espoir, nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers - une réforme plus intense de la catéchèse est nécessaire. Par exemple, dans le Synode sur la famille, il était évident pour moi que l'un des problèmes majeurs est que les gens ne comprennent pas le mariage parce qu'ils n'ont pas été correctement catéchisés. Malheureusement, cela s'applique parfois même au clergé.


LA FORME EXTRAORDINAIRE
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Q. Pouvez-vous commenter le lien entre la liturgie et la Nouvelle Evangélisation? La Sainte Liturgie (Liturgie Sacrée) est-elle une question périphérique à la prédication de l'Evangile? Ou bien la Sainte Liturgie joue-t-elle un rôle essentiel dans l'impératif évangélique d'annoncer Jésus-Christ? Si les deux activités de l'Eglise sont en fait fondamentalement connectées, comment cette connexion peut-elle être montrée plus clairement et vécue de façon plus convaincante dans le cadre paroissial ordinaire? Une célébration plus large de la forme extraordinaire de la messe a-t-elle un rôle à jouer dans les efforts de la Nouvelle Évangélisation?

R. La Sainte Liturgie est absolument le premier acte de la Nouvelle Évangélisation. Si nous n'adorons pas Dieu en esprit et en vérité, si nous ne célébrons la liturgie avec la plus grande foi possible en Dieu et avec la foi en l'action divine qui se déroule dans la Messe, nous n'aurons pas l'inspiration et la grâce de réaliser la Nouvelle Evangélisation.
La Sainte Liturgie nous montre la forme de la Nouvelle Évangélisation parce que c'est une rencontre directe avec le mystère de la foi: l'Incarnation rédemptrice du Christ pour le Bien de vaincre le péché dans nos vies et de gagner pour nous la grâce de la vie divine, un partage dans la vie de la Sainte Trinité par l'effusion de l'Esprit Saint dans nos cœurs.
Les trois premiers commandements ont tous à voir avec le culte de Dieu. C'est la Sainte Liturgie qui établit une relation juste avec Dieu et les autres avec qui nous sommes appelés à vivre dans notre vie quotidienne.
La façon dont cette connexion peut être vécue de manière plus convaincante dans la vie paroissiale est de célébrer la Sainte Liturgie de telle manière que tous les fidèles comprennent que le prêtre agit dans la personne du Christ. Ils doivent comprendre que c'est le Christ lui-même qui descend sur nos autels pour rendre son sacrifice vraiment présent; qu'ils doivent unir leurs cœurs à Son glorieux Cœur transpercé pour les purifier du péché et donc les renforcer dans l'amour de Dieu et l'amour du prochain.
Si la Sainte Liturgie est célébrée d'une manière anthropocentrique, d'une manière horizontale dans laquelle il n'est pas plus évident que c'est une action divine, elle devient tout simplement une activité sociale qui peut être relativisée avec tout le reste - il n'a pas eu d'impact durable sur la vie.
Je pense que la célébration de la forme extraordinaire peut avoir un rôle très important à jouer dans la Nouvelle Évangélisation en raison de son accent sur la transcendance de la Sainte Liturgie. En d'autres termes, elle met l'accent sur la réalité de l'union du Ciel et de la terre à travers la Sainte Liturgie. L'action du Christ à travers les signes du sacrement, à travers Ses prêtres, est très évidente dans la forme extraordinaire. Elle nous aide, alors, à être plus respectueux également dans la célébration de la forme ordinaire.

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Q. La ville de Houston a récemment cité à comparaître des pasteurs locaux pour des sermons qui s'opposaient à l'ordonnance de Houston pour l'égalité des droits, que son maire a signée en tant que loi quelques mois avant les élections de novembre.
Malheureusement, cette violation flagrante de la liberté religieuse n'est pas un cas isolé. Beaucoup d'autres mesures législatives et de décrets qui menacent la pratique de notre foi catholique deviennent de plus en plus souvent des lois. À votre avis, quelle est la bonne réponse catholique à ces tendances et que peuvent faire les fidèles laïcs pour les contrer?

