La Madonnina de Civitavecchia

Une longue interview du principal protagoniste des manifestations mariales advenues dans cette petite ville du Latium, qui ont vu une statuette de la Vierge, provenant de Medjugorge, pleurer des larmes de sang, en 1995.

 

Cette interview est celle à laquelle se référait Antonio Socci dans un article publié il y a trois jours, et que j'ai traduit ici: benoit-et-moi.fr/2015-I/actualite/medjugorge-civitavecchia-et-le-vatican .

A ceux qui aimeraient aller plus loin, je suggère évidemment de faire leurs propres recherches sur internet. Les résultats sont essentiellement en italien.
J'ai quand même trouvé un site en français qui propose ce qu'on pourrait appeler un très bon résumé: www.appel-du-ciel.org .

Et j'ai eu la surprise de trouver dans un article de "Libération" datant du 15 avril 1995 une interview du grand mariologue René Laurentin, aujourd'hui presque centenaire et auteur de plus de 100 titres sur les apparitions mariales.
Il revenait de Rome, ayant été nommé nommé membre de la commission d'enquête sur la statue de Civitavecchia (www.liberation.fr/evenement).

J'ai archivé, par précaution, ces deux articles au format PDF :
¤ les-larmes-de-la-sainte-vierge-a-civitavecchia.pdf [118 KB]
¤ rene-laurentin.pdf [30 KB]

Voici donc dans une traduction "à quatre mains" l'interview de Fabio Gregori, publiée, disait Antonio Socci, dans "la revue très sérieuse proche de l'Opus Dei, 'Studi Cattolici' (n. 652, juin 2015).
Original ici: http://ares.mi.it/primo-la-profezia-di-civitavecchia-911.html

 

La prophétie de Civitavecchia

Dans le numéro de mai-juin de la revue diocésaine La Madonnina di Civitavecchia, il est rappelé que la petite paroisse de S. Agostino à Pantano (un faubourg de Civitavecchia), qui garde dans une vitrine blindée la statue de la Vierge qui a pleuré du sang à 15 reprises entre le 2 février et le 15 mars 1995, a été érigée en sanctuaire marial depuis le 15 mars 2005, par un décret de l’évêque d’alors de la ville, Mgr Gerolamo Grillo. La nouvelle ainsi rapportée est importante car elle signifie que l'Église reconnaît l'origine surnaturelle de ces larmes.

Ce n'est pas un hasard si l'actuel évêque, Mgr Luigi Marcucci, a couronné la "Madonnina" le 26 avril 2014 à l'occasion d'une messe pontificale concélébrée avec l'évêque émérite Grillo, l'archevêque Giovanni Marra et de très nombreux prêtres du diocèse.

Comme déjà avec d'autres mariophanies (du verbe grec 'phaïnò', φαίνω, manifestation, ici mariale) et événement analogues, c'est justement avec des gestes solennels comme celui-ci que l'Église donne son approbation publique à un fait lié à une intervention divine.

Et puisqu’un évêque ne prend pas de telles initiative en désaccord avec Rome et qu'au sein du diocèse ses décrets valent le vouloir du Pape, ces faits éteignent définitivement les opinions particulières de ceux qui depuis vingt ans spéculent sur la véridicité des lacrymations.

LARMES ET MESSAGES

Pour ceux qui ne se souviennent pas: les premiers témoins des pleurs de la Vierge ont été une petite fille prénommée Jessica, alors âgée de 5 ans, et son père Fabio Gregori, alors comme aujourd'hui employé de l’Agence d’électricité de la ville latiale.

La famille Gregori est toujours propriétaire de la statuette qui a pleuré du sang, ainsi que d'une copie identique, gardée jalousement, que le pape Jean-Paul II leur a donnée, le 10 avril 1995, par l’intermédiaire du cardinal polonais Andrzej Maria Deskur.

Cette deuxième image, depuis lors, exsude de temps en temps de l'huile parfumée: cela se produit en général lors d'importantes fêtes liturgiques, comme Noël ou l'anniversaire des larmoiements, mais aussi, en de nombreuses circonstances, en présence de gens communs ou de pèlerins de passages qui s'en approchent pour prier.

