"Ce livre m'a fait beaucoup de bien!"
Le rédacteur du blog <That The Bones You Have Crushed May Thrill> revient sur la question cruciale que posait ces jours-ci le Père de Souza: que pense le Pape de la "proposition Kasper"? Et il relit le premier Angélus.
>>> Le Pape pense-t-il que Kasper a raison? (Père De Souza)
Pape François, Angélus du 17 mars 2013
Ce livre m'a fait beaucoup de bien
thatthebonesyouhavecrushedmaythrill.blogspot.co.uk
21 août 2015
Ma traduction
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Le Père Raymond De Souza pose dans le Catholic Herald la question à laquelle tous les catholiques souhaitent une réponse, malgré le fait regrettable que François, après moins d'une semaine de pontificat, ait livré la réponse quand il a recommandé le livre du cardinal Kasper, intitulé «La Miséricorde» aux fidèles réunis place Saint-Pierre [le 17 mars 2013].
Selon le côté du débat où vous vous trouvez - que ce soit celui de Notre Seigneur Jésus-Christ et des successeurs de Saint-Pierre jusqu'à maintenant, ou de quelque autre côté -, la question, en termes de 'Proposition Kasper', a été depuis lors soit «en montée», soit «en descente». Avec le bénéfice du recul, c'était la première approbation publique par François, du cardinal Kasper et du contenu de son livre.
Si je vous recommandais 'Mein Kampf', vous pourriez penser que je suis un sympathisant d'Hitler; ou que d'une certaine façon, je soutiens les convictions de Hitler si je vous disais: «Ce livre m'a fait beaucoup de bien.»
De même, si je vous disais de lire 'Le Manifeste communiste' parce que «ce livre m'a fait beaucoup de bien», vous pourriez juste penser que je suis, en fait, un communiste ou une espèce de marxiste.
Vous pouvez penser que ce sont des comparaisons terribles mais, dans ces deux cas, si je ne faisais pas suivre cette «recommandation» de livres toxiques d'une sorte de mise en garde du genre, «... parce que j'ai réalisé à quel point l'auteur trompait/se trompait», alors vous pourriez très bien assurer que je suis d'accord avec leur contenu.
Pour beaucoup, c'est la peur et pour beaucoup, c'est l'amour qui motivent de nombreux observateurs du Vatican qui semblent être dans le déni de notre réalité, au point que, bien que dans sa première semaine comme Souverain Pontife, François ait recommandé l'agenda de Kasper comme matériel de lecture pour les Fidèles, beaucoup s'accrochent à l'espoir que François ne soutient pas personnellement la proposition Kasper, même si elle contient des erreurs si profondément toxiques concernant l'enseignement et la discipline inséparables de l'Église que ces ambiguïtés volontaires et ces erreurs flagrantes en font un matériau idéal pour les cheminées de ces mêmes Fidèles.
Les Fidèles loyaux, c'est-à-dire, ceux qui sont loyaux au Seigneur Jésus-Christ et à son Vicaire sur Terre, ont recueilli plus d'un demi-million de signatures à l'intention de François, afin de «clarifier», la position de Sa Sainteté sur des questions telles que le divorce, le remariage et la réception de la Sainte Communion, ainsi que les autres questions «épineuses» à débattre dans un esprit de parrhêsia au Synode d'Octobre.
Comme le temps passe, et que nous nous approchons non sans quelque appréhension du grand 'débat' d'Octobre au sein de l'Eglise, y aurait-il des catholiques qui prétendraient, à nous et, au mépris de la réalité connue, aux autres, que le pape est en quelque sorte secrètement contre la position du cardinal Kasper, qu'il est du côté du Magistère de la Sainte Eglise catholique et de ses vénérables prédécesseurs, malgré l'absence de ces clarifications?
Allons-nous accepter cela de bonne foi - ou plutôt aveuglément - quand au lieu de la clarification demandée par ces catholiques fidèles profondément désorientés, plusieurs enseignements récents aussi inefficaces que totalement déroutants, tels que «les divorcés remariés ne sont pas excommuniés» (ndt: audience du 5/8/2015) semblent pousser l'Eglise un peu plus loin vers une approbation de la proposition Kasper?
J'aurais pensé que, même si les divorcés remariés ne sont pas formellement, canoniquement, publiquement «excommuniés», un terme comme «excommunié» est applicable - d'une certaine façon - à ceux qui, en raison d'une situation matrimoniale irrégulière impliquant le péché d'adultère soutenu et continu ne peuvent ni recevoir l'absolution, ni recevoir Notre-Seigneur dans le Très Saint Sacrement de l'Autel, et en tant que tels ne peuvent pas COMMUNIER.
Je ne sais pas ce qu'un catholique qui veut être fidèle au Christ, fidèle à l'Église et fidèle au pape peut dire ou faire dans les circonstances actuelles, sinon prier pour que la crise au sein de l'Eglise soit bel et bien terminée dès que ce sera humainement et, en outre, divinement possible pour Celui pour qui rien n'est impossible. Ce que je ne pense pas, c'est que les catholiques fidèles au Christ, à son Eglise et à son Vicaire sur la terre puissent prétendre que (a) ok, pas de problème ici et (b) tout va bien se passer.