R. Nous devons insister auprès de notre gouvernement sur le fait que le libre exercice de notre religion ne peut pas être exclusivement confiné aux quatre murs de notre lieu de culte. Il doit inclure tout ce que nous demandent nos consciences comme enfants de Dieu, comme ceux qui L'adorent en esprit et en vérité.
Nous devons vigoureusement résister à ces tentatives de nous réduire au silence quand nous témoignons de notre foi catholique,
même si cela signifie aller en prison. Nous devons faire comprendre à la société toute entière la grave violation de la liberté religieuse qui est impliquée dans une telle activité.


LA PERTE DU SENS DU PÉCHÉ

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Q. L'existence de l'enfer et la possibilité de la damnation éternelle semblent ne pas être prises en compte par beaucoup, y compris par certains membres du clergé. Beaucoup de ceux qui se considèrent comme catholiques pensent que c'est OK d'assister à la messe seulement à Noël et à Pâques, d'avoir recours à la contraception, de cohabiter, etc., tout en restant toujours sur le chemin du ciel. Après tout, l'argument est valable, un Dieu tout-amour, toute-miséricorde, ne condamnera personne, sauf les tyrans les plus odieux (par exemple, des meurtriers de masse comme Hitler). Beaucoup semblent avoir oublié que notre Dieu toute-miséricorde est aussi toute-justice. Selon vous, qu'est-ce qui a conduit à cette mentalité, et que doit-on faire pour la contrer?

R. Je crois que la plus grande partie de la cause de ce malheureux état d'esprit est la perte du sens du péché. Beaucoup de gens n'ont pas appris les Dix Commandements comme loi de vie que Dieu nous a donnée depuis le début - que les Dix Commandements sont l'explicitation de la loi morale naturelle que Dieu a inscrite dans le cœur de chacun. Par conséquent, les gens n'ont pas le sentiment de leur besoin d'être racheté, qu'ils dépendent de l'aide de la grâce de Dieu pour vivre une bonne vie.
Dans le même temps, beaucoup ont perdu tout sens de la vertu d'humilité. En d'autres termes, ils ont perdu le sens de ce qu'ils sont des créatures et des fils et filles de Dieu qui dépendent complètement de Lui pour leur vie même, et pour leur existence continue. Ils ont perdu de vue le fait qu'Il les a créés et appelé à l'existence selon un ordre qui mène au bonheur non seulement dans cette vie, mais la promesse d'un bonheur éternel dans la vie à venir. Quand les gens violent cet ordre en commettant le péché - pas seulement les péchés odieux, mais toute forme de péché, même les péchés véniels - ils expriment d'une certaine façon une forme de mépris pour l'amour de Dieu, Sa vie dans leur vie, et l'ordre qu'Il a placé dans leur vie.
Dieu appelle chacun de nous à la conversion, à se repentir pour les transgressions commises contre Lui. Chacun de nous doit avoir un sentiment fort que nous ne sommes pas dignes de l'amour de Dieu. Nous ne sommes tout simplement pas dignes - nous sommes des pécheurs - et tous ceux qui pensent correctement ne peuvent pas penser autrement. Que signifie la miséricorde si elle ne respecte pas la vérité de notre situation?
Récemment quelqu'un a dit, «Tout le monde ira au Ciel»
. À l'époque, je rendais visite à une école élémentaire et un jeune garçon leva la main et demanda «Si tout le monde va au Ciel, à quoi sert Jésus-Christ? A quoi sert d'essayer de suivre la loi morale?».

NULLITÉ MATRIMONIALE ET "DIVORCE CATHOLIQUE"
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Q. Dans le chapitre que vous avez écrit pour le livre 'Rester dans la vérité du Christ', vous avez souligné l'importance de la recherche de la vérité dans le processus juridique pour déterminer si un homme et une femme sont dans un mariage valide. Vous êtes souvent revenu sur ces deux points clés: (1) cette affaire concerne «le salut des âmes» et (2) la discipline qui doit être suivie a été «soigneusement développée au cours des siècles chrétiens».
Mais maintenant il y a un appel à «rationaliser le processus», à le rendre pastoral plutôt qu'une décision juridique. Pouvez-vous nous expliquer la distinction entre les considérations juridiques et pastorales et pourquoi la vérité objective doit être recherchée. Deuxièmement, quand une déclaration de nullité a été délivrée à tort, où se situe le culpabilité: le tribunal (c'est à dire, le juge, défenseur du lien, et d'autres membres du tribunal); le couple (c'est à dire, l'homme/la femme qui a demandé la déclaration de nullité); ou les deux?

