Le NYT lâche François... et il n'est pas seul

Eh oui, le "navire-amiral" du progressisme et (donc) de l'anti-catholicisme mondial tombe à bras raccourci sur la lettre à Wuerl. Un aperçu des réactions aux USA par Marco Tosatti (15/10/2018)

Note: Le cas du NYT et celui du WP sont évidemment emblématiques, les autres titres cités ici ne font pas vraiment partie (à mon humble avis) de la presse dite "liberal"....

Ci-dessous: illustration du NYT.

Abus: la presse "liberal" lâche Bergoglio


Marco Tosatti
www.lanuovabq.it
15 octobre 2018
Ma traduction

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La lettre de félicitations et d'éloges du Pape au Cardinal Donald Wuerl n'a pas été bien reçue aux Etats-Unis. Très durs, le progressiste New York Times, le Washington Post, qui ne fait certes pas partie du complot conservateur, et le Spectator: pour tous, le Pape est à côté de la plaque, les catholiques sont déconcertés par Wuerl.


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La lettre de félicitations et d'éloges au Cardinal Donald Wuerl, avec tout le reste - démission acceptée, au boutt de trois ans, mais il reste quand même comme administrateur du diocèse, et il continue à faire partie de la Congrégation pour les évêques - n'a pas été bien reçue, aux Etats-Unis. Bien qu'il soit peu probable que l'écho de ce mécontentement atteigne un jour le public italien (et français!!), un fait important s'est produit hier. Le New York Times, l'un des journaux les plus progressistes, pro-Clinton, pro-Obama, anti-Trump et pro-Bergoglio sur la scène internationale, a consacré un commentaire du Comité de rédaction à l'affaire Wuerl. Or, le comité de rédaction représente les opinions du journal, de son rédacteur en chef et de l'éditeur. «Ceci ne fait pas partie de la page "opinion"», explique le NYT [ICI]. «Le Pape est à côté de la plaque», lit-on dans le commentaire. Il cite le Rapport du Grand Jury de Pennsylvanie pour dire que Wuerl à Pittsburgh «était immergé dans une culture cléricale qui dissimulait les crimes de pédophilie sous des euphémismes», menait des enquêtes de manière scandaleuse, cachait les cas d'abus aux communautés paroissiales et ne les signalait pas à la police. »".

Finalement, la démission et la lettre d'éloges du Pape [Le vrai-faux départ de Wuerl]. Mais, écrit le NYT, «en soulignant qu'il considère les actions passées de Wuerl comme de simples "erreurs", et en lui permettant de rester membre de la puissante Congrégation pour les évêques, le pape renforce l'idée qu'il ne comprend pas les dommages extraordinaires causés par les clercs qui ont cruellement et sans vergogne abusé de leur pouvoir sur des enfants et des adultes confiants».

Le New York Times n'est pas le seul. Le Washington Post un autre journal important qui ne fait certainement pas partie du "complot" conservateur et de droite brandi par les propagandistes pro-Bergoglio quand Viganò a rendu public son témoignage, fait écho [ICI] au malaise, et rapporte les déclarations de Josh Shapiro, le procureur général de Pennsylvanie qui a mené l'enquête et signé le célèbre rapport. Shapiro a dit qu'il est «inacceptable» que le cardinal Wuerl prenne sa retraite sans aucune conséquence apparente. Selon Shapiro, tant le rapport que les documents diocésains montrent que Wuerl a géré et participé à une couverture systématique des abus perpétrés par les prêtres de son diocèse.

Dans The Spectator, Damian Thompson [ICI] fait une analyse plus détaillée de la situation. «Beaucoup de catholiques - écrit-il - sont déconcertés, c'est le moins qu'on puisse dire, par la lettre du Pape à Wuerl dans laquelle il loue le cardinal controversé dans un langage plus adaptée à une canonisation qu'à une retraite sous les nuages».

Dans la lettre, le Pape parle de noblesse. «Ce discours de noblesse est un exemple classique de sa détermination (du Pape) à défendre ses alliés, indépendamment de ce qu'ils ont fait ou de ce dont on les accuse». Mais ce qui l'a condamné, c'est le scandale McCarrick, «qui fait que la lettre du pape François détonne étrangement».

