Une interview du cardinal Müller

par le site en allemand <katholische.de>. Synthèse sur la Bussola

>>> L'interview en v.o: www.katholisch.de/aktuelles/aktuelle-artikel/keine-abstriche-von-der-kirchlichen-lehre

 

Il semble que le Saint-Siège calme opportunément le jeu, par la voix du plus influent représentant de la Curie.
A cette occasion, on ressort à dessein le marronier de la FSSPX (sans rien de vraiment nouveau)... dont la reconnaissance très hypothétique pourrait d'ailleurs être une simple manoeuvre du Pape pour se concilier à peu de frais les bonnes grâces des tradis, en prévision des grandes manoeuvres pour le prochain Synode.
Sous Benoît XVI (à qui la question tenait tellement à coeur, et qui s'était engagé avec passion, payant très cher de sa personne l'acte de générosité de levée de l'excommunication des 4 évêques ordonnés par Mgr Lefebvre), combien de fois avons nous lu et entendu qu'un accord avec la Fraternité était "imminent" (au point que l'on peut s'interroger sur les motivations de ceux qui prétendaient détenir un scoop, au premier rang desquels Andrea Tornielli)?. Et comment ne pas penser avec amertume à la façon dont la Fraternité a repoussé la main que le Pape lui avait généreusement tendue?

La Bussola n'en parle pas, mais dans l'interview, il est aussi question de l'Encyclique écologique, que le cardinal Müller dit avoir appréciée:

Question: François a présenté récemment l'encyclique "Laudato si". Quel est selon vous l'intérêt principal de ce document?

Müller: Il s'agit d'un "document-guide" qui continue la tradition des encycliques sociales. Je suis très reconnaissant au Saint-Père pour l'encyclique. Il me semble que François veut surtout ouvrir les yeux de tous les hommes de bonne volonté aux problèmes de l'environnement et de l'écologie humaine et de promouvoir entre eux le dialogue à tous les niveaux. Parce que c'est seulement ensemble que nous pouvons trouver une solution à ces problèmes et renforcer la responsabilité de tous pour le bien commun. En ce sens, le document a une très forte composante sociale et éthique.

Synode et Medjugorje, les anticipations du cardinal Müller

Lorenzo Bertocchi
5 août 2015
www.lanuovabq.it
Ma traduction
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Alors que le cardinal-archevêque de Vienne, Christoph Schönborn, envoie un message aux jeunes rassemblés à Medjugorje pour le Festival 2015, le cardinal Ludwig Müller confirme que la décision du Vatican sur les présumées apparitions dans les Balkans devra attendre la "session ordinaire d'automne". Après cette réunion de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, la balle ira directement à François, qui aura le dernier mot. Pendant ce temps, le cardinal Schönborn a déclaré aux jeunes rassemblés à Medjugorje qu'il est "avec eux, avec le cœur et avec la prière intense."

Dans l'interview accordée à <katholische.de> et publiée le 3 Août dernier, le préfet de l'ex-Saint-Office, à propos de Medjugorje, a rappelé les travaux de la Commission présidée par le cardinal Ruini, une enquête qui constituera la base de l'approfondissement que fera la session d'automne de la Congrégation présidée par le Card. Müller. Comme la Nuova Bussola l'a rappelé à plusieurs reprises les conclusions des travaux de la Commission Ruini ne sont pas négatives, mais s'accompagnent d'une série de doutes et d'incertitudes sur les apparitions mariales présumées de Medjugorje. Certaines rumeurs disent que le travail de la Congrégation de la Doctrine de la Foi devrait se traduire principalement par un plus grand soin pastoral dans l'approche des fidèles aux apparitions présumées. Le Cardinal Schönborn a demandé aux jeunes réunis pour le Festival medjugorien de "prier pour le Synode de la famille", un rendez-vous dont le cardinal Müller espère que "la Parole de Jésus et l'enseignement de l'Eglise sur la base de celui-ci ne seront pas compromis". Parce que, dit Müller, "pour l'avenir de l'Eglise et de la société, la famille, est d'une importance irremplaçable". Ces défis qui pour beaucoup semblent être d'une importance cruciale (divorcés remariés, personnes homosexuelles et partenariats), sont importants pour le cardinal Müller, mais c'est avant tout la préparation au mariage, et l'accompagnement des époux qui "requièrent renouvellement et approfondissement".