R. En ce qui concerne la question du salut des âmes, notre vocation dans la vie est la voie du salut. C'est par la fidélité à notre vocation, que nous soyons appelés à la vie conjugale, à la prêtrise ou à la vie consacrée, que nous sauvons nos âmes. Si nous sommes infidèles, nous sommes en danger de perdre notre salut. C'est pourquoi la question du discernement vocationnel est extrêmement importante pour nous quand nous grandissons, et ensuite, une fois que nous avons embrassé notre vocation, quand nous donnons toute notre énergie pour la vivre pleinement.
Donc, il ne s'agit pas seulement de déclarer nuls des mariages - il ne s'agit pas seulement de rendre les conditions de vie des gens plus facile. Cela a à voir avec une promesse qu'un homme et une femme font devant Dieu de vivre dans un fidèle, durable et fécond amour réciproque. Sauf si, d'une certaine façon, cette promesse n'a pas été faite - soit parce que la personne n'était pas capable de faire la promesse, ou la personne refusait un aspect essentiel du contrat de mariage - c'est un mariage valide et on est tenu d'y être fidèle jusqu'à la mort d'un des membres du couple.
Par conséquent, l'Eglise, comprenant cela, a développé au cours des siècles un processus très prudent pour arriver à la vérité.
Si une partie vient à l'Eglise et fait une demande de nullité de son mariage, l'Église doit rechercher les preuves qui justifient cette revendication ainsi que des preuves qui s'opposent à la revendication, afin que le juge puisse prendre une décision avec une certitude morale, c'est-à-dire une décision où il n'y a aucun doute raisonnable au contraire que la demande de nullité est juste. Le couple qui fait la demande de nullité, dans ce cas, peut alors être rassuré sur le fait d'avoir contracté un mariage valide (? can then be at peace about entering a valid marriage).
Le processus juridique est en réalité très pastoral. Faire une dichotomie entre ce qui est juridique et ce qui est pastoral est erroné parce que le mariage établit une relation entre deux personnes dans la justice, qui a un caractère juridique. Ce n'est que par un processus juridique que l'on peut être rassuré sur la nullité d'un mariage et donc, la liberté d'entrer dans une union avec une autre personne. C'est la chose la plus pastorale [qui soit].
Je dis toujours que la justice, qui est ce que le processus juridique cherche à atteindre, est la condition minimum mais irremplaçable pour la charité. Comment peut-on parler de charité si l'on n'est pas juste? Si par exemple l'Église déclare d'un coeur léger qu'un mariage est nul, c'est une injustice pour les parties et tous ceux qui sont impliqués dans le mariage. Ce n'est pas seulement les deux parties - nous parlons des enfants, des parents, et de l'ensemble de la société. Pensez au tort immense qui a été causé dans notre société par le divorce sans faute et les divorces rampants ultérieurs. Le mariage en tant qu'institution est en crise. Donc, une distinction entre le 'juridique' et le 'pastoral' n'existe tout simplement pas.
Lorsque la déclaration de nullité a été délivrée à tort, c'est-à-dire qu'elle est accordée sans suivre le processus avec sérieux et que le juge rend une décision sans arriver à la certitude morale, elle pèse sur la la conscience du tribunal. Nous devons penser que les parties agissent de bonne foi. En d'autres termes, les parties sont venues au tribunal, ont demandé un jugement, et le tribunal leur a donné un jugement. Nous ne pouvons pas les tenir responsables pour un faux jugement sauf s'ils ont apporté délibérément de fausses preuves au tribunal et en quelque sorte trompé le tribunal. Il est très difficile d'imaginer que cela puisse arriver, nous devons donc présumer qu'ils sont de bonne foi.
Une remarque que je voudrais faire, c'est que tout mariage brisé n'est pas candidat à une déclaration de nullité. Beaucoup de mariages sont brisés à cause du péché. Par exemple, considérez un couple ayant contracté une union matrimoniale valide, vivant ensemble depuis plusieurs années et ayant des enfants. Puis, dans une quelconque crise de l'âge mûr, le mari va avec une jeune secrétaire qui montre de l'intérêt pour lui et abandonne sa femme. Est-ce mariage nul ?
Nous avons eu une période aux États-Unis - d'une manière très particulière de 1971 à 1983 - au cours de laquelle le volume des déclarations de nullité était très élevé, quand le processus ne respectait pas le processus éprouvé de l'Eglise. Les gens, non sans raison, appelait la déclaration de nullité «divorce catholique». Ils ont vu des déclarations de nullité accordées pour des mariages qui étaient manifestement valides.

