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Dans l'avion vers le Portugal

Transcription de la conférence de presse par Andrea Tornielli; à propos des secrets de Fatima: "Aujourd'hui, nous voyons de manière vraiment terrifiante que la plus grande persécution contre l'Église ne vient pas d'ennemis extérieurs, mais naît du péché dans l'Eglise".
Ma traduction (11/5/2010)


Attention! Il s'agit de langage parlé, transcrit par un grand professionnel, certes, (mais ce n'est pas toujours totalement clair) et cette traduction n'est que la mienne.
Sachant à quel point des propos du Saint-Père mal transcrits ont par le passé suscité des polémiques, il convient de le préciser!

Texte en italien: Raffaella


Mardi 11 mai 2010
Pédophilie: le Pape révèle aux journalistes: "Dans le troisième secret de Fatima, la souffrance de l'Eglise".
Transcription d'Andrea Tornielli

Pendant le vol qui a ammené le Saint-Père au Portugal, le Pape a à nouveau condamné la pédophilie: "C'est terrifiant, comme l'Eglise souffre pour les péchés et les attaques qui existent en son sein.
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Q: Que peut-on dire au Portugal, pays profondément catholique dans le passé, porteur de la foi dans le monde sécularisé d'aujourd'hui. Comment annoncer la foi dans un contexte indifférent et hostile à son égard?

" Avant tout, bonjour à vous tous, et bon voyage. Malgré le fameux nuage au-dessus duquel nous nous trouvons.
Je ressens surtout des sentiments de joie et de gratitude pour ce qu'a fait et fait encore ce pays dans le monde et dans l'histoire, et pour la profonde humanité de ce peuple, que j'ai pu connaître lors d'une visite, et avec de nombreux amis portugais. Je dirais qu'il est vrai, très vrai que le Portugal est une grande force de la foi catholique, il a porté cette foi dans toutes les parties du monde. Une foi courageuse, intelligente et créative, qui a su créer une grande culture, on le voit au Brésil, au Portugal lui-même, mais aussi dans la présence de l'esprit portugais en Afrique, en Asie. Et d'autre part, cette présence du sécularisme n'est pas quelque chose d'entièrement nouveau. La dialectique entre foi et sécularisme, au Portugal, a un longue histoire, déjà au XVIIe siècle, il y une forte présence des Lumières, il suffit de penser au nom de Pombal , et nous voyons donc que, dans ce siècle, le Portugal vivait déjà cette dialectique, qui bien sûr s'est radicalisée aujourd'hui et montre tous les signes de l'esprit européen actuel.
Et cela me semble un grand défi et même une grande occasion.
En ces siècles de dialectique entre Lumières, sécularisme et foi, il ne manquait jamais de personnes qui voulaient construire des ponts et créer le dialogue, mais malheureusement, la tendance dominante a été celle de l'opposition et de l'exclusion de l'autre. Aujourd'hui, nous voyons que justement cette dialectique est une chance, que nous devons réaliser la synthèse (...) et un dialogue en profondeur.
Dans la situation multiculturelle dans laquelle nous sommes tous, on voit qu'une culture européenne qui serait uniquement rationaliste n'aurait pas la dimension religieuse transcendante, ne serait pas en mesure d'entrer en dialogue avec les grandes cultures de l'humanité, qui ont toutess cette dimension religieuse transcendante, qui est une dimension de l'être humain. Et donc, penser qu'il y aurait une raison pure, y compris historique, existant en soi et qui serait la raison, c'est une erreur. Nous découvrons de plus en plus qu'elle ne touche qu'une partie de l'homme, exprime une certaine situation historique et en tant que ce n'est pas la raison. La raison en tant que telle est ouverte à la transcendance, elle ne se trouve elle-même que dans la rencontre entre la réalité transcendante, la foi et la raison. Je pense donc que la mission de l'Europe dans cette situation est de trouver ce dialogue, intégrer la foi et la rationalité moderne dans une vision anthropologique unique qui complète l'être humain, et permette également aux cultures humaines de communiquer. La présence du sécularisme est une chose normale, mais la séparation, l'opposition entre la foi et le sécularisme, est anormale. Le grand défi de ce moment, c'est que les deux se rencontrent, afin qu'elles puissent trouver leur véritable identité. Il s'agit d 'une mission de l'Europe et d'une nécessité de l'homme dans notre histoire. "

Q: Le Portugal vit de manière particulière la crise économique, certains disent que l'avenir de l'Union est en danger. Quelles leçons, sur le plan éthique et moral tirons-nous de la crise?

