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CRISTIADA
 

Carlota, de retour des JMJ, a assisté à Madrid à la présentation mondiale du film Cristiada, récit de l'épopée des Cristeros (23/8/2011)




Bande annonce




 

À l’occasion des JMJ, un festival cinématographique a été organisé durant l’après-midi et la soirée du 17 août 2011, dans 5 cinémas et 16 salles du centre de Madrid (Rues Fuencarral et Luchana). Les séances étaient gratuites pour les pèlerins et un euro symbolique était demandé aux autres spectateurs. Le programme était très varié et comprenait également des rencontres avec des hommes et des femmes qui en relation avec les films projetés, souhaitaient témoigner de leur engagement, ou de leur conversion comme Karyme Lozano, ex-actrice mexicaine de telenovela (et souvent aux rôles bien « sexy »).

Parmi les films présentés il y avait bien sûr « There be dragons » de Rolland Joffé, mais aussi « Katyn », et le dernier Narnia. L’on pouvait aussi découvrir « Le jardinier de Dieu », une production anglo-italo-autrichienne réalisée par Liana Marabini avec Christophe Lambert dans le rôle de Johann Gregor Mendel (1822 - 1884), ce bon moine du monastère de Brno (en Moravie – aujourd’hui république tchèque) dont nous avons tous entendu parlé, même très brièvement à l’école, avec ses affaires de petits pois ! (voir la bande annonce ici). Le programme était donc particulièrement séduisant.

Pour ma part et parce que il fallait bien faire un choix, je me suis très tôt installée devant le cinéma « Proyecciones » pour pouvoir assister à la présentation mondiale du film « Cristiada ». La salle de projection était archi pleine, surtout de spectateurs hispanophones dont beaucoup de Mexicains. J’ai appris par la suite que se trouvait aussi présent l’archevêque de Grenade, Monseigneur Javier Martínez. Avant que ne commence la conférence, de jeunes JMJistes mexicaines, très recueillies, ont déposé sur la table des conférenciers une petit cadre de la Vierge de Guadalupe et un drapeau mexicain avec sa silhouette.
Et pour cause, « Cristiada » raconte l’épopée tragique de fervents catholiques mexicains, qui se désigneront sous le nom de « Cristeros » en proclamant leur foi sous la bannière du Christ Roi, après s’être vus forcés de s’opposer par les armes à la politique férocement anticléricale du gouvernement de leur pays dans les années 1926-29.
Les faits très peu connus par les non hispaniques sont terribles. D’ailleurs au Mexique aussi, le silence était de rigueur alors que le parti au pouvoir au moment des faits allait gouverner sans interruption le pays pendant les 70 années suivantes Des pays démocratiques de l’époque dont le très, trop, proche voisin, les Etats-Unis, les réactions ont été plus modérées voire hostiles pour ceux qui réclamaient seulement la liberté religieuse…
Bien sûr le sujet ne peut résonner que doublement et douloureusement dans nos cœurs de Français, nous qui savons d’où viennent ces idéologies prônant la persécution religieuse et plus particulièrement contre les catholiques, nous qui avons, aussi, bien tardivement redécouvert les épouvantables méthodes employées par les Bleus, lors des guerres de Vendée, à l’époque de la glorieuse Révolution Française. La lutte féroce contre les catholiques reprendra de plus belle à partir de 1931 en Espagne. Et là encore la désinformation a fait rage. Mais rien n’intimide Rome qui continue encore aujourd’hui à béatifier et canoniser des martyrs morts par haine de la foi, dans la France de la fin du XVIIIème, le Mexique des années 20 et l’Espagne des années 30.

