Benoit-et-moi 2017
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Ligne rouge

Il semblerait qu'avec son message pour la Journée 2018 des Migrants, le Pape ait franchi une ligne rouge (*) symbolique. Et que les catholiques commencent vraiment à ouvrir les yeux. Echantillon italien (Giuseppe Rusconi, et Giampaolo Rossi) (26/8/2017, mise à jour le 27)

>>> Voir aussi
, à propos du message pour la Journée des migrants et des réfugiés: Une citation erronée

(*) Cette ligne rouge avec laquelle il flirte depuis quatre ans, tout en restant plus ou moins dans le non-dit, laissant habilement à d'autres le soin d'interpréter ses propos. Cette fois, il s'est attaqué à un sujet sensible, un sujet transversal, qui concerne TOUT LE MONDE, catholiques et non - contrairement à la communion aux divorcés remariés, et aux valeurs non négociables, et plus généralement à tout ce qui touche d'une part à la doctrine, et de l'autre à la morale, dont l'opinion publique se désintéresse majoritairement, et qui sont des sujets sur lesquels on peut se permettre d'être indulgents avec le Pape, d'autant plus qu'il n'est pas vraiment exigeant!.

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Dans le premier article, Giuseppe Rusconi répond aux questions que lui pose le journal italien online <Linkiesta.it>

[La figure de Benoît XVI est] recrutée par certains des partisans du Pape argentin - ceux que j'appelle les thuriféraires - pour démontrer une continuité entre les deux papes qui n'existe que dans leur imagination.
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[Nous sommes face à] une Église aux principes solides, mais capable de dialoguer avec un monde dont elle dénonce la dérive relativiste et nihiliste (et donc contre la personne humaine), celle de Benoît XVI; [et] une Église aux principes fluides en matière de vie et de famille, où domine le discernement au cas par cas, celle de François, très interventionniste (bien qu'à tort et à travers) dans des domaines (tels que la migration, l'écologie) qui sont en dehors de sa compétence de base, applaudie non seulement par la cour des thuriféraires (il y en a toujours eu, mais aujourd'hui, ils dépassent les limites de la décence), mais par une partie importante de ses «ennemis» historiques.

VOILÀ POURQUOI PAPA RATZINGER EST DEVENU LE SYMBOLE DES OPPOSANTS À FRANÇOIS
L'Eglise aux principes solides et celle aux principes fluides

www.rossoporpora.org
Les traditionalistes et les partisans de l'ouverture au monde se divisent entre les deux papes en vie. Mais aussi la politique

Alessandro Franzi
Ma traduction

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Introduction: L'intervention du pape François à l'appui du principe du ius soli et du ius culturae a divisé l'opinion publique. Entre ceux qui soutenaient déjà l'extension des droits aux nouveaux italiens et ceux qui croient au contraire que les règles actuelles pour obtenir la citoyenneté sont suffisantes, le front qui conteste la ligne de Bergoglio en l'opposant à celle de l'autre pape vivant a resurgi. Benoît XVI.

Pour les catholiques traditionalistes, François trahit la doctrine sociale de l'Eglise, dont son prédécesseur aurait été au contraire le gardien scrupuleux.
Antonio Socci, par exemple, l'un des contestataires les plus actifs de l'élection du pape argentin écrit: «La prédication migrationiste obsessionnelle de Bergoglio, qui a eu une influence délétère sur les gouvernements italiens, lesquels se sont rendus à la vague migratoire, va dans le sens diamétralement opposé à la préoccupation de Benoît XVI, qui est de défendre la "tradition culturelle et aussi religieuse dont la nation italienne tire son origine"».

Outre le sacré, il y a aussi le profane, ingrédient nécessaire, pour éveiller l'intérêt des médias. La politique elle-même a enrôlé les deux papes vivants pour délimiter des territoires plus larges à droite et à gauche. Si François est devenu le champion de la gauche cosmopolite, y compris en s'opposant à l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, à l'inverse Ratzinger est devenu la bannière de la droite identitaire. «Mon pape est Benoît XVI - répète depuis des années Matteo Salvini, Secrétaire de la Ligue [du Nord] - parce que pour lui, avant le droit d'émigrer, il faut réaffirmer le droit de ne pas émigrer».
Bien entendu, dans toute cette discussion, les deux intéressés directs n'interviennent pas. Et n'interviendront jamais. Mais il reste important de comprendre pourquoi Benoît XVI a assumé ce rôle, au moins d'un point de vue idéologique.
Interpelé par <Linkiesta>, Giuseppe Rusconi, vaticaniste suisse auteur du blog <rossoporpora>, qui n'est pas sur une ligne bergoglienne, soutient que, malgré les apparences, entre les deux derniers pontificats, il y a «une différence qui saute aux yeux dans l'approche pastorale, dans la communication et dans une certaine mesure aussi dans le domaine du magistère».