" Je dirais que justement cette crise économique avec sa composante morale que personne ne peut ignorer, est un cas d'application, de concrétisation de ce que j'ai dit avant. C'est-à-dire que deux courants culturels séparés doivent se rencontrer, sinon nous ne trouverons pas le chemin vers le futur. Il y a un positivisme économique qui pense pouvoir se réaliser sans la composante éthique, un marché qui n'est réglé que par lui-même, par ses forces économiques, par le positivisme et le pragamatisme de la rationalité économique, selon lequel l'éthique serait autre chose, sans rapport avec ce sujet. En fait, nous voyons maintenant que le pur pragmatisme économique qui ignore la réalité de l'homme qui est un être éthique, ne se termine pas de manière positive, mais crée des problèmes insurmontables. C'est pourquoi aujourd'hui, il est temps de voir que l'éthique n'est pas quelque chose d'extérieur, mais d'intérieur à la rationnalité, au pragmatisme économique.
D'autre part, nous devons également avouer que la foi chrétienne catholique souvent trop individualiste, laissait au monde les choses concrètes, économiques, et pensait seulement au salut individuel, au côté religieux sans voir que ceux-ci impliquent uneresponsabilité globale pour le monde. Donc, là aussi, nous devons entamer un dialogue concret. J'ai essayé dans mon Encyclique Caritas in Veritate, et toute la tradition de la doctrine sociale de l'Eglise va dans ce sens, d'élargir l'aspect éthique de la foi, un appel à la responsabilité, à une rationalité performative de éthique. Et d'autre part, les récents événements sur le marché au cours des deux des trois dernières années ont montré que la dimension éthique est interne et devrait entrer à l'intérieur de l'action économique. Parce que l'homme est un, il s'agit de nouveau d'une saine anthropologie qui implique tout, et seulement ainsi on résout un problème. Ce n'est qu'ainsi que l'Europe accomplit sa mission. "

Q: Quel est le sens pour nous aujourd'hui des apparitions de Fatima?
Le message peut être étendu aussi, au-delà de l'attentat contre Jean-Paul II, à la souffrance des autres papes. Est-il possible d'encadrer également dans cette vision les souffrances de l'Eglise d'aujourd'hui, avec les péchés de l'abus sexuel des enfants?

" D'abord, je tiens à exprimer ma joie d'aller à Fatima, de prier devant la Vierge de Fatima, qui est pour moi un signe de la présence de la foi, du fait que ce soit justement des enfants que naît une nouvelle force de la foi, qui ne se limite pas aux petits, mais qui a un message pour le monde entier, dans toute l'histoire, dans tout son présent, et qui illumine cette histoire. En 2000, dans ma présentation, j'avais dit que, dans une apparition, il y a une impulsion surnaturelle qui ne vient pas seulement de la situation de la personne mais en réalité vient de la Vierge Marie, du surnaturel. De l'impulsion interne du sujet qui s'exprime dans les possibilités du sujet. Le sujet est déterminé par ses conditions historique, personnelle, de tempérament, et donc traduit la grande impulsion surnaturelle, dans sa capacité de dire, d'imaginer, d'exprimer, mais dans ces expressions formées par le sujet se cache un contenu qui va au-delà, plus profond. C'est seulement dans le cours de l'histoire que nous pouvons en voir toute la profondeur(...).
Outre cette grande vision de la souffrance du pape, que nous pouvons en substance relier à Jean-Paul II, sont indiquées des réalités du futur de l'Eglise qui se développent et se révèlent peu à peu. Autrement dit, il est vrai qu'au-delà du temps indiqué dans la vision, on évoque, on voit, la nécessité d'une passion de l'Eglise, qui naturellement se reflète dans la personne du Pape, mais le Pape est dans l'église et donc ce sont des souffrances de l'Eglise qui sont annoncées. Le Seigneur nous a dit que l'Eglise sera toujours souffrante, de différentes manières jusqu'à la fin du monde.
La chose importante est que le message, la réponse de Fatima, ne vont pas, en substance, à des situations particulières, mais la réponse de base est la conversion permanente, la pénitence, la prière et les vertus cardinales, la foi, l'espérance, la charité. Donc, nous voyons ici la réponse réelle et fondamentale que l'Eglise doit donner, que nous devons donner comme simple individu, dans cette situation.
Quant aux nouveautés que nous trouvons aujourd'hui dans ce message, c'est que les attaques au Pape et à l'Eglise ne viennent pas seulement de l'extérieur et l'Eglise, mais les souffrances de l'Eglise viennent justement de l'intérieur de l'Eglise, du péché qui existe dans l'Eglise. Cela aussi nous le voyons toujours, mais aujourd'hui, nous voyons de manière vraiment terrifiante que la plus grande persécution contre l'Église ne vient pas d'ennemis extérieurs, mais naît du péché dans l'Eglise. Et que l'Eglise a ainsi profondément besoin de réapprendre la pénitence, de purification, d'accepter, d'apprendre le pardon, mais aussi la nécessité de la justice. Le pardon ne remplace pas la justice. Nous devons apprendre précisément ce qui est essentiel: la conversion, la prière, la pénitence, les vertus théologales, et là, nous sommes aussi réalistes, que le mal attaque aussi de l'intérieur, mais que toujours et encore, les forces du bien sont présentes, et que finalement, le Seigneur est plus fort que le mal, et la Sainte Vierge est la garantie pour nous. La bonté de Dieu est toujours la réponse ultime de l'histoire. "

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