"Au sang de la première Vierge s'accompagne donc l'huile de la deuxième, l'un signe de la Passion, l'autre de l'effusion de l'Esprit Saint", remarque avec autorité le mariologue Stefano De Flores.

Ces deux signes se sont toutefois manifestés dans un contexte plus large, car cette année 1995, exactement dans l'après-midi du 16 juillet, à 18 heures 30, pendant la Messe, marque pour la famille Gregori le début des apparitions de la Vierge… "La Vierge était juste au-dessus du Père Pablo, les pieds dans un nuage blanc, les bras ouverts avec les paumes tournées vers la terre". C'est Fabio Gregori qui parle ainsi, vingt ans plus tard.

MERE DE L'ÉGLISE, REINE DES FAMILLES

Fabio, vous en êtes encore ému. Quel souvenir avez-vous de cette première apparition?

La Sainte Vierge est apparue au moment où le curé allait consacrer l'Hostie sainte, et est restée en silence en adoration jusqu'à la fin de la Communion, signifiant que son Fils Jésus, le Sauveur, est réellement présent, vivant, dans l'Eucharistie.

Mais la Sainte Vierge a-t-elle parlé par la suite?

Entre 1995 et 1996 elle a donné 93 messages, dont deux secrets pour notre évêque et un troisième pour le Pape, dans un cycle d'apparitions publiques à ma fille et à moi.

Que signifie "apparitions publiques"?

Ce sont des révélations où la Vierge donne un message qu'elle veut être annoncé à tous. Elles diffèrent des révélations privées, qui peuvent se poursuivre dans le temps, mais qui sont réservées à la personne ou aux personnes qui reçoivent cette visite céleste.

Avez-vous encore des révélations privées?

La Mère du Ciel ne nous a jamais fait manquer sa présence, en particulier à ma fille Jessica.

Est-il vrai que tous les membres de votre famille ont vu la Vierge?

Oui, il y a eu l'occasion où la Sainte Vierge est apparue à tous lors des apparitions publiques.

Mais Manuel Maria est né après, en décembre 2002?

Il a vécu plongé dans nos récits, et est témoin des exsudations et de tant d'autres signes qui par la grâce arrivent dans le plus profond des personnes qui font le pèlerinage de la "Madonnina", mais dans son cœur il avait un désir très fort de voir lui aussi la Maman du Ciel.
Un jour de février, lors de l'anniversaire des lacrymations, nous revenions du potager, et pendant que je lui courais après, il a tourné au coin la maison et est tombé en extase. Je l'ai rejoint. Elle était là.

Comment est-elle la Sainte Vierge?

Elle est très belle. Et elle est mère, avec le cœur d'une mère.

Qu'est qui vous frappe le plus dans son attitude envers vous et votre famille?

Sa discrétion, sa délicatesse d'âme, qui lui fait même demander pardon, au moment où elle apparaît, pour le temps qu'elle enlève aux autres: "Fabio", elle a vraiment dit cela, "je te demande pardon pour le temps que j'enlève à ta famille".

Quel est le cœur de son message?

Le premier message est son nom: la Vierge s'est présentée avec les titres de Vierge des Roses, Mère et Reine des familles et de l'Église.

La rose a-t-elle une valeur poétique?

"Rose mystique", corps mystique de l'Église: la Sainte Vierge elle-même est l'Église et en tant que Mère de Jésus elle est Mère de l'Église. Elle-même a expliqué que la rose représente le cœur mystique: le rouge est la couleur du sang versé par son Fils; les pétales autour du centre représentent la communauté chrétienne qui se serre autour de Jésus, le Verbe incarné, à sa Passion et Résurrection, pour ensuite s'ouvrir à 360 degrés et donner l'amour et la parole de Dieu au monde entier. Le parfum de la rose, nous a-t-elle dit, est le parfum du Christ.

La dévotion rapproche le parfum de la rose de quelques saints.

S'efforçant de ressembler à Jésus, quelques grands saints comme Padre Pio parviennent à en avoir le parfum. Mais il est demandé à tous de devenir des saints.

Comment fait-on pour le devenir?

