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Le vrai problème avec la crèche du Vatican

Le Père Longenecker va à la racine théologique du mal, dénonçant la dérive neopélagienne de l'Eglise aujourd'hui (23/12/2017)

>>> A propos de cette crèche:
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¤ Une crèche des ténèbres...
¤ Une histoire de crèches

¤ Et aussi l'article de Jeanne Smits , qui apporte un éclairage en apparence surprenant - mais en réalité bien dans la ligne de ce pontificat - sur l'arrière-plan, lié à l'idéologie LGBT (reinformation.tv/creche-place-saint-pierre-vatican-militants-lgbt-italie-smits): "l’œuvre créée à la demande expresse du Vatican n’est pas sans lien avec les militants LGBT en Italie, qui se sont d’ailleurs empressés de saluer l’événement".

Présentation

Comme on le voit ici, le Père Longenecker va à la « racine théologique » du mal. Ce qui s'applique à la crèche de la Place Saint-Pierre est une constante de ce pontificat.

Un autre point mérite d'être souligné, qui relève, une fois de plus, de la psychologie du pape. Celui-ci aime invectiver les catholiques mais, bien souvent, ne fait que projeter sur eux ses propres défauts. Ainsi, depuis le 13 mars 2013, c'est le "néo-pélagianisme" qui revient sans cesse dans les insultes bergogliennes. Or l'article du théologien P. Longenecker montre précisément où se trouve véritablement la dérive néo-pélagienne!
(Isabelle)

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(*) Le Père Longenecker, que nous avons croisé à plusieurs reprises est un ex-pasteur anglican marié et père de famille, converti au catholicisme en 1995 et auquel une dispense accordée par Benoît XVI en 2006 a permis de devenir prêtre catholique.
Précisons qu’il ne se range en aucun cas parmi les « ennemis de François ». Sa critique de la crèche de la Place Saint-Pierre (qui ne porte pas sur la forme, on peut du reste regretter son indulgence - comme lorsqu’il compare les sinistres personnages mis en scène avec les fresques de la Sixtine) ne peut donc pas être attribué à des préjugés.

Le vrai problème avec la crèche de Noël du Vatican

P. Dwight Longenecker
dwightlongenecker.com
17 décembre 2017
Traduction d'Isabelle

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Il n’est pas question pour moi me joindre au chœur des catholiques prudes qui ont, sur la crèche du Vatican, un jugement négatif. Les gens grommellent contre l’homme nu, vêtu par un acte de miséricorde. D’autres s’effraient du mort que l’on prépare pour l’enterrer parce que cela ressemble à une scène de film d’horreur.

Comme tant de choses dans l’Eglise catholique, nous avons déjà vu tout cela ! Les corps nus de la fresque de Michelange dans la Chapelle Sixtine ne plaisaient pas au peuple. Et vous pouvez voir quantité de nudités partielles ou de scènes horribles dans beaucoup d’œuvres d’art catholiques. David qui tient la tête tranchée de Goliath ? Yaël qui cloue au sol, avec un piquet de tente, la tête de Sisera ? Tout de même : l’image centrale de notre foi est celle un homme nu torturé, exposé aux regards et cloué au gibet.

Je ne m’offusque pas de la nudité ni du côté sordide. Je fais abstraction du fait que c’est du mauvais art – de fade et médiocre facture. Les personnages sont gauches et empruntés. Cela ressemble à une de ces scènes dans un musée de cire de troisième catégorie. Vous pourriez dire : « Allons ! C’est cela le catholicisme. Nous sommes habitués au kitsch ». D’accord, mais le Vatican pourrait faire mieux.

Il y a un autre problème encore : ils ont projeté, sur la scène de la Nativité, leur petite leçon habituelle. C’est typique de la conscience sociale de pacotille des années ’70. Cela me rappelle les églises où on mettait du sable dans les bénitiers pendant le carême ou ces gens bien inspirés qui, pour Pâques, préparaient des montages avec des briques et du fil barbelé, au lieu de fleurs pour nous rappeler les prisonniers – ou encore ces dessins de Noël, où Marie et Joseph sont représentés comme des hippies SDF.

