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Wuerl vs Burke

Encore à propos des cardinaux Wuerl et Burke, le premier dénonçant une prétendue "dissidence" du second. Le directeur de LifeSite, John-Henry Westen conseille à l'archevêque de Washington de "balayer devant sa porte".

* * *

>>> L'interview du cardinal Burke à France 2 le 8 février: Le cardinal Burke sur France 2 (suite)
>>> Le billet du cardinal Wuerl sur son blog le 12 février: cardinalsblog.adw.org/2015/02/pope-touchstone-faith-unity/

Il est probable que les Français n'ont pour la plupart jamais entendu parler du cardinal Wuerl, et à distance, cette "guerre" entre cardinaux américains peut sembler picrocholine.
Mais l'opposition entre ces deux-là, dans la bataille qui se joue aujourd'hui au sein de l'Eglise (seuls les aveugles peuvent la nier) me semble emblématique de QUI sont les soutiens inconditionnels du Pape François (très enclins à faire la morale aux "diviseurs" autrement dit ceux qui ne partagent leur point de vue), et QUI sont les "dissidents" - ou prétendus tels par les premiers!

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Le Cardinal Wuerl qualifie le Cardinal Burke de «dissident»: c'est l'hôpital qui se moque de la charité

18 février 2015
JH Westen (LifeSiteNews.com)
Ma traduction
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Sur son blog officiel, à Washington, DC, le cardinal Donald Wuerl a fait une allusion plutôt transparente au cardinal Raymond Burke, le qualifiant de «dissident».
Se référant à «une interviewe et un article d'un frère évêque pas vraiment enthousiaste au sujet du pape François», le Cardinal Wuerl a clairement pointé le cardinal Burke, dont l'interview avec France 2 quelques jours plus tôt a fait le tour d'Internet.

Bien que digne d'intérêt, l'interview du cardinal Burke était plutôt banale en ce qu'il a simplement dit qu'il serait prêt à «résister» à François, si le pontife devait tenter de changer la pratique de l'Église de refuser la communion aux personnes engagées dans un «second mariage». Le Pape François n'a jamais dit qu'il allait changer la pratique actuelle de l'Eglise, même si de puissants cardinaux autour de lui ont suggéré cette démarche.

Après avoir présenté l'évêque anonyme critique envers François dans une interview, le cardinal Wuerl passe aux dissidents de l'enseignement pontifical dans l'histoire récente, notant, «un fil conducteur qui traverse l'ensemble de ces dissidents» qui est qu'«ils sont en désaccord avec le Pape parce qu'il n'est pas d'accord avec eux et donc ne suit pas leur position.»

Le Cardinal Wuerl est ici sur un terrain nouveau. Pendant des années, il était, selon sa propre définition, LE «dissident» sous les papes Jean-Paul II et Benoît. La question tournait là aussi autour de la Sainte Communion. Cependant, plutôt que de donner la communion aux divorcés remariés, les papes précédents demandaient que la communion soit refusée aux hommes politiques catholiques pro-avortement.

En 2004, sous le pape Jean-Paul II, le chef de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi intervint dans la délibération des évêques américains sur la question de la communion pour les politiciens pro-avortement. Le cardinal Joseph Ratzinger, qui deviendrait plus tard le pape Benoît XVI, écrivit dans sa lettre intitulée «Etre digne de recevoir la Sainte Communion» (*) qu'à un homme politique catholique qui voterait pour «des lois permissives sur l'avortement et l'euthanasie» après avoir été dûment instruit et averti, on «doit» refuser la communion.

La lettre de Ratzinger expliquait que si un tel politicien «avec obstination, se présente malgré tout pour recevoir la Sainte Eucharistie, le ministre de la sainte communion doit refuser de la distribuer»

En tant que pape, Benoît XVI a confirmé cette position. Répondant à un journaliste lors d'une conférence de presse en vol en 2007, le pape Benoît a répondu à une question sur les évêques mexicains excommuniant des politiciens qui soutiennent la légalisation de l'avortement. «Oui, cette excommunication n'était pas arbitraire, mais elle est autorisée par la loi canonique qui dit que le meurtre d'un enfant innocent est incompatible avec le fait de recevoir la communion, qui est recevoir le corps du Christ», a déclaré le pape (**).