La Sainte Vierge nous demande de nous consacrer à elle et de vivre notre vie en la présence de Dieu. De nous approcher fréquemment des Sacrements, en particulier de l'Eucharistie et de la Sainte Confession; de méditer le Rosaire. Mais elle a expliqué que si nous apprenons à adresser notre pensée à Dieu en tout moment de la journée, alors le travail, le repos, les amitiés, tout devient prière. Et dans la prière qui est dialogue, on croit dans la communion avec le Seigneur. Elle nous demande de vivre avec droiture, avec honnêteté. Elle a dit que chaque bonne action que nous accomplissons vaut une âme arrachée à Satan.

POURQUOI SATAN EST CONTRE LA FAMILLE

Quels autres messages vous a donné Marie?

La Sainte Vierge s'est adressée d'ici à toute l'humanité, à l'Église et à cette portion de l'Église qu'est la famille, situant son intervention dans le sillage du message de Fatima. Elle nous a mis en garde que Satan est puissant et veut déchaîner la haine, et donc la guerre pour détruire l'humanité. Pour atteindre cet objectif il veut abattre l'Église de Dieu, en commençant par la petite Église domestique qu'est la famille, qui est le berceau de la société, et dans le sillage de la Famille de Nazareth, d'autant plus de la communauté chrétienne.

De quel genre de guerre parle-t-on?

La menace d'un conflit nucléaire entre l'Occident et l'Orient, la troisième guerre mondiale. La Vierge a dit que le démon ferait tout pour saper l'unité de la famille chrétienne fondée sur le mariage et que, sans une nouvelle conversion, de nombreux pasteurs trahiraient leur propre vocation, même avec grave scandale, et que l'Église connaîtrait une nouvelle grande apostasie, c'est à dire le reniement des vérités chrétiennes fondamentales réaffirmées pendant les siècles dans la tradition et dans la doctrine.

Pourquoi la famille serait-elle si centrale dans le plan de Dieu sur le monde?

Jésus s'est incarné dans une famille, Dieu a choisi ce lieu, cette forme de vie commune pour venir à nous. Ainsi a-t-il été établi, car comme l'expliquait Saint Jean-Paul II, le nous humain constitué d'un homme et d'une femme ouverts à la vie dans la procréation rappelle le Nous divin de la Trinité. Le mariage sacramentel est indissoluble et sacré, car il reproduit la communion trinitaire et le même pacte de fidélité indissoluble que Dieu a établi avec les hommes. C'est pourquoi le divorce d'un mariage valide contracté en toute conscience est un sacrilège.
À Nazareth, un père, une mère et un enfant qui s'est fait homme ont vécu avec sobriété, heureux et en paix, pendant trente ans. Ils ont travaillé dur, ont joui des biens de la terre et de l'amitié de ceux qui les ont connus, sans vouloir apparaître ou dominer les autres, avec le seul souci de vivre bien et à la gloire de Dieu, leur quotidien. Avec cette fidélité ils ont gagné le pain et l'amour de beaucoup, le respect de la création. A Civitavecchia, se manifestant non pas à une personne, mais à un mari, à une femme avec des enfants, le Ciel a voulu réaffirmer que la famille est le cœur de la société humaine et de l'Église. Par ce signe il demande à toutes les familles l'effort de suivre l'exemple de la Famille de Jésus.

Pourquoi serait-elle au centre des attentions de Satan?

Satan, en haine du Créateur, vise à frapper l'homme, car il est fait à l'image de Dieu, et la famille, qui reproduit humainement au plus haut degré la relation d'amour entre le Père céleste et sa créature. Cela signifie que l'amour qui s'alimente et se dilate dans une famille reproduit au plus haut degré l'amour et la fidélité de Dieu qui sont pour toujours.
La preuve en est que l'homme, doué par Dieu de liberté, intelligence et de capacité d'amour, devient fécond et est appelé, au sein de la famille, à coopérer à la création, engendrant et servant la vie.
Satan sait bien que la capacité d'aimer, de reconnaître le regard bon de Dieu naissent dans la famille: pour cette raison c'est justement là qu'il frappe. Les ténèbres qui enveloppent aujourd'hui la conception de l'homme visent à obscurcir la dignité de la personne, et donc la famille, où l'individu se forme et prend conscience de lui.

