Des prélats catholiques vraiment Catholiques ?

Deux commentaires à la réaction du nouvel archevêque de Chicago (mais pas seulement !) devant la décision de la Cour Suprême américaine instituant le mariage gay

>>>Voir aussi : benoit-et-moi.fr/2015-I/actualite/le-drapeau-noir-et-celui-arc-en-ciel

 

La décision de la Cour Suprême a fait l'objet d'un communiqué de l'archevêque de Chicago Blase Cupich nommé en septembre 2014 pour prendre la succession du cardinal Francis George. Il était reproduit en fac similé sur le site <Rorate Caeli>, en voici la traduction (Anna):

La déclaration de Mgr Cupich

La Cour Suprême des Etats-Unis a rendu cette semaine deux arrêts d'une importance particulière pour l'Église Catholique.

Dans le premier, la Cour a maintenu les subventions pour 6,4 millions d'Américains à faible revenu qui en dépendent pour payer une assurance santé en vertu de l'Affordable Care Act ("loi sur les soins abordables", plus connue sous le nom d'Obamacare). Certaines dispositions de cette loi nous posent problème, et nous continuerons de plaider pour la préservation de notre liberté religieuse. Nous comprenons toutefois que pour des millions d'individus et de familles, dont la plupart sont des travailleurs pauvres, cette décision préserve l'accès aux services de santé et à la promesse qu'elle offre d'une vie plus longue et en bonne santé.

Dans le deuxième arrêt, la Cour Suprême des Etats-Unis a décidé que deux personnes du même sexe ont un droit constitutionnel de se marier. Ce faisant, la Cour a redéfini le mariage civil. La raison proposée pour cette décision est la protection de l’égalité des droits pour tous les citoyens, y compris ceux qui s'identifient comme gay (sic !). Les rapides changements sociaux signalés par la décision de la Cour nous appellent à des réflexions mûres et sereines dans notre commun parcours. Dans ce processus, l'Église Catholique sera prête à offrir une connaissance ancrée dans la foi et une large gamme d'expérience humaine.

Il est important de noter que l'Église Catholique a un souci constant pour la dignité des personnes gay. En effet, le Catéchisme de l'Église Catholique dit: "Ils doivent être acceptés avec respect, compassion et sensibilité. Toute marque de discrimination injuste à leur égard devrait être évitée." (n. 2358). Ce respect doit être réel et non pas rhétorique, et doit toujours refléter l'engagement de l'Église à accompagner toutes les personnes. Pour cette raison, l'Église doit fournir son appui à toutes les familles, quelle que soit leur situation, reconnaissant que sous sommes tous des proches, en voyage à travers la vie sous l'œil attentif d'un Dieu aimant.

Il est aussi important de souligner que la redéfinition du mariage civil de la part de la Cour Suprême n'a pas d'incidence sur le Sacrement catholique du Mariage, où le mariage entre un homme et une femme est un signe de l'union du Christ et de l'Église. En défendant notre conception traditionnelle du mariage, nous sommes appelés à soutenir ceux qui sont entrés dans ce lien saint et aimant avec Dieu et avec l'autre.

Ce sera particulièrement important pour les membres de notre propre Église tandis que nous marchons ensemble, respectant non seulement les exigences politiques d'égalité, mais surtout guidés par les demandes plus hautes de la révélation divine. Notre objectif en tout cela sera de maintenir une authentique compréhension du mariage inscrit dans le cœur humain, consolidé dans l'histoire et confirmé par la Parole de Dieu".

 

C'est ce communiqué lénifiant, et qui interroge d'autant plus qu'on est à moins de 4 mois du Synode sur la Famille, dans lequel la santé du corps (Obamacare) est mise sur le même plan que la santé de l'âme (dénaturation du mariage et démantèlement de la Famille) qu'ont commenté respectivement Lorenzo Bertocchi (La Nuova Bussola, ce matin) et la rédaction du blog <Rorate Caeli> dans l'éditorial d'hier. Il est bien représentatif du cours que suit la désormais Eglise de la Miséricorde voulue et encouragée par François.

Rorate Caeli

Il est temps que les prélats catholiques parlent comme de véritables Catholiques

rorate-caeli.blogspot.com/2015/06/rorate-editorial-its-time-for-catholic
30 juin 2015
Traduction Anna
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Depuis la promulgation de l'arrêt Obergefell v. Hodges, la décision de la Cour Suprême des États-Unis sur la définition du mariage, un nombre croissant de prélats catholiques américains ont émis leurs propres déclaration sur cette abominable décision [prise par] cinq juges de la Cour (dont deux sont des baptisés catholiques.