Dans le commentaire, le pape Benoît faisait référence au canon n.915 du code de droit canonique de l'Eglise , qui stipule: «Les excommuniés et les interdits, après l'infliction ou la déclaration de la peine et ceux qui persistent avec obstination dans un péché grave et manifeste, ne seront pas admis à la sainte communion».

L'archevêque Wuerl a refusé à plusieurs reprises de se conformer à cette directive. En fait, il était ouvertement dissident. Interrogé par différents médias depuis le milieu des années 1990, il a dit que ce n'était pas son style pastoral, et il a également affirmé que le refus de la communion revenait à manier le sacrement comme une arme.

Mais pour l'archevêque de Washington, ce n'était pas seulement une question de mots - il a soutenu sa rhétorique contre la volonté du pape par les actes. En Mars 2012, il a relevé un prêtre de sa faculté de célébrer publiquement la messe pour avoir refusé de donner la communion à une femme qui vivait notoirement dans une relation homosexuelle.
Le Père Marcel Guarnizo a été «mis en congé administratif» par l'archidiocèse après avoir refusé de distribuer la communion à Barbara Johnson, bouddhiste déclarée qui aurait présenté son «amante» lesbienne au prêtre, dans la sacristie, avant la messe de funérailles de sa mère (cf. www.lifesitenews.com). L'archidiocèse a publié des excuses à Johnson et a dit que les actes du Père Guarnizo étaient «contre la politique» (de l'archidiocèse) et qu'une enquête était en cours.

En 2012, interrogé sur le refus de donner la communion à la femme politique notoirement pro-avortement Nancy Pelosi, Wuerl émit cet avis: «Je suis avec la grande majorité des évêques américains et des évêques à travers le monde en disant que ce canon n'a jamais été destiné à être utilisé de cette façon»

A cette époque, la tête de la plus haute juridiction de l'Église catholique traitant du droit canon n'était autre que le cardinal Raymond Burke. Lequel Burke déclara à l'époque à LifeSiteNews, de façon sans équivoque: «La loi de l'Église est très claire. La personne qui persiste publiquement dans un péché grave doit se voir refuser la Sainte Communion, et il [le droit canon] ne dit pas que c'est à l'évêque de décider. C'est un absolu».

Alors, peut-être le cardinal Wuerl savoure-t-il une petite revanche avec sa remarque sur la dissidence. Mais ainsi, son hypocrisie est très flagrante.

Cardinal Wuerl conclut son blog en disant: «la dissidence est peut-être quelque chose que nous aurons toujours, aussi déplorable que ce soit, mais nous aurons aussi toujours Pierreet son successeur comme le roc et la pierre de touche à la fois de notre foi et de notre unité».

Notes de traduction

(*) Curieusement, cette lettre ne figure pas sur le site du Saint-Siège – ou elle en a disparu. Elle n’est pas, en tout cas, sur la page où on devrait la trouver, la liste complète des documents de la CDF : www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith.
On la trouve (et là encore ce n’est pas un hasard) sur le site de Sandro Magister ici: chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/206336?fr=y

(**) Entretien avec les journalistes pendant le vol vers le Brésil (9 mai 2007): w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2007/may/documents/hf_ben-xvi_spe_20070509_interview-brazil
Cette fois encore, dans la version "officielle", ces propos bel et bien prononcés (a braccio) par Benoît XVI, ont été censurés. mais on en retrouve une preuve indubitable dans la presse italienne, par exemple ici www.asianews.it ou encore ici www.ilgiornale.it

"Sì, questa scomunica è prevista dal codice - ha detto il Papa - non è stato nulla di arbitrario, è scritto semplicemente nel diritto canonico. L’uccisione di un innocente, di un bambino appena nato - ha proseguito il Papa - è inconcepibile. Non è un fatto arbitrario e la Chiesa esprime apprezzamento per la vita e dell’individualità della vita fin dal primo momento del concepimento".

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