Autour de la famille et de la vie a lieu la bataille contre la dignité divine de l'homme.

C'est pourquoi la communion conjugale n'est pas reconnue ni respectée en ses élément d'égalité de la dignité des époux et de nécessaire diversité et complémentarité sexuelle.
La fidélité conjugale elle-même et le respect pour la vie en toutes les phases de l'existence sont renversés par une culture qui n'admet pas la transcendance. Comme l'a remarqué Jean-Paul II "lorsque les forces désagrégatrices du mal parviennent à séparer le mariage de sa mission à l'égard de la vie humaine, ils attentent à l'humanité, la privant d'une des garanties essentielles de son futur".

Un appel pour le Synode sur la Famille en cours au Vatican?

Défendons la famille chrétienne. Comme l'a dit Mgr. Kabongo, secrétaire de Saint Jean-Paul II, pèlerin ici à Civitavecchia: "De l'unité de la famille dépend le futur de l'Église et du monde".

L'EVEQUE TEMOIN DE TOUS LES SIGNES

Perte de la foi, familles détruites, scandales dans l'Église, guerre et terreur menaçantes… Sommes-nous certains que la Vierge a prophétisé tout cela déjà en 1995?

Tous les messages ont été transcrits à la main à l'époque au fur et à mesure qu'ils étaient communiqués; immédiatement après ils ont été lus et contre-signés en présence de témoins par l'ex évêque de Civitavecchia Gerolamo Grillo. Le même qui a consenti à la publication partielle des messages dans le livre La Madonna di Civitavecchia du père Flavio Uboldi, par lui envoyé auprès de notre famille.

Le même évêque qui au début ne crut pas aux lacrymations?

Et qui se déjugea le 15 mars 1995 lorsque la "Madonnina" pleura dans ses mains, en présence d'autres personnes, alors qu'il priait chez lui demandant d'être éclairé.

Mais il s'opposa initialement au point de demander que la "Madonnina" fût détruite. Pourquoi, à votre avis, se montra-t-il si hostile?

Pour les mêmes raisons qu'encore aujourd'hui tant des gens ne sont pas convaincus par ces événements, avant de venir les vérifier personnellement.
Je les comprends: il n'est pas facile pour un esprit rationaliste d'accepter que deux objets pleurent du sang ou exsudent de l'huile parfumée.
Pour y croire il faut se trouver dans l'évidence du fait et, en même temps, ouvrir le cœur et l'esprit, tenant compte par exemple que ces mêmes objets ne sont pas des "pierres" quelconques mais des représentations d'une personne sainte, authentique et vivante, telle qu'est la Sainte Vierge.

Pour arriver peut-être à comprendre, pour faire un autre exemple, que si la Vierge a pleuré un sang masculin, comme l'ont dit les analyses, ce qui peut dans un premier moment sembler le fruit d'une escroquerie, peut réserver, aux yeux de la foi un message spirituel et révélateur.

Cela me semble un passage important à clarifier
Dans un message donné à Civitavecchia il est dit que "la Vierge pleure le sang de son Fils". Déjà ainsi on comprend la profonde participation de la Mère à la voie de la Croix parcourue par Jésus. D'un autre côté, les analyses effectuées par les instituts de Médecine légale de l'université La Sapienza,der Gemelli et par la Criminalpol ont relevé que le sang est bien masculin, mais avec de forts caractères propres d'un sang féminin.
Cela nous rappelle que Jésus, conçu par l'œuvre de l'Esprit Saint, a reçu les caractères du sang ainsi que de tout son patrimoine génétique humain uniquement par sa mère Marie.
Le sang du Christ coïnciderait donc, d'un point de vue biologique, avec le sang de la Vierge, comme pour souligner, sur un plan très symbolique, que son être venu au monde, sa vie même il la doit à Marie, à l'accueil libre de l'immense plan de Dieu pour le salut du monde de la part de cette petite femme de la Palestine.

Néanmoins, ce sang masculin a donné lieu à des calomnies et des soupçons envers vous et les autres hommes de chez vous. Pourquoi n'avez-vous pas accepté de vous soumettre aux tests ADN?