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- Rusconi, la figure de Benoît XVI a été enrôlée dans le monde catholique comme antagonistes à celle de François. Qu'y a-t-il de vrai?

- Enrôlée, c'est-à-dire instrumentalisée, oui, par quelques-uns parmi les adversaires catholiques de Papa Bergoglio. Mais recrutée également par certains des partisans du Pape argentin - ceux que j'appelle les thuriféraires, ou ceux qui manient l'encens - pour démontrer une continuité entre les deux papes qui n'existe que dans leur imagination. Il y a plus. Le pape jésuite lui-même a recruté Benoît XVI dans son message pour la Journée mondiale des Migrants et des Réfugiés de 2018: il l'a en effet cité de façon erronée, en appliquant (dans une distorsion évidente) au thème de l'accueil des migrants un passage contenu dans l'encyclique Caritas in veritate sur le principe de la centralité de la personne humaine. Ceci dit, on ne peut nier l'émergence d'une forte discontinuité, formelle et aussi en termes de contenu, entre le pontificat du pape Ratzinger et du pape Bergoglio. C'est une différence qui est manifeste par exemple dans l'approche pastorale, dans la communication et dans une certaine mesure aussi dans le domaine du magistère.

- Mais sommes-nous seulement face à une Église plus traditionnaliste contre une Eglise plus ouverte au changement?

- Je dirais plutôt: une Église aux principes solides, mais très capable de dialoguer avec un monde dont elle dénonce la dérive relativiste et nihiliste (et donc contre la personne humaine), celle de Benoît XVI; une Église aux principes fluides en matière de vie et de famille, où domine le discernement au cas par cas, celle de François, très interventionniste (bien qu'à tort et à travers) dans des domaines (tels que la migration, l'écologie) qui sont en dehors de sa compétence de base, applaudie non seulement par la cour des thuriféraires (il y en a toujours eu, mais aujourd'hui, ils dépassent les limites de la décence), mais par une partie importante de ses «ennemis» historiques.

- Si vous deviez dresser une carte pour nos lecteurs, qui sont, dans le monde catholique, les partisans de Benoît XVI?

- Je ne dirais pas «les partisans de Benoît XVI», mais plutôt ceux qui continuent à partager doctrine sociale de l'Église comme elle s'est configurée au fil du temps, en particulier - pour nous limiter aux dernières décennies - avec Jean-Paul II et Benoît XVI. Sur cette ligne se retrouvent encore un certain nombre de cardinaux, d'évêques, de prêtres, souvent jeunes, de conférences épiscopales comme celles d'Europe de l'Est et d'Afrique, et une bonne partie de celles des États-Unis. Alors qu'au contraire, la Conférence des évêques italiens est aujourd'hui bergoglienne à son sommet, comme en témoigne la lecture quotidienne de l'Avvenire catho-fluide. Après la «normalisation» de Communion & Libération (où persistent heureusement quelques poches de résistance), parmi les groupes et les mouvements restent fidèles à la Doctrine sociale de l'Église les associations du Family Day, ceux qui d'une façon générale se battent pour la vie et la famille, le Chemin néocatéchuménal, une partie des milieux 'traditionalistes', un réseau médiatique incisif (imprimé et online, avec des quotidiens et des blogs très suivis) qui s'étend à l'échelle internationale.

- Jusqu'à présent, nous avons parlé de la direction religieuse. Le pape, cependant, a également un rôle politique. Et François est considéré comme l'ennemi de ces mouvements ou partis qui contestent son interventionnisme sur les thèmes des droits de l'homme, par exemple les droits des migrants. Dans ce cas aussi, Benoît XVI s'érige en antagoniste. En quoi les deux papes s'opposent-ils, sur le plan politique (et géopolitique)?

- Avant tout, il faut que les choses soient bien claires sur l'«interventionnisme» papal. Je crois qu'un pape non seulement PEUT, mais DOIT intervenir si dans un Etat sont en cours de discussion des projets de loi qui corrodent les principes non négociables, pour lesquels il n'y a pas de voie intermédiaire. Par exemple s'il s'agit d'introduire l'euthanasie ou de chambouler l'institution de la famille composée d'un homme, d'une femmes et dans la mesure du possible de leurs enfants. Ou d'imposer à l'école les théories gender qui blessent gravement l'identité personnelle. Pour moi, il n'est en revanche pas opportun qu'un pape prenne parti sur des questions sociales ou politiques complexes (pour lesquels des approches différentes sont légitimes même pour un catholique), avec des aspects techniques importants, dont la résolution est en premier de la responsabilité de chaque État: pensons ici aux questions d'environnement, ou au problème des migrations, justement.

