Le cri d'alarme d'Ettore Gotti-Tedeschi
"La gnose (*) du XXIe siècle a balayé la chrétienté". Une analyse lucide de la situation actuelle du monde et de l'Eglise par l'ex-"banquier du Pape", dans La Bussola.
La Troisième Guerre mondiale a éclaté. Contre l'Eglise
Ettore Gotti-Tedeschi
1er septembre 2015
www.lanuovabq.it
Ma traduction
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Ces derniers temps, tous, monde catholique inclus, semblent soucieux d'éviter une Troisième Guerre mondiale (ndt: évoquée à plusieurs reprises par François, notamment en juin dernier à Sarajevo) supposée prévisible, dûe aux fondamentalismes religieux, au nationalisme, au racisme, aux discriminations variées, qui se sont dramatiquement accentués grâce à l'accélération de la mondialisation, au terrorisme international, etc. .
Pour l'éviter (au lieu de définir des stratégies pour combattre ces faits et y apporter une solution), il semble qu'on ait convenu de considérer comme première «cause» de ce risque ce que la gnose (*) veut abattre depuis toujours: la foi chrétienne.
Concernant le catholicisme, l'action a été initialement portée sur deux thèmes: la relativisation de la dignité de l'homme, et celle des dogmes religieux. Par la suite, on a tenté de convaincre de promouvoir un œcuménisme adéquat pour un monde déjà multiculturel, multireligieux, et de commencer à laisser penser que la vérité naît du dialogue. Il semble que l'on ait ensuite essayé de persuader l'Eglise de garantir l'infaillibilité de la conscience individuelle et de redimensionner (réduire) celle de l'Autorité morale. Tout comme on a semblé déterminé à nous faire croire que les problèmes de misère morale sont les conséquences de ceux de la misère économique. L'Eglise est donc encouragée à se priver de ses richesses et à les distribuer, et à interrompre le processus d'évangélisation. Ceci est expliqué rationnellement: évangéliser est contraire à la réalité historique multi-religieuse et multi-culturelle, mais aussi prive le prochain de liberté et lèse dangereusement les cultures des autres peuples.
Il semble avoir été décidé de laisser s'accélérer le processus d'immigration et de le déclarer nécessaire approprié et naturel - pour compenser le gap (l'écart) de population, pour multiculturaliser toujour plus ...-
Le processus irréversible d'imposer des lois «civiles» uniformes dans tout le monde «civilisé», pour uniformiser la vision et le comportement moral (sources de conflit) est désormais évident. L'Église est encouragée (et semble s'auto-encourager), à s'occuper de consoler, et moins d'éduquer. Mais ce qui est plus grave, c'est que le monde entier doit accepter le programme "écologiste" comme religion universelle qui rassemblera tous les peuples de la terre.
Je vous demande pardon: craint-on qu'éclate une Troisième Guerre Mondiale, ou bien a-t-elle déjà éclaté et déjà été remportés par la gnose du XXIe siècle qui a balayé la chrétienté?
Il semble en effet que ce soit la gnose qui ait remporté le processus d'évangélisation.
À ce point, nous devrions faire une réflexion. Nous, catholiques, avons toujours pensé que Dieu avait écrit l'histoire, et que cette histoire était celle de l'éternel conflit entre la gnose et la Révélation. Nous avons toujours pensé que c'est la conscience, formée, qui établit ce qui est bien et mal, qui détermine le sens de nos vies et de nos actions, de sorte qu'en effet, le christianisme a influencé l'histoire, bien qu'il ait constamment été contesté par la gnose qui a toujours essayé d'annuler ce «sens».
Mais je voudrais également demander au lecteur de réfléchir que, dans l'histoire des deux mille dernières années, si on a réussi à universaliser une foi, comme la nôtre, aussi «absurde» dans sa démonstration (pensez: fondée sur l'Incarnation de Dieu par conception de l'Esprit Saint, fondée sur la Résurrection), où ne pouvait être utilisé ni la logique, ni la raison (sic et simpliciter), ni le mensonge, ni la simple espérance, ni la conquête-imposition, eh bien comment peut-on ne pas croire que l'histoire, c'est Dieu qui l'a faite directement avec la Grâce? Et à présent, nous n'y croirions plus?
Mais allons encore plus loin. Ceux qui embrassent le christianisme ne peuvent le faire ni pour la recherche du pouvoir (ceux qui ont essayé ont perdu), ni pour la recherche du plaisir, du succès, etc .. Ceux qui ont embrassé le christianisme savaient qu'ils devraient se détacher du monde, savaient qu'ils devraient renoncer, supporter les croix. Comment peut-on penser que le christianisme, seul, sans Dieu, a survécu et a fait l'histoire avec ces présupposés?
Mais alors pourquoi aujourd'hui craignons-nous ces temps, ces défis, ces nouvelles persécutions et ces nouveaux périls?
L'histoire a été faite grâce à l'effort de faire connaître la vérité, mais cet effort a réussi aussi longtemps que ce qui est «temporel a été subordonné au spirituel». Aujourd'hui, aborder les questions décrites ci-dessus consécutives à la mondialisation (pour simplifier) exige plus que jamais une vérité à affirmer pour créer une véritable société globale fondée sur de véritables droits de l'homme, pas seulement un agrégat «non durable» (insostenibile: par opposition au développement durable, en italien «sviluppo sostenibile») de cultures sans rien qui les unisse vraiment. C'est pour cela que la gnose, pour les unir, offre à tous une forme d'environnementalisme «pseudo-religieux» et malthusien. Mais sommes-nous disposés à le permettre? Maintenant, l'histoire de l'humanité doit être comprise en essayant de comprendre le rôle de l'Eglise, parce que seule l'Eglise peut exprimer le sens et l'ordre de la création et le rétablir.