Tant moi (au nom aussi de mon fils David) que mes deux frères, nous nous sommes tout de suite montrés disponibles aux tests d'ADN.
Mais l'avocat et l'évêque s'y sont opposés. La première expertise sur la Madonnina a été réalisée en mon absence, celle de ma famille et de mon représentant légal, ce qui explique pourquoi l'avocat Forestieri craignait qu'il n'y eût manipulation ou contamination des échantillons. L'évêque en revanche considérait que la Magistrature s'avançait sur un terrain qui n'était pas le sien; et comme parmi les messages donnés à Civitavecchia il y a un qui dit que «la voie de la vérité est le chemin de l'Eglise», je décidai d'écouter Mgr Grillo qui me demandait de renoncer à l'examen.
Plus tard, on a appris qu'en 1995, on ne pouvait isoler que quelques polymorphismes de l'ADN, de sorte que le sang de la Madonnina pouvait être compatible avec celui de la grande majorité de la population.
En d'autres termes, si ma famille et moi nous nous étions soumis au test, quelqu'un de mal disposé à l'égard de ces faits aurait pu facilement faire la confusion entre «coïncidence» et «compatibilité» du sang. Et en 96, la Cour constitutionnelle a décrété la pleine légitimité de notre action.

Cependant, pendant un certain temps, des accusations de fraude et d'association de malfaiteurs ont pesé sur vous.

Bien que les enquêtes aient été closes en 1995, l'affaire n'a été archivée que le 16 Octobre 2000. Avec une absolution en bonne et dûe forme, ce qui semble vraiment inhabituel pour un État laïque.
En effet, en excluant des manipulations externes et internes de la statue, et sur la base des dépositions des témoins oculaires (parmi lesquels dix agents des forces de l'ordre qui avaient gardé la Madonnina du 2 au 7 Février 95, témoignant ensuite qu'ils avaient vu se former et se déplacer de nouvelles larmes, avec la statue cimentée à la grotte et inaccessible car protégé par un verre transparent ...), les tribunaux ont déclaré qu'on se trouvait face à un phénomène inexpliqué par la science sur laquelle seule l'Eglise pouvait statuer. La Cour a également reconnu que ma famille n'a jamais tiré profit de ces événements.

Est-il vrai que l'évêque Grillo avait aussi du mal à croire aux autres événements extraordinaires qui ont eu lieu près de vous?

Oui, mais sur chaque événement, il a été appelée à témoigner.

Pouvez-vous nous raconter?

Mgr Grillo, très troublé par les larmes, reportait sa venue pour constater les exsudations de la deuxième statue.
Un jour, il a envoyé chez nous les sœurs de sa maison et le phénomène se répéta. Alors il se décida à venir en personne et, lors d'une Via Crucis, il voulut s'arrêter devant la grotte pour méditer une station. Juste à ce moment, non seulement la Madonnina, mais la nature autour commencèrent à exsuder et tout le monde put voir notre grand Liburnien (ndt: du nom d'un peuple antique de la côte adriatique) «pleurer» de l'huile (??).
Plus tard, Mgr Grillo prit personnellement la substance pendant l'exsudation et la fit analyser à Gemelli à Rome. L'analyse a montré que ce liquide est la combinaison d'une variété de substances végétales présentes dans la nature, mais évidemment pas dans la composition avec laquelle elle sort de la statue et en certaines circonstances, aussi des pierres de la grotte, et du lierre et des arbres qui l'entourent.

La nouvelles a même été signalée dans Il Giornale. Mais par rapport aux apparitions, comment s'est comporté Mgr Grillo?

Un jour, c'était en Septembre 1995, la Saint Vierge a demandé à ma fille d'informer l'évêque sur les apparitions.
Nous avons obéi, mais Mgr. Grillo chassa Jessica en l'accusant de raconter des mensonges. Puis il nous a fait des reproches, à moi et Anna Maria, disant que nous la conditionnions. Mais le lendemain, Jessica est revenue à la charge: «La Sainte Vierge veut que je parle avec l'évêque».
J'étais partagé - je me sentais blessé, en colère même, pour la façon dont nous avions été traités - mais ensuite je capitulai à cause de la détermination de ma fille qui avait seulement six ans et demi. Chez l'évêque, la scène de la veille se répéta, mais ils furent bouleversés par ce que leur dit Jessica en prenant congé: «La Sainte Vierge m'a dit que vous avez un cœur de pierre». Alors Mgr Grillo mit la Vierge à l'épreuve, lui demandant de révéler à ma fille un secret connu de lui seul.