- Et alors, les deux papes ...

- Benoît XVI intervenait-il? Oui, avec la douce fermeté qui le caractérise, sur les principes non négociables, mettant en garde les catholiques, avec des mots simples, contre le danger de céder à des visions relativistes et nihilistes. François intervient-il? Oui, mais là où un pape n'est pas tenu d'intervenir, sous peine d'accusation justifiée d'ingérence dans des matières qui ne sont pas de sa compétence, comme quand il a publiquement soutenu l'initiative radicale pour une loi étendant les droits des migrants. Paut-on alors s'étonner que, quand Benoît XVI a été attaqué (injustement) par les laïcistes et par la gauche pour ses interventions en défense de la vie, de la famille, de l'éducation, Bergoglio soit aujourd'hui sous le tir (compréhensible) du côté opposé pour ses ingérences qui portent atteinte à la crédibilité de l'Eglise et qui sont inopportunes, même pour un pape qui s'est déclaré «pas de droite»?

- Finalement, à tort ou à raison, la question de la défense de la civilisation occidentale est centrale de nos jours: l'Église catholique risque-t-elle, selon vous, de se scinder entre les partisans des deux papes vivant?

- Que l'Église catholique se scinde sur ceci ou cela, me semble non souhaitable et très peu probable. Des tempêtes, elle en a déjà traversé beaucoup dans l'histoire, même si celle d'aujourd'hui est particulièrement grave et pousse l'exaspération les catholiques qui veulent rester fidèles à l'enseignement social. C'est pourquoi j'aime rappeler ce qu'a dit Papa Ratzinger lors de la dernière audience générale, le 27 Février 2013, devant une place Saint-Pierre débordante d'émotion: «le Seigneur nous a donné beaucoup de jours de soleil et de brise légère, jours où la pêche a été abondante ; il y a eu aussi des moments où les eaux étaient agitées et le vent contraire, comme dans toute l’histoire de l’Église, et le Seigneur semblait dormir. Mais j’ai toujours su que dans cette barque, il y a le Seigneur et j’ai toujours su que la barque de l’Église n’est pas la mienne, n’est pas la nôtre, mais est la sienne. Et le Seigneur ne la laisse pas couler».

Le second article est une réflexion lue dans le remarquable blog de Giampaolo Rossi, que nous avons déjà cité à plusieurs reprises (cf. Les antifas ont traversé l'Atlantique); le titre peut sembler violent, mais il n'en contient pas moins une vérité inquiétante (le verbe "inquièter" est même un leitmotive de l'article) dont on peut observer presque chaque jour des manifestations.

Voir sur certaines questions, l'Eglise de Rome complètement soumise à l'Esprit du temps, conformément au pire mondialisme technocratique dont nous ressentons les dérives dans notre chair m'inquiète. Entendre un pape parler de l'immigration comme un document de l'"Open Society" m'inquiète.
Et si le vicaire du Christ, chef de l'Eglise romaine, semble la réplique de Soros peut-être devrions-nous tous nous inquiéter.

Le Pape François Soros

blog.ilgiornale.it/rossi
Giampaolo Rossi
Ma traduction

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Il m'inquiète
Je le dis la mort dans l'âme, mais ce pape m'inquiète.
Son extrémisme idéologique, son manque de profondeur pour affronter les problèmes, destinés à faire date, qui secouent les fondements de notre société m'inquiètent.
Sa stratégie médiatique de circonstance, parfaitement compatible avec les exigences du mainstream, qui semble l'attirer avec gourmandise, m'inquiète.
Le fait qu'il dise exactement ce que les élites du monde veulent entendre m'inquiète.
Voir sur certaines questions, l'Eglise de Rome complètement soumise à l'Esprit du temps, conformément au pire mondialisme technocratique dont nous ressentons les dérives dans notre chair m'inquiète. Entendre un pape parler de l' immigration comme un document de l'Open Society m'inquiète.

Et si le vicaire du Christ, chef de l'Eglise romaine, semble la réplique de Soros peut-être devrions-nous tous nous inquiéter. S'il obtient les applaudissements d'Emma Bonino qu'on a du mal à distinguer son message d'un article de Roberto Saviano [ndt: journaliste, collaborateur de la Repubblica, auteur d'un roman à succès sur la mafia, "Gomora"], cela signifie que l'Eglise a cessé d'être «non-crédible» pour devenir banalement crédible .

