L'auteur d'"Entretiens avec un vampire" l'annonce avec fracas sur Facebook.
Qui s'en soucie? Eh bien, beaucoup de gens, apparemment, depuis les grands titres de la presse "libérale", jusqu'à Messori qui saisit l'occasion pour une mise au point décapante sur les faux convertis, et les suiveurs des modes du temps (1er/8/2010).

 

Ann Rice, l'auteur de best-sellers relevant d'une sous-littérature à la mode sur le mythe des vampires (notamment "Entretiens avec un vampire" dont a été tiré un film à succès avec Tom Cruise) a ouvert sur Facebook "une discussion qui a provoqué un trembblement de terre" (1). Son annonce fracassante Aujourd'hui, j'ai cessé d'être chrétienne. Je reste fidèle au Christ, mais plus à l'"être" chrétienne a suscité paraît-il un raz-de-marée de réponses et a été reprise comme de bien entendu par la presse libérale mondiale, du Washington Post, au Guardian... On a envie de lui dire "bon vent!", et franchement, ce n'est pas moi qui vais la regretter. Qu'en avons-nous à faire, d'ailleurs, qu'elle soit chrétienne ou pas?

Plus sérieusement, après avoir annoncé avec emphase sa "conversion", après 40 ans d'athéisme, et une sortie de coma en 1998 (au point d'avoir consacré des livres à l'histoire de Jésus, non traduits en français, semble-t-il), Madame découvre que l'Eglise impose des règles trop sévères sur les droits civils: elle refuse d'être "anti-gay, anti féministe, contre le contrôle des naissances, anti-démocratique, contre la science".
Des prises de position si affligeantes d'ignorance - car rien de tout cela n'est vrai -, de bêtise et de conformisme (en lisant sa page Facebook, on a envie, si l'on est méchant, de lui dire de retourner à ses casseroles, la réflexion philosophique n'étant décidément pas son premier métier!) qu'on peut se demander quelles qualités intellectuelles lui ont valu d'être l'auteur(e) de best-sellers planétaires. A moins que l'on ne s'interroge plutôt sur les usines à fabriquer ces best-sellers...
Vittorio Messori lui règle son compte - à elle, et à tous ces faux convertis qui se prennent pour Saint-Augustin, parce que ça fait chic, alors qu'ils ne sont que les tristes reflets du conformisme ambiant.

 

31 juillet 2010
© Corriere della Sera
Les modes idéologiques passent rapidement . La tradition est éternelle
Vittorio Messori
http://www.et-et.it/articoli/2010/2010_07_31.html
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Quelque chose d'ennuyeux, pour ceux qui connaissent le tour: l'éternelle adaption conformiste à l'idéologie momentanément hégémonique confondue avec la révolte courageuse; l'habituelle superficialité de ceux qui n'ont pas compris la dynamique de la foi , prise pour une profondeur de vision . Avec, en outre , un malentendu fondamental : depuis quelques années, Mrs Rice nous a dit que sans la foi retrouvée dans l'Evangile , son travail d'écrivain se serait asséché. Et elle a ému des millions de lecteurs par le récit de sa conversion , sous le titre "Appelée hors des ténèbres", où les "ténèbres" seraient les lieux où Jésus n'est pas adoré (ndt: je n'ai pas trouvé trace de ce livre en français). Aujourd'hui, ayant encaissé les droits d'auteur , la Born Again, la "renée dans la foi", exige des acheteurs imprudents de jeter ce best-seller à la corbeille et leur annonce qu'elle "cesse d'être chrétienne "