-Et comment cela a-t-il fini?

Que Jessica lui rapporta plus tard au nom de la Sainte Vierge non pas un, mais plusieurs faits liés à sa personne. Mgr Grillo en fut si bouleversé qu'il fut pris d'un malaise, comme cela était déjà arrivé après la lacrymation entre ses mains.
Mais à partir de ce moment, il a cru aussi aux apparitions, comme l'a révélé dans ses mémoires publiés en 2011, et il a demandé une audience avec le Pape Jean-Paul II pour tout lui signaler.

JEAN-PAUL II ET LA "MADONNINA"

Venons-en donc à la relation entre Wojtyla et la Madonnina

Une relation de foi profonde. Le Pape crut immédiatement au signe des larmes. Il voulu vénérer la Madonnina dans sa chapelle privée au Vatican, il lui mit la couronne d'or et lui donna le Chapelet aujourd'hui conservé dans la châsse du sanctuaire à côté de la statue. Il exhorta Mgr Grillo à être plus ouvert aux signes du ciel, «Vous, évêques italiens - a-t-il dit - vous avez la tête dure».

Ensuite, il vous a donné la deuxième Madonnina, celle qui exsude l'huile, n'est-ce pas?

Après les premières larmes de la statue dans les mains de l'évêque, la magistrature italienne en ordonna la saisie. Le pape, cela nous fut rapporté, y vit une ingérence dans une affaire qui ne concernait que l'Église et il envoya son ami peut-être le plus cher, le cardinal Deskur, à Civitavecchia pour assister à une veillée dans la cathédrale.
Deskur se présenta avec la copie identique de la Madonnina, qu'il avait trouvé àMedjugoge chez le même artisan qui avait fait la première statue. Il déclara publiquement qu'il était venu «au nom du Pape pour favoriser le culte de la Vierge Marie» et, à la fin de la veillée, il nous donna la statue, la bénédissant au nom du Pontife.

C'est vrai que Wojtyla est venu à Civitavecchia, et que la relation avec vous a duré jusqu'à sa mort?

Jean-Paul II a rendu la visite en venant en secret à Pantano pour prier la Madonnina des larmes, qui dans l'intervalle, à partir du 17 Juin 1995, avait été remise à la paroisse Sant’Agostino, désormais sanctuaire.
Et il est vrai que, pendant l'hospitalisation du pape à Gemelli, fin Février 2005, Jessica lui fit parvenir une lettre très personnelle dans laquelle elle faisait référence à son ministère pétrinien en relation avec les apparitions, accompagné de feuilles de la grotte dont exsudait 'huile.

Et cette lettre eut une suite?

- Il y a eu, par l'intermédiaire de notre évêque, une réponse officielle du Saint-Siège adressé à toute la famille, avec une salutation et la bénédiction du pape. Nous la conservons jalousement avec une relique du sang de Jean-Paul II versé le jour de l'attentat du 13 mai 1981.
Tous ces faits et documents sont fidèlement rapportés dans le livre du père Ubodi, mais l'expression la plus profonde de la relation entre le pape et la Madonnina, on l'a vue le 8 Octobre 2000, le jour du Jubilé des évêques. A cette occasion, le Pape a fait un acte de consécration de toute l'Eglise à la Vierge Marie en réponse à l'acte de consécration demandé à plusieurs reprises dans ses messages, qui nous ont été délivrés à Civitavecchia.
Et ce geste du saint pape n'a pas suffi à changer le sort actuel du monde?

La Sainte Vierge vise à l'authentique conversion des cœurs, dont chaque personne dispose librement. Un acte de confiance (ndt: "affidamento" au sens de "s'en remmettre à quelqu'un", je ne trouve pas le mot juste) alors, n'a pas la même force qu'une consécration, et en son temps la Sainte Vierge a également avancé d'autres requêtes à la fois à l'évêque diocésain et au Saint-Père, qui aujourd'hui reviennent à Mgr Marrucci et au pape François.

