Avant la visite du Saint-Père en Grande Bretagne, état des lieux médiatique: Un article en espagnol paru en février dernier sur Religion en libertad traduit par Carlota (29/7/2010)

Le voyage du Saint-Père ne sera pas une promenade de santé, cela, nous le savons, et c'est bon signe.
Et les medias britanniques n'ont rien à apprendre des nôtres, en terme de papophobie. Ou plutôt, ils sont totalement représentatifs de l'état de la presse en Occident.
Mark Thompson, le directeur de la BBC, est venu tenir une conférence à l’Université Pontificale de la Sainte Croix de Rome, et aussi donner le change....

Carlota

Je suis persuadée que le voyage du Saint Père en Grande Bretagne va apporter une immense joie et un très grand réconfort aux Catholiques mais aussi à tous les hommes de bonne volonté, dans un pays « réel » qui souffre beaucoup de sa perte d’identité, de la désindustrialisation, de la sordide paupérisation des « petits blancs », de l’abandon de l’intérêt commun par les élites de tous les bords (mais l’on connaît désormais cela en France). Le Royaume-Uni n’a en effet plus rien à voir avec une certaine image (véhiculée notamment à partir des philosophes dits des lumières) qui nous fait encore le mettre sur un piédestal et nous donne toujours le sentiment d’infériorité du là-bas ils font mieux que chez nous.
Lord Patten chargé par le Premier Ministre britannique de la préparation de cette visite histoire a déclaré que le voyage du Pape en Grande-Bretagne serait un grand succès (cf article de Zenit).
Néanmoins je reste très réservée sur l’attitude généralement hostile des médias et notamment de la BBC où la plupart des journalistes sont recrutés sur le même modèle dans un vivier dont les valeurs y compris de mœurs sont aux antipodes de l’enseignement de l’Église. Mais nous connaissons aussi cela en France.
Un article en espagnol paru en février dernier sur Religion en libertad reprenait un texte du journaliste britannique Edward Pentin, correspondant à Rome, qui rappelait certains faits révélateurs montrant que la réputation de la BBC est plutôt usurpée...

LE DÉFI : RETRANSMETTRE LA PROCHAINE VISITE DU PAPE
Même la mère du directeur général reconnaît que la BBC est « anticatholique et anti-Dieu ».

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La British Broadcasting Corporation (BBC) n’est pas connue précisément pour son grand amour envers l’Église Catholique. Bien qu’elle ait une réputation mondiale pour la haute qualité de ses programmes (NDT, de plus en plus usurpée depuis plusieurs années…), on a l’habitude d’accuser cette chaîne, financée essentiellement par l’État britannique, de traiter l’Église et la foi catholique - dans le meilleur des cas - d’une façon injuste.

On peut étayer cette accusation de beaucoup d’exemples, en commençant par quelques programmes de ces dix dernières années, blasphématoires et hautement offensifs pour les catholiques.
En 2003 la BBC a diffusé - avec une large audience internationale - un document intitulé « Sex and the Vatican » (cf http://benoit-et-moi.fr/2010-I/... ), qui défigurait intentionnellement l’Église et son enseignement sur le préservatif et le sida.
Deux ans plus tard, « Jerry Springer the Opera », une émission blasphématoire et très offensive, ridiculisait Jésus et la foi en général.
Peu de temps auparavant, la BBC avait dépensé deux millions de livres pour une émission appelée « Popetown » (ville du Pape) un feuilleton de dessins animés sur le Vatican, ridiculisant l’Église et incluant des scènes de bestialité (cf. dans ces pages POPETOWN CENSURÉ PAR LA "TRÈS CATHOLIQUE POLOGNE) .
À la suite de protestations, l'émission a été interdite en Grande-Bretagne mais elle a continué à être émise à l’étranger et est toujours vendue en Grande-Bretagne en DVD...

S'agissant du catholicislme, on peut aussi accuser la BBC d'avoir commis des erreurs dans d’autres domaines. La persécution des catholiques au Moyen Orient ou en Asie reçoit rarement une couverture ou une attention adéquate ; le bon et immense travail que les prêtres, religieux et laïcs catholiques font de par le monde est généralement ignoré; et l’inestimable apport de l’Église à la culture occidentale tend à être discrédité, se concentrant sur les péchés passés de membres de l’Église.

On peut également accuser la BBC d’être tendancieusement anticatholique de façon plus subtile. Les débats, les informations journalistiques et les articles de son portail internet tendent à se focaliser sur le sensationnel ; ils ont l’habitude aussi d’inclure des apports de figures laïques ou de catholiques dissidents mais rarement de catholiques orthodoxes qui expliqueraient de la bonne façon les enseignements de l’Église (Ndt: on connaît cela aussi chez nous, et en fait dans la plupart des pays occidentaux !).

Il n'est pas rare que le traitement par la chaîne des membres du clergé inclue des questions de présentateurs qui montrent du mépris et du dédain et qui paraissent les considérer comme des coupables jusqu’à ce qu’ils prouvent leur innocence.
Stephen Golver, éditorialiste dans la presse britannique, et non catholique, décrivait comment un journaliste de télévision de la BBC, soumettant à un interrogatoire en 2007, l’archevêque anglais Vicent Nichols (Ndt, pourtant loin, sauf erreur, d’être un traditionaliste !) : « il le traitait comme un membre de quelque secte extrémiste, l’interrompant sans arrête, et il s’adressait à lui comme s’il pensait qu’il était à moitié idiot ».

Cet état d’esprit tendancieux est à attribuer au mode de pensée laïciste prédominant sur la chaîne, qui embrasse (ou est sympathisant avec) la culture de mort, l’avortement, le féminisme radical, "l’agenda" homosexuel, l’euthanasie ou la science sans morale, comme la recherche sur les cellules mères embryonnaires.