Dire cela contredirait la pensée le cardinal Ratzinger qui, s'exprimant sur un futur difficile, mais glorieux pour l'Eglise, eut ces mots:
«De la crise d'aujourd'hui émergera l'Église de demain - une Église qui aura perdu beaucoup. Elle deviendra petite et devra recommencer plus ou moins depuis le début. Elle ne sera plus en mesure d'habiter les nombreux édifices qu'elle a construits dans la prospérité».
Avec les catholiques fidèles, François s'est systématiqement comporté comme un fiancé qui ne peut pas tout à fait se résoudre à dire à l'épouse qu'il n'a pas d'amour (love) pour elle, qu'il ne l'aime (like) pas, qu'il ne l'a jamais vraiment fait, mais qui ne cesse d'insinuer lordement chaque semaine qu'il n'a aucune intention de l'épouser.
Priez pour Sa Sainteté, mais acceptez-le. Il n'accroche simplement ni à vous ni à vos croyances. Il accroche à tout autre chose. Cela ne signifie pas que nous devons cesser de prier pour lui ou de l'aimer comme Notre Seigneur nous l'a enseigné.
Bien sûr, si François couronne un Synode glorieux, portant la Tiare et excommuniant publiquement tous ceux qui ont argumenté contre l'Infaillible enseignement du Christ et de Son Epouse, l'Eglise, je me confonds en excuses à l'avance, et je retirerai tout; mais on ne peut me blâmer de penser - ni d'être assez honnête pour le dire - qu'en un peu plus de deux ans, François, un peu aidé par ses amis, a porté l'Église au bord du précipice et ne semble pas effrayé des rochers escarpés et des eaux tumultueuses en-dessous. Compte tenu de ses déclarations publiques et de son refus de désavouer le cardinal Kasper et sa proposition, nous ne devrions plus du tout être surpris s'il amène l'Eglise au-dessus du bord. Sauf si quelque chose de complètement inattendu se produit, nous sommes excusables de penser tout à fait raisonnablement que l'absence de clarification, la promotion constante de l'agenda du cardinal Kasper au sein de l'Eglise est, en fait, une clarification. Simplement, ce n'est pas la clarification que vous attendez.
Selon des rapports récents, nous pouvons être sûrs, en fait, certains à 100%, que onze cardinaux s'opposent résolument au cardinal Kasper et ont, pour la défense de la vérité, écrit un livre détaillant exactement pourquoi ils ont écrit contre sa proposition (cf. Synode: l'équipe des onze). Vous êtes inquiet. Ils sont également inquiets, mais à ce qu'il semble, pas Sa Sainteté. Selon EXACTEMENT ZÉRO RAPPORT, nous pouvons assurer que le Pape, le Souverain Pontife, successeur de saint Pierre et Gardien du dépôt de la foi partage leurs préoccupations. C'est dire combien cette crise est grave.
Un clergé démoralisé, des laïcs et pas mal d'évêques et de cardinaux espérent encore - contre toute évidence - que le Pape va protéger le dépôt de la foi et enseigner au Synode cette foi salvatrice alors qu'il ne l'a pas fait pendant deux ans, à travers des déclarations publiques, des interviews, des nominations, et en organisant et supervisant cette grotesque épreuve de force du Synode, une épreuve de force qui affaiblit les plus fidèles partisans naturels du pape et renforce ceux qui cherchent la fin de l'Église catholique fondée par le Christ.
Car si le cardinal Kasper et ses amis arrivent à leurs fins, l'Église ne sera plus Une, mais de multiples Eglises nationales; elle ne sera plus Sainte, mais approuvera le sacrilège et tout ce qui est profane; elle ne sera plus davantage Catholique.
Sera-t-elle encore Apostolique, dans la perspective d'un renversement aussi radical de la compréhension que l'Eglise a d'elle-même? Ne sera-t-elle pas plutôt anti-apostolique?
Nous devons accepter le fait que, d'une certaine façon, depuis l'abdication du pape Benoît XVI, la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ est devenue les mauvaises nouvelles et les mauvaises nouvelles du cardinal Walter Kasper sont devenues de bonnes nouvelles. Ce que cela signifie pour les catholiques qui se cramponnent à Jésus-Christ et à ses enseignements au milieu de cette folie, je l'ignore, mais il est désormais bien plus impensable que François rejette publiquement et avec force la proposition du cardinal Kasper qu'il ne soit sur le point de légiférer en sa faveur dans la vie de l'Eglise. Les deux dernières années nous ont montré que si - et cela reste un grand «si» - François jette la doctrine Kasper dans un feu de cheminée à la fin du Synode, ce sera, en dépit de, et non pas grâce à, tous les efforts de François.
Ce que le saint Pape Pie X fait de la crise actuelle dans l'Eglise, seul Dieu, le saint Pape Pie X et l'ensemble de la Cour du ciel le savent.
Saint Pape Pie X, ora pro nobis!