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Eglise et Internet

Réaction du Père Scalese au discours prononcé par Mgr Di Falco devant la CEEM (19/11/2009)

Voir aussi: Présence catholique sur Internet


Résolument optimiste, le Père Scalese souligne à juste titre la grande richesse de la blogosphère catholique. Et c'est vrai, autant en France qu'en Italie, que je fréquente régulièrement, je ne cesse de découvrir des initiatives individuelles, dont certaines de gande qualité, qui éclipsent sans peine les sites institutionnels (les diocèses) et les blogs des grands journaux. Carlota dirait que c'est pareil en Espagne, et Daniel Hamiche, aux Etats-Unis.
Assez récemment, à côté des sites assez remarquables, que je fréqente depuis longtemps et dont les liens se retrouvent régulièrement dans ces pages, j'ai découvert des sites comme Le Suisse Romain, Fides et Forma, Perespicopus, Cantuale Antonianum - j'en oublie beaucoup - qui sont par leurs contenus aussi riches qu'originaux, et souvent fort beaux, mais dont les responsables n'ont sans doute pas pris de cours auprès de Mgr Di Falco.... peut-être qu'il les classerait même parmi les catholiques "douteux"
Comme il est dit plus bas, il n'y a donc pas de quoi désespérer...
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Le Père Scalese réagit ici à un message d'une lectrice de son blog, C.
C. lui a envoyé un commentaire sur l'intervention de Mgr Jean-Michel di Falco Léandri, président de la Commission épiscopale européenne pour les médias; ce dernier s'est référé à "une enquête menée dans l'Internet français, qui montre combien les sites évangéliques sont plus visités que les sites catholiques, même si la population catholique du pays est bien plus importante que celle évangilique. Voici les réflexions de C.":
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Texte ici: http://querculanus.blogspot.com/2009/11/chiesa-e-internet.html

"Je connais les sites évangéliques depuis 10 ans, au moins ceux d'Italie.
Il n'est pas vrai du tout que "les évangélistes sortent d’eux-mêmes pour se mettre d’abord à la place des autres. Ils répondent aux besoins". Ce qui est vrai, au contraire, c'est qu'ils utilisent Internet pour évangéliser en particulier les catholiques. Cela me paraît bizarre que le prélat, dans l'enquête, n'ait pas remarqué la méchanceté et la hargne de la plupart des sites évangéliques contre l'Église catholique, contre le Pape, contre le culte de Marie et des saints. Et comment peut-on proposer comme exemple des sites qui se réfèrent à la Bible avec une interprétation différente de celle de l'Église?

Et je suis surprise que le prélat n'ait pas noté que le plus grand succès des sites Web évangéliques est dans l'argent: de nombreux membres payent les frais de maintenance de leur poche, ailleurs, on pratique la dîme, d'autres prêtent gratuitement leurs talents au site. Sans aucun doute, la vraie différence entre les catholiques et les sites évangélistes réside dans la nécessité du concept de communauté-communion, qui chez nous n'existe malheureusement pas.

Je me suis battue pendant un moment dans un forum géré par des prêtres et des religieuses progressistes qui ne dédaignaient pas le bannissement si on se hasardait, avant l'arrivée de Benoît XVI, à défendre la tradition liturgique. L'évêque aurait pu mieux argumenter ces différences avec les évangélistes puisque sur Internet il y a une vraie différence entre les sites, blogs et forums de matrice progressiste et ceux proches de la tradition; les évangélistes n'ont pas ces problèmes, parce qu'ils se préoccupent principalement d'évangéliser les catholiques.

Le drame des catholiques sur le réseau, concernant de nombreux forums, réside dans l'envie entre les groupes. Le souci principal de certains forum est dans l'audience, dans le classement, le fait d'attirer l'attention des autres, en soulignant qu'ils sont les seuls. Ils sont prêts à humilier les membres, en particulier ceux de la matrice traditionnelle; beaucoup de ces groupes se heurtent à des contradictions énormes:
- Certains ont une obéissance idolâtre au Pape, et par conséquent il devient impossible d'approfondir des sujets liés à des choix du Pape, qui, n'ayant rien à voir avec l'infaillibilité, peuvent être discutés pacifiquement, mais en raison de l'incapacité de certains modérateurs qui ont le bannissement facile, on est forcé de se taire;
- D'autres, tout en sachant ne rien savoir, n'acceptent pas qu'on rapporte le Magistère de l'Église dans son intégralité. Les opinions sont devenues la nouvelle vérité, à défendre au détriment de la vraie foi;
- Il en existe encore d'autres, qui nagent dans le plus pur syncrétisme, leur règle est "aimons-nous" au-delà de ce qui est la vérité.

