Benoit-et-moi 2017
Vous êtes ici: Page d'accueil » Actualité

François, 4 ans après (II)

Suite et fin du "check-up" de Steve Skojec (15/3/2017)

>>>
François, 4 ans après (I)

QUATRE ANS PLUS TARD: RÉFLEXIONS SUR UN PONTIFICAT SANS PRÉCÉDENT
Deuxième partie

Steve Skojec
www.onepeterfive.com
Ma traduction

* * *

(...)
Si génial, en fait, qu'une enquête criminelle de la justice italienne au sujet des affiches est en cours dans «les milieux conservateurs tenus pour responsable». Et quand le même mois, un pastiche de L'Osservatore Romano a été publié, se moquant également de François, le Vatican a diligenté sa propre enquête policière dans cette affaire aussi. Si l'on en croit des rumeurs persistantes, la réaction de François à la critique quand il est derrière des portes closes est de loin plus colérique que quand les caméras tournent. Et comme notre couverture détaillée des dubia l'a montré, François n'a aucun scrupule à faire usage d'hommes de paille pour attaquer toute personne qui se trouve sur son chemin.

Ces réactions nous disent quelque chose de très important: la résistance n'est pas inutile. Elle a un effet.

La réalité pour les catholiques est que nous avons atteint un point de saturation - appelons-le 'pic de François' - et à partir de ce pic, on ne peut que descendre. Cela signifie que pour les révolutionnaires qui ont pris le contrôle de la Sainte Mère Église, il y a à ce stade beaucoup moins d'avantages à faire usage de subtilité; il y a peu à gagner par la réserve, ou la chasse constante à la popularité; seulement un agenda déjà bien avancé, qui doit être solidement cimenté avant que cette papauté ne devienne, comme ce sera inévitablement le cas, un (funeste) souvenir. Fernández nous a avertis qu'au fur et à mesure que le temps raccourcit, les choses vont s'accélérer. Mais le rythme du changement est si exténuant, voire téméraire, qu'il a réveillé les fidèles d'une complaisance datant de décennies. C'est peut-être pour cette raison que les plus prudents des hommes d'Eglise de carrière qui ont consacré d'innombrables années à des changements ecclésiastiques permanents sont maintenant désireux de faire faire partir François. Ils ont déchainé une arme qu'ils ne peuvent plus contrôler, et cela fait du tort à leur propre cause, ainsi qu'à celle de leurs adversaires.

Comme je l'ai dit plus haut, il est impossible de résumer de manière adéquate la litanie complète des problèmes introduits par ce pontificat. Mais pour adopter une perspective d'en haut, en réfléchissant brièvement à quelques-unes des principales questions en jeu au cours du bref mandat de François, nous constatons qu'elles sont stupéfiantes dans leur audace et leur portée.

L'objectif principal de la campagne pour refaire l'Eglise a pris la forme d'un consistoire et de deux synodes-éclair qui ont entamé le processus de démantèlement du sacrement de mariage et le concept de péché objectif grave - un processus menée à terme à travers une exhortation apostolique - Amoris Laetitia - qui favorise l'adultère et la réception de la communion (et d'autres sacrements) pour ceux qui vivent hors de l'état de grâce.

Pendant ce temps, d'autres aspects fondamentaux de l'enseignement et de l'identité catholique ont été simultanément érodés. Nous avons vu l'enseignement de longue date de l'Église sur la peine de mort et la doctrine de l'enfer usurpé par des contradictions. On nous parle avec une fréquence croissante de la possibilité d'un diaconat féminin. Des murmures ont également commencé à propos de l'assouplissement des exigences de célibat dans le sacerdoce de rite latin. Sous la direction de François, le Vatican est allé jusqu'à célébrer l'héritage de Martin Luther lui-même - qu'il avait précédemment condamné -, à la veille du 500e anniversaire de la déchirure de la chrétienté par cet hérésiarque. Le pape lui-même a encouragé, à travers des réponses permissives et ambiguës, la réception de la Sainte Communion par des protestants individuels, en violation à la fois de la discipline sacramentelle pérenne et du droit canon. Suivant cette même trajectoire, nous entendons aujourd'hui de fréquentes rumeurs d'une révision planifiée de la messe, qui la rendra appropriée comme prière œcuménique pouvant être célébrée en commun avec les protestants - une réponse possible à la poussée au sein de l'Eglise, au-delà de la simple rumeur, en faveur de l'intercommunion. C'est tristement prévisible de la part d'un pape qui a démontré son opposition à l'évangélisation (le prosélytisme, comme il l'appelle), et qui témoigne d'un mépris visible pour l'Eucharistie, devant lequel on sait qu'il s'agenouille rarement. Certains se sont demandés si c'est le fruit d'une quelconque incapacité physique, mais il a démontré qu'il est capable de se mettre à genoux à d'autres occasions, comme le lavement des pieds des musulmans le Jeudi Saint (l'exemple le plus récent de son étrange posture eucharistique est venu à notre attention à travers des images de sa retraite [de Carême] la semaine dernière à Arricia).