UTOPISME ET IRRÉALISME
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Les positions et les déclarations du pape François sur l'immigration sont embarrassantes par leur niveau d'utopisme et d'irréalisme et la rupture radicale que ce pape est en train de faire avec les enseignements de Jean-Paul II et Benoît XVI, pour qui le «droit d'émigrer» (qui est déjà affirmé par Jean XXIII dans son encyclique Mater et Magistra), a toujours été précédée d'une loi supérieure: le «droit de ne pas émigrer, c'est-à-dire de vivre en paix et dans la dignité dans son propre pays» (Jean-Paul II).

Ou parce que le fanatisme immigrationiste de Bergoglio ne tient absolument pas compte du fait que le devoir d'accueil «doit toujours être concilié avec les exigences des sociétés qui accueillent les immigrants» (Jean-Paul II), et que « tout Etat a le droit de réglementer les flux migratoires et de mettre en œuvre des politiques dictées par les besoins généraux du bien commun» (Benoît XVI).

Et que l'immigration apporte avec elle des conséquences déstabilisantes pour l'identité des nations, lesquelles pour l'internationaliste Bergoglio sont - selon la conception marxiste - des superstructures mais pour la Doctrine de l'Église sont l'élément central de l'ordre international, comme encore Benoît XVI l'a souligné en 2012 en s'adressant aux maires de l'ANCI: «il faut savoir conjuguer solidarité et respect des lois, afin que la coexistence sociale ne soit pas bouleversée et que l’on tienne compte des principes du droit et de la tradition culturelle et également religieuse dont la nation italienne tire son origine». Un principe applicable à toutes les nations.

LE MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS N'EST PAS RÉVOLUTIONNAIRE, ET MÊME PAS SUBVERSIF; C'EST TOUT SIMPLEMENT LA DOMESTICATION DE CETTE PAPAUTÉ PAR LE PROJET DES ÉLITES
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Que ce soit clair: il n'est pas question ici de remettre en cause l'amour et l'accueil que chaque chrétien doit réserver aux plus petits, à ceux qui souffrent ou sont dans le besoin; fondement d'une pieta qui plonge ses racines dans l'enseignement de Jésus, dans son Annonce de mort et de résurrection et dans l'oeuvre historique des apôtres.
Le principe catholique de «bien commun universel qui inclut toute la famille des peuples, au-delà de tous les égoïsmes nationalistes» (mots de Jean-Paul II) n'est pas mis en cause.
Ce qui est ici mis en cause, c'est le timing d'un pape qui embrasse un fondamentalisme migratoire, banalisant le drame historique de cet exode provoqué par le pouvoir mondialiste, comme si c'était un simple problème d'égoïsme national des sempiternels européens racistes et xénophobes.
Le message du pape François n'est pas révolutionnaire, et même pas subversif; c'est tout simplement la domestication de cette papauté par le projet des élites

UNE ÉGLISE “NO STATE, NO BORDERS”
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La presse italienne a mis l'accent sur le thème du Ius Soli, «le droit à la nationalité à la naissance» revendiqué par le pape François; mais en vérité ce passage a été une exagération parce que le contexte dans lequel il est inséré concerne le phénomène de l'apatridie, à savoir l'absence de nationalité, l'un des cas où «se trouvent parfois migrants et réfugiés».
Mais le fait même que les déclarations du pape se laissent aller à des malentendus et instrumentalisations révèle l'ambiguïté d'un magistère qui semble, à chaque fois vouloir engendrer la provocation .

Il y a toutefois des passages dans ce message qui démontrent la volonté réelle du pape de rompre avec l'histoire de l'Occident.

ÉTAT ET NATION:
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François dit que la centralité de la personne humaine «oblige toujours à mettre la sécurité personnelle avant la sécurité nationale».
En soi, l'expression est liée à la tradition de l'Eglise et de l'Occident: la sacralité de l'existence impose qu'il n'existe pas de raison d'état supérieure à une vie humaine. Les gouvernements ont l'obligation morale de sauver les migrants et de protéger ceux qui arrivent dans les voyages du désespoir. Mais si le Pape affirme que l'immigration doit être acceptée indépendamment de la sécurité sociale d'un pays, alors la question devient dangereuse.
Les nations modernes ne se fondent pas sur un principe divin mais sur un compromis entre l'appartenance identitaire, la liberté individuelle et la sécurité que justement l'Etat doit garantir. Si un État ne remplit pas cette obligation, disparaît une des raisons pour lesquelles il doit exister. La «sécurité nationale» alors, n'est pas Raison d'Etat, mais c'est la sécurité personnelle des individus, que l'appareil d'Etat de chaque nation doit assumer, sous peine de nullité de la relation de confiance entre État et individu.

