Comment sera le monde demain...

Ettore Gotti-Tedeschi choisit l'artifice épistolaire (une "lettre à sa petite-fille" à peine née), pour dire ce qu'il pense du cours de l'Eglise en général, et, sans le citer, du synode en particulier

 

Le réchauffement climatique?
Ce sont les âmes en enfer

Ettore Gotti Tedeschi
30/10/2015
www.lanuovabq.it
(ma traduction)

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Lettre à ma petite-fille Olivia, née il y a un mois, à lire dans vingt ans pour comprendre le monde dans lequel elle vivra.

Chère Olivia,

dans 20 ans, tu voudras peut-être te marier, mais ce que sera le sacrement matrimonial dans 20 ans dépendra de nous aujourd'hui, ou plutôt, dépendra de l'assemblée des fidèles, par voie de référendum ....
Un Synode sur le mariage s'est conclu il y a quelques jours et en lisant les journaux, on dirait qu'ils ont tous triomphé (libéraux et conservateurs), exactement comme nous y sommes habitués après les élections politiques. Même si, à la lecture de la lettre au Corriere della Sera (le 27 octobre) du Secrétaire du Synode (le cardinal Baldisseri), on a l'impression que ceux qui décideront, ce seront les usagers (le peuple de Dieu) qui seront consultés à travers un questionnaire pour mettre en évidence le sensus fidei. Celaparce que le troupeau a son propre «flair» (ndt: selon les propos du Pape!) pour discerner ce que l'Église doit faire dans une matière qui les concerne. Et puis naturellement, la voix de l'Esprit Saint résonne aussi dans la voix des croyants.
À ce stade, pour comprendre quel sacrement t'attend, je crains que nous devrons attendre l'Assemblée de de jugement (le Tribunal) des fidèles concernés par le sujet ...

Chère Olivia,
chaque époque a toujours eu ses misères, ses tragédies et ses grandeurs. Cela dure depuis que l'homme a tenté de donner un sens à sa vie et à ses actions. Et cela s'est toujours vu, parce que les autorités morales des différentes religions voulaient et cherchaient à expliquer les raisons du bien et du mal.
Ton époque risque au contraire de voir disparaître les autorités morales, relativisées et homogénéifiées dans le monde global, avec le prétexte d'éviter les conflits dûs à l'affirmation de dogmes et de fondamentalisme, proposés en particulier dans le contexte de l'évangélisation. Je crains que les autorités morales ne seront plus les mêmes, et cela au préjudice de la connaissance de la vérité et de la conquête de la foi. Tu t'en apercevras dans quelques années, quand tu iras au catéchisme.

A qui attribuer la responsabilité de tout cela, sinon à la gnose (*) qui gagne partout? En philosophie, ayant réussi à relativiser tout, même ce qui est absolu. En anthropologie, ayant réussi à faire en sorte que l'homme s'autoréduise à un animal plus ou moins intelligent, mais cancer de la nature. En économie, ayant réussi à faire croire que c'est la misère économique qui provoque celle morale. En science et technologie, ayant réussi à faire croire aux gens qu'elles devraient toutes deux avoir une autonomie morale. Les autorités morales (des différentes religions) réagissent différemment à cette opération de redimmensionnement. Dans certains milieux, certaines cultures, elles réagissent violemment. Dans d'autres, elles se laissent intimider, dans la crainte d'être marginalisées et, pour ne pas être considérés comme fondamentaliste, elles en arrivent même à justifier et camoufler habilement le péché, l'erreur, le désordre.

Olivia,
le monde dans lequel tu deviendras grande confirmera la théorie de l'évolution, mais à l'envers: l'homme, créature de Dieu, évolue vers l'état sauvage. Dans ce monde, où tu deviendras grande, tu vas affronter quelques risques, et pour les surmonter, il te faudra être bien préparée.
Le premier risque sera de ne pas pouvoir comprendre si la Vérité vient avant ou après la liberté de la chercher, et si oui ou non elle naît du dialogue avec les autres vérités.
Le deuxième risque sera de ne pas pouvoir comprendre ce qui est à l'origine des maux qui affligent l'homme, si c'est vraiment l'inéquité économique ou l'iniquité morale. Un autre risque sera d'avoir du mal à comprendre la difficulté subtile de choisir entre la justice et la miséricorde, quand elles semblent être en conflit. Ceux-là, et beaucoup d'autres, risquent de devenir plus graves quand les autorités morales mélangent les eaux, renonçant à inspirer et à corriger les idées et les comportements de l'homme, mais au contraire s'y adaptant, excusant et incluant, au lieu de penser à la conversion. Et cela en s'adaptant aux temps qui réclame une dynamicité évolutive dans la compréhension des lois naturelles.

Bien sûr, la Sainte Eglise, au fil du temps, a pu, grâce aux saints, opérer des changements pour corriger les erreurs (des hommes): il suffit de penser aux hérésies, au protestantisme, au modernisme. Mais aujourd'hui, la gnose parvient même à nier la vérité là où elle devrait être et à mettre la liberté de conscience là où elle ne devrait pas être. La gnose aujourd'hui réussit à nier l'Église le droit d'évangéliser (par respect pour les autres cultures), lui demandant à la place de laisser la conscience (plus mal formée que jamais) décider de ce qui est bien ou mal. Cela revient à demander à un aveugle de passer à un feu de circulation alors qu'il ne peut pas voir le rouge, et risque de se faire écraser. On demande à l'Église de laisser à l'homme la liberté de décider en conscience ce qui est bon pour lui, sans réfléchir que cela équivaut à mettre une souris devant un morceau de fromage placé dans un piège bien camouflé. On demande à l'Église de laisser les pasteurs décider de la maturité de la conscience des fidèles pour retourner au troupeau, quand ce sont les mêmes pasteurs qui les ont laissé partir.

Voilà, permets-moi de t'expliquer tout cela, chère Olivia, parce que le réchauffement climatique est bien là. Il est là à cause du nombre disproportionné des âmes qui vont brûler en enfer, à cause de la confusion sur la doctrine.

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(*) La gnose était déjà au coeur d'une précédente réflexion d'Ettore Gotti Tedeschi, le 1er septembre dernier (cf. Le cri d'alarme d'Ettore Gotti-Tedeschi)