Mais là est le malentendu : en réalité, elle cesse seulement d'être «catholique» . En effet , il lui suffirait de faire partie de nombreuses communautés protestantes pour trouver non seulement acceptées, mais sanctifiées les choses dont l'absence chez les catholiques la scandalise : mariage à l'Église pour les homosexuels , femmes évêques (de préférence lesbiennes) , contraception vénérée, "démocratie" dans le sens de soumettre à des élections la hiérarchie et les règles théologiques, liturgiques , et même morales. Dans ces communautés, ses attentes seraient comblées, le tout dans le sens de l'idéologie hégémonique, qui est aujourd'hui celle, politiquement correcte, du libéralisme , sinon du libertinisme.
Mais les idéologies changent, et ce qui apparaît indiscutable aujourd'hui, sera improposable demain.
Anne Rice (née en 1941, ndt) a l'âge se rappeler que, jusqu'à il y a vingt ans , une multitude de prêtres et de religieuses ont quitté l' Eglise catholique pour des raisons opposées à celles qui la poussent désormais à s'en aller: c'était le temps du «social » , du «politique »,- seulement de couleur rouge, s'entend - qui rejetait comme individualisme bourgeois ce qu'aujourd'hui les conformistes libéraux considèrent comme sacré. Mais si l'écrivain(e) avait vécu les années trente et avait été allemande , avec la même logique qu'aujourd'hui elle aurait "cessé d'être catholique" parce que Rome refusait de suivre l'Eglise luthérienne encadrée ( à quelques exceptions près ) dans les Deutsche Christen, les chrétiens allemands, qui , sous le commandement de «l'évêque du Reich » - enseignait entre autres, l'aryanité de Jésus , le devoir biblique du racisme, la beauté de la guerre et d'autres choses encore.

Qu'elle prenne donc garde , la Rice qui croit "aller vers l'avenir" : cet avenir , comme le montre l'histoire , deviendra tôt ou tard un passé embarassant. Celui qui épouse l'esprit du temps est vite veuf (cf. Vivre pour le présent est sans avenir) . Et , tout comme aujourd'hui nous nous demandons comment il était possible d'être chrétien nazi, puis chrétien communiste , nous nous demanderons comment on a pu être chrétien libéral. Sa marche d'éloignement de l'Eglise catholique entrera en collision avec celle , de plus en plus encombrée , des croyants qui vont en sens inverse. Des centaines de pasteurs et des dizaines d' évêques anglicans ont demandé au Pape de pouvoir être accueillis à nouveau, parce que la Catholica rejette ce qui enthousiasme la Rice . Quiconque connaît le monde protestant - celui historique né de la Réforme du XVIe siècle - sait que des groupes de plus en plus importants envisageent d'en partir. Et là aussi, pour des raisons opposées à celles de l'écrivain(e) . Attention, donc : comme il arrive souvent chez les chrétiens , les «réactionnaires» d'aujourd'hui peuvent devenir les «prophètes» de demain .

 

Note

Voici ce que Rice écrit sur sa page Facebook (28 juillet):
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Gandhi famously said: “I like your Christ, I do not like your Christians. Your Christians are so unlike your Christ.” When does a word (Christian)become unusable? When does it become so burdened with history and horror that it cannot be evoked without destructive controversy?
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For those who care, and I understand if you don't: Today I quit being a Christian. I'm out. I remain committed to Christ as always but not to being "Christian" or to being part of Christianity. It's simply impossible for me to "belong" to this quarrelsome, hostile, disputatious, and deservedly infamous group. For ten ...years, I've tried. I've failed. I'm an outsider. My conscience will allow nothing else.
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As I said below, I quit being a Christian. I'm out. In the name of Christ, I refuse to be anti-gay. I refuse to be anti-feminist. I refuse to be anti-artificial birth control. I refuse to be anti-Democrat. I refuse to be anti-secular humanism. I refuse to be anti-science. I refuse to be anti-life. In the name of ...Christ, I quit Christianity and being Christian. Amen.
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My faith in Christ is central to my life. My conversion from a pessimistic atheist lost in a world I didn't understand, to an optimistic believer in a universe created and sustained by a loving God is crucial to me. But following Christ does not mean following His followers. Christ is infinitely more important than C...hristianity and always will be, no matter what Christianity is, has been, or might become