Le plus beau (si tant est que l'on puisse trancher) était la rencontre avec les jeunes, place Matteotti, à Gênes. Discours du Saint-Père, dans ma traduction à chaud.
Et voici une video que j'avais à l'époque capturée sur le direct (images de qualité médiocre, mais si éloquentes! j'ai cherché sur Youtube, je n'ai rien trouvé de meilleur), et le commentaire d'un journal régional:
Enfin, un reportage vraiment exceptionnel, car il est signé de l'envoyé spécial du Giornale (édition locale): un journaliste, donc, et même si le titre est classé à droite, les journalistes échappent difficilement à leur milieu, ce n'est pas une généralisation abusive, nous en avons quotidiennement la preuve. Là, le journaliste le dit lui-même: il est devenu "papaboy".
Et le journaliste cède la place au « Papaboy » Federico Casabella Place Matteotti, avec l'"autre" jeunesse -------------- Ceux qui l'ont vécu ne pourront jamais oublier. Ceux qui étaient là se souviendront toujours de ceux qui étaient à côté d'eux, ceux qui ont participé avec eux à cette émotion. Et je suis convaincu que chaque protagoniste de ce matin de frissons conservera le charme de cette place.
Parce que des milliers de jeunes qui crient, chantent, sautent, sourient à la vie, ce n'est pas quelque chose qu'on voit tous les jours.
Je n'assistais ni à un concert rock, ni à une finale de coupe entre deux équipes de football. Je n'étais pas en discothèque, ni à une rave party si chère à certains jeunes. Dimanche matin, je devais être un journaliste "boutonné" vêtu en veste et cravate, parce que cet évènement je devais le couvrir comme envoyé du « Giornale ». Mais une fois arrivé Place Matteotti, mon « protocole » a rapidement sauté. Et en l'espace d'un instant, je me suis trouvé être un « Papa boy ». Parce que, pour ceux qui croient, il était impossible ne pas se laisser entraîner. Pas tant par le Pape, ni par ses mots, réfléchis et émouvants, que par les visages joyeux et sereins de ces 50.000 jeunes qui remplissaient la place. Parce que, je vous assure, cette place était pleine, rempli des coeurs de ces jeunes. Je suis arrivé de bon matin parce que ce rendez-vous, je voulais le suivre dès le début. L'arrivée du Pape était prévue pour 11 heures, mais déjà à 8h30, j'y étais, sur cette place et, avec moi, étaient rassemblés des centaines d'autres: sacs à dos et impérmeables sur jeans et T-shits, et puis il y avaient les scout en uniforme, et ici et là quelques religieux.
Aux prières a succédé une matinée de "discochurch" : chants, danses et divertissements le dimanche à 9 heures! Alors que d'habitude, à cet âge, on dort pour récupérer de la longue nuit du samedi soir. Les chants de Messe, peut-être ceux que, dans nos églises, nous entendons acompagnés du son de l'orgue et des voix traînantes de l'assemblées, étaient ici récupérés avec des rythmes différents : un peu rock, parfois en style disco, et même rap. De manière à les rendre "jeunes" . Un enthousiasme vibrant, non pour voir Vasco Rossi ou Bruce Springsteen, ni pour attendre les buts de Cassano ou de Borriello, mais pour attendre Joseph Ratzinger: pas un athlète, pas un artiste.... Ce fut donc tout de suite fascinant et émouvant. Et plus le temps passait, plus cette place se remplissait.
De Sampierdarena (ndt: un quartier de Gênes) ils sont arrivés en cortège: environ 200, ils s'étaient donnés rendez-vous devant la paroisse pour se rendre à pied sur la place. Personne n'a parlé de ce cortège dans les journaux ou à la télévision. Pourtant la pride laïque (ndt: la manifestation contre la venue du Pape organisée la veille, en présence du maire!!)- où la participation numérique était comparable - a été présentée comme démesurée. Seulement les jeunes de « Sampie » étaient une goutte dans la mer. Dans la mer de mouchoirs, drapeaux, banderoles qui ont commencé à s'agiter lorsque les Papamobile a surgi de la Porte Soprana pour rejoindre et traverser la place. Instant si exaltant que j'aurais voulu dénouer cette cravate qui me serrait le cou, ôter ces vêtements de dimanche et me mettre au milieu des « Papaboys » pour faire la fête avec eux.
Au fond, cette fête, je l'ai faite quand même. Que mon directeur en chef ne m'en veuille pas, mais malgré que j'étais loin de mes amis sur la place, dans la zone réservée à la presse, je n'ai pas pu m'empêcher de chanter et d'applaudir à l'arrivée du Saint Père. Mais cette voix de plus et cet applaudissement, plus que du Pontife, étaient l'effet de cette place qui faisait s'émouvoir les fidèles et les autres. J'étais à côté d'une collègue d'un autre titre. Non pratiquante et souvent critique vis-à-vis de la hiérarchie ecclésiastique. Pourtant je l'ai vu s'émouvoir, pleurer, en voyant tant d'enthousiasme ingénu.
Instant touchant, inoubiable qui me fait monter les larmes aux yeux rien qu'à le raconter, parce que ce sont des émotions qui ne passeront jamais. Emouvant comme les mots du Saint Père aux jeunes, sur les limites à leurs rêves d'avenir, dictées par toutes les incertitudes de la vie: la précarité du travail, surtout.
Pardonnez ma présomption, mais ceux qui étaient sur place dimanche matin auront à coup sûr gravi une marche de plus pour affronter les problèmes de la vie. Il suffit de regarder ces jeunes dans les yeux, de voir leurs visages sereins, et de les comparer aux visages tirés et malheureux de ceux qui, la veille, défilaient dans Gênes (ndt: la "laïque pride").