Le prélat a aussi oublié de noter que le problème de coordination entre les Forum catholiques naît là encore, d'une défense erronée du Concile; un problème que les sites évangéliques n'ont pas. La pratique liturgique, la doctrine dans son rituel, les règles qui régissent la façon dont vous devez prendre la communion, etc. sont des problèmes courants qui divisent incontestablement les catholiques, non seulement sur le réseau mais aussi à l'extérieur, dans la vie réelle.

Si l'évêque ne s'en est pas aperçu (mais je dois avouer qu'il y a des années que j'écris sur Internet), les catholiques sont divisés: les mouvements naviguent pour leur propre compte, que ce soit dans leurs territoires ou sur le Web; idem pour les Franciscains, les Dominicains, etc. Chacun soigne son petit jardin, et, donc, ce qui est la réalité quotidienne se retrouve dans le réseau.

Les évangélistes, bien plus malins, ne se divisent pas; ils sont indépendants - c'est différent - et se tiennent unis dans une lutte commune contre l'Église catholique. Au contraire, pour nous catholiques, même divisés, la lutte commune est celle de notre propre identité; et nous ne faisons que refléter la confusion que nous vivons dans l'Eglise, où l'identité catholique est vraiment devenue une source de débat à cause, hélas, de 40 ans d'apostasie et surtout d'anarchie.

Donc, les forums de catholiques ne font rien d'autre que refléter ces problèmes sur le réseau; mais, par pitié, évitons le choix diplomatique de nous donner les évangélistes en exemple. Pour eux, l'évêque qui dit ces choses, est un idolâtre et un hérétique.
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Père Scalese:

Avant de répondre à C., je voudrais dire quelque chose sur ce colloque.
Je suis heureux que l'Eglise aborde ce terrain; qu'elle se rende compte que le monde évolue, et essaie de rester en accord avec son temps. C'est aussi un signe de vitalité au sein de l'Église: c'est un démenti - si jamais il en était besoin - que l'Eglise ne vit pas dans le passé, comme certains anti-cléricaux (eux, oui, englués dans une vision idéologique totalement dépassée) voudraient nous faire croire.

Mon inquiétude est pour les conséquences de ce genre de colloques.
Je m'explique.
Bon nombre des participants à ces rencontres ont quelque peine à aborder certains phénomènes, non pas par préjugé, ou par rejet a priori, mais, le plus souvent, pour de simples raisons d'état civil (leur âge, ndt). Il leur manque l'approche «naturelle» de ces medias appartenant aux générations plus jeunes, qui sont nées et ont grandi dans leur ombre. Pour beaucoup, il est nécessaire de faire un réel effort pour s'adapter à certaines nouveautés. Rien de grave, ce n'est pas une faute, c'est un phénomène naturel. Moi-même, qui ne suis pas très âgé, j'ai parfois du mal à saisir l'utilité et le fonctionnement de certains outils nouveaux (par exemple, le «réseau social»).

Le danger est que, simplement parce qu'il leur faut faire un effort pour s'adapter aux nouveaux médias, il leur arrive de les sous-estimer (faute de réussir à en saisir le potentiel) et parfois aussi de les surestimer (en les considérant comme une sorte d'outils magiques). Et ils ont du mal à les prendre pour ce qu'ils sont vraiment: des outils utiles, mais qui ne peuvent en aucun être "absolutisés".

Un autre danger est que, ne se sentant pas compétents dans ce domaine, on se fie à de prétendus «experts» qui, le plus souvent, profitant de notre bonne foi, flairent la bonne affaire. Un avertissement pour tous: lorsque quelque "technicien" s'approche de vous, vous appelant "Révérend Père" ou "Excellence" et propose un énorme projet, prenez garde, vous pouvez être sûr qu'il veut faire de l'argent sur votre dos (ndt: la plupart des blogueurs catholiques ne risquent rien de tel!).