Les réflexions théologiques de François incluent l'idée qu'il n'y a pas de Dieu catholique; que les athées aussi sont sauvés; que le miracle des pains et des poissons n'était pas un miracle réel de multiplication; que Jésus aime quand nous lui disons que nous avons péché et que nous péchons encore; que le premier et le plus grand commandement est l'amour du prochain, et que la Sainte Vierge voulait accuser Dieu d'être un menteur - pour n'en citer que quelques-unes.

Et puis il y a l'optique de ce pontificat: l'accolade de François aux dirigeants, symboles et régimes communistes, alors qu'il rejette ceux qui veulent sécuriser leurs frontières et assurer leur sécurité économique. Son approche autoritaire du gouvernement, de la répression brutale des Frères Franciscains de l'Immaculée à la dictature naissante de la Miséricorde, à l'éviscération de la Congrégation pour le Culte Divin et de l'Académie pontificale pour la vie, à l'attaque contre l'Institut Jean-Paul II pour le mariage et la famille, au retrait méthodique du cardinal Burke de tout poste curial d'influence, au démantèlement de la souveraineté des Chevaliers de Malte et à la décapitation de leur tête, au blâme attribué à Burke dans toute l'affaire. Voir aussi son accolade à une foule de personnalités impliquées dans la déviance sexuelle, y compris mais non limitée à l'administrateur homosexuel présumé de sa maison pontificale, Mgr Battista Ricca, au sujet duquel il a dit «Qui suis-je pour juger?» Sa nomination d'un prêtre connu pour avoir comparé les relations sexuelles entre gays à l'Eucharistie comme Consultant du Conseil Pontifical Justice et Paix (cf. benoit-et-moi.fr/2015-I/actualite/timothy-radcliffe-a-justice-et-paix). Sa clémence pour les agresseurs sexuels comme le P. Inzoli (cf. Pédophilie: réforme de la réforme là aussi?) et les facilitateurs d'abus sexuels de clercs comme le cardinal Daneels. Dans la même veine, il nous reste à nous interroger sur la nomination de Mgr Paglia à la tête de l'Académie pontificale pour la vie et de l'Institut JPII pour le mariage et la famille, un homme dont il a été révélé qu'il avait commandé il y a dix ans une fresque homo-érotique dans son église cathédrale (Un archevêque très "border line"), et qui ce mois-ci vient de saluer publiquement un athée radical de gauche qui voulait légaliser la prostitution et qui sympathisait avec les pédophiles (Ainsi va l'Eglise sous François (I)). Nous avons également droit à une défense papale notoire de la migration libre, au milieu de ses refus catégoriques d'admettre que le terrorisme islamique existe, ou que l'islam est une idéologie qui prône la violence; son autorisation d'utiliser la basilique Saint-Pierre pour un spectacle écologique de lumières à l'occasion de la fête de l'Immaculée Conception. Ses multiples points d'association avec George Soros, son travail avec le défenseur du contrôle de population des Nations Unies Jeffrey Sachs, sa proximité avec l'avorteuse italienne Emma Bonino, son invitation au défenseur du contrôle de la population mondiale et de l'avortement Paul Erlich, à parler au Vatican, et bien plus encore.

C'est une liste absolument stupéfiante. Mais c'est aussi une liste indéniable. Notre contexte culturel n'est pas le même que celui du temps du Concile Vatican II, ou même de la promulgation d' Humanae Vitae. Au cours de ces années paradisiaques (pour les progressistes), l'Eglise était en mesure de contrôler totalement la narration par le simple poids de sa stature mondiale. Mais en 2017, des sources proches du Vatican nous ont dit à maintes reprises que l'inaptitude institutionnelle dans la compréhension d'un monde dominé par des médias décentralisés ne peut pas être sous-estimée. Ils ne comprennent pas internet. Et internet leur a demandé des comptes.

Mais le Vatican dispose de sang frais. Greg Burke, un ancien correspondant de Fox News et de Time Magazine a repris l'an dernier le poste du P. Frederico Lombardi comme directeur du Bureau de presse du Vatican. François est proche des évêques d'une Église allemande incroyablement bien financée et rusée, qui a les moyens d'engager des consultants pour étayer ses faiblesses. "Business as usual" ne peut pas être assumé perpétuellement.

