L'hémorragie allemande

L'Eglise en Allemagne continue à perdre des fidèles... Il y a cinq ans, on nous expliquait que c'était la faute de Benoît XVI

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En décembre 2013, je m'interrogeais sur "l'effet François", peut-être davantage slogan médiatique que réalité concrète, puisque des chiffres publiés alors (il n'est pas inintéressant de les relire, avec les commentaires qui les accompagnaient: benoit-et-moi.fr/2014-II-1/actualites/quen-est-il-de-leffet-franois) confirmaient déjà que l'hémorragie des fidèles en Allemagne, contenue sous Benoît XVI, connaissait une croissance exponentielle depuis 2013.

Rappelons qu'en 2010, en plein milieu de la campagne de dénonciation de la pédophilie parmi les membres du clergé notamment en Allemagne, les grands médias n'avaient rien épargné pour nous expliquer que les catholiques quittaient massivement l'Eglise allemande... À CAUSE DE BENOÎT XVI.
Les faits rapportés par Marco Tosatti prouvent aujourd'hui qu'il y avait bien d'autres raison, mais curieusement, ils sont beaucoup plus discrets...

L'hémorragie allemande

Marco Tosatti
20/07/2015
San Pietro e dintorni
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L'Eglise catholique allemande a perdu l'année dernière un nombre record de fidèles: près de 218 mille personnes, soit à peu près 39 mille de plus que l'année précédente. C'est un chiffre très élevé, et même supérieur à celui de 2010, l'année où l'Eglise allemande a été secouée par le scandale des abus sexuels sur mineurs.
En Allemagne, la foi doit être déclarée au moment de la déclaration d'impôt; et en conséquence de cela, la confession d'appartenance revendique et perçoit une taxe, la "Kirchensteuer".

Ces chiffres sont considérables; en 2011 l'Eglise allemande a perçu quelque chose comme 6,3 milliards de dollars. L'Eglise en Allemagne est le deuxième plus grand employeur du pays, et son influence est considérable dans le Tiers Monde grâce à l'aide apportée par les fonds de la Kirchensteuer. Plusieurs commentateurs - comme George Weigel - attribuent cette désaffection croissante, outre qu'à des raisons financières, à la tendance d'une grande partie de l'épiscopat à essayer de changer la doctrine de l'Eglise, en particulier la doctrine sur le mariage et les sacrements aux divorcés remariés, qui sera discutée dans le prochain Synode en Octobre.
Il est intéressant à cet égard de voir ce que dit, dans une longue interview à "Zenit", Mgr George Gaenswein, Préfet de la Maison pontificale et secrétaire de Benoît XVI (1).

Question: Certains de ces conflits proviennent de votre pays natal, l'Allemagne. Pourquoi?

Réponse: Oui. Il est vrai que les erreurs ne viennent pas toutes de là, mais ce point précis, certainement oui: il y a vingt ans, Jean-Paul II, après une tractation longue et difficile, n'a pas accepté que les chrétiens remariés puissent accéder à l'Eucharistie. A présent, nous ne pouvons pas ignorer son magistère et changer les choses. Pourquoi certains pasteurs veulent-ils proposer ce qui n'est pas possible? Je ne sais pas. Peut-être cédent-ils à l'esprit de l'époque, peut-être se laissent-ils guider par les applaudiseements humains causés par les médias ... Être critique contre les médias est certainement moins agréable; mais un pasteur ne doit pas décider sur la base des applaudissements ou non des médias; la mesure est l'Evangile, la foi, la saine doctrine, la tradition.

NDT

(1) L'interview de Mgr Gänswein a été traduite en italien par www.zenit.org. Elle avait été publiée le 6 juillet, en espagnol et en catalan, sur le site www.sumandohistorias.com, à l'occasion de la visite du Pape en Amérique latine.
Le titre choisi est très orienté (JUSQU'À PRÉSENT, FRANÇOIS EST L'UNIQUE VOIX CONVAINCANTE ET COURAGEUSE QUI DIT LES CHOSES COMME ELLES SONT).. mais trompeur: si on va un peu plus bas dans l'article, on s'aperçoit que Mgr Ganswein parle des chrétiens persécutés.

Si on ne s'arrêre pas à ce titre, l'interview contient certainement de très bonnes choses (même si elles ne sont pas inédites dans la bouche de Mgr Gänswein). J'avoue toutefois être restée perplexe en lisant, à propos de François:
"Si on regarde un peu mieux aux contenus, on verra que dans l'exercice du munus petrinum, il y a une continuité avec Benoît XVI. Et c'est juste ainsi"
Evidemment, le secrétaire de Benoît XVI ne peut pas dire autre chose.