Canonisations de Papes: pourquoi pas Pie XII?

Reprise par< Rorate Caeli> d'un article de 2014, au moment de la canonisation de Jean XXIII et de Jean-Paul II (15/10/2014, mise à jour le 16/10)

 

<Rorate Caeli> re-publie un article d'avril 2014, écrit au moment où l'on célébrait la canonisation simultanée de Jean-Paul II et de Jean XXIII.
Je n'entrerai pas dans la polémique autour de Paul VI (sur lequel je n'ai pas d'opinion tranchée, faute de connaissance suffisante... et je n'oublie pas qu'il fut le Pape d'Humanae Vitae), encore moins celle à propos de Jean XXIII, dont je ne garde aucun souvenir. Mais il est certain que la canonisation systématique (par François!) de TOUS les Papes "du Concile" ne peut manquer d'interroger sur la banalisation de ce qui semble être devenu une simple distinction honorifique accordée par l'Eglise, et non plus une manifestation extra-ordinaire de l'infaillibilité papale (*).

Bien entendu, la question du titre est de pure forme, et nous connaissons parfaitement la réponse parce qu'elle nous a été donnée en décembre 2009 quand Benoît a signé, parmi mille difficultés et malgré les cris d'orfraie des progressistes de tout poil et les protestations d'une partie de la communauté juive, le décret reconnaissant les vertus héroïque" du grand Pape (cf Dossier "Pie XII vénérable", benoit-et-moi.fr/2009).

La cause de Pacelli


14 octobre 2018
Rorate Caeli
Ma traduction

* * *

Vatican II, la théologie de la libération [Mgr Romero] et la quasi-destruction de la liturgie et de l'Église ont été canonisés aujourd'hui. Alors qu'on nous demande maintenant de prier le Pape Saint Paul VI, on nous demande aussi d'ignorer le dernier pontificat traditionnel, celui de Pie XII, dont la cause de canonisation a été entravée. Pourtant, alors que Paul VI laïcisa de nombreux prêtres et religieux, et supervisa la destruction du rite romain, le Pape Pacelli régna sur un épanouissement glorieux de l'Église dans presque tous ses aspects mesurables. Voir ci-dessous pour quelques statistiques stupéfiantes.

Article original


Les canonisations du Pape Jean XXIII et de Jean-Paul II auront lieu ce dimanche, et beaucoup se rendront en masse à Rome pour participer à l'événement historique.
Sans remettre en cause les deux canonisations déjà mentionnées, la question demeure: Pourquoi pas Pacelli ?
N'oublions pas que sa cause de béatification a été expressément lancée par Paul VI avec celle de Jean XXIII pour combattre précisément leur «quasi-transformation en symboles ou bannières de tendances opposées dans le catholicisme». En béatifiant et en canonisant l'un mais pas l'autre, cela n'implique-t-il pas quelque chose sur la force relative de ces «tendances opposées» au sein de l'Église ?
Clairement, la cause d'Eugenio Maria Giuseppe Giovanni Pacelli (Pape Pie XII), du seul point de vue du nombre, est une cause très forte.
A l'intention de ceux qui disent que nous vivons aujourd'hui l'âge le plus grand de l'Église, considérons les chiffres ci-dessous, rien que pour les diocèses des États-Unis sous le règne de Pie XII. Ils sont pour le moins remarquables, et si la canonisation d'un Pape prend aussi en considération l'appréciation de son pontificat (en plus de sa sainteté personnelle et sa sagesse prophétique, toutes deux irréprochables chez le Pape Pacelli), alors ils méritent certainement une observation:


Tandis que tous ces chiffres peuvent rendre nostalgique de l'Église d'autrefois, certains d'entre eux sont vraiment stupéfiants à comprendre pour l'esprit moderne dans le monde catholique d'aujourd'hui: une augmentation de 200+% des convertis américains; une augmentation de près de 250% des séminaires construits; une augmentation de 200+% des séminaristes; et une augmentation de 50% des prêtres. Tout cela s'est produit pendant les 19 années de règne glorieux de Pie XII.

Bien que nous ne remettions pas en question la canonisation d'un saint, nous pouvons dire, en regardant ces chiffres, qu'il y a de bonnes raisons de croire qu'il manque un grand homme à la file d'attente du 27 avril.

(*) Mise à jour (16/10)


Carlota m'écrit:

Il n'est pas bon de béatifier ou canoniser si près des décès des gens même lorsqu'il y a martyre avéré, il faut que les passions retombent et que soit vraiment mise en avant l'image d'une personne que les catholiques doivent imiter pour cheminer vers la sainteté - puisque nous devons essayer d'être les moins mauvais possible avant notre mort, afin d'avoir le moins possible de purgatoire à subir.
Alors pourquoi cette précipitation et ces décisions qui mettent plus en avant le caractère sinon politique, tout au moins conjoncturel de ces figures mises en avant pour n'avoir pas servi que l'Eglise?

Les vrais martyrs de la guerre civile espagnol auraient pu être béatifiés par Pie XII, qui pourtant avait bien reconnu les mérites de Franco dès 1939, par rapport au sauvetage des catholiques et de la foi catholique, et il a fallu attendre un demi siècle. Heureusement que les dossiers avaient été faits très minutieusement dès les années quarante par des témoins et des prêtres qui connaissaient bien l'histoire réelle. Sinon ils n'auraient pas été béatifiés.

Bien sûr qu'il y a un côté "politique" ou d'opportunisme dans les béatifications mais celles de François dépassent toute mesure en donnant l'impression de brader la notion de béatification ou de canonisation, bref un "diplôme" qui n'a plus de valeur (d'autant que l'image du saint à aller honorer, a bien baissé notamment en Europe, avec la protestantisation de l'église catholique); alors, en plus, des personnes sujettes à controverses, cela divise encore les catholiques, ce dont on n'a certes pas besoin en ce moment.

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