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Une interviewe de Chrisostome II

à la veille de l'arrivée du Pape à Chypre, dans l'Avvenire. Traduite par Carlota (4/6/2010)

Bien sûr, depuis, il y a eu l'assassinat de Mgr Padovese, qui change un peu la donne (Mgr Padovese: Un martyr comme Don Santoro )...
Mais les propos de Chrisostome II conservent toute leur force.
Espérons surtout qu'il ne se trompe pas, lorsqu'il annonce que la rencontre entre Benoît XVI et le patriarche Cyrille se fera.
Article original ici: http://www.avvenire.it/



- Votre Béatitude qu’attendez-vous de la prochaine visite de Benoît XVI à Chypre ?

" Il s’agit d’un fait unique dans l’histoire de notre île. C’est la première fois que le chef de l’église catholique romaine vient à Chypre et c’est aussi la première fois que Benoît XVI réalise une visite dans un pays orthodoxe. Mais pour autant, il y a divers motifs d’être contents et fiers de son geste qui rapprochera plus nos deux Églises. Je suis sûr que cette visite contribuera d’une manière décisive à faire mieux connaître notre situation au reste de l’Europe et donnera une impulsion au processus de réconciliation.

- Cependant ces derniers jours on a entendu des voix hostiles à la visite du Pape. Même deux évêques ont déclaré qu’elle ne leur convenait pas. L’Église orthodoxe chypriote est-elle divisée en ce qui concerne cet événement historique?

" L’Église de Chypre, dans son ensemble, recevra le Pape non seulement avec de profonds sentiments de respect mais aussi une joie sincère. Ceux qui ne sont pas d’accord ne représentent qu’une infime minorité, les extrémistes habituels qui existent dans toute réalité. Je veux vous dire quelque chose : Les 17 évêques membres du Saint Synode ont signé une lettre dans laquelle ils invitaient leurs fidèles à recevoir dignement l’évêque de Rome. Mais deux d’entre eux cédant à des pressions externes, dans les derniers jours, ont changé leur position.

- Est-il vrai que vous les avez menacés d’expulsion du Synode

" J’ai simplement dit que s’ils ne respectent pas les décisions du Synode, leur présence et tout à fait inutile, et même elle représente une offense à notre assemblée épiscopale.

- La police chypriote est en pré-alerte pour l’arrivée d’extrémistes orthodoxes en provenance de Grèce. Avez-vous peur de protestations et contestations durant la visite du Pape ?

" Non, je suis très tranquille. Même si de l’extérieur arrivait quelque fanatique, il ne trouvera aucun appui parmi nos fidèles.

- Votre Béatitude a visité il y a quelques mois la zone nord de Chypre. Ce n’était jamais arrivé qu’un archevêque de l’Église orthodoxe visite les territoires occupés par les Turcs depuis 1974. Une nouvelle phase s’est-elle ouverte ?

" Je crois que oui. Je suis en contact avec le représentant de la communauté turco-chypriote, Derviche Eroglu, de qui j’ai reçu la promesse que très bientôt commenceront les travaux de restauration du monastère Saint André. J’espère que ce sera le premier pas pour rendre leur dignité à nos édifices religieux qui se trouvent dans la partie nord et qui en 36 ans ont été laissé en ruine ou transformés en mosquées.

- Pourquoi dans le programme du voyage papal n’a-t-il pas été prévu une visite à la communauté turco-chypriote?

" L’invitation de Benoît XVI a été faite par les autorités de la République de Chypre qui n’ont aucun pouvoir sur la partie de l’île occupée par les Turcs. Je dois dire que le mufti m’avait exprimé son désir que le Pape aille également dans la partie nord mais cela n’a pas été suivi, pour ce que j’en sais, de la moindre invitation officielle.

- De toutes manières, le problème de la partition de l’île sera évoqué durant la visite du Pape ?

" Je ne peux que dire que je veux l’aborder au cours des échanges que j’aurai avec Benoît XVI. C’est un sujet très douloureux, une blessure ouverte que nous devons soigner complètement dans un esprit de réconciliation.

- En recevant le Pape, Chypre renforce son rôle d’avant-garde dans le dialogue entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe ? Pensez-vous qu’elle pourra favoriser la rencontre si attendue entre l’évêque de Rome et le patriarche de Moscou ?

" Je suis convaincu que tout ou tard, cette rencontre se fera. Nous sommes entrés dans le nouveau millénaire, qui doit être sous le signe de l’unité. Personne ne peut faire marche arrière par rapport à ce devoir. Même les problèmes les plus compliqués, comme celui de la vie commune de catholiques et orthodoxes en Ukraine (ndt en fait de Gréco-catholiques) ne sont insolubles s’il y a de la bonne volonté de deux côtés. J’ai confiance : la rencontre entre Benoît XVI et le patriarche Cyrille se fera.

Malentendu, ou manoeuvre? Mauvaise foi