Ces requêtent incluent-elles le secret que - dit-on - Jessica attend toujours de pouvoir remettre directement au pape

Oui.

Est-il vrai que Sœur Lucie dos Santos, la dernière voyante de Fatima, a eu une longue conversation privée avec votre fille Jessica?

Oui. Et ensuite Soeur Lucie a participé avec nous à la messe célébrée par notre directeur spirituel, le Père Manuel Hernandez Jerez, dans le monastère de Coimbra.

Est-il vrai que le secret pour le Pape est lié au secret de Fatima?

Oui.

Certains prétendent que vous n'aimez pas associer les faits qui concernent votre famille avec ceux de Medjugorje ...

Ma préoccupation est que la mariophanie de Civitavecchia soit connue en elle-même pour sa spécificité. Je m'explique. Tant la statue qui a pleuré du sang, conservée dans le sanctuaire, que la statue que nous avons à la maison et qui exsude l'huile, ont été fabriquées à Medjugorje dont elles portent le nom sur le socle. Le lien est évident et je le respecte profondément.
Mais durant ces vingt années, il m'a déplu de voir que beaucoup se sont arrêtés à souligner l'origine des deux images, sans approfondir l'initiative de la Vierge à Civitavecchia. A moi et à ma famille, la Sainte Vierge a demandé de vivre et de témoigner le message qu'elle a donné ici. Et lors de ses apparitions, elle a fait référence à Fatima: «J'ai choisi Fatima pour le début du XXe siècle», a-t-elle dit, «et Civitavecchia pour sa fin».

MAIS LES MEDIAS FONT SEULEMENT DU SPECTACLE

Une dernière curiosité. Pourquoi, en face d'un événement si grand, avez-vous accepté jusqu'à aujourd'hui de rarissimes interviews comme celle-là?

D'abord parce que je me suis conformé aux dispositions des évêques qui se sont succédé depuis 1995 à Civitavecchia, donnant mon témoignage dans les temps et les formes qu'ils m'ont permis. En second lieu, parce que souvent dans les médias d'autres facteurs prévalent sur la vérité à communiquer.

Pouvez-vous me donner un exemple?

Récemment, une grande chaîne nationale a diffusé une émission spéciale sur Madonnina de Civitavecchia. Lors de la phase de préparation, l'émission nous a envoyé une équipe. Eh bien, dès que ces gens se sont approchés de la Madonnina que nous gardons à la maison, il y a eu une exsudation forte et prolongée de la statue. La journaliste et le cameraman ont pu filmer tout et on comprenait qu'ils étaient à la fois contents et troublés. Et nous avec eux. Mais il y a plus. Le Père Flavio Ubodi leur a montré une vidéo très particulière: on voit cette même statue pleurer des larmes humaines dans les jours de la mort de saint Jean-Paul II. Les séquences ont été filmées en mémoire de l'autorité de l'Eglise, en présence, entre autres, de l'évêque du diocèse - on l'entend pleurer et prier -, de son secrétaire, du recteur du sanctuaire.

Un scoop incroyable.

Je ne saurais juger. En tout cas, à l'étonnement de l'équipe qui nous a rendu visite, lors de la diffusion de l'émission, cette vidéo a été utilisée, mais sans aucune explication. Et ce n'est pas tout: tandis qu'en studio, on débattait sur la possibilité qu'une statue puisse pleurer par intervention divine, et qu'un chimiste en chemise blanche pulvérisait un liquide rouge dans le visage d'une reproduction de la Vierge ... personne n'a pensé à diffuser les images de l'exsudation dont les envoyés de l'émission avaient été les témoins directs et crédibles.
La télévision a des exigences d'audience (ndt: c'est vraiment une interprétation charitable!), qui comportent la spectacularisation, l'opposition entre les points de vue et une dilatation exaspérée du sentiment de mystère, au profit du suspense; et elle peut aller jusqu'à nier l'évidence et la réalité. Pour la Sainte Vierge, au contraire, ce qui prévaut, c'est la vérité de chaque homme, et son destin.