Le cardinal Burke corrige Spadaro

Dans un commentaire publié sur le site conservateur "National Catholic Register", il dément des propos tenus par le jésuite confident et inspirateur du Pape, directeur de la Civiltà Cattolica, à propos du Synode

 

La vérité sur la 14ème Assemblée ordinaire du Synode des Évêques?

COMMENTAIRE
Cardinal Raymond Burke
National Catholic Register
1er décembre 2015
Traduction d'Anna


Dans le numéro du 28 novembre de La Civiltà Cattolica, le père jésuite Antonio Spadaro, directeur de la revue et père synodal, présente un résumé des travaux de la 14ème Assemblée Ordinaire du Synode des Évêques, dédié à la vocation et la mission de la famille (pp. 372-391).

Bien que l'auteur fasse de nombreuses affirmations sur la nature et le travail du Synode des Évêques, qui requièrent un commentaire critique dans une étude plus longue, une affirmation qui nécessite un commentaire immédiat est ainsi résumée par l'auteur:

Le Synode a aussi voulu toucher les personnes et les couples blessés afin de les accompagner et guérir dans un processus d'intégration et de réconciliation sans barrières.
Concernant l'accès aux sacrements pour les divorcés et remariés civilement, le synode a formulé la voie du discernement et du "for intérieur", jetant les bases et ouvrant une porte qui, par contre, était restée fermée dans le synode précédent.


Je mets de côté le fait que les déclarations publiques de plusieurs pères synodaux affirment le contraire, c'est-à-dire qu'ils affirment que le synode a confirmé la pratique constante de l'Église au sujet de ceux qui vivent en des unions irrégulières. Alors même que le texte des paragraphes 84 à 86 de la relation finale du synode manque de clarté au sujet des vérités fondamentales de la foi, la sainte Eucharistie et le saint mariage, la même absence de clarté est apparue maintenant dans les déclarations publiques des pères synodaux.

Le fait est que le synode ne pouvait pas ouvrir une porte qui n'existe pas et ne peut pas exister, à savoir un discernement en conscience qui contredit la vérité sur la suprême sacralité de la très Sainte Eucharistie et l'indissolubilité du lien matrimonial.
Le synode, comme l'Église l’a toujours enseigné et pratiqué, a voulu montrer de l'amour envers les individus qui se trouvent dans une situation qui n'est pas conforme à l'enseignement du Christ et de son Église.

Toutefois, l'amour christique de l'individu n'est pas "intégration et réconciliation sans barrières", car il est fondé sur les irremplaçables vérités de la nature et de la grâce et est ordonné en conséquence pour le bien de l'individu et de la communauté entière. L'amour christique accompagne l'individu sur la voie du repentir et de la réparation, afin qu'il puisse à nouveau être disposé à rencontrer le Christ dans les sacrements.

La voie du discernement sur laquelle le prêtre accompagne le pénitent qui vit dans une union irrégulière assiste le pénitent pour conformer à nouveau sa conscience à la vérité de la sainte Eucharistie et à la vérité du mariage auquel il est lié.
Comme l'Église l’a constamment enseigné et pratiqué, le pénitent est amené dans le "for interne" à vivre chastement dans la fidélité au lien marital existant, même s'il vit apparemment de façon maritale avec un autre, étant ainsi en condition d'avoir accès aux sacrements dans une modalité qui n’apporte pas le scandale. Le Pape saint Jean-Paul II a décrit la pratique de l'Église du "for intérieur" au n. 84 de Familiaris Consortio. La Déclaration du Conseil Pontifical pour les Textes Législatifs du 24 juin 2000 illustre l'enseignement du n. 84 de Familiaris Consortio . Ces deux documents sont référencés dans le rapport final du synode, mais, hélas, d'une façon trompeuse.

Donner l'impression qu'il y ait une autre pratique dans le "for interne", qui permettrait à une personne dans une situation irrégulière d'avoir accès aux sacrements, c'est suggérer que la conscience peut être en conflit avec la vérité de la foi. Une telle suggestion place évidemment les prêtres dans une situation impossible, l'attente qu'ils puissent "ouvrir une porte" au pénitent, qui en réalité n'existe pas et ne peut pas exister.

Finalement, et pour le plus grave préjudice de l'Église universelle, il crée l'attente que le Romain Pontife peut cautionner une pratique qui est en conflit avec les vérités de la foi.
Le Synode des Évêques, en accord avec sa nature et sa finalité, ne peut pas être l'instrument d'une telle attente.