Thompson rappelle l'analyse d'un spécialiste, le père Raymond de Souza, directeur de la revue "Convivium", selon lequel «Wuerl a dû partir parce que ses propres prêtres à Washington "pensaient qu'il mentait" sur ce qu'il savait à propos de McCarrick». Ce qui, selon de Souza, ne prouve pas qu'il savait, même si Viganò en est convaincu, et il le dit à plusieurs reprises. Mais ses prêtres ne l'ont pas cru: «Ils pensaient qu'il mentait publiquement, et qu'il leur mentait aussi à eux. Quand l'archevêque Viganò écrit : "le cardinal Wuerl ment sans vergogne"..., il confirme les conclusions auxquelles de nombreux prêtres de Washington sont déjà parvenus... Il est tout simplement impossible que le nonce à Washington, communiquant les restrictions du Saint-Siège à l'archevêque McCarrick pour conduite sexuelle déplacée, n'ait pas dit au cardinal Wuerl ce qui avait été fait à son prédécesseur, qui résidait dans l'archidiocèse».

De plus, en acceptant la démission de Wuerl, mais en le gardant comme administrateur apostolique, le Pape démontre, selon Thompson, qu'il travaille selon un certain modus operandi (que nous avons déjà vu, par exemple, au Chili, et dans le cas de Dario Edoardo Viganò): «1) il ignore la critique et conteste les raisons des critiques; 2) quand il ne peut plus faire autrement, , il fait un grand show, mais sans faire grand'chose; 3) si nécessaire, il retire une figure importante, sans vraiment la supprimer». De Souza parle d'une «culture cléricale du mensonge» et et se demande jusqu'où [jusqu'à quelle profondeur, ndt] elle peut aller. «Bonne question - commente Thompson - mais on peut aussi se demander jusqu'à quelle hauteur. Donald Wuerl n'est pas le seul évêque accusé d'avoir caché ce qu'il savait sur McCarrick. Le Pape aussi».

Et le Catholic Herald, publié en Grande-Bretagne en version papier, dans un éditorial intitulé "A Strange Response" [ICI], faisant référence à la lettre ouverte du cardinal Ouellet se demande qui savait, et depuis quand, et souligne que les questions de Mgr Viganò n'ont pas encore eu de véritable réponse. Pour Ouellet, le drame McCarrick a été causé par le manque de preuves et par l'habileté de McCarrick à se défendre, écrit le Catholic Herald. Pour Viganò, par des complicités. «Pour décider lequel des deux récits est vrai, il nous faut un compte rendu complet sur qui savait, quoi et quand». Mais dans ce domaine, il n'y a jusqu'à présent que de vagues promesses (l'enquête «en temps voulu» du communiqué du Vatican [La réponse-dérobade du Pape à Mgr Vigano]) alors que le Pontife a refusé - semble-t-il - la visite apostolique demandée par les responsables de l'Eglise américaine. Les seuls espoirs semblent donc résider dans les enquêtes des évêques américains et dans l'initiative d'une enquête menée et financée par les laïcs américains, le "Red Hat Report" [et peut-être par la pugnacité de la justice américaine, dont on peut supposer qu'elle ne lâchera pas prise, ndt] (1)
A coup sûr, la lettre et les décisions relatives à Wuerl montrent chez le Pape plus de réticence que de volonté de clarifier.

NDT


(1) Voici comment ce "Dossier Barrette Rouge" était présenté par AM Valli dans un billet du 3 octobre:

Un groupe d'investigation pour passer au peigne fin la vie des cardinaux qui font partie du Sacré Collège. Et vérifier leurs choix et leur comportement face aux scandales, abus ou dissimulations. Tout cela afin de rendre possible le choix d'un futur pape sans compromis.
La nouvelle arrive des États-Unis et les détails, en fait, sont très américains. Avec le pragmatisme typique qui domine là-bas, et avec une grande confiance dans le pouvoir de l'argent, une centaine de personnes (toutes, semble-t-il, avec des ressources économiques d'un certain niveau et une orientation conservatrice) se sont réunies pour produire ce qu'elles ont appelé le Red Hat Report (le Dossier Barrette Rouge), càd un rapport sur tous les cardinaux éligibles au prochain conclave, afin de faciliter l'identification d'un candidat pape qui n'ait rien à voir avec les événements liés aux scandales, aux abus et aux dissimulations et qui s'est montré actif dans la lutte contre la corruption morale.
Les membres du groupe, incluant des universitaires, des journalistes et même d'anciens agents du FBI, ont indiqué qu'ils prévoyaient de dépenser environ un million de dollars pour leur travail d'enquête au cours de la première année. De l'argent bien dépensé, estiment les promoteurs de l'initiative, qui veulent ainsi répondre à une crise qui secoue les fondations de l'Église catholique des États-Unis.
(...)

La suite ici: www.aldomariavalli.it

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