«La BBC» écrit Glover, « représente un consensus matérialiste et mécanique qui a rejeté Dieu et se trompe lui-même en pensant que la science est capable de donner une explication complète à l’existence ».
L'un des journalistes les plus compétents de la BBC, Andrew Marr, admettait lui aussi la difficulté pour la chaîne de donner une couverture non tendancieuse.

«La BBC n’est pas impartiale ou neutre » disait-il lors d’une rencontre 'non publique' de cadres de la BBC, en 2006. « C’est une organisation financée avec l’argent public, comptant un nombre anormalement élevé de gens jeunes, de minorités ethniques et de gays. Elle a une "tendance libérale" et non pas tant une "tendance politique libérale". On devrait dire mieux une "tendance culturelle libérale" ».

Au cours de la même réunion, un ex-cadre de la BBC a dit qu’il était « largement reconnu que nous avons pu aller trop loin dans la direction du politiquement correct » et que la plus grande partie de cette mentalité est « si profondément enracinée dans la culture de la BBC, qu'il est très difficile de la changer » .
Il a été aussi dit que « presque tous », dans cette réunion, se sont trouvés d’accord sur le fait que la Bible aurait pu être jetée à la poubelle au cours d’une comédie télévisée, mais pas le Coran, par peur d’offenser les musulmans.

La direction de la BBC, rejette évidemment publiquement et promptement la plupart des accusations sur son catholicisme tendancieux.
Il y a quelques semaines, Mark Thompson, le directeur général de la chaîne a donné une conférence à l’Université Pontificale de la Sainte Croix de Rome sur le thème «Émission et société civile ».

D'une façon décevante, et peut-être révélatrice, son discours ne mentionna nulle part la religion, mais se recentra plutôt sur le service que la BBC rendait comme chaîne étatique indépendante, et comment un futur réajustement permettrait d’offrir des programmes de meilleure qualité. Mais au cours de la session de questions-réponses qui a suivi, il a admis « qu’il peut se produire le cas » d’une certaine tournure anticatholique, en relation avec la couverture des nouvelles, bien que, en ce qui concerne la programmation religieuse de la chaîne, il ait affirmé que la BBC essaie, et arrive en général à donner « une image adéquate ».
Il a ensuite donné quelques exemples de documentaires de la BBC et de couverture en direct de l’Église, depuis les funérailles du cardinal Basil Hume, ancien archevêque de Westminster, jusqu’à l’exposition en Grande-Bretagne des reliques de Sainte Thérèse de Lisieux.
Interrogé pour savoir s’il croyait que la BBC avait tendance à favoriser une idéologie aux antipodes de l’enseignement de l’Église, il a répondu : « Non, vraiment, non », et il a rappelé un autre programme, cette fois sur la Passion durant la semaine pascale de 2008.

Ce n’est pas la première fois qu’il est confronté à ces critiques. Parlant des émissions religieuses lors d'une conférence à Londres en 2008, Thompson, qui est catholique, se rappelait comment sa mère avait secoué la tête quand on lui avait dit que son fils avait été nommé directeur général. « La BBC est anti-catholique et anti-Dieu » lui avait-elle dit très clairement.

De telles étiquettes d’anti-Dieu, expliquait-il à son auditoire à Londres, « ne sont pas très répandues; voire même ne sont pas vraies du tout ». Il a affirmé que, naturellement, à la BBC il y a beaucoup de gens « qui ont un point de vue assez sceptique par rapport à la religion », mais qu’on peut aussi rencontrer « des milliers de personnes pour lesquelles la religion joue un rôle central dans leurs vies ».

Mais sous sa direction, la couverture télévisée donnée par la BBC sur les affaires religieuses a baissé, de 177 heures en 1987-88 à 155 heures en 2007-08. L’organe du gouvernement de l’Église d’Angleterre (Ndt donc anglicane ?), le Synode Général, débattait assez peu sur la question de savoir si la BBC marginalisait le christianisme, en le traitant comme une espèce de « show anormal » ou « espèce rare » à étudier dans un programme sur la nature.

Dans sa conférence à Rome, Thompson affirmait qu’on ne touchait pas spécifiquement à la religion parce qu’on ne voulait pas la mettre dans une catégorie spéciale, préférant au contraire l'inclure dans les commentaires sur l’histoire, la connaissance et la culture.
Mais même ainsi, cette posture court le risque de laisser la religion encore plus de côté, et c’est peut-être une des raisons pour lesquelles la BBC émet rarement des programmes sur une foi en particulier, mais qu'au lieu de cela, elle les accumule ensemble dans un désordre relativiste (NDT que d’excuses spécieuses pour justifier une volonté de marginalisation des religions chrétiennes qui furent l’environnement culturelle du pays jusqu’à il y a moins d’un demi-siècle).

Un prêtre, après avoir écouté la conférence de Thompson, lui a demandé : « Pourquoi vous n’avez pas de programmes consacrés à chaque religion, par exemple l’un formé d’un groupe de théologiens discutant du rôle des œuvres dans la justification, ou un autre d’érudits musulmans débattant de l’interprétation du Coran ? ».

Parlant ensuite avec ZENIT, Thompson paraissait ouvert à un dialogue franc avec l’Église et à l’écoute d’idées pour améliorer la couverture.
Le but principal de sa visite était de rencontrer le Saint Père et les représentants du Vatican pour parler de la visite du Pape en Grande-Bretagne à la fin de l’année.

Un signe d’espérance, bien qu’il reste beaucoup de doute sur jusqu’à quel point la direction de la BBC prend réellement au sérieux l’Église.