Enfin, il existe un autre risque qu'il est très facile d'avoir dans l'Eglise: celui de planification, de la réglementation et de la centralisation. Qu'il y ait nécessité d'une coordination, cela ne fait aucun doute; mais penser que tout doit être contrôlé par le diocèse ou le Vatican, me semble totalement hors de propos. Même dans l'église il doit y avoir de la place pour la «libre entreprise». Les pasteurs dans l'Eglise ne sont pas les seuls à devoir lancer des initiatives; ce sont plutôt ceux qui "examinent toutes choses" (1 Thessaloniciens 5:21), en perçoivent l'authenticité et coordonnent les efforts des fidèles. Lors du colloque du Vatican, Mgr Celli a prononcé une phrase révélatrice: "Les moyens de communication sont laissés à l'initiative d'individus ou de petits groupes, et n'entrent dans la programmation pastorale qu'au niveau secondaire".
Telle est la grande préoccupation: la "programmation pastorale ", qui est devenue dans l'Eglise quelque chose de très similaire à la planification« économique de mémoire soviétique. Si une chose ne rentre pas dans la planification pastorale, elle n'a pas le droit de cité dans l'Eglise.

Et j'en viens maintenant au problème posé par C..
Je suis d'accord avec elle au moins pour la comparaison douteuse avec les évangélistes. Il est évident que l'herbe est toujours plus verte chez le voisin. Personnellement, je dois admettre que je ne fréquente pas les sites évangélistes, à l'exception des biblistes, qui offrent une richesse considérable de textes et de traductions. Honnêtement, je n'ai jamais eu l'occasion de rencontrer des sites protestants anti-catholiques.

Je me souviens seulement que quand j'étais jeune (à cette époque, l'Internet n'existait pas encore), j'ai souvent écouté des radios protestantes, et ce qui m'a impressionné était l'utilisation faite de la radio pour l'annonce de l'évangile pur, sans avoir le souci de la culture , du divertissement, etc. Rien à voir avec Radio Vatican (l'unique radio catholique alors existante).

Aujourd'hui - nous affirme le président de la Commission épiscopale européenne pour les médias - "les évangélistes écoutent et les catholiques parlent" , "les évangélistes sortent d’eux-mêmes pour se mettre d’abord à la place des autres. Ils répondent aux besoins", "l'Église catholique parlerait-elle à partir d’elle-même sans prendre suffisamment en considération ce que vivent les gens ?", " les sites catholiques sont centrés sur eux-mêmes [et] considérées comme un moyen et non comme un monde à évangéliser; nos sites sont des extensions ou des duplicata de nos feuilles paroissiales, de nos bulletins diocésains. Ils sont à usage interne. Ils parlent la langue des initiés à l’usage exclusif des initiés. Les sites évangélistes, au contraire, veulent atteindre les internautes, utilisant internet comme outil et vecteur d’évangélisation".

Honnêtement, ce sont de belles phrases , destinées à faire de l'effet, mais, finalement plutôt creuses. Dans certains cas, difficiles à comprendre. Qu'est-ce que cela signifie, que les sites catholiques sont "considérés comme outils et non comme un monde à évangéliser"? Pour ensuite affirmer que, par ailleurs, les évangélistes utilisent Internet "comme outil et vecteur d’évangélisation"? Il m'est difficile de saisir la logique de ce raisonnement.

Dans tous les cas - et je dis cela non seulement aux participants au colloque, mais aussi à C. - il n'y a vraiment pas de quoi désespérer.
Je ne pense pas que nous, les catholiques soyons si mal placés dans ce domaine: il y a une prolifération de sites, blogs, forums, à faire envie à n'importe qui (personnellement, je ne m'inquiète pas de la variété des sensibilités: le pluralisme est un signe de la richesse et la vitalité de l'Église).

À entendre certains, il semble presque que l'Eglise catholique soit absente du réseau.
Eh bien, si par Eglise catholique, on entend Église institutionnelle, peut-être (mais même cela n'est pas vrai, puisque le Saint-Siège, tous les diocèses et les institutions religieuses ont chacun leur propre site). Mais l'Eglise, ce n'est pas seulement cela, il y a les fidèles qui, individuellement ou en groupe, se pressent sur le réseau, de manière souvent artisanale; mais c'est toujours une présence.

Aujourd'hui, mon souci est précisément celui qu'en plus de possibles interventions de l'Etat ou de l'Union européenne visant à réglementer (lire: bâillonner ) le Réseau, maintenant l'Eglise s'y mette aussi, pour insérer sites, blogs et forums dans la "programmation pastorale". Cela signifierait la fin de tout.
Peut-être pour avoir sur Internet l'équivalent de la chaîne «Sat2000" qui coûte beaucoup d'argent et que personne ne suit. Eh bien, je dirais qu'il est préférable de garder nos pauvres blogs, laissant l'imagination "pastorale" et le Saint Esprit nous suggérer la meilleure façon d'utiliser ces nouveaux outils pour la proclamation de l'Evangile.

Les invités du Pape La Piétà de Michel-Ange