Présent (Rémy Fontaine)
Après le voyage de Benoît XVI aux Etats-Unis
« Le rôle prophétique des catholiques dans la défense de la vie »
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Benoît XVI a conclu son voyage d’une semaine aux Etats-Unis par New York où il s’est recueilli dimanche sur le site de Ground Zero priant pour les victimes des attentats du 11 Septembre, demandant au « Dieu de l’amour, de la compassion et de la réconciliation » d’apporter « la paix dans un monde violent » et de « faire retrouver le chemin de l’amour à ceux dont le cœur et l’esprit sont consumés par la haine ».
Devant 60 000 fidèles réunis dans le mythique Yankee Stadium pour la dernière grand-messe et le dernier message de son voyage, le Pape s’est particulièrement adressé à la population catholique, dont il avait déjà rappelé aux évêques qu’elle « est l’une des comunautés les plus nombreuses et les plus influentes du monde » (23% de catholiques du pays dans tous les secteurs de la société). A sept mois de l’élection présidentielle, il a rappelé « le rôle prophétique » des catholiques dans « la défense de la vie » en particulier « des enfants qui ne sont pas encore nés ».
La veille, le Saint-Père avait appelé l’Eglise catholique à demeurer comme la cathédrale Saint-Patrick, certes nichée entre les tours de Manhattan avec ses flèches néogothiques, mais qui, « au cœur de la métropole indifférente , reste un signe vivant qui remémore la constante aspiration de l’esprit humain à s’élever vers Dieu ».
« Nous sommes très honorés que vous commenciez avec nous votre quatrième année de pape », lui avait dit le cardinal Edward Egan, archevêque de New York. Tandis que le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat du Vatican, présentait ses vœux au Saint-Père au nom de toute l’Eglise, avec « standing ovations ». Apparemment fatigué au cinquième jour de son voyage, Benoît XVI (qui avait aussi fêté ses 81 ans mercredi à Washington) a laissé libre cours à son émotion : « Je ferai tout mon possible pour être un vrai successeur du grand saint Pierre malgré toute ma pauvreté spirituelle. »
Le samedi soir encore, il interpellait les jeunes au séminaire Saint-Joseph : « Qui porte aujourd’hui la Bonne Nouvelle de Jésus sur les routes de New York, dans les banlieues inquiètes et marginalisées des grandes cités ? » Le Pape avait évoqué devant eux ses années d’adolescence sous le nazisme, un régime qui avait « proscrit Dieu, devenant ainsi indifférent à tout ce qui est vrai et bon ». Sans craindre cependant de les avertir que « le pouvoir destructif demeure » aujourd’hui, même si les libertés ont apparemment progressé depuis mais sans qu’il soit jamais fait référence à la vérité: « Cela s’appelle le relativisme. »
« Dans nos universités et nos écoles, la foi est-elle “tangible” ? », avait-il aussi interrogé à la Catholic University de Washington. Tout au long de son voyage, et même à l’ONU, le Pape aura donc pointé le totalitarisme sournois de la démocratie à l’instar de son prédécesseur Jean-Paul II, préoccupé lui même par ce qu’il appelle « le sécularisme qui porte le sceau de l’Occident, différent et sans doute plus sournois que celui du marxisme » (Présent du 30 janvier). Un sécularisme sournois, qui gagne même jusqu’à l’Amérique plus ouvertement religieuse que l’Europe, et que Benoît XVI a résumé ainsi devant les évêques des Etats-Unis : « Peut-être le laïcisme à l’américaine pose-t-il un problème particulier : il permet l’affirmation de la foi en Dieu, il respecte le rôle public de la religion et des Eglises, mais en même temps il réduit subtilement la foi religieuse à un plus petit dénominateur commun (conduisant à...) vivre “comme si Dieu n’existait pas”... »
REMI FONTAINE