La préoccupation pour un rapport correct entre doctrine et pastorale est l'un des thèmes sur lesquels le cardinal Müller est intervenu à plusieurs reprises depuis que le débat synodal a commencé. Les deux ne peuvent pas être en contradiction et, par conséquent, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi joue un rôle de promotion et de vigilance en relation étroite avec le Saint-Père. Certains avaient malicieusement instrumentalisé les paroles du Cardinal sur le rôle de la Congrégation qu'il préside. Dans une interview, en effet, le cardinal avait parlé de la tâche de la Congrégation de "structurer théologiquement" le pontificat, et ainsi certains médias qui traitent d'affaires vaticanes (ndt: Vatican Insider?) s'étaient sentis obligés de tirer les oreilles de Müller, probablement considéré comme coupable de trahison. Aujourd'hui, c'est lui-même qui clarifie: "Ma préoccupation", a-t-il dit à <katholische.de>, "était d'attirer l'attention sur la tâche de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi: elle doit promouvoir et défendre la foi et la morale dans l'Eglise catholique toute entière, au nom du Pape. (...) Personnellement, la fidélité au Pape au long de ma vie a toujours été le désir de mon cœur".

Entre autre, le préfet partage avec le Saint-Père une certaine sensibilité envers la théologie de la libération. A propos du récent voyage de François en Amérique du Sud, qui pourtant n'a pas manqué de soulever quelque perplexité, le cardinal Müller dit que "ce voyage montre que l'Eglise doit utiliser une authentique théologie de la libération", autrement dit celle qui n'est pas en conflit avec ce que stigmatisaient deux célèbres documents de la Congrégation de l'ex-Saint-Office dirigé à l'époque par le cardinal Ratzinger. "Le fascicule", dit Muller, "que j'ai publié récemment avec Gustavo Gutierrez et dont François a écrit la préface, est un signe" qui va dans ce sens.

Dans une interview qui aborde de nombreux thèmes, la question des relations entre le Vatican et la Fraternité Saint-Pie X - le groupe sacerdotal fondé par Mgr Marcel Lefebvre depuis longtemps engagé dans une confrontation avec le Saint-Siège à propos de la pleine communion avec Rome - ne pouvait être absente. Le Cardinal Müller a répondu en disant qu' "il n'y a pas de nouveautés substantielles" et que le pape veut que l'on continue avec "ténacité et patience" (en italien dans le texte allemand pour indiquer les mots précis du pape). Ces derniers mois, a précisé Müller, "il y a eu des rencontres de différentes sortes, afin d'améliorer la confiance mutuelle".
Dans ce domaine, il y a eu effectivement ces derniers temps quelques faits intéressants, parmi lesquels la nomination de Mgr Fellay, supérieur général de Fratermité, comme juge de première instance dans l'affaire d'un prêtre lefebvriste impliqué dans un délit grave (ndt: voir l'interview de Mgr Fellay par Présent) . Cette nomination a été officiellement ratifiée par sa Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et, au-delà de la question spécifique, elle se révèle être un "signe de bonne volonté et de magnanimité", comme l'a déclaré Mgr Pozzo, secrétaire de la Commission pontificale Ecclesia Dei .

Un autre fait intéressant vient du diocèse de Buenos Aires dont provient le Pape François. Dans ce cas, l'actuel archevêque, Aurelio Poli, qui a remplacé le cardinal Bergoglio après son élection au trône de Pierre, a donné le feu vert pour que les lefebvristes soient enregistrés par le gouvernement de l'Argentine comme "association diocésaine".
Dans le cas de la Fraternité Saint-Pie X "l'exigence pour une pleine réconciliation", a précisé Müller à <katolische.de>, "est la signature d'un préambule doctrinal, pour assurer la pleine conformité avec les questions essentielles de la foi".
Mais les signes de "bienveillance", avec François régnant, ne manquent décidément pas.