LE PRINTEMPS DE LA FOI
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Q. En ce grand jour, la fête de Notre Dame de Guadalupe, que peut nous enseigner Notre-Dame de Guadalupe, Etoile de la Nouvelle Evangélisation? Les événements qui ont eu lieu sur la colline de Tepeyac au Mexique en 1531 ont-ils un sens pour nous, aujourd'hui que les événements continuent à se dérouler? Voyez-vous des signes que le «printemps de la foi» dont ont parlé les papes récents peut être à l'horizon?

R. Certainement, le message de la Sainte Vierge à Saint Juan Diego, et à travers lui à tous les peuples des Amériques, est aussi pertinent aujourd'hui qu'il l'était à ce moment-là. C'était un message de l'amour miséricordieux de Dieu pour Son peuple, les invitant à transformer leur vie, à se soumettre à une conversion de vie, et à chercher Sa grâce à travers les sacrements de la Confession et de l'Eucharistie.
Le message de Notre Dame, à l'époque, s'adressait particulièrement à la situation horrible d'attentat à la vie humaine, la pratique généralisée du sacrifice humain de la part des Américains indigènes. Il y avait aussi des violences entre les conquistadores espagnols et les Américain autochtones qui subissaient de terribles pertes de vie et la destruction de leurs biens.
Notre Dame est venue comme une mère pour leur enseigner que Dieu est le Seigneur de la vie et donc que la vie de chaque être humain doit être respectée et que Dieu prend soin, dans un amour incommensurable et incessant, de chacun de ses enfants. Avec ce message, ensuite, il y a eu une énorme conversion. Beaucoup ont cherché la grâce du Baptême, tellement que les frères franciscains qui s'occupaient du travail d'évangélisation pouvaient à peine faire face physiquement aux demandes pour l'enseignement dans la foi et le Baptême. Ce message est si puissant.
Je vois des signes du «printemps de la foi». Je le vois dans les pèlerins qui viennent ici au Sanctuaire de Notre Dame de Guadalupe. J'aimerais pouvoir passer plus de temps ici parce que je rencontre tellement de gens qui cherchent de tout leur cœur à mener une bonne vie, à vaincre le péché dans leur vie, à vivre selon la vérité de l'Evangile. Le nombre quotidien de pèlerins ne cesse de croître et essentiellement, leur rencontre avec le Christ est à travers les sacrements de la Confession et de la Sainte Communion.
Il y a beaucoup à faire et je dois dire que dans le moment présent le printemps semble être menacé par un nuage d'obscurité avec toute cette confusion sur le mariage et d'autres questions morales fondamentales. Les fidèles doivent continuer à prier avec ferveur pour que l'Eglise surmonte le défi de ce moment particulier.
Il arrive toujours, quand l'Esprit Saint produit quelque grand Bien, que le diable s'en mêle et essaie de le détruire avec la confusion et l'erreur. Donc, nous devons résister et combattre la confusion et l'erreur afin de laisser le printemps continuer.

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