Mais revenons à « Cristiada » (2011).
Le film a été tourné dans la province de Durango au Mexique par le Nord-américain Dean Wright, dont c’est la première réalisation, mais à qui l’on doit notamment les effets spéciaux de « Narnia ». Le scénario est de Michael James Love, un autre Nord-américain mais qui a passé son enfance à Mexico. Il a fait un peu tous les métiers techniques au cinéma. Dans la distribution l’on retrouve notamment le jeune Oscar Isaac (qui était Oreste dans le funeste « Agora » !), Andy Garcia, Eva Longoria, Peter O'Toole.
L’on pourrait alors se dire que ce film va encore être un produit hollywoodien, sinon aseptisé tout au moins très politiquement correct. Pas forcément à 100% et tout au moins il a le mérite d’être un film à grand spectacle sur un sujet trop longtemps sciemment occulté. En tout cas c’est ce qui en ressort de la présentation même si bien sûr les intervenants ont bien précisé que c’est un film qui est à voir comme tel. La présentation des invités a été faite par Juan Orellana Gutiérrez de Terán, critique de cinéma et directeur très actif du Département de Cinéma de la Conférence Épiscopale d’Espagne (et son portail cinématographique Pantalla 90). Le producteur Pablo José Barroso, est mexicain. Il a déclaré qu’il n’était pas au départ producteur mais que porté par sa foi catholique, il a voulu des films qui témoignaient. On lui doit déjà « Guadalupe » (2006) dont Zenit en espagnol avait fait l’éloge. Le producteur a expliqué que « le film raconte une histoire en faveur de la liberté qui est pour les catholiques mais qui doit être partout ». « Nous avons voulu faire un film avec des valeurs » [...], il faut que le film serve pour que les Mexicains (ndt et les autres !) connaissent leur histoire à travers l’influence du bienheureux José Sánchez del Río (*)

Sont ensuite intervenus :
- Karyme Lozano qui joue la mère de José Sánchez del Río. Elle a évoqué son retour à la foi catholique après la mort de son père survenu il y a un peu plus de deux ans (plus tard dans l’après midi elle était conviée à une réunion débat avec des jeunes). Très gentiment elle s’est conviée avant la conférence à une séance de photo improvisée avec de jeunes JMJistes.
- Le jeune acteur Mauricio Kuri qui joue le futur bienheureux, qui a su rester modeste malgré les applaudissements et les cris de ces jeunes admiratrices !

Nous avons ensuite pu voir la bande annonce du film et trois séquences supplémentaires inédites. Juan Orellana avait au préalable demandé que les spectateurs ne filment pas avec leurs téléphones portables car il était indispensable que le film trouve des distributeurs en Europe et que cela pouvait nuire à sa distribution.

En conclusion, un avis personnel :
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Bien sûr la réalité de la lutte des Cristeros est bien plus horrible et cruelle encore que ce qui est montré dans le film. L’attitude ambiguë des Etats-Unis qui n’en avait évidemment rien à faire de ces catholiques révoltés, est minimisée. Le film même si c’est une production indépendante doit conquérir le marché nord-américain ! Mais les acteurs sont formidables. Bien sûr Karyme et Mauricio déjà évoqués, mais aussi Eduardo Verástegui (l’acteur mexicain militant pro-vie très connu en Espagne) qui joue Anacleto González Flores (1888-1927, laïc, dirigeant moral des Cristeros, lui aussi béatifié en 2005). Je citerai aussi Oscar Isaac qui est bien plus séduisant que le vrai Victoriano Ramírez dit « Le quatorze », un chef cristero qu’il interprète, mais qu’importe. Andy Garcia est extraordinaire dans son rôle d’Enrique Gorostieta Velarde, le général en chef des Cristeros, un officier en retraite qui au départ n’était pas Cristero mais qui se décide devant l’injustice de la situation s’engage à son tour et prend la tête de la « Cristiada » et qui s’était opposé aux troupes nord-américaines lorsqu’elles avaient débarquées en 1914 à Véra Cruz. Les paysages sont grandioses, les images flamboyantes, la musique percutante, les scènes tragiques, poignantes, terriblement belles. Bref un film, certes grand public, vraiment à la hauteur de l’épopée glorieuse des Cristeros.

Un seul regret, ne pas avoir pu découvrir le film ou tout au moins les extraits en espagnol du Mexique mais seulement en anglais http://es.gloria.tv/ et http://www.cristiadafilm.com/ (Pour les francophones, pas grand-chose en tout cas sur la toile. Il faut donc en parler autour de soi pour que le film soit distribué en France le plus vite possible).

Un rêve : que Pablo José Barroso ou un producteur de sa trempe fasse un aussi beau film sur notre « Cristiada » à nous.

(*) José Sánchez del Río (28 mars 1913 – 10 février 1928). Jeune mexicain qui n’avait pas encore 15 ans quand il a été tué. Il a été déclaré martyr et a été béatifié par Benoît XVI le 20 novembre 2005.




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