Mais le véritable problème (que personne d’autre ne semble avoir perçu) n’est pas la nudité, le sordide ou l’art douteux – ni même le triste prêchi-prêcha. C’est la théologie.

Un des principaux problèmes dans l’Eglise d’aujourd’hui est ce que j’appelle le néo-pélagianisme. Le pélagianisme est la conception selon laquelle on peut gagner son entrée au ciel par de bonnes œuvres. Le néo-pélagianisme est aussi appelé d’un autre nom : « l’évangile social ». Il réduit le message surnaturel chrétien à la formule : « Mettons-nous tous ensemble pour faire du monde un endroit meilleur, soyons gentils les uns pour les autres et donnons une chance à la paix ».

Certes, les œuvres de miséricorde corporelle sont importantes et, théologiquement, on peut dire qu’elles découlent naturellement de la nativité du Christ. Parce que le Christ a pris une forme corporelle, nous nous appliquons aux œuvres de miséricorde corporelle. Parce qu’il a pris un corps humain, nous prenons soin des corps humains autour de nous. Parce qu’il est entré dans ce monde fait de matière, la matière a de l’importance.



Je comprends tout cela, mais une scène de la Nativité n’est pas un tableau des œuvres de miséricorde corporelle. La Nativité du Vatican me dérange parce qu’elle donne la place centrale aux bonnes œuvres plutôt qu’à l’Incarnation. En fait, les bonnes œuvres dans la scène de la Nativité noient la Nativité elle-même – prennent le pas sur la Nativité et la relèguent au second plan. Les bonnes œuvres sont littéralement à l’avant-plan. La Nativité du Christ, Fils de Dieu et fils de la Vierge Marie, est à l’arrière-plan.

La plus grande tentation dans le christianisme d’aujourd’hui est de rendre l’Eglise acceptable pour le monde en s’attachant aux bonnes œuvres plutôt qu’à l’Evangile de Jésus-Christ. Nous oublions tranquillement le message d’une humanité perdue et pécheresse, éloignée de Dieu et qui a besoin de rédemption. Nous lui substituons une religion d’entr’aide, une religion qui rend le monde meilleur. On pourrait penser que ce n’est qu’une question de marketing. Les gens pensent qu’il est plus attractif et facile de vendre une religion qui consiste à être gentil plutôt qu’une religion qui prêche la nécessité du repentir et de la foi. C’est certes une partie du problème. Mais le véritable problème est encore plus grave.

Les hommes d’Eglise remplacent une religion de la grâce par une religion des œuvres, parce qu’ils ne croient plus que la rédemption et le salut soient nécessaires. Et ils ne croient plus que le repentir, la rédemption et le salut soient nécessaires parce qu’ils sont universalistes. Ils pensent qu’à la fin, tout le monde ira au ciel.

Ainsi, soyons logiques. Si tout le monde à la fin doit aller au ciel, à quoi peut donc encore servir de parler de péché, d’enfer, de repentir et de foi en Jésus-Christ ? Rien de tout cela n’a d’importance, si tout le monde va au ciel à la fin.

Et, par conséquent, ce qu’il subsiste de la religion chrétienne, c’est d’être gentil, de prêcher une sorte de message doucereux qui dit que chaque nuage a sa frange d’or, qu’il faut regarder le côté ensoleillé de la vie ! Résolvons le problème du changement climatique si nous le pouvons.

Et donc, tout cela me rappelle ce mauvais spectacle son et lumière qui fut projeté sur la façade de Saint-Pierre voici quelque temps et qui tournait exclusivement autour du climat et de l’écologie.

Tout cela est bel et bon. Loin de moi de vouloir jouer les trouble-fête et de m’opposer au sauvetage des pandas : mais quand allons-nous reconnaître ce faux Evangile pour ce qu’il est, le bannir, le condamner, nous rappeler la foi chrétienne ? Quand commencerons-nous à prêcher la nécessité de nous repentir de nos péchés et de croire au Fils de Dieu incarné, mort pour racheter le monde ?