Le sujet fait beaucoup parler, après les nouvelles normes émanant de la CDF sur les "délits les plus graves", surtout chez les non-catholiques (*). Le quotidien "El Pais", pas vraiment une référence en matière de théologie, est sèchement recadré par Mgr Juan A.M. Camino, évêque auxiliaire de Madrid et secrétaire général de la Conférence Épiscopale Espagnole. Traduction de Carlota. (19/7/2010)

(*) A ce propos, de quoi se mêlent-ils? Réalisent-ils à quel point leur démarche est obscène?

-> cf. Femmes prêtres dans les délits les plus graves

Monseigneur Juan Antonio Martínez Camino, évêque auxiliaire de Madrid et secrétaire général de la Conférence Épiscopale Espagnole, vient de répondre, sans fleuret moucheté, bien au contraire, et avec une ironie dévastatrice à un article mensonger d’un journaliste de « El País » qui cite d’une manière erronée Saint Thomas d’Aquin pour attaquer de nouveau l’Église catholique qui place notamment « l’ordination des femmes » au niveau des très graves délits.
Le procédé journalistique employé pourrait rappeler ceux utilisés dans certains régimes totalitaires, mais ne s’agit-il pas aussi d’une incommensurable ignorance et de paresse de la part de l’éditorialiste qui est payé pour « bouffer du curé et de la religion catholique » et ne cherche pas à se poser de questions. Est-ce donc encore du journalisme ? Sujet maintes fois évoqué…
Monseigneur Martínez fait néanmoins encore confiance au bon sens, à la logique des lecteurs. Je crains malheureusement que l’enseignement actuellement délivré aux jeunes générations, ne fasse tout sauf développer l’esprit d’analyse et de questionnement…
L’article de « El País » aurait pu être écrit sous une autre latitude que celle de Madrid .
Quant à la réponse du secrétaire général de la conférence épiscopale ...?
(Carlota, 19/7/2010)

Article ici: http://revistaecclesia.com/content/view/19126/1/
Traduction de Carlota

Grossièretés contre la femme



El « País » mal conseillé en matière religieuse
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Peu de journaux généralistes consacrent autant de pages à la religion et en particulier à l’Église catholique que « El País ». Mais malheureusement il s’agit presque toujours d’informations orientées ou d’opinions qui reposent sur des préjugés, quand ce n’est pas sur des faussetés manifestes.

A titre d'échantillon, l’article intitulé « Grossièretés contre la femme » qui apparaît sans signature le samedi 17 juillet 2010 dans la page opinion, c'est-à-dire, comme reflet de la position officielle du journal (ndt: voir le texte en question ici ). Selon l’éditorialiste, l’Église catholique, en publiant les Règles sur les délits les plus graves la veille, mettait en évidence une fois de plus son aversion invétérée contre la femme.

Mais l’article est basé sur une lecture erronée de Saint Thomas d’Aquin, à qui le "consultant" religieux de « El País » fait dire exactement le contraire que de ce que pense et écrit le grand théologien du Moyen Âge : « Rien de plus et rien de moins que Dieu ne devrait avoir créé la femme ! ».

Il est possible qu’un lecteur assidu du journal antireligieux et anticatholique ait avalé un "truc" aussi gros. En fin de compte, des estomacs soumis au jeûne doivent arriver à s’habituer, plutôt mal que bien, aux poisons malodorants. Mais je suppose qu’il y a aussi plus d’un lecteur qui se sera au moins senti tenté de penser que cela paraît un peu trop gros : que le clergé qui suit Saint Thomas ne peut soutenir cette énorme stupidité, à savoir que Dieu a agi en dehors de la raison (divine, je suppose) sans savoir pourquoi il a fini par créer la femme.
Eh bien donc, spécialement à ces derniers lecteurs, j'offre la clef de l’opération menée à bien par le conseiller religieux de «El País » qui a été capable de mettre en garde leur sens commun et de les amener à douter de la véracité d’une telle affirmation.

Dans sa grande œuvre, la Somme théologique (summa theologica) à laquelle « El País » fait référence, Saint Thomas d’Aquin procède toujours en apportant des arguments dont il ne partage pas la véracité mais qui pourraient paraître vrais (videtur quod) du fait de l’autorité qui les soutient ou pour toute autre raison. Ensuite il les réfute avec un « mais, par contre… » (sed contra). Et après il achève le travail intellectuel en répondant (respondeo dicendum) un par un aux arguments apparemment vrais avec lesquels il avait commencé.
Eh bien, ce que le conseiller religieux de « El País » a fait passer pour une pensée de Saint Thomas d’Aquin est précisément un des arguments qu’il rejette dans la question 92 de la première partie de sa Somme théologique (pour ceux qui connaissent : 1 q.92 a.1). L’argument réfuté est ainsi exposé par le grand théologien : « Les occasions du péché doivent être écartés. Mais Dieu savait d’avance que la femme allait se changer en occasion du péché pour l’homme. Par conséquent, il n’a pas dû faire la femme dans ses premières œuvres, face au péché ». Et il ajoute aussitôt que contre un tel argument, il y a ce que dit le livre de la Genèse (2,18) : « Il n’est pas bien que l’homme soit seul ; faisons-lui une aide semblable à lui ». Et ensuite il répond comme suit à l’argument du pèlerin : « Si Dieu avait ôté du monde tout ce que l’homme prend pour occasion de pécher, l’univers serait resté imparfait. On ne doit pas supprimer ce qui est un bien général pour éviter un mal particulier : encore moins, étant donné que Dieu jouit d’un tel pouvoir, qu’il est capable d’ordonner n’importe quel mal vers le bien ».
En résumé : Saint Thomas d’Aquin, et l’Église catholique avec lui, pense que la femme est « un bien général » tellement immense que Dieu ne pouvait se passer d’elle, quand bien même il savait qu’elle allait se transformer à l’occasion en cause d’un « mal particulier ». Sans la femme l’univers, la création de Dieu, serait resté inachevé.

« El País » devrait rechercher de meilleurs conseillers en matière religieuse. Sinon des grossièretés contre le sens commun comme celle-là vont finir pas décourager même ses plus fidèles apprentis anticléricaux et athées.

(ndlr: mais non, que El païs et ses clones continuent sur cette voie.
Sur les interconnexions entre les grands titres de la presse mondiale papophobe et cathophobe, voir ici: Le NYT contre le Pape )