Certains ont ouvertement condamné l'injustice et l’immoralité de la décision. D'autres ont réaffirmé clairement la doctrine catholique, mais sans la vigueur requise par la situation. D'autres ont fait des déclarations répétant un minimum de doctrine orthodoxe d'une façon aussi inoffensive et peu convaincante que possible, acceptant tacitement des éléments de la nouvelle orthodoxie séculière et minant la résistance qui existe encore contre elle parmi les catholiques.

La déclaration la plus symbolique a été celle du nouvel archevêque de Chicago, Blase J. Cupich, aussi tiède et faible qu'on peut l’imaginer. Ne soyons pas dupes: derrière la façade d'équanimité, cette affirmation est une capitulation pure et simple.

[Voir ci-dessus]

Précisément parce qu’on ne peut pas tout dire dans une déclaration d'une page, ce que l'Archevêque Cupich a choisi de dire revêt une plus grande signification. Il a choisi de dire justement les choses qui non seulement aideront nos adversaires mais aussi aiguiseront davantage leurs appétits. En répétant (sans qualification ni réfutation) l'affirmation que tout cela concerne "l’égalité des droits de tous les citoyens", et les "exigences politique d'égalité", et que tout cela concerne le "mariage civil", l'Archevêque Cupich cède un terrain crucial aux homosexuels et à leur volonté de verrouiller la vie publique pour eux-mêmes et leurs fidèles agents. Cela le rend complice de l'exil des principes chrétiens de la vie publique et de la réduction de l'Église à une simple institution privée, satisfaite aussi longtemps que les sacrements ne sont pas touchés, et qu'il lui est gracieusement consenti de garder ses croyances.

En effet, il ne dit rien du grave préjudice que le "mariage gay" a infligé à la religion et à l'ensemble de la société. Nous disons "religion" car nous ne nous faisons pas d'illusions sur là où le rouleau compresseur du "mariage gay" aboutira. Les activistes homosexuels ne se contenteront pas du "mariage" civil, ils ne seront pas satisfaits tant qu'ils ne parviendront pas à profaner même nos sanctuaires avec leurs "noces" perverses.

Il est d'autant plus pénible qu'au milieu du vitriol et de la véritable haine déversée par le "lobby gay" contre le Christ et Son Église, l'Archevêque Cupich choisisse de sermonner les Catholiques sur le "respect" des homosexuels.

En s’efforçant en priorité d’enseigner aux fidèles catholiques la nécessité d'être accueillants", respectueux", "charitables" et "gentils" envers le lobby homosexuel, de nombreux prélats et clercs jouent exactement le jeu des homosexuels. Il est encore plus déchirant que de nombreux clercs "conservateurs" et "traditionalistes", peut-être par crainte, se joignent à la caravane de la gentillesse en s'éloignant des Catholiques "durs", dont la seule "dureté" est d'utiliser d'un langage qui aurait été modéré et normal pour des Catholiques jusqu'aux années 1960.

En légitimant la fausse argumentation homosexuelle de la "victimisation" face aux Catholiques et autres Chrétiens "durs, peu charitables et cruels", ils admettent implicitement que les homosexuels ont le droit de définir qui est la victime et qui l'oppresseur. Cela ne fera que rendre plus difficile, sinon virtuellement impossible, à nos frères de résister à la nouvelle "orthodoxie" que l'État Américain souhaite à présent leur imposer.

Pour le "lobby gay" toute affirmation de l'orthodoxie catholique est par définition "haineuse" et "dure". Tout signe d'opposition à leurs requêtes est une forme de "bigoterie" qui doit être traitée en conséquence par des mesures légales de plus en plus sévères - la prochaine plus probable étape étant d'enlever le statut d'exemption fiscale aux institutions religieuses.

Le lobby homosexuel ne se contentera de rien de moins que du rejet total de la doctrine catholique sur la sexualité et l'acceptation de leurs croyances comme la nouvelle, merveilleuse orthodoxie. Ils utiliseront tout signe de faiblesse, tout indice de reddition, comme des ouvertures pour exiger d'autres revendications de plus en plus scandaleuses, dans la certitude que de notre côté il y a désormais très peu de tripes pour se battre.

La réalité est que dans les dernières décennies, les Catholiques ont manifesté beaucoup d'égards aux homosexuels et aux partisans de diverses idéologies et doctrines erronées sinon perverses, ou point de sacrifier le militantisme que la défense de la vérité requiert à juste titre. Si l'Église avait combattu le pseudo-mariage homosexuel avec la moitié du militantisme utilisé pour combattre les idéologies athées il y a juste quelques décennies, pas un seul pays occidental avec un nombre consistant de catholiques n’aurait légalisé cette perversion - sans au moins que les Catholiques en grand nombre osent d'abord un véritable martyre.

