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Marcello Pera contre le Pape

Selon l'ami de Benoît XVI, un schisme est en cours. François abandonne l'annonce de l'Evangile pour faire de la politique, faisant passer avant tout l'accueil sans condition des migrants (11/7/2017)

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Nombreux articles sur Marcello Pera dans ces pages.
En particuler, en 2008, un dossier sur la préface du Saint-Père au livre du sénateur Péra "Pourquoi nous devons nous dire chrétiens").
Et surtout: cette très belle interview de Marcello Pera par Giuseppe Rusconi en 2014: benoit-et-moi.fr/2014-I/actualites/mon-ami-le-pape

Marcello Pera vs Pape François

«Bergoglio fait de la politique, un schisme est en cours dans l'Eglise, et il ne s'en occupe pas»
L'attaque de l'ancien président du Sénat contre Bergoglio

Niccolò Magnani
www.ilsussidiario.net
10 juillet 2017
Ma traduction

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«BERGOGLIO FAIT DE LA POLITIQUE, L'ÉVANGILE N'A RIEN À FAIRE LÀ-DEDANS»
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Marcello Pera, ancien président du Sénat, attaque très durement le pape François dans une page pleine d'amertume parue sur Il Mattino de Naples. Les problèmes des migrants, le thème de l'accueil, sont le point central qui aurait animé l'attaque et le malaise que Pera ressent en voyant l'Eglise, bien loin de l'époque de Jean-Paul II et de Benoît XVI - avec qui il a également écrit un livre à quatre mains, "Senza Radici. Europa, Relativismo, Cristianesimo, Islam" - engagée aujourd'hui, selon lui, «seulement dans la politique».
Dans la dernière interview accordée par Bergoglio à Eugenio Scalfari dans La Repubblica (*), le thème de l'accueil sans limites et la crainte d'un G20 contre les vagues migratoires mettent en lumière l'attention du Pape toujours centrée sur les pauvres, les réfugiés et les migrants. Mais Pera n'est pas d'accord, et il le manifeste en termes clairs: «Ce pape, je ne le comprend pas, ce qu'il dit échappe à toute compréhension rationnelle. [...] Pourquoi insiste-t-il sur l'accueil total? Le pape le fait parce qu'il déteste l'Occident, qu'il aspire à le détruire et fait tout pour atteindre cet objectif», attaque l'intellectuel catholique depuis toujours été très proche des instances de l'Eglise et du christianisme contre la dictature du relativisme.

Mais il n'apprécie pas le nouveau magistère de Bergoglio qui en réalité selon Pera «n'est pas l'évangile, mais juste de la politique. François est peu ou pas du tout intéressé par le christianisme comme doctrine, par l'aspect théologique. [...] Ses affirmations semblent fondées sur l'Écriture, en réalité, elles sont fortement sécularistes». Selon Pera, le pape aujourd'hui ne se préoccupe pas du salut des âmes, mais seulement la sécurité et du bien-être social. «Si on entre dans le fond, il suggère à nos Etats de se suicider, il appelle l'Europe à n'être plus elle-même: le pape reflète tous les préjugés du latino-américain envers l'Amérique du Nord, envers le marché, les libertés, le capitalisme».

LES MIGRANTS ET L'EVANGILE
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Sur la question cruciale des migrants, dans l'interview au journal napolitain, il est demandé à Péra si l'attaque unilatérale contre la «politique» de Bergoglio sur le front immigration-accueil n'est pas inspirée en réalité par l'Evangile lui-même. «De même qu'il n'y a pas de motivations rationnelles, il n'y en a pas non plus d'évangéliques qui expliquent ce que le pape dit». Selon Pera, Bergoglio fait seulement de la politique, il cherche les applaudissements faciles des Nations Unies et se fait même «syndicaliste»: «sa vision politique, sociale et sur les migrants est celle du justicialisme péroniste; elle n'a rien à voir avec la tradition occidentale des libertés politiques et avec sa matrice chrétienne». Ce n'est pas tout, selon Pera l'Italie est laissée seule, non seulement par l' Europe pour faire face à la situation complexe des migrants, mais c'est l'Eglise elle-même qui la met en difficulté en l'invitant à ouvrir grand les portes. «Je crains une mauvaise réaction, je crains que la protestation du peuple puisse se souder et trouver une sortie non souhaitable. Du reste, les contradictions du pape sortiront», s'expose l'ex-président du Sénat, mettant l'accent sur «une harmonie loin d'être parfaite entre les catholiques conservateurs et le reste de l'Eglise».

«UN SCHISME EN COURS DANS L'EGLISE»
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Le pape François ne fait pas seulement de la politique, mais Pera, toujours dans l'interview accordée à Il Mattino, affirme qu'«un schisme caché est en cours dans le monde catholique et qu'il est poursuivi par Bergoglio avec opiniâtreté et détermination». Selon l'ancien président du Sénat, très lié à la grande théologie et au magistère de Benoît XVI et Jean-Paul II, le «nouveau cours» de François ne convainc absolument pas; et il se lance dans une autre comparaison très forte: «Le concile Vatican II a finalement explosé dans tout son radicalisme révolutionnaire». Selon Marcello Pera, en réalité, les idées qui mènent au suicide de l'Eglise et qui seraient porteuses du magistère de Bergoglio se retrouvent dans le Concile convoqué par Jean XXIII. «Cet aggiornamento du christianisme a laïcisé l'Eglise, a déclenché un changement qui était très profond, même si, étant susceptible de conduire à un schisme, il fut maintenu sous contôle dans les années suivantes. »

Ce sont en effet Wojtyla et Ratzinger qui ont «sauvé l'église, assumant une vision tragique de la réalité, ils ont résisté et essayé de servir de médiateur entre la modernité et la tradition. Ils l'ont fait de manière exceptionnelle», souligne l'ex président du Sénat. Mais aujourd'hui, avec François, tout serait remis en cause: «Les droits de l'homme, tous, sans exception, sont devenus la référence idéale et la boussole pour l'Eglise, pour les droits de Dieu et de la tradition, il n'y a pratiquement plus de place».
Pera évoque ensuite quelques franges de l'Église qui ne sont plus si certaines de la direction de Bergoglio: «Les jeunes, certaines parties du clergé et les gens simples de province, vivant les problèmes de sécurité que les migrants créent dans nos banlieues».

NDT

(*) L'interview est en v.o. ici: www.repubblica.it.
Yves Daoudal fournit une traduction et un excellent commentaire du passage consacré à l'invasion migratoire (ICI) mais le pape et son hôte se livraient aussi à des commentaires improbables sur Spinoza, donnant à Maurizio Blondet le prétexte d'un mini-pamphlet réjouissant: www.maurizioblondet.it/scalfari-bergoglio-ovvero-psycho-pope/