J'ai mentionné dans des articles précédents que la rumeur, qui reste le moyen de transfert de l'information sur le Vatican, même aux meilleur moments, a augmenté en portée et en importance durant ces derniers jours du Pontificat de François. Des mails candides mais confidentiels reçus par des lecteurs bien connectés, aux blogs riches en fuites, comme celui du prêtre italien supposé (*), mais anonyme Fra Cristoforo et au compte Twitter alléchant mais éphémère d'un certain «Rogue Swiss Guard» , la presse catholique en mal d'information dispose d'un excès de matériau potentiel pour travailler en cliquant sur du contenu fiable. C'est donc aussi l'occasion pour les ennemis des détracteurs du pape de semer de fausses rumeurs et de discréditer ceux qui sont prêts à les présenter sans vérification. L'élection présidentielle américaine de 2016 a porté à notre attention la réalité de sites Web de fausses nouvelles créés par la gauche politique, afin de diffuser de fausses informations et de discréditer ceux qui les partagent. De récentes livraisons de Wikileaks ont indiqué que des stratégies similaires peuvent avoir été déployées sur les réseaux sociaux , dans le but de générer la confusion et la perturbation. Tandis que de nouvelles preuves émergent, reliant le Vatican à l'élite mondiale progressiste - y compris l'affirmation que ces pouvoirs politiques ont exercé des pressions sur le pape Benoît pour le faire démissionner - la pollinisation croisée de la méthodologie se déplace du domaine de la spéculation à celui de la probabilité.

Il est vraisemblable que des tactiques similaires sont utilisées par des personnalités puissantes de l'Eglise - arroser les copains de «fake (catholic) news» à envoyer aux détracteurs dans le but de détruire la crédibilité de cibles choisies («waters chummed with “fake Catholic news” to send critics on credibility-destroying snipe hunts», traduction peu sûre, ndt) - ce qui transforme un cycle incroyablement rapide de nouvelles en un véritable champ de mines. Les observateurs du pontificat sont obligés de mettre la pédale douce pour éviter un faux pas majeur au moment où le rythme des événements du Vatican atteint son paroxysme.

C'est la raison pour laquelle nous devons nous rappeler que l'objet de notre travail n'est pas seulement du domaine des affaires humaines. C'est Dieu Lui-même qui rassemble les forces dans cette bataille pour l'Eglise catholique, et si nous ne pouvons pas voir à travers le brouillard de la guerre au-delà de la longueur du bras, nous pouvons faire confiance à notre commandant omniscient pour nous donner les ordres de marche nécessaires au combat à venir.

Ne vous méprenez pas: les jours de ce pontificat sont comptés - et au fur et à mesure qu'il déclinera, le danger qu'il représente pour la foi ne fera qu'augmenter. Il faudra des décennies pour réparer les dégâts qui ont déjà été faits. Avec moins à perdre et encore beaucoup à accomplir, il ne faut pas s'attendre à ce que François et ses alliés se retiennent - surtout quand il ne peut y avoir aucune garantie d'un successeur qui soit sur la même ligne au prochain conclave. Le temps de cimenter un changement irréversible dans l'Église, il est maintenant.

Le temps est révolu où notre mission première était de convaincre le monde catholique qu'il y avait un problème. Le problème a été reconnu par ceux qui ont des yeux pour voir, et alors que les gants sont tombés, nous devons réaliser que nous sommes David contre l'ennemi Goliath. Avec cardinaux contre cardinaux, évêques contre évêques - et les fondements de la foi catholique devenus sujets de discorde - il est peu probable que l'Eglise que nous connaissons survive d'une seule pièce.

Préparez-vous. La vraie guerre est sur le point de commencer.

NDT

(*) Fra Cristoforo, l'un des animateurs du blog Anonimi della Croce qui publie journellement des articles qui semblent autant de scoops (celui d'aujourd'hui, par exemple, évoque l'existence d'une loge du Grand Orient au sein du Vatican, qui aurait organisé l'attentat contre JP II, et annonce la publication prochaine de noms!!) est l'auteur du billet sur Benoît XVI que j'ai traduit la semaine dernière (en enquêtant - un peu - sur son pseudo, et sur son site): Une journée de Benoît XVI.
Il est effectivement prêtre, si l'on en croit un récent billet, intitulé "Fier de mon célibat".
Le scoop du 9 mars, où il annonce que dans un mois exactement, il fera une révélation fracassante sur la démision de Benoît XVI, a été immédiatement repris (un peu imprudemment, à mon avis) par des blogs catholiques "conservateurs" du monde entier. Il est possible qu'il soit sincère, et je ne l'exclus pas du tout (il sera toujours temps d'en décider après la publication du scoop annoncé) mais si l'on en croit Steve Skojec, il pourrait aussi s'agir d'un "fake catholic news".
Prudence, donc.