Et pourtant, confrontés à une défaite après l'autre, la seule solution envisagée par de nombreux prélats catholiques, y compris le Pape François, est d'insister encore plus afin d'éviter le langage "blessant" et "offensant.
(...)

C'est le langage d'une Église qui refuse de se battre, refuse de résister pour ses fidèles, et qui se retrouvera tôt ou tard repoussée dans les catacombes. L'Église sera désormais mise au placard.

La Nouva Bussola

Mariage gay aux USA, un évêque force la main

Lorenzo Bertocchi
1er juillet 2013
www.lanuovabq.it
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«Etendre le soutien à toutes les familles, peu importe leur situation, parce que nous devons admettre que nous sommes tous ensemble dans le voyage de la vie sous l'œil vigilant d'un Dieu d'amour».
Propos de l'archevêque de Chicago, Mgr Blaise Cupich, suite à la décision de la Cour suprême des États-Unis concernant la reconnaissance du mariage homosexuel dans tous les Etats de l'Union. Pour le Chicago Tribune les paroles de l'archevêque, diffusées de Rome, où Cupich se trouvait pour la remise du pallium d'archevêque aux métropolites, sembler quelque peu en dissonance avec les réactions de beaucoup de ses confrères. Il suffit de rappeler que Mgr Joseph Kurtz, président de la Conférence épiscopale des Etats-Unis, a tonné en affirmant que pour le gouvernement, il est «profondément immoral et injuste de déclarer que deux personnes du même sexe peuvent contracter un mariage».

Mgr Cupich pour sa part, a bien sûr souligné que la redéfinition du mariage civil n'a rien à voir avec le sacrement du mariage, parce que «le mariage entre un homme et une femme est un signe de l'union entre le Christ et l'Eglise». Cependant, le ton de ses paroles semble conciliant avec la situation qui s'est créée après la décision de la cour. «Le rapide changement social initié par la sentence - écrit l'archevêque - «nous appelle à une réflexion mûrie et sereine sur la façon dont nous pouvons aller de l'avant ensemble».

Cupich a parlé avec sincérité (?) du «respect» dû aux personnes et à la communauté LGBT, rappelant le Catéchisme au n° 2358, il a dit que ce respect doit être «réel et non rhétorique, et doit toujours refléter l'engagement de l'Eglise à accompagner toutes les personnes». Il semble ainsi incarner la figure du pasteur «constructeur de ponts» qui, avec une certaine rhétorique, est soutenue par beaucoup. Appelé à remplacer le cardinal George, récemment décédé, Mgr Cupich est entré au diocèse de Chicago l'an dernier. Plusieurs commentateurs ont souligné que le choix de Cupich à Chicago était un choix surprise, décidé directement par le pape François, en contournant le travail de la Congrégation pour les évêques et aussi les orientations des évêques américains.

Il faut malgré tout reconnaître que Mgr Cupich a pleinement respecté le contenu du récent Instrumentum laboris pour le prochain Synode des Évêques.
En effet, au n° 131, on lit que «toute personne, indépendamment de son orientation sexuelle, doit être respectée dans sa dignité et accueillie avec sensibilité et délicatesse, à la fois dans l'Eglise et dans la société».
Mgr Vincenzo Paglia s'est réglé sur la même longueur d'onde, lors de la conférence de presse pour présenter la prochaine Journée Mondiale de la Famille, qui se tiendra en Septembre à Philadelphie. Face à la question d'un journaliste, qui l'interrogeait sur la présence de couples homosexuels à la Journée mondiale, le président du Conseil pontifical pour la famille, il a déclaré que «nous suivons à la lettre l'Instrumentun Laboris du Synode. Tout le monde peut venir, sans exception. Et si quelqu'un se sent laissé de côté, je laisse les 99 brebis et je vais le chercher. Le lien intime entre la rencontre aux Etats-Unis et le Synode, n'est évidemment pas seulement temporelle».

L'accueil et l'accompagnement ne préludent pas, au moins dans les intentions déclarées, à une reconnaissance ecclésiale d'un quelconque «mariage» homosexuel, cela a été réaffirmé clairement par le Cardinal Peter Erdö lors de la présentation de l'Instrumentum laboris. Reste cependant une attitude pastorale que certains considèrent excessivement optimiste et condescendante envers des choix politiques et humains qui sont loin de la doctrine catholique. Parce que, comme l'a dit Mgr Joseph Kurtz, «indépendamment de ce qu'une majorité restreinte de la Cour suprême a déclaré, la nature de la personne humaine et le mariage reste inchangé et immuable».