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Chrétiens en politique

Quand les hommes politiques qui se réclament de la Démocratie Chrétienne (*) trahissent leur ADN. Mais l’un d’eux sauve l’honneur, au Chili, où l’avortement est sur le point d’être dépénalisé (P. Santiago Martin) (27/8/2017, mise à jour le 28)

(*) La France est tellement sécularisée que cette dénomination n’y existe même pas (et sauf erreur de ma part, n’y a jamais existé) sous ce nom ! Le "Parti chrétien-démocrate" fondé par Christine Boutin en 2009 et présidé par Jean-Frédéric Poisson depuis 2013, n'a du reste jamais vraiment "décollé", et n’a eu aucun élu aux dernières législatives.

(Carlota)

Santiago Martín, prêtre espagnol (et fondateur des Franciscains de Marie présents dans de nombreux pays) dont nous avons déjà traduit des articles [le dernier en date, du 3 août: Ceux qui marchent à reculons vers le désastre], a récemment déclaré que les mesures de sécurité sur les Ramblas barcelonaises n’avaient pas été prises pour des raisons idéologiques (bornes à installer pour empêcher les véhicules de passer conseillées par les autorités chargées de la sécurité mais refusées par Ada Colau, maire de la ville) [*] s’est évidemment vu attirer les foudres des bien-pensants politiques et médiatiques et n’a pas été vraiment défendu par sa hiérarchie (Seuls certains prélats de très haut niveau peuvent faire des déclarations politiques quand elles vont dans le sens du politiquement correct ?).
Son dernier article paru dans le journal ABC ne va pas non plus faire plaisir à d’autres bien-pensants. Son constat est malheureusement d’actualité depuis plus d’un siècle, - voir ce que certains craignaient déjà à la fin du XIXème siècle à propos de l’encyclique Inter sollicitudines du Pape Léon XIII qui espérait, lui, que les catholiques pourraient se faire entendre dans les institutions de la République. Que d’exemples depuis, ici et là, dans le monde pour prouver que le pessimisme de certains catholiques français de l’époque était réaliste.
Par ailleurs le P. Santiago Martín, ne va pas jusqu’à dire que l’actuel Pape est inféodé au nouvel ordre mondial mais les bonnes questions sont posées…

LES RACINES DU MAL
«La Démocratie Chrétienne a perdu le droit de porter ce nom»

Cette semaine il est arrivé une tragédie. Une de plus. C’était au Chili où l’avortement a été approuvé. L’action courageuse et déterminée des évêques chiliens n’a pas empêché que cette catastrophe soit consommée. Mais comme les malheurs ne viennent jamais seuls, cette catastrophe a été accompagnée d’une trahison insolite : la majorité des députés de la Démocratie Chrétienne dans ce pays, ont voté quand est venu leur tour en faveur de l’avortement, au point qu’un dissident, Leopoldo Quezada (1), a décidé d’abandonner le parti face à sa propre dérive.

Mais ce n’est pas qu’au Chili que la Démocratie Chrétienne a perdu le droit de porter ce nom. Cette semaine également, cette fois en Belgique, un membre particulièrement en vue de ce parti, Herman van Rompuy, a critiqué la décision du Pape de soutenir les sanctions contre les Frères de Charité du fait de leur détermination à appliquer l’euthanasie dans leurs hôpitaux.
Van Rompuy n’est autre que le premier président de l’Union Européenne, et fut [premier] ministre dans son pays. Maintenant il est dans le groupe de ceux qui ont conseillé aux religieux de désobéir au Vatican et de poursuivre avec l’euthanasie. Une fois de plus, - et je n’en sais déjà plus le nombre de fois -, les amis du Saint Père supposés et autoproclamés lui tournent le dos quand il ne rentre pas dans les plans du nouvel ordre mondial contre la famille et contre la vie, que l’on est en train de nous imposer à marche forcée. Pauvre Pape ! Ils l’utilisent pour leurs intérêts et quand il ne les sert pas ils l’abandonnent.
Pour en revenir à la Démocratie Chrétienne, comme est loin le temps d’un De Gaspari ou d’un Adenauer.
Mais si les hommes politiques catholiques se font rares, alors qu’ils sont plus nécessaires, il y a peut-être une raison. Leur dérive en tellement d’endroits peut être le reflet de la dérive interne de l’Église. Quand le sel devient insipide ou que le levain cesse d’avoir du mordant, ils ne servent à rien. Le monde en général et l’Europe en particulier se sont atrocement sécularisés et cela se constate. L’Église aussi. Mais qui a été le premier à le faire? Qui a imité qui? Nous tentons peut-être de lutter contre le sécularisme civil et politique quand la cause en est à l’intérieur de l’Église (2). Baudelaire dirait que nous voyons les fleurs du mal et ce qui est important ce sont leurs racines.

NDT

(1) Leopoldo Quezada est un homme politique chilien qui dans le courrier de démission qu’il a adressé à la responsable du parti démocrate chrétien chilien, a notamment écrit «J’ai pensé à St Thomas More, préférant être fidèle à ses convictions plutôt qu’à son roi, qu’il estimait, et à la "real politik" , j’ai pensé aux martyrs japonais du XVIème siècle, aux martyrs syriens, libyens, assyriens qui aujourd’hui préfèrent mourir que d’adjurer leur foi (…) [texte complet en vo]

(2) Dans un article de Présent intitulé « La vision mondialiste du pape François », Hubert Champrun, à propos du voyage du cardinal Piertro Parolin à Moscou écrivait notamment :

« On sent le Saint-Siège désireux de profiter de la popularité du Pape pour transformer l’Église en agent de paix, une paix fondée sur une approche humanitaire des malheurs du monde. Le Pape teste en grandeur nature sa capacité à peser sur les décisions internationales. Le cardinal Parolin est peut-être en train de préparer le voyage du souverain pontife en Russie, ou d’œuvrer pour un mol et consensuel œcuménisme ; il est plus sûrement en train de démonter que François est à la tête d’une de ces organisations internationales qu’il chérit, et qu’il entend mettre ce poids au service du monde en excédant les bornes où les pouvoirs laïques entendent cantonner la religion ; quitte à laïciser son message ».

Mise à jour (Carlota)

(*) Juan Manuel de Prada, dans un article publié sur le Journal ABC du 26 août 2017 et repris par le portail www.religionenlibertad.com, a défendu le P. Santiago Martín attaqué pour ce qu’il avait dit sur la protection des Ramblas, écrivant notamment:

«Et, pendant que la peur favorise le développement des manipulateurs, le silence de la seule institution qui pourrait apporter de la lumière aux milieux des ténèbres nous glace de nouveau le sang dans les veines. Il y a quelques années à peine, cette institution nous offrait des discours aussi éclairants que celui que Benoît XVI a prononcé à Ratisbonne ; aujourd’hui ses hiérarchies se taisent, peureuses, ou sortent des expressions rebattues sans consistance et bonistes, ou – mystère de l’iniquité -, participent à la stigmatisation des rares voix dissonantes, comme ce qui est arrivé au prêtre Santiago Martín. Ainsi s’accomplit la terrible prophétie du Christ : "Ils vous expulseront de la synagogue et quand ils vous tueront, ils penseront qu’ils rendent un service à Dieu"».