Sinon, notre époque historique deviendrait stérile et même néfaste pour nos enfants et nos descendants, c'est tout autre chose qu'un environnement dégradé que nous leur laisserions en héritage ... Bien pire, nous leur laisserions une morale dégradée, une civilisation dégradée. Comprenons-nous cela? Si l'Eglise n'enseigne pas, le péché originel explose dans la pensée et l'agirde l'homme. Si l'Église laisse la conscience de l'homme libre d'être contaminée par des raisons de supposées cultures et de supposées modes dominantes, l'homme se perd. Si l'Eglise ne fait pas d'évangélisation, elle prive les personnes du droit de connaître le Christ. L'histoire ne peut être faite par le désordre gnostique et nihiliste, on ne peut pas se limiter à observer et à donner des avis qui s'avèrent appréciées par la culture dominante, on ne peut pas s'occuper de consoler, et non d'enseigner, de prier, de réaffirmer et de donner les Sacrements. C'est aussi écrit dans l'encyclique Lumen Fidei, c'est ainsi que l'on reprend les rênes de l'histoire.
Surtout, nous ne devons pas avoir peur.
Ce qui est bon pour les loups ne peut pas être bon pour les agneaux ...
(*) La gnose
1. La gnose (du grec γνῶσις, gnôsis : connaissance) est un concept philosophique, religieux et historique si complexe, qu'il n'est pas possible de le décrire en une ligne, et qu'une simple recherche sur internet génère plus de confusion qu'autre chose.
Heureusement, je me suis souvenue d'une catéchèse de Benoît XVI, (verification faite, celle du 28 mars 2007, consacrée à Saint Irénée de Lyon) où il était question justement de la gnose - constatant par la même occasion une fois de plus combien il a l'art de rendre simples et accessibles les choses les plus compliquées.
L'Eglise du IIe siècle était menacée par ce que l'on appelle la gnose, une doctrine qui affirmait que la foi enseignée dans l'Eglise ne serait qu'un symbolisme destiné aux personnes simples, qui ne sont pas en mesure de comprendre les choses difficiles; au contraire, les initiés, les intellectuels, - on les appelait les gnostiques - auraient compris ce qui se cache derrière ces symboles, et auraient formé un christianisme élitiste, intellectuel. Bien sûr, ce christianisme intellectuel se fragmentait toujours plus en divers courants de pensées souvent étranges et extravagants, mais qui attiraient de nombreuses personnes. Un élément commun de ces divers courants était le dualisme, c'est-à-dire que l'on niait la foi dans l'unique Dieu, Père de tous, Créateur et Sauveur de l'homme et du monde. Pour expliquer le mal dans le monde, ils affirmaient l'existence, auprès de Dieu bon, d'un principe négatif. Ce principe négatif aurait produit les choses matérielles, la matière.
2. L'article de Gotti-Tedeschi est illusré par une image en petit format que je reproduis (en grand) ci-dessous: je l'ai trouvée par la fonctionnalité "rechercher une image semblable" de Google (voir ICI).
L'histoire de cette mystérieuse image est ici: fr.wikipedia.org/wiki/Gravure_sur_bois_de_Flammarion
La gravure, dite de Flammarion, ou « au pèlerin », est souvent décrite comme une gravure médiévale, à cause du sujet traité. En réalité le style indique une gravure sur bois allemande de la Renaissance.
Elle représente un paysage, un ciel hémisphérique où s'accrochent le Soleil, la Lune et les étoiles, et un homme, qui, à cause de son bâton, fait penser à un pèlerin du Moyen Âge, mais que son vêtement long désigne plutôt comme un clerc, ou un étudiant. À quatre pattes sur le sol, il passe sous la voûte céleste à l'endroit où celle-ci rencontre la Terre, et la position de sa main trahit sa surprise, en découvrant ce qui se trouve au-delà.
Au premier plan de ce qu'il découvre figure un rideau de flammes, qui nous désigne le « ciel empyrée » que la cosmologie médiévale plaçait au-delà de la sphère des étoiles fixes. Plus haut, l'étrange roue à deux jantes perpendiculaires est identique aux représentations de la « roue d'Ézéchiel », ce qui confirme qu'il s'agit bien du ciel empyrée chrétien, séjour du créateur.
Cependant l'image du soleil à droite est étrangement tronquée, tout comme la roue d'Ezéchiel à gauche, à la différence des authentiques gravures de l'époque. Ceci laisse penser que l'image a été recadrée, et donc que l'image originale en montrait plus à gauche, dans le ciel empyrée. Elle montrait probablement ce qui provoque l'étonnement du personnage. Comme dans les gravures de l'époque montrant la roue d'Ezéchiel, apparaît également Dieu sur son trône, on peut penser qu'à gauche de l'image figurait Dieu, que le recadrage a éliminé.
Dans le livre de Flammarion, l'image comporte une légende : « Un missionnaire du Moyen Âge raconte qu'il avait trouvé le point où le ciel et la Terre se touchent ... ». En regard, le texte suivant accompagne l'image : « Qu'y a-t-il, alors, dans ce ciel bleu, qui existe certainement, et qui nous voile les étoiles durant le jour ? ».
On comprend pourquoi elle illustre de nombreux sites à vocation ésotérique et notamment (c'est certainement le sens du choix de la Bussola) en rapport avec le "New age", ou avec la gnose (coïncidence surprenante: le même jour, elle illustre aussi un billet de P. de Plunkett annonçant la journée de prière pour l'environnement!).