Peut-être le pape François ne le sait-il pas, mais sa phrase détruit la racine même de la démocratie occidentale, et sa position le rapproche terriblement des petits-enfants de Soros quand ils défilent à travers les villes européennes avec des babderoles: «No State, no borders» .

RESPONSABILITÉ INDIVIDUELLE:
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Le Pape François dit aussi qu'il faut «favoriser le regroupement familial - en incluant les grands-parents, frères et sœurs et petits-enfants - et jamais le faire dépendre de prérequis économiques » .
Autrement dit, si un immigré arrive illégalement dans un pays, ses citoyens doivent se charger non seulement de lui, mais aussi ses parents, au nom d'une intégrité familiale que lui-même a désintégrée en décidant d'émigrer (sauf bien sûr dans le cas de ceux qui fuient parce qu'ils sont vraiment persécutés).
Selon ce principe, l'immigré ne doit pas être éduqué à une éthique de responsabilité individuelle, de réalisation graduelle de soi à travers le travail et la croissance personnelle et économique capable ensuite d'améliorer sa condition et de lui garantir de pouvoir subvenir lui-même aux besoins de sa famille.
Ici, il y a quelque chose de plus que l'obligation d'un accueil humanitaire ou d'une insertion socio-professionnelle (chose sacrée). Ce n'est pas la Doctrine Sociale de l'Eglise; c'est la doctrine socialiste .

L'IMMIGRATION COMME OBJECTIF

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Pour le Pape polonais et le Pape allemand , fils d'une civitas europaea universelle mais basée sur l'identité des nations, le processus migratoire global était considéré comme une tragédie de proportions historiques, à laquelle il fallait faire face avec solidarité, amour, accueil, mais en même temps, avec le réalisme nécessaire pour comprendre l'ampleur de la déstabilisation d'un ordre social et culturel tout entier.

C'est pourquoi les Pontifes précédents considéraient le «Droit de ne pas émigrer» comme supérieur au Droit à émigrer; et c'est pourquoi leur action visait à éliminer les racines malades à l'origine de cette immigration: les guerres pour Jean-Paul II et l'absence de liberté économique nécessaire au développement, pour Benoît XVI.

Au contraire, pour ce Pape argentin et tiersmondiste, l'immigration globaleale semble être un objectif, un plan à mettre en œuvre, un projet à réaliser; au fond, le déracinement de millions de personnes de leurs terres, de leurs traditions séculaires et de leur identité est considéré comme un avantage pour réaliser le rêve œcuménique d'une intégration globale. Exactement la même vision que George Soros .

Il est surprenant que ce pape ne dépense pas un seul mot de condamnation sur les causes de l'immigration; sur les guerres humanitaires de l'Occident (de l'Irak à l'Afghanistan, de la Libye à la Syrie, au Yémen) qui ont produit des millions de réfugiés.
Pas une condamnation des marchands d'esclaves qui alimentent l'immigration clandestine à travers le monde.
Pas un avertissement sur le risque démographique pour l'Europe, qui , dans les décennies à venir changera de visage et aussi d'identité culturelle et religieuse (au contraire, ecxctement comme les élites, le Pape voit l'immigration comme une solution à la crise démographique en Europe).
Pas une allusion au fait que cette migration mondiale rend encore plus pauvres des pays déjà pauvres, les privant de ressources humaines, de compétences et donc d'espoir pour l'avenir en créant un mécanisme qui condamnera à la pauvreté encore plus extrême des pays d'où viennent les immigrants, et appauvrira les pays qui les reçoivent, mis dans l'impossibilité de résister à l'impact et aux conséquences sociales de cet exode biblique.

QUAND L'ÉGLISE DEVIENT UNE ONG
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Au fil des siècles, le réalisme de l'Eglise a été le produit d'une tension intérieure qui naissait de la prise de conscience d'être dans le monde sans appartenir au monde. Cette tension (douloureuse, déchirante pour chaque chrétien individuel) a permis à l'Eglise de faire face à la réalité avec une vision méta-historique qui a donné un discernement à chacun de ses jugements et de la profondeur à chacune de ses actions.

L'Eglise du pape François a choisi une autre voie, peut-être inconsciemment: celle d'être dans le monde, en appartenant au monde.

Mais si l'Eglise n'est plus en mesure d'avoir une dimension méta-historique et se réduit à être une grande ONG mondiale, tout juste capable de subir les convulsions de l'histoire et la crise de notre civilisation, comment peut-elle continuer à demander aux chrétiens d'être «sentinelles du matin» quand elle a décidé de regarder la lumière d'un coucher de soleil?