Les "révélations" de Mgr Gänswein...


Le gardien de la foi de Mater Ecclesiae

lors de la présentation de l'ouvrage "Oltre la Crisi..": quelques réflexions parsonnelles (23/5/2016)

>>> Voir aussi:
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Une papauté bicéphale
¤ Le pas historique du 11 février 2013
¤ Une nouvelle réalité dans l'Eglise

 

Après réflexion, je voudrais dire quelques mots, même très fragmentaires, à propos du discours prononcé par Georg Gänswein, bien qu'il (me) soit difficile de le commenter, pour des raisons qui me sont personnelles.

La première chose qui saute aux yeux, c'est que Mgr Ganswein s'y est départi de sa réserve habituelle, jusqu'à faire des confidences très étonnantes dans sa bouche, compte tenu de ses hautes fonctions et de ses responsabilités auprès de François.
La plus surprenante est sans aucun doute celle sur le conclave 2005 et sur la "mafia de Saint Gall", dont il a cité explicitement les noms des membres. Il ne peut pas ignorer que ceux parmi eux qui sont encore en vie (Danneels, Silvestrini et Murphy-O'Connor), sont les mêmes qui en 2013 ont soutenu l'élection du cardinal Bergoglio, au point de se voir qualifier de "Bergoglio Team" par Austen Ivereigh, le biographe de François, dans son livre par ailleurs hagiographique "The great reformer" (cf. benoit-et-moi.fr/2014-II/actualites/imbroglio-au-conclave-2013)

Mgr Ganswein semble pourtant un fervent partisan de l'"école" qui veut lire le Pontificat en cours selon une "herméneutique" (pour reprendre un mot que Benoît XVI a popularisé) de continuité - ce qui peut surprendre, voire agacer, compte tenu des multiples preuves du contraire. Est-ce de sa part une posture diplomatique? une forme de "réserve mentale"? ou bien une réelle conviction? ou encore une façon de répondre à ceux qui ont prétendu que l'élection de François inaugurait "une NOUVELLE saison dans l'Eglise", où tout devenait possible, car NOUVEAU, justement - alors qu'il est bien placé pour savoir que François n'a rien inventé en termes de miséricorde, de "démondanisation" et de périphéries, et que ce qu'il y a de "bon" dans son Pontificat est essentiellement un héritage de Benoît XVI (comme le répète par exemple Andrea Gagliarducci semaine après semaine)?

Des questions qui demeurent sans réponse, de même qu'on ne sait pas si les propos de Georg Ganswein n'engagent que lui-même, ou s'il est le porte-parole de Benoît XVI, qui chercherait à nous faire comprendre des choses à travers son secrétaire, en particulier le sens de cette renonciation mystérieuse, qui inaugurerait une nouvelle conception "bicéphale", voire collégiale, de la Papauté (une "révolution" qui, à n'en pas douter, continuera à faire couler beaucoup d'encre et que je laisse aux canonistes... ou au Père Scalese, le soin de commenter), avec ce ministère de la prière assumé par Benoît XVI. On se souvient peut-être, à ce sujet, de sa conversation avec Vittorio Messori en septembre dernier ("Il m'a écouté avec attention quand, à sa demande, j'ai essayé de lui faire une synthèse de la situation ecclésiale, au moins comme je la ressens. A la fin, il a dit seulement «Je ne peux que prier»").
Une lectrice amie, Régine m'écrit qu'on peut y voir aussi un avertissement discret de Benoît XVI: "Je suis toujours là". Lire: "François ne peut pas faire n'importe quoi avec ce qui lui a été transmis, et dont il n'est pas le seul dépositaire vivant". Peut-être. En tout cas, c'est une interprétation intéressante.

Toujours sur ce sujet, l'autre point qui a retenu mon attention, c'est le paragraphe, qui prend acte de ce "ministère élargi - avec un membre actif et un membre contemplatif", et qui se poursuit ainsi:

C'est pour cela que Benoît XVI n'a renoncé ni à son nom, ni à la soutane blanche. C'est pour cela que l'appellation correcte pour s'adresser à lui est encore aujourd'hui "Sainteté".



A un autre endroit, Georg Gänswein, insistant sur son rôle de témoin direct, précise:

J'étais présent lorsque Benoît XVI, à la fin de son mandat, déposa l'anneau du pécheur, comme c'est l'usage au lendemain de la mort d'un pape, même si dans ce cas, il était encore en vie! J'étais présent quand pourtant, il décida de ne pas renoncer au nom qu'il avait choisi.



Tout ceci contredit pesamment des rumeurs (plus que des rumeurs, même!) ayant circulé après que Benoît XVI eût reçu un journaliste de Frankfurter Allgemeine Zeitung en décembre 2014 (benoit-et-moi.fr/2014-II), selon lesquelles il aurait souhaité être appelé "Vater Benedikt" (Père Benoît)

Et plus encore, la très étonnante réponse à l'impensable (!!) lettre d'Andrea Tornielli réclamant des éclaircissements sur la démission, où le Pape émérite en personne AURAIT répondu (benoit-et-moi.fr/2014-I/actualites/la-lettre-de-benoit-xvi-a-tornielli):

Les spéculations sur la validité de la renonciation sont simplement absurdes.
Le maintien de l'habit blanc et du nom Benoît est une chose simplement pratique. Au moment de la renonciation, il n'y avait pas d'autres vêtements à disposition...



Beaucoup de contradictions émergent donc, beaucoup de choses restent inexpliquées. Beaucoup de choses que nous ne savons pas (ce qui ne sous-entend évidemment pas qu'"on nous les cache"), et que Benoît XVI, lui, sait. Beaucoup de choses qui échappent à notre pauvre compréhension. Sans doute devons-nous accepter humblement nos insuffisances, en nous disant qu'après tout, le Bon Dieu sait ce qu'il fait.
Benoît XVI n'a pas dit autre chose dans sa dernière audience générale du 27 février 2013 (rappelée par Mgr Ganswein):

«J’ai toujours su que dans cette barque, il y a le Seigneur et j’ai toujours su que la barque de l’Église n’est pas la mienne, n’est pas la nôtre, mais est la sienne. Et le Seigneur ne la laisse pas couler ; c’est Lui qui la conduit, certainement aussi à travers les hommes qu’il a choisis, parce qu’il l’a voulu ainsi. Cela a été et